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Réponse de L214 à Charal et aux Services vétérinaires

Article mis en ligne le samedi 29 août 2009

Hier, 28 août, L214 a publié des images tournées en caméra cachée dans l’abattoir Charal de Metz (1). Nous y dénoncions des infractions à la réglementation entraînant des souffrances supplémentaires pour les animaux abattus (2). Suite aux articles parus dans Le Républicain Lorrain et sur Le Post, nous apportons des précisions complémentaires contestant les déclarations de Charal et des Services vétérinaires.

Non respect de la réglementation et inefficacité des Services vétérinaires

Nous reprochons à l’abattoir Charal de ne pas respecter la réglementation de protection des animaux.
En abattage standard, le comportement des bovins indique que certains reprennent conscience avant la saignée :
« des bovins (vaches, boeufs) suspendus par une patte à la chaîne d’abattage s’agitent désespérément pendant de longues minutes avant de rendre leur dernier souffle. »
En abattage rituel, le temps d’immobilisation pendant la saignée n’est pas respecté, entraînant « une mort des bovins en toute conscience, suspendus par une patte à la chaîne d’abattage ».
Notre communiqué du 28 août met également en cause les Services vétérinaires, dénonçant « leur incapacité à faire respecter la réglementation de protection des animaux. »

Lire le communiqué de presse du 28 septembre de L214

Charal reconnaît l’authenticité des images

Dans Le Républicain Lorrain daté d’aujourd’hui, la direction de Charal reconnaît qu’« [il est] très choquant de voir des images si dures » mais se défend, avec l’appui des Services vétérinaires, qui précisent que « les animaux morts ont gardé des réflexes nerveux post mortem qui donnent cette impression qu’ils bougent. » (3)
De même, sur le site Internet Lepost.fr, Charal déclare : « [Les bêtes] ne peuvent pas reprendre conscience. Il s’agit d’abattage standard et les techniques - pistolet de masse qui crée un hématome au cerveau ou matador, qui rentre une tige métallique dans la tête - font que les animaux restent inconscients. Donc les bêtes que l’on voit gesticuler, c’est à cause de réflexes nerveux. On parle de réflexe agonique. » (4)

Les signes de rétablissement de la conscience sont clairs

D’après l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (5), les signes de rétablissement de la conscience sont les suivants :

- respiration rythmique
- réflexe cornéen
- pupilles resserrées
- réflexe de redressement
- tentatives de soulèvement de la tête
- retour de rigidité dans les oreilles

Sur les images, on peut clairement constater les tentatives de redressement et de soulèvement de tête. Il est possible de comparer avec d’autres abattoirs. On peut y voir les réflexes de type épileptique des animaux après la trépanation mais pas de reprise de conscience sur la chaîne d’abattage. Voir l’extrait à 1 min 30 sec d’une vidéo d’abattage de bovins tournée en 2007. (6)
L214 maintient donc que les animaux reprennent conscience sur la chaîne d’abattage.

Les Services vétérinaires juge et partie : nous demandons l’expertise d’une autorité vétérinaire indépendante

Dans cette affaire, les Services vétérinaires sont juge et partie : présents dans les abattoirs, ils ont failli à leur mission de protection des animaux. Sans même avoir regardé les vidéos, ils apportent leur soutien à Charal (cf. article du Républicain Lorrain). Nous demandons aujourd’hui l’expertise de l’Office Alimentaire et Vétérinaire de l’Union européenne (OAV) habilité à évaluer le fonctionnement des abattoirs et l’efficacité des Services vétérinaires à faire respecter la réglementation. (7)

Retour sur les infractions flagrantes

- Abattage standard : la réglementation impose la saignée immédiate après étourdissement.

R214-71 du Code Rural : « La saignée doit commencer le plus tôt possible après l’étourdissement et en tout état de cause avant que l’animal ne reprenne conscience. »
Chez Charal, en abattage standard, les animaux sont assommés puis suspendus. Ils attendent de longues minutes avant d’être égorgés. -> Infraction à l’article R214-71.

- Abattage rituel : la réglementation impose le maintien de l’immobilisation pendant la saignée.

R214-74 du Code Rural : « L’immobilisation doit être maintenue pendant la saignée. »
Charal affirme : « Nos experts ont regardé les images et le temps d’immobilisation est suffisant, de l’ordre de 40-50 secondes à une minute. Cela correspond à la réglementation. » Le chronomètre des experts de Charal est visiblement endommagé.
Les images montrent que la mentonnière se dégage sitôt le coup de couteau terminé : l’immobilisation est relâchée immédiatement après égorgement. -> Infraction à l’article R214-74.
Dans cet extrait, le bovin aura été maintenu moins de 10 secondes -> voir la courte vidéo extraite de la séquence d’abattage rituel (8).
Par ailleurs, Charal et les Services vétérinaires se gardent bien de revenir sur l’emplacement du box rotatif qui fait subir un stress supplémentaire aux bovins qui sont face à leurs congénères égorgés. -> infraction à l’article R214-67 du Code Rural : « Les locaux, les installations et les équipements des abattoirs doivent être conçus, construits, entretenus et utilisés de manière à épargner aux animaux toute excitation, douleur ou souffrance évitables. »


Contact presse :

- Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
- Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66

Vidéos et photos sur demande.


- (1) Voir les vidéos.
- (2) Communiqué de L214 du 28.08.2009.
- (3) Article du Républicain Lorrain du 29.08.2009.
- (4) Article sur LePost publié le 28.08.2009.
- (5) EFSA, Opinion of the Scientific Panel on Animal Health and Welfare (AHAW) on a request from the Commission related to welfare aspects of the main systems of stunning and killing the main commercial species of animals, 2004, pp. 42-43.
- (6) http://www.l214.com/video/abattage-bovin
- (7) Office alimentaire et vétérinaire de l’Union européenne.
- (8) http://www.l214.com/immobilisation-...

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