Une tribune pour les luttes

Comité de soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel & Collectif Respect-Vérité-Justice de Villiers-le-Bel

Pourquoi nous devons libérer les incarcérés de Villiers-le-Bel qui passeront en procès le 21 juin

Contairement à ce que semblent dire certains syndicats de policiers, soutenir des personnes inculpées n’est ni un crime ni un délit !

Article mis en ligne le mercredi 12 mai 2010

http://www.soutien-villierslebel.com

Les organisateurs du concert de soutien de Rouen le 19 mai avec
Demon One, Kommando Toxik, Abou2ner, DJ Plaiz, Dokou, Légendaire, Gueltou
et DJ Smoke :

Le 11 mai dernier, alors que la campagne de soutien aux inculpés de
Villiers-le-Bel était à peine lancée, nous découvrions simultanément dans
le Figaro et sur le site d’extrême droite Novopress.info que le syndicat
de police Union Unité police/SGP FO se disait scandalisée par notre
démarche et en appelait à son ministre de tutelle, Brice Hortefeux, afin
qu’il vienne mettre un coup d’arrêt à cet élan de solidarité qu’il ne
semblait vouloir partager.

Aujourd’hui, Samedi 15 mai, c’est par voix de presse, dans l’édition
quotidienne du Paris-Normandie que nous découvrons la nouvelle tentative
d’intimidation des syndicats de police. Le syndicat Unité SGP Police, par
la voix d’Olivier Marin et de Frédéric Desguerre (sic) en appelle au
préfet afin qu’il interdise le concert prévu le 19 mai à Rouen à la salle
Sainte Croix des Pelletiers. Tentative de censure qu’ils modèrent dans les
pages du Paris-Normandie mais assument entièrement dans la-dite lettre au
préfet. L’article du journal se clôt par la menace d’une manifestation des
forces de l’ordre aux abords du Concert.

Nos deux scribouillards syndicaux – qui avaient entre temps créé un groupe
sur le réseau social facebook où les commentaires d’injures, de menaces et
de diffamation la plus crasse s’étalent à longueur de page – justifient
confusément leur tentative d’intimidation et de censure de deux manières.

Tout d’abord, le soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel n’étant pas de
leur gout, il devrait être interdit. Ou comment un simple syndicat de
forces de l’ordre s’essaie à jouer la police politique. Ne leur en
déplaise, jusqu’à nouvel ordre, soutenir des personnes inculpées parce que
l’on conteste ce qui leur est reproché ou parce que l’on est solidaire de
leur cause n’est ni un crime ni un délit. L’appel à la “révolte contre le
pouvoir” que nous impute ce syndicat est au contraire, pour beaucoup un
précieux héritage. Jusqu’à Eric Cantona qui déclarait il y a quelques mois
que c’était là l’idée qu’il se faisait de l’identité française.

Faut-il préciser ici qu’en insinuant qu’il serait délictueux de soutenir
des inculpés pas encore jugés, ce syndicat porte ouvertement et
directement atteinte à la présomption d’innocence.

La deuxième justification apportée par ces messieurs concerne le contenu
des paroles de certains des artistes qui se produiront ce soir-là. Les
textes leur paraissent trop peu chaleureux à leur endroit. Serait-il
interdit de ne pas aimer la police ? Nous ne rentrerons pas ici dans une
explication de texte, nous nous contenterons d’encourager ces
fonctionnaires précautionneux à mener leur démarche jusqu’au bout et sans
discrimination. Nous attendons donc de leur part qu’ils réclament
l’interdiction de vendre et de diffuser les œuvres de milliers de groupes
de rap français, y compris de ceux qui ont reçu des victoires de la
musique, ainsi que de toute l’œuvre de Georges Brassens, de Renaud et que
d’une partie de celle de Johnny Halliday et pourquoi pas même le sketch
nommé “la police” des Inconnus.

Concernant la tentative d’intimidation qui nous parait la plus grave, à
savoir la menace d’une manifestation de policiers aux abords et contre le
concert du 19 mai : il semblerait que l’autorité du préfet – dans son rôle
de garant de l’ordre – se trouve mise à l’épreuve par ses propres forces
de l’ordre. Cocasse. Mais nous ne laisserons pas notre concert être
perturbé par une émeute de policiers. Nous ne laisserons pas la police
faire du centre ville de Rouen son territoire, sa zone de non-droit. Et
cela par tous les moyens qui nous paraîtrons nécessaires, y compris par le
biais de nos avocats.

Nous appelons toutes les personnes solidaires des inculpés de
Villiers-le-Bel ainsi que toutes celles et ceux qui trouvent intolérable
que ce concert puisse être menacé, à venir, quoi qu’il arrive, le 19 mai à
19H à la Salle Ste Croix des Pelletiers de Rouen.

Merci de faire passer cette information à tous vos amis et réseaux. Plus
que jamais, nous avons besoin de solidarité.


Ça ne se passera pas comme ça

Le 21 juin prochain, ce ne sera pas l’été, ce ne sera pas la fête de la
Musique ; ce sera l’ouverture du procès de nos amis, de nos frères. Quatre
de Villiers-le-Bel devront répondre de l’accusation d’avoir tiré à la
chevrotine sur la police durant les émeutes de novembre 2007. Le scénario
est déjà écrit : après l’opération de communication de février 2008 - 1500
hommes en armes dans la cité avec journalistes embarqués -, après les « 
sanctions exemplaires
 » exigées par Sarkozy, après les condamnations
démesurées des émeutiers au printemps dernier – 3 ans ferme pour jet de
pierre -, ce sera le procès de la « banlieue-tueuse-de-flics », chargé de
réconcilier le pouvoir avec l’électorat du Front National et tous les
flippés de France.

On négligera que les deux seuls morts dans cette affaire, ce sont Lakhamy
et Moushin, deux adolescents tués dans un curieux «  accident » avec une
voiture de police. On fera semblant d’oublier que les secours à peine
arrivés, un porte-parole du ministère de l’Intérieur annonçait déjà aux
médias que les policiers n’étaient pour rien dans ces morts. On évitera
bien d’évoquer que c’est le déferlement de cars pleins de CRS sur la cité
qui a déclenché l’émeute. Puisqu’il faut des « coupables » sur qui déchaîner
la vengeance de l’État, il faut un procès, un procès pour l’exemple. En
l’absence de la moindre preuve, ce sera un procès de témoignages, ce sera
parole de flics et de délateurs anonymes rémunérés contre parole de « 
jeunes », devant un jury d’assises.

Jusqu’à la mort de Lakhamy et Moushin, Villiers-Le-Bel, c’était une
petite ville discrète du Val d’Oise - la gare, la Cerisaie, la ZAC, le
PLM, les Carreaux, les Burteaux... Depuis les émeutes, Villiers, ce n’est
plus une ville, c’est un symbole, un enjeu, un fantasme. Le pouvoir y
projette toutes ses angoisses sécuritaires, et d’abord sa crainte qu’à
l’occupation policière des quartiers réponde l’émeute organisée, que ceux
que l’on braque au flashball depuis dix ans finissent par mettre les flics
dans le viseur. Chaque soir de l’année, les boulevards de Villiers ne sont
plus qu’un ballet des différents corps de police - UTEQ, gardes mobiles,
CRS, BAC, etc. -, en attendant l’inauguration du nouveau commissariat de
360 hommes. C’est une expérimentation où l’on cherche à déterminer le
niveau de pression policière, de provocations que peut supporter un
quartier sans exploser. La sensation, ici, ce n’est pas de vivre en marge
de la société, mais dans le laboratoire de son futur. S’il y a dans
l’avenir proche un risque de soulèvement, ce qui est sûr c’est que c’est à
Villiers que le pouvoir s’entraîne à le gérer. N’importe qui se promène
ici dans la rue après 17 heures comprend : L’État et ses patrouilles de
Robocops façon Gaza ne cherchent pas à ramener l’ordre là où règnerait le
désordre, mais à provoquer le désordre au bon moment pour pouvoir être vu comme ceux qui ramènent l’ordre, quand s’approchent les élections.

En vérité, cette société est devenue si incapable de dire positivement ce
qu’elle est ni ce qu’elle veut, qu’elle ne sait plus se définir que contre
la banlieue. C’est pourquoi le pouvoir veut faire du procès de Maka et des
autres le procès des « tueurs de flics » : pour souder autour de lui une
société en perdition. Nos amis n’ont pas à payer pour cette perdition, ni
pour le salut des gouvernants. Le procès qui leur est intenté ne vise pas,
au fond, à établir la responsabilité d’actes précis, c’est le procès d’un
événement dans son entier, et plus que d’un événement encore, celui d’une
séquence historique. Une séquence historique qui s’est ouverte avec la
mort de Zyed et Bouna et les émeutes de 2005, et que le pouvoir voudrait
finir d’étouffer par un procès d’assises à grand spectacle.

Le problème, c’est que la rage et la révolte qui se sont exprimés là ne
s’y laisseront pas étouffer. Un autre est que ces explosions-là ont
résonné et résonnent encore dans bien d’autres coeurs que celui des dits « 
jeunes des cités ». Un autre encore est que cette nouvelle opération
d’isolement est peut-être en passe d’échouer définitivement. Des cloisons
se sont brisées, des mains qui se cherchaient à tâtons se sont trouvées.

Nous en appelons à tous ceux qui ne supportent plus l’occupation de nos
vies par la police. Nous ferons tout pour que ce procès ne soit pas une
nouvelle occasion de légitimer cette occupation par les désordres qu’elle
produit.

Nous refusons que nos frères payent pour les angoisses des gouvernants.
Cela fait déjà deux ans qu’on les tient enfermés.

Nous refusons que des dizaines d’années d’emprisonnement soient
distribuées sur la base de témoignages anonymes rétribués par la police.

Nous refusons le scénario du gouvernement. Nous avons deux mois pour le
chambouler.

Plusieurs dates sont déjà prévues dans cette tournée de soutien qui se
déroulera du 20 mai au 15 juin 2010.

Une manifestation partira le samedi
19 juin à 14h de la gare de Pontoise. Un programme partiel sera rendu
public dans les semaines qui viennent.

Prenez contact avec nous. Organisez des soirées de soutien, des débats,
des projections, des actions. Rencontrons-nous.

Comité de soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel
Collectif Respect-Vérité-Justice de Villiers-le-Bel

Pour nous soutenir financièrement (avocats et campagne de soutien),

Les chèques de solidarité peuvent être envoyés à :
Respect Vérité Justice
c/o Maison de Quartier Allende
10 Boulevard Allende
95400 Villiers le Bel

Pour toute information concernant la tournée et pour communiquer les
différentes initiatives : www.soutien-villierslebel.com

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Vos commentaires

  • Le 17 mai 2010 à 11:03, par Christiane En réponse à : Ah ! les manifestations de policiers !

    Manifestation de 1000 policiers contre les frontières à Jaurès

    Ils sont entre 800 et 1000 selon les organisateurs à avoir manifesté de Jaurès à Jaurès leur haine contre les frontières. À pied, à mobylette, à bateau, à vélo, en camion, tous soudés pour montrer que ce combat leur tient à cœur.

    Une centaine de millitant-e-s étaient présents à leurs côtés pour veiller à ce que la marche se déroule convenablement et que ces manifestants respectent le trajet déposé en Préfecture.

    http://www.article11.info/spip/spip.php?article805

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