Une tribune pour les luttes

Guadeloupe

GWADLOUPÉYEN ! DOUBOUT KONT PWOFITASYON ! KIMAFOUTIÉSA ! YO SINYÉ !

Le protocole d’accord a été signé dans la soirée du mercredi 04 mars 2009. La signature suspend la grève générale de 44 jours. Mais la lutte continue ! Soutien aux travailleurs encore en grève.

Article mis en ligne le jeudi 5 mars 2009

Le protocole d’accord a été signé au port autonome de Pointe-à-Pitre dans la soirée du mercredi 04 mars 2009. La signature suspend la grève générale qui a démarré le 20 janvier 44 jours.

Mais la lutte continue ! Car cette première victoire n’est qu’un début.

Après la signature du protocole d’accord dans la nuit du mercredi, et une minute de silence, chaque membre du LKP s’est adressé brièvement aux dizaines de milliers de manifestants présents à l’entrée des services du port autonome de Pointe à Pitre.

Les trois protocoles d’accord liés au mouvement de grève générale de 44 jours (20 janvier - 04 mars 2009) sont disponibles sur le site de l’UGTG . Précisons d’emblée que ces accords, dont l’accord général du mercredi 04 mars 2009, ne mettent pas fin au conflit : la grève générale est simplement suspendue.

Dans tout le péyi Gwadloup, dans tous les secteurs, dans les entreprises :

La lutte continue ! Continuons à soutenir tous les travailleurs en grève !

http://ugtg.org/


Politis

http://www.politis.fr/Elie-Domota-Le-combat-se-poursuit.html

Elie Domota : « Le combat se poursuit »

PAR Pierrick Tillet, Politis.fr

jeudi 5 mars 2009

Elie Domota est porte-parole du collectif syndical guadeloupéen LKP. Cet entretien exclusif de Politis.fr a été réalisé hier 4 mars par Pierrick Tillet, quelques heures avant la signature du « protocole de suspension du conflit ».

Politis.fr / Quels motifs de satisfaction tirez-vous aujourd’hui de votre mouvement ?

Elie Domota : Le protocole d’accord est en cours de finalisation. Mais le combat se poursuit. Nous travaillons sur l’extension de l’accord à l’ensemble des entreprises de Guadeloupe. Et nous continuons à travailler sur la baisse des prix dans différents secteurs, ainsi que sur la résorption de la précarité, notamment dans le secteur public. Nous avons pris différents rendez-vous tout au long du mois de mars et courant avril pour continuer à travailler sous forme de commissions à ces différents thèmes. Je rappelle que notre plateforme se décomposait en trois parties : les revendications immédiates concernant le pouvoir d’achat et les salaires, mais aussi des revendications à moyen terme et à plus long terme. Concernant les résultats, nous avons initié un combat contre la vie chère, un combat pour la formation, un combat pour l’insertion. Il est clair que nous n’allons pas l’arrêter maintenant. Nous allons poursuivre nos efforts dans la même direction.

Sur les 146 points de revendications de votre plateforme, lesquels n’ont pas encore été satisfaits ? Et comment le LKP entend-il faire en sorte qu’ils le soient ?

Certains points ont fait l’objet de satisfaction partielle. Comme ceux sur la baisse des prix du carburant, sur la baisse des prix du transport. _ L’objectif pour nous est de nous attaquer à l’ensemble de ce que nous appelons la pwofitasyon. Nous allons regarder l’évolution des prix dans le domaine des assurances, dans le domaine des fournitures scolaires, dans le domaine des matières premières, des produits de construction, etc. etc. C’est un travail de longue haleine qui a commencé et qui doit continuer dans le temps.

Le LKP est un collectif qui regroupe 48 organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles. Que va-t-il devenir après la grève ?

Le LKP a évidemment vocation a poursuivre son existence. Comme je le disais précédemment, il y a beaucoup, beaucoup de chantiers sur lesquels nous travaillons. Et il y a encore beaucoup, beaucoup de problèmes à résoudre en Guadeloupe.

Pendant les six premières semaines de votre mouvement, vous n’avez semblé subir aucun signe d’épuisement, ni aucune plainte des grévistes. Comment expliquez-vous cette résistance de la part d’une population dont vous dites vous-même qu’elle est maintenue au bas de l’échelle sociale ?

Ça fait 400 ans que le peuple guadeloupéen résiste. Donc la résistance, je crois que nous y sommes formés depuis tantôt. Les repas sur les piquets de grève ont tous été préparés à partir de dons spontanés des particuliers. Et même d’entreprises solidaires de ce combat-là. Les grévistes savent tous ce qu’ils vont perdre en matière de salaire. Mais ils savent tous aussi que le combat est juste, et que pour obtenir quelque chose dans ce bas monde, eh bien il faut se mobiliser ! Toute structure qui doit mener un combat doit être organisée. Le LKP n’a rien inventé. Tenir pendant plus de six semaines, parvenir à mettre plus de 100 000 personnes dans les rues, et limiter au minimum le nombre des incidents graves comme nous avons su je pense le faire, nécessite une très bonne organisation. Chacune des 48 associations composant le LKP a su apporter son savoir-faire et l’addition de tout cela explique le succès et la force du mouvement. Nous sommes organisés. Et résolus à continuer le travail.


http://chien-creole.blogspot.com/

Alex Lollia, l’electron libre du LKP

OCCUPATION DU CENTRE D’APPEL D’ORANGE

« NOUS CONTINUERONS LE COMBAT » - ALEX LOLLIA

Chien Créole : Alex, on est déjà le 4 mars et il est une heure du matin, que faites-vous ici ?

Alex Lollia : Nous occupons le centre d’appel d’Orange. L’accord Jacques Bino, tel qu’il a été signé, met à l’abri les entreprises liées au MEDEF dont Orange. Il faut bien que le combat, tout en restant collectif, soit porté dans les entreprises afin que les directions adhèrent à l’accord interprofessionnel. On a affaire à un gros morceau ici. Nous avons décidé de précipiter la négociation avec les patrons d’entreprises qui privent les salariés de l’avantage de l’accord.

Chien Créole : quels modes d’action adoptez-vous ?

Alex Lollia : Le combat que nous engageons peut aller de la négociation classique jusqu’à l’occupation de l’entreprise. Dès lors que la forme de la lutte permet de faire avancer la situation collective et le degré de conscience des salariés, nous ne nous en privons pas. On se bat contre un système, contre la domination d’une classe sociale par une autre. Nous ne nous battons pas contre des individus, ce n’est pas ça le combat.

Chien Créole : Tu sais que certains vont crier aux méthodes fascistes…

Alex Lollia : La bourgeoisie et le patronat ne se privent d’aucun moyen pour assurer l’augmentation de leur richesse, pour s’assurer de la soumission des travailleurs.

CC : A quoi tu penses ?

AL : Aux menaces, au harcèlement, aux licenciements, au terrorisme contre ceux qui veulent construire une section syndicale. Celui qui est repéré avec cette intention est immédiatement licencié sous n’importe quel prétexte, même si les patrons savent que ça va leur valoir un procès aux prud’hommes, ils ont suffisamment d’argent pour ne pas s’en inquiéter. C’est une politique de la terreur.

CC : Tu peux me citer un cas ?

AL : Je peux t’en citer des centaines, la famille Koury par exemple est coutumière du fait, on a vu ça encore dernièrement avec Air Antilles Express. Il nous faut, pour répondre à la démocratie bourgeoise dans laquelle on vit, développer une démocratie ouvrière, avec une liberté la plus large possible dans le débat et l’unité la plus profonde dans le combat. Nous inventons nos propres règles mais nous cherchons toujours la participation du plus grand nombre, ou du moins la compréhension du peuple. Toute victoire contre l’opinion publique est une victoire fragile, précaire.

CC : Comment faites-vous pour faire connaitre votre combat ?

AL : bon, on n’a pas de télé, pas de radio, pas de journal mais on a un mégaphone. Il faut beaucoup marcher, de commune en commune, de quartier en quartier. Si la télé ou la radio nous permettent de nous adresser à des milliers de personnes à la fois, il n’y a rien de tel que le contact direct avec le peuple qui réagit, qui approuve ou désapprouve en fonction de ce qu’on dit ou fait et qui nous oblige à réagir à notre tour.

CC : Je ne sais pas si tu as lu l’article où je dénonçais ta position de ne pas vouloir débattre sur RFO avec le MEDEF avant qu’il ne signe l’accord Jacques Bino. Je parlais de position irréductible car c’est à mon avis précisément maintenant qu’il y a désaccord qu’il est important de débattre pour que la population se fasse son opinion.

AL : oui, je t’avais répondu un peu rapidement, c’était une connerie. Je suis d’accord pour dire qu’il faut débattre avec le MEDEF.

CC : Est-ce que tu redoutes que les forces de l’ordre essayent de vous déloger violemment ?

AL : Non, nous sommes déterminés mais pacifistes. Parmi nous, il y a des femmes enceintes, des enfants. Nous respectons le matériel et ne menaçons personne. Une répression sauvage serait une étincelle dans la plaine sèche. Et puis il y a beaucoup de matériel informatique ici. Dans une action musclée, tout pourrait être réduit à néant en un rien de temps. Non, personne ne veut réellement recourir à la violence. Les gendarmes ont bien essayé un peu plus tôt de nous persuader de désoccuper les locaux, par la conviction, les menaces et les pressions. Rien n’y a fait. Nous voulons que ça continue pacifiquement mais que les patrons prennent bien conscience de la détermination des employés à obtenir leur augmentation.

CC : Parmi vous, il y a des employés d’Orange syndiqués à la CTU ?

AL : Oui, bien sûr, nous les accompagnons. L’opération est menée par les employés et la CTU l’encadre. C’est la première occupation d’entreprise depuis le début du conflit.

CC : Que pensent les autres membres du LKP des initiatives de la CTU. Avec le GITL et depuis le premier jour, vous êtes un peu les électrons libres du mouvement.

AL : Personne ne nous a fait, ni ne peut nous faire de remarques sur les libertés que nous prenons dans les actions que nous engageons. Dès le départ, le principe a été clair : nous agissons ensemble, mais les organisations qui composent le LKP ne perdent pas leur identité. Quand nous estimons devoir agir pour renforcer la lutte générale, conduite par le LKP, nous n’hésitons pas. Nous veillons bien sûr à ce que la CTU ne fasse rien qui soit en contradiction avec la ligne du LKP. Nous recherchons au contraire l’efficacité et la complémentarité avec le mouvement général.

CC : Une dernière question, si le LKP signe demain le protocole de fin de conflit, quelle sera votre position ?

AL : Nous continuerons le combat pour l’application de l’accord Jacques Bino dans toutes les entreprises. Nous espérons que d’autres mèneront ce combat à nos côtés car il est juste, peut-être l’UGTG ?

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Vos commentaires

  • Le 6 mars 2009 à 10:23, par Christiane En réponse à : Domota : les entreprises appliqueront l’accord ou quitteront la Guadeloupe

    6 mars 2009

    POINTE-A-PITRE (AFP) —

    Le porte-parole et leader du LKP, Elie Domota, a affirmé jeudi soir à propos des manifestations et blocages d’entreprises qui se sont poursuivis durant la journée que "soit ils appliqueront l’accord, soit ils quitteront la Guadeloupe".

    "Nous n’arrêterons pas et je l’ai dit ce soir au préfet" a déclaré M. Domota, qui s’exprimait jeudi soir sur Télé-Guadeloupe. "Soit ils appliqueront l’accord (prévoyant une augmentation salariale mensuelle de 200 euros), soit ils quitteront la Guadeloupe" a-t-il poursuivi au sujet des entreprises bloquées par piquets de grève ou groupes mobiles de manifestants.

    Le leader du LKP a souligné : "Nous sommes très fermes sur cette question là. "Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l’esclavage" a-t-il poursuivi en citant deux opérateurs économiques locaux qu’il a nommés, "et tous les autres".

    "Il faut qu’ils appliquent l’accord : nous demandons son extension sur le plan juridique mais, sur le terrain, nous n’arrêterons pas tant qu’ils n’appliqueront pas l’accord, singulièrement dans l’hôtellerie", a ajouté M. Domota.

    Selon lui, il est "hors de question, aujourd’hui d’aller faire des courses dans des entreprises qui exploitent des Guadeloupéens, dans les entreprises qui ne donnent pas 200 euros à leurs salariés". "Nous demandons aux guadeloupéens de ne pas aller dans ces entreprises là, de ne pas aller à Match, Carrefour, Cora, de ne pas faire de courses dans les entreprises qui n’appliquent pas l’accord".

    Interrogé pour savoir s’il ne craignait pas les conséquences de son appel pour les personnels de ces entreprises, M. Domota a répondu : "Ils trouveront du travail". "De toute façon, quand leurs patrons auront mal, ils feront en sorte d’appliquer l’accord", a-t-il aussitôt ajouté.

    Durant toute la journée de jeudi, un groupe d’une centaine de manifestants très mobiles a bloqué à plusieurs reprises des carrefours au Gosier (à 6 km de Pointe-à-Pitre), où sont situés de nombreux hôtels de tourisme. Les manifestants se dispersaient sans incidents lors de l’arrivée des forces de l’ordre, avant d’investir la chaussée quelques centaines de mètres plus loin, avait constaté l’AFP.

    A Baie-Mahault, un centre commercial a du fermer dans le courant de la matinée de jeudi avant que les boutiques qui y sont implantées puissent ouvrir de nouveau, avait-on appris sur place. Les grévistes d’un hypermarché Carrefour et de plusieurs supermarchés spécialisés de ce centre commercial en ont, par contre, interdit les accès durant toute la journée.

    Jeudi toujours, la fédération patronale du BTP, adhérente du Medef-Guadeloupe, a "adhéré à l’accord" augmentant les salaires de 200 euros, a confirmé à l’AFP son président, José Gaddarkan.

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