Une tribune pour les luttes

Un conseil : tenez-vous à distance des voies ferrées et des cabines téléphoniques !

Article mis en ligne le samedi 21 février 2009

Il a eu chaud aux fesses… Interpellé à proximité d’une cabine téléphonique utilisée pour menacer le chef de l’Etat, le militant breton Sylvain Rabouillé n’a pas su persuader les policiers de son innocence.
Convaincus de tenir un dangereux saboteur du combiné, ces fiers enquêteurs ont pourtant échoué à prouver sa culpabilité devant le juge.

Une relaxe qui en appelle d’autres.

Un conseil : tenez-vous à distance des voies ferrées et des cabines téléphoniques !

http://www.article11.info/spip/spip.php?article309

Article XI

Le Charançon Libéré

samedi 21 février 2009, par JBB

On ne dira jamais assez combien la vie de tout opposant au régime est devenue difficile.

Et combien il faut à celui qui prétend critiquer le règne sarkozyste redoubler de précautions.

S’interdire la lecture de certains livres, ouvrages malfaisants parus chez des éditeurs qui le sont tout autant.

Se tenir éloigné des voies ferrées, toute proximité avec des rails ou des catenaires pouvant valoir certificat de culpabilité au premier (lâche) attentat venu.

N’utiliser qu’un langage fleuri pour évoquer notre bien-aimé président, chaque injure à son encontre - même en son absence ! - étant susceptible d’entraîner comparution en justice pour offense au chef de l’Etat.

Eviter de croiser le chemin de ces sanguinaires membres de la « mouvance anarcho-autonome », puisque les approcher justifie l’incrimination de terrorisme.

Et même - désormais - se tenir à bonne distance des cabines téléphoniques, lesquelles présentent l’inconvénient de pouvoir être utilisées par n’importe qui pour menacer Nicolas Sarkozy.

Oui : pour vous comme pour moi, un vrai chemin de croix.

Et une nécessaire attention de tous les instants.

Nul doute que Sylvain Rabouillé, lequel cumule le double handicap de na pas mâcher ses critiques à l’encontre du chef de l’Etat et d’être un militant de l’Union démocratique bretonne, aura retenu la leçon.

Lui qui comparaissait hier au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire pour une affaire de la plus haute importance :

Vendredi 25 juillet, 2 h 02 du matin. Les gendarmes reçoivent un coup de fil anonyme. Le correspondant lâche : « Sarko est mort, demain à Batz ». Effectivement, le Président de la République est attendu, quelques heures plus tard, à Batz-sur-Mer (Loire-Atlantique), pour visiter un centre de vacances, rapporte ainsi Ouest-France.

Un quart d’heure plus tard, les gendarmes interpellent un homme à proximité de la cabine téléphonique d’où l’appel a été émis. Il s’agit de Sylvain Rabouillé, le directeur du centre de vacances que doit visiter Nicolas Sarkozy. Un peu éméché cette nuit-là, ce militant de l’Union démocratique bretonne (UDB) concède aussi ne pas être sarkozyste et que cette visite n’était pas de son goût. Mais il nie être l’auteur de l’appel téléphonique.

Les dénégations du militant breton n’ont pas convaincu les policiers.

Enquêteurs certains de tenir l’auteur de cet abominable crime de lèse-majesté téléphonique.

Et bien décidés à passer outre l’inexistence des preuve, personne n’ayant vu Sylvain Rabouillé utiliser le combiné en question.

Normal : pour les forces de l’ordre, l’anti-sarkozysme vaut désormais certificat de culpabilité.

Il est heureusement des juges moins abrutis que d’autres.

Et Sylvain Rabouillé peut se féliciter d’être tombé sur un digne représentant de sa corporation.

Puisque l’ancien directeur de centre de vacances a été relaxé au terme d’une audience expresse.

Au motif évident que rien ne prouve qu’il soit l’auteur du coup de téléphone, ce que le procureur lui-même a reconnu.

Une absence de preuve qui n’a - par contre - pas convaincu l’employeur du présumé terroriste téléphonique, le premier n’ayant pas renouvelé le contrat de travail du second quand il a appris les soupçons policiers.

Juste un chômeur de plus, hein…

S’il faut se féliciter que tous les juges ne cèdent pas à l’air du temps.

On notera que le procès fait à Sylvain Rabouillé se rapproche sur bien des points de celui instruit contre Julien Coupat.

Tous deux victimes d’une certitude policière que rien n’étaye.

Partageant ce tort infâme de détester le régime et de militer pour des causes que la morale sarkozyste réprouve.

Et coupables de s’être trouvés là où il ne le fallait pas, que ce soit à proximité d’une cabine téléphonique ou d’une voie ferrée.

Un petit jeu de l’enquête bâclée, construction policière ne reposant sur rien de tangible, que la justice traite différemment à Paris ou à Saint-Nazaire.

Puisqu’il n’est pour l’instant pas question de remettre Julien Coupat en liberté.

Et que le parquet de Paris vient de renouveler, pour la énième fois, ses réquisitions de maintien en détention, après en avoir appelé aux « éléments du dossier » pour justifier sa décision.

Alors que Julien Coupat « célèbrera » demain son centième jour de détention.

On se prend à rêver que le parquet de Paris se montre aussi honnête que le procureur de Saint-Nazaire.

Reconnaisse le vide atterrant des preuves pesant contre le jeune homme, à l’unique rang desquelles ce témoignage de policiers antiterroristes affirmant l’avoir vu « jeter dans une poubelle publique un emballage de lampe frontale et des horaires de TGV de la SNCF » puis stationner « vingt minutes à l’aplomb de la voie ferrée de la ligne TGV-Est ».

Et mette fin à cet emprisonnement inique.

Est-ce trop demander ?

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