Une tribune pour les luttes

Suites de la perquisition et des arrestations à la Maison du Peuple Kurde à Marseille

Appel à soutien au peuple kurde :
Manifestation vendredi 5 mars à 14h aux Reformés

Article mis en ligne le vendredi 5 mars 2010


Manifestation à Millau. Soutien de José Bové.

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées hier matin devant la sous-préfecture pour demander la libération d’Ali Dogan, réfugié politique kurde, installé sur le Larzac depuis dix ans et prévenu, en substance, d’y avoir abrité un camp d’entraînement terroriste...

M. Dogan a été interpellé vendredi dernier par la brigade antiterroriste avec une douzaine d’autres personnes, à Montpellier et à Marseille. A l’issue de sa garde à vue, il a été placé en détention préventive à Fleury-Mérogis, comme sept autres prévenus. Leur avocat a fait appel de la décision de maintien en détention et engagé une procédure d’urgence pour obtenir leur libération. Un comité de soutien se met en place.

José Bové se trouvait parmi les personnes
qui ont manifesté hier devant la sous-préfecture. Le député européen larzacien a jugé complètement irréalistes les accusations qui pèsent sur Ali Dogan. Elles relèvent, selon lui, du «  fantasme des magistrats antiterroristes », voire d’une « volonté politique ». José Bové devrait visiter le prévenu à Fleury en sa qualité de parlementaire.


Ce jeudi 4 mars plus de 300 policiers ont été mobilisés pour une vaste opération en 25 lieux de Belgique, notamment à Bruxelles, Anvers, Charleroi, Verviers, Namur ainsi qu’à Denderleeuw au siège de la télévision kurde Roj TV .

Une trentaine de militants et de journalistes kurdes sont en garde à vue parmi lesquels se trouvent des personnalités comme Zubeyir Aydar, ancien Président de l’IHD de la région de Siirt, ancien député et ancien Président de Kongra-Gel, Remzi Kartal, nouveau Président de Kongra-Gel et Eyyup Doru, représentant du BDP en Europe. Tous les Kurdes vivant en Europe sont appelés à se rassembler à Bruxelles et à organiser des actions de protestation.

Appel à soutien au peuple kurde Manifestation vendredi 5 mars à 14h au mobile – Reformés

Faites circuler et venez nombreux
- solidarite.et.liberte chez gmail.com


Après les interpellations de 10 Kurdes et 96 heures de garde à vue, 3 remises en liberté et 7 mises en détention.

Sept des dix militants kurdes interpellés vendredi 26 février [1] à Marseille, Montpellier, Draguignan et Grenoble, ont été transférés à Paris dans le cadre de l’enquête confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire ; après 96 heures de garde à vue ils ont été présentés au parquet et placés en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention qui a suivi les réquisitions du Parquet ; ils sont répartis, loin de leur famille, dans différentes prisons de la région parisienne [2]. Les avocats ont décidé de faire appel.

L’interpellation de ces militants kurdes a soulevé une réaction indignée : familles kurdes en tête, accompagnées d’élus communistes et de militants associatifs ("Solidarité et Liberté", Jeunesses communistes, MRAP, LDH, CIMADE...), ce sont 1 000 personnes à Marseille et 200 à Montpellier qui ont défilé samedi pour dénoncer la chasse aux Kurdes en criant : ça suffit, non à l’Etat policier et libérez nos camarades ; une conférence de presse a été organisée ce dimanche, au Mas Razal en Aveyron, accusé d’être un camp d’entrainement du PKK. L’accusation est comique quand on sait que le hameau jouxte le camp militaire du Larzac : même les gendarmes de la Cavalerie, qui viennent régulièrement boire le café au Mas Razal, démentent, ce qui n’empêche pas les "milieux proches de l’enquête" de distiller des "informations" reprises par une certaine presse complaisante :

La bergerie abritait des terroristes kurdes. La police antiterroriste a perquisitionné, hier, une propriété où s’entraînaient des recrues du PKK

titre sans retenue la Dépêche du Midi avant d’ajouter benoitement, en fin d’article :

En Aveyron, les autorités ont souvenir que le Larzac ait accueilli des réunions - vraisemblablement militantes, mais l’hypothèse du ’camp d’entraînement’ ne s’est jamais vérifiée.

Elle aurait pu ajouter que la police avait déjà, en avril 2007 à Paris et en janvier 2009 à Marseille, perquisitionné des locaux associatifs kurdes et interpellé de soi-disant terroristes kurdes ; et qu’en dépit de plusieurs mois d’incarcération ils avaient été remis en liberté sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux [3].

La presse professionnelle se doit de vérifier les informations, de les travailler et d’en livrer une analyse critique à ses lecteurs. Elle a tout intérêt à ne pas s’abaisser à reproduire sans discernement des arguments de propagande... tels qu’on peut par exemple les trouver sur le site nationaliste turc "Turquie News" qui titre

Terrorisme : 11 membres du PKK interpellés en France

et conclut :

le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la communauté internationale. Les attentats de l’organisation séparatiste ont causé la mort de quelque 45 000 personnes depuis 1984, début des attentats du groupe terroriste qui vise à instaurer un Etat indépendant kurde dans le sud-est de la Turquie.

Redisons avec force que le PKK n’est pas une organisation terroriste (son inscription sur la fameuse liste des dites organisations n’a aucune valeur juridique) mais un mouvement de résistance armée qui observe, depuis juin 2008, une trêve unilatérale dont la presse ne dit mot ; que les 45 000 victimes de la guerre sont avant tout l’œuvre de l’armée turque ; que le PKK n’est pas une organisation séparatiste car il ne remet pas en cause les frontières existantes de la Turquie mais demande seulement des droits culturels et politiques pour les Kurdes dans le cadre d’une république "démocratique", ce qui n’est pas le cas de la République turque d’aujourd’hui.

La guerre ouverte que se livrent en Turquie islamo-conservateurs et ultra-nationalistes, révèle peu à peu, par presse nationale interposée, les exactions commises par l’un et l’autre camp, exactions qui étaient jusqu’à lors "généreusement" attribuées au PKK.

André Métayer

[1] Sur les 8 kurdes interpellés à Marseille, trois avaient déjà été relâchés au cours du week-end.

[2] Maisons d’arrêt de La Santé, de Fleury-Mérogis (pour hommes ) et de Fleury-Mérogis (pour femmes).

[3] Source : Ligue des Droits de l’Homme (LDH).

Source : Amitiés kurdes de Bretagne


Voir Mille Bâbords article 13475 et 13522

Retour en haut de la page

Vos commentaires

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Répression c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 1265