Une tribune pour les luttes

L’accès aux soins des plus démunis en 2009

L’accès aux soins ne doit pas devenir un privilège

Article mis en ligne le mardi 8 décembre 2009

La santé n’est pas un article de luxe qui s’achète ou que l’on obtient parce qu’on le mérite. C’est un droit fondamental. Le bilan 2008 / 2009 de Médecins du Monde montre que l’accès aux soins ne se porte pas bien en France et, plus préoccupant, que soigner les plus vulnérables devient, parfois, suspect.

Médecins du Monde demande au Ministre de la Santé garant de l’accès aux soins pour tous :

* La fin des entraves à l’action humanitaire

Dénonciation d’un sans-papiers par une caisse primaire d’assurance maladie en mars, assignation en justice de Médecins du Monde après avoir secouru des familles rroms en mai, expulsion des migrants à Calais en pleine épidémie de gale au mois de septembre, peur permanente des patients de se rendre dans les lieux d’accueil et de soins… : la politique de lutte contre l’immigration met non seulement à mal la santé publique mais rend difficile l’action des humanitaires, entrainant à chaque fois rupture de soins et relégation accrue.
La justice a reconnu le bien fondé de l’action de MdM auprès des Rroms de Seine Saint Denis, elle a refusé l’expulsion des sans papiers mineurs de Calais : la santé ne peut pas être assujettie à la seule logique sécuritaire. L’action humanitaire peut et doit pouvoir continuer d’être mise en oeuvre en France sans être considérée comme suspecte.


* Un seul système de couverture maladie

Maintenir un système spécifique pour l’AME entraîne depuis sa création des difficultés pour tous les professionnels comme pour les bénéficiaires. MDM continue de réclamer l’inclusion de l’AME dans la CMU, c’est-à-dire un seul système de couverture maladie pour toutes les personnes résidant en France vivant sous le seuil de pauvreté.

* La non expulsion, la régularisation et l’accès aux soins des étrangers gravement malades

Malgré la mobilisation du réseau Médecins du Monde, la directive européenne « retour », visant à harmoniser les conditions de rétention et d’expulsion des étrangers en Europe, a été adoptée en 2008 par le Parlement européen sans l’amendement nécessaire pour protéger les étrangers gravement malades d’une expulsion. En France, le droit au séjour des étrangers malades pourtant garanti par la loi de 1998, fait sans cesse l’objet de remises en cause : mise en place de « fiches pays » ne prenant pas en compte l’accessibilité aux soins, exigence de nouvelles pièces administratives, pressions sur les médecins inspecteurs de santé publique pour qu’ils limitent le nombre d’avis favorables à la délivrance des titres de séjour, multiplication des autorisations provisoires de séjour, et expulsion au final de personnes gravement malades*.
MdM demande le respect de la loi visant au droit de séjour des étrangers malades, la protection et la non
expulsion des personnes gravement malades qui ne peuvent pas avoir un accès effectif aux soins dans leur pays d’origine. Une autorisation de séjour doit leur être délivrée afin de leur permettre de lutter dans des conditions dignes contre la maladie.

* Le droit à l’information

8 personnes accueillies par MDM sur 10 ont droit à une couverture maladie et ne le savent pas. Le Ministère de la Santé doit mener une campagne afin d’assurer l’information réelle des personnes sur leurs droits :
- Informer les professionnels de santé sur les dispositifs existants et sur les droits des personnes
- Former les professionnels de santé aux enjeux de la précarité et aux impacts sur la santé
- Mettre en place, au travers des PASS, des dispositifs d’information adaptés dans les lieux d’accueil
de santé :
. panneaux d’affichage dans les hôpitaux, les centres d’hébergement, les lieux d’accueil...
. facilitation de l’accès aux informations sur internet

* L’arrêt des expulsions des familles rroms pendant la trêve hivernale

Européens bénéficiant de droits réaffirmés au niveau européen, les Rroms sont traités en France, comme des citoyens de seconde zone. Leurs expulsions répétées sans solution de relogement entrainent épuisement, ruptures de soins et de suivi médical en particulier chez les femmes enceintes et les enfants. Suite à la reconnaissance de la légitimité de son action auprès des familles Rroms à la rue par le tribunal de Bobigny, Médecins du Monde demande que les expulsions de campements Rroms sans solution pérenne de relogement cessent pendant la trêve hivernale comme c’est le cas pour toutes les expulsions locatives (1er novembre/15 mars).


* Mayotte : terre d’exception...

A Mayotte, la politique répressive à l’égard de personnes que la France considère comme des migrants,
alors que certains vivent sur l’île depuis plusieurs dizaines d’années sans pouvoir apporter les justificatifs
administratifs de leur présence, est inégalée (près de 16 000 expulsions en 2008). Elle rend l’accès aux
soins de plus en plus difficiles. On estime à un tiers la population vivant à Mayotte privée de toute protection maladie et ayant un accès très limité aux soins, à l’exception de très rares situations d’urgence. La situation des mineurs est particulièrement alarmante sur le plan de l’accès aux soins

Rapport 2008 de l’Observatoire de l’Accès aux soins de la Mission France de Médecins du Monde :
http://www.medecinsdumonde.org/fr/p...

Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Communiqués c'est aussi ...

0 | ... | 4550 | 4555 | 4560 | 4565 | 4570 | 4575 | 4580 | 4585 | 4590 | ... | 4730

Médecins du Monde c'est aussi ...

0 | 5