Avec les tableaux et graphiques :
http://www.laurent-mucchielli.org/i...

18 03 2010

Les métiers de policier, de gendarme mais aussi de pompiers sont des métiers à risque, nul ne songerait le nier ni même à le relativiser. Mais ceci ne devrait pas autoriser, même en campagne électorale, à dramatiser la réalité jusqu’à susciter dans le débat public des contre-vérités.
Ainsi l’idée selon laquelle ces métiers seraient de plus en plus dangereux et occasionneraient ainsi de plus en plus de fonctionnaires tués en service est une idée fausse.

Les policiers tués en services

Il est difficile de trouver les chiffres des policiers tués en service. Ces chiffres ne sont pas
rendus publics. C’est cependant ce à quoi se consacre depuis plusieurs années le site
« Victimes du devoirs » (www.victimesdudevoir.fr) animé par Stéphane Lemercier.

Le nombre de policiers morts en service est tendanciellement en baisse depuis le milieu des
années 1980. Il est ainsi passé de 31 en 1985 à 7 en 2009, avec toutefois des variations
annuelles importantes. Dans l’ensemble, les années 2000 ont été les moins meurtrières des
trente dernières années.

Cette évolution est d’autant plus importante que, dans le même temps, le nombre de policiers
a augmenté (jusqu’à ces dernières années) et que le nombre de leurs interventions
quotidiennes a également augmenté

(...)

Les gendarmes tués en services

Les chiffres des gendarmes tués en service sont publiés chaque année dans le bulletin « Mémo
Gend » (www.gendarmerie.interieur.gouv.fr). Il est cependant plus difficile d’interpréter
l’évolution de ces chiffres car les gendarmes peuvent également participer à des opérations
militaires hors du territoire national (comme actuellement en Afghanistan). Il est ainsi très
difficile de dégager une tendance générale. Ici aussi, cependant, l’on peut constater que les
années 2000 ont été moins meurtrières que la décennie précédente.

(...)

Les pompiers tués en service

Dans les métiers de la sécurité, on oublie généralement d’évoquer aussi les pompiers lors
même que le nombre de tués en service y est supérieur à celui des policiers. Là aussi, et
malgré une augmentation continue du nombre des interventions, le nombre de morts en
service est orienté à la baisse. Ce nombre était de 21 en 1998 et il est tombé à 10 en 2008
(dernier chiffre publié sur le site du ministère de l’Intérieur à la rubrique « sécurité civile »).

La tendance de moyenne durée est orientée à la baisse malgré un pic en 2002 (25 morts).

Les principales causes de décès

Chez les pompiers, la dernière publication des « statistiques des services d’incendie et de
secours » (ministère de l’Intérieur, 2009) indique que les premières causes de décès sont
toujours les accidents de la route (40 % des cas).
Et c’est aussi ce que montraient les
recherches de Stéphane Lemercier (animateur du site « Victimes du devoir ») sur les policiers
morts en service dans les années 1990, en précisant de surcroît que les policiers sont
considérés comme « en service » lorsqu’ils font le trajet entre leur domicile et leur lieu de
travail.

Resterait à entreprendre une recherche de grande ampleur sur les causes de ces évolutions, sur
les blessés les plus graves, mais aussi à faire des comparaisons avec d’autres métiers à risque
car on sait, par exemple, que la mortalité est très fortement supérieure dans des métiers
comme ceux du bâtiment et travaux publics.

Laurent MUCCHIELLI
Sociologue, directeur de recherches au CNRS, le 18 mars 2010