Une tribune pour les luttes

Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien

La flottille internationale de la Liberté pour Gaza fait enfin route vers Gaza

Un Témoignage : "Le dernier Set.

Article mis en ligne le dimanche 30 mai 2010

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article8864

Dossier mis à jour quotidiennement !


Les cinq bateaux chargés de centaines de militants et d’aides pour les habitants de la bande de Gaza ont fini par quitter les eaux chypriotes. _ Ils devraient arriver à Gaza au petit matin. L’Union européenne demande elle la fin "immédiate" du blocus israélien.

Initialement prévu vendredi, le départ de cette flottille a déjà été reporté plusieurs fois. Selon les organisateurs de cette opération, l’aide de 10.000 tonnes consiste notamment en 100 maisons préfabriquées, 500 fauteuils roulants électriques ainsi que de l’équipement médical.

Les bateaux sont finalement partis dans l’après-midi. Ils devraient arriver à Gaza demain, au petit matin.

Mais l’armée israélienne a déjà fait savoir que les bateaux seraient interceptés avant de toucher terre. Et dirigés vers le port israélien d’Ashdod, au sud de Tel-Aviv. Les militants arrêtés auront alors le choix entre l’expulsion ou l’incarcération...


Aujourd’hui 30 Mai, "Le dernier Set", texte-témoignage de Thomas Sommer-Houdeville, coordinateur CCIPPP

Voici le texte que Thomas Sommer-Houdeville, coordinateur des missions civiles CCIPPP, avait écrit hier soir depuis le cargo grec faisant partie de la flottille de la liberté. Thomas a participé depuis 3 mois en Grèce à la préparation de la flottille et était venu en France pour élargir la participation, il est intervenu entre autre dans une réunion du collectif national pour présenter l’initiative.

L’occasion ici de rendre un fervent hommage à la petite délégation française composée de 7 personnes (CBSP, CVPR et CCIPPP).

Le dernier set

Un jour ou l’autre peut-être, quelqu’un écrira l’histoire complète de cette aventure. Il y aura beaucoup de rires, de véritables cris et quelques larmes. Mais ce que je peux dire maintenant, c’est que nous n’avions jamais imaginé que nous ferions flipper Israël comme ça. Enfin, peut-être dans certains de nos plus beaux rêves.... Tout d’abord, ils ont créé une équipe spéciale d’urgence réunissant le ministère israélien des Affaires étrangères, le commando de marine israélien et les autorités pénitentiaires pour contrer la menace existentielle que nous et nos quelques bateaux remplis d’aide humanitaire représentent. Puis, Ehud Barak lui-même a pris le temps, malgré son agenda chargé, de nous mettre en garde à travers les médias israéliens. Ils nous annoncent maintenant qu’ils nous enverront dans la pire des prisons israéliennes, dans le désert près de Beersheva.

Ce sont des annonces pour nous faire peur. Et d’une certaine façon nous avons peur. Nous avons peur de leurs navires de guerre, peur de leurs Apaches et de leur commando tout noir. Qui n’en aurait pas peur ? Nous avons peur qu’ils saisissent notre cargaison et toute l’aide médicale, les matériaux de construction, les maisons préfabriquées, les kits scolaires, et qu’ils les détruisent. Toute cette solidarité patiemment rassemblée dans de si nombreux pays pendant plus d’un an. Tous ces efforts et cette vague d’amour et d’espoir envoyés par des gens normaux, d’humbles citoyens de Grèce, Suède, Turquie, Irlande, France, Italie, Algérie, Malaisie.
Tout ceci pris comme un trophée par un État agissant comme un vulgaire pirate des îles. Qui ne sentirait pas un certain sentiment de responsabilité et de peur de ne pas être capable d’accomplir notre mission et livrer nos marchandises à la population emprisonnée de Gaza ? Mais nous savons que la peur est aussi de l’autre côté. Parce que depuis le début de notre coalition, l’Etat d’Israël fait tout ce qu’il peut pour éviter la confrontation avec nous. Depuis le début ils ont essayé de nous empêcher de partir, de regrouper nos forces et de prendre le large tous ensemble vers Gaza. Ils ont essayé de nous briser. Leur scénario idéal était de nous diviser, les Irlandais d’un côté, les Grecs et Suédois d’un autre, les Américains d’un autre encore et les Turcs tout seuls. Bien sûr, ils savaient qu’ils ne pourraient pas mettre la pression sur la Turquie, ni agir directement là-bas. Alors ils ont concentré leurs attaques sur les parties irlandaises et grecques de notre coalition.

Le premier set a commencé il y a deux semaines quand ils ont saboté le cargo irlandais, l’obligeant à retarder son départ pour près d’une semaine. Mais, les Irlandais ont réparé aussi vite qu’ils le pouvaient et maintenant ils sont à un ou deux jours derrière nous. Puis ils ont mis une pression énorme sur le gouvernement grec, affaibli par la crise économique, pour l’obliger à ne pas laisser partir le cargo grec et le bateau de passagers greco-suédois. A cause de ces pressions, nous avons dû retarder notre voyage deux fois et demander aux Turcs, à leurs 500 passagers et aux amis américains qui étaient prêts à partir de nous attendre. C’est ce qu’ils ont fait heureusement ! Jusqu’à la dernière minute avant leur départ de Grèce, nous ne savions pas si les deux bateaux auraient l’autorisation du gouvernement grec, mais finalement le gouvernement grec a décidé de prendre ses responsabilités en agissant comme un Etat souverain et a laissé le cargo et le bateau de passagers quitter le port du Pirée à Athènes.

Le deuxième set a eu lieu hier, dans la partie grecque de Chypre, là où nous avions négocié avec le gouvernement d’embarquer une délégation VIP de parlementaires européens et nationaux de Suède, d’Angleterre, de Grèce et de Chypre. Alors que les deux bateaux de Grèce, le bateau américain venant de Crète et les 4 bateaux turcs étaient déjà au point de rendez-vous attendant que la délégation VIP arrive et embarque à notre bord, nous avons reçu la nouvelle que notre délégation était encerclée par la police chypriote dans le port de Larnaka et interdite de bouger où que ce soit. Chypre, un pays européen, était en train d’interdire a des parlementaires européens de se déplacer librement sur son sol, en rupture complète de toute législation et réglementations européennes !
Alors que nous commencions à négocier avec le gouvernement chypriote, nous avons clairement compris que ce changement soudain d’attitude envers nous était dicté directement par Israël. De sept heures du matin jusqu’au soir, le gouvernement de Chypre nous mentait, disant que c’était un malentendu que les VIP aient été autorisés à embarquer pour n’importe quelle direction qu’ils souhaitaient, que c’était juste une question bureaucratique à résoudre. Mais rien ne s’est passé et nos parlementaires ont été pris au piège. Le gouvernement chypriote agissait comme un auxiliaire d’Israël et nous a fait perdre un temps crucial.
Ce matin, la délégation VIP a décidé que le seul choix qui restait était d’aller au port de Formogossa dans le nord de Chypre sous contrôle turc, et de là prendre un bateau rapide pour nous rejoindre au point de rendez-vous. Bien sûr, parce que notre coalition est formée de Turcs et de Grecs et de Chypriotes, la Chypre du Nord qui est sous occupation turque, est une question politique très importante. Et envoyer notre délégation prendre un bateau dans le port de Formogossa, encore sous embargo des Nations-Unies, est une question politique encore plus importante. Cela aurait pu briser le dos de nos amis grecs et chypriotes de la coalition. Ce fut presque le cas. Mais c’est le contraire qui s’est révélé. Notre coalition tient toujours. C’est le parti chypriote au pouvoir qui est sur le point de se briser, et les 7 parlementaires grecs et chypriotes qui faisaient partie de la délégation et ne pouvaient pas aller au nord de Chypre sont furieux contre le gouvernement chypriote. Un immense débat a toujours lieu en ce moment en Grèce et à Chypre sur ce qui s’est passé et sur notre flottille pour Gaza. Dans une heure ou deux, 80% de notre délégation VIP embarquera sur nos bateaux et nous partirons pour Gaza comme prévu. Donc nous pouvons dire qu’Israël a perdu les deux sets qu’il a joués.

Dans quelques heures, le dernier set, crucial, commencera quand nous entrerons dans les eaux de Gaza. Bien sûr, matériellement, il serait très facile pour Israël de nous stopper et nous arrêter, mais le coût politique qu’ils auront à payer sera énorme. Vraiment énorme, à tel point que toutes les ruses et les pièges qu’ils ont tenté de mettre sur notre route ont réussi à faire une seule chose : sensibiliser de plus en plus de gens partout dans le monde sur notre flottille et sur la situation de Gaza.

Et de tout ça, nous apprenons quelque chose : la peur n’est pas de notre côté, mais du côté d’Israël.

Ils ont peur de nous parce que nous représentons la colère des gens tout autour du monde. Les gens qui sont mécontents de ce que l’Etat criminel d’Israël fait aux Palestiniens et à chaque amoureux de la paix qui ose prendre le parti des opprimés. Ils ont peur de nous parce qu’ils savent que, dans un proche avenir il y aura encore plus de bateaux à venir à Gaza comme il y a de plus en plus de personnes à décider de boycotter Israël chaque jour.

30 mai 2010 - Protection Palestine

http://www.freegaza.org/fr/accueil/depeches/1188-were-on-our-way

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Vos commentaires

  • Le 31 mai 2010 à 08:05, par Christiane En réponse à : La flottille internationale de la Liberté pour Gaza attaquée par Israël. De nombreux morts et blessés

    Selon la télévision de l’Etat pirate, au moins dix personnes ont été tuées et plus de 30 ont été blessées.

    La flottille a été attaquée alors qu’elle était à 65km au large de la côte de Gaza.
    Grâce à la vidéo embarquée sur le vaisseau de tête, le Mavi Marmara, on voit les soldats israéliens prendre le bateau d’assaut et des hélicoptères le survolant.

    Les derniers informations mises en ligne sur WitnessGaza.com :

    - Il y a 7 mn (par rapport à 7h ce matin) : La TV israélienne dit que dix personnes ont été tuées par les tirs israéliens.

    - Il y a 10 mn : La radio israélienne dit que les blessés ont été transportés à l’hôpital, mais il est interdit de révéler quel hôpital.

    - Il y a 13 mn : La radio israélienne dit que les bateaux sont dirigés sur Haifa. Ce n’était pas une confrontation. C’était un massacre.

    - Il y a 29 mn : Les bateaux sont dirigés sur Haifa, et non Ashdod, et il n’y a donc pas de journalistes présents.

    - Il y a 33 mn : Notre avocat israélien à Haifa a dit que 10 personnes ont été assassinées.

    - Il y a 1h : Nous ne connaissons pas le sort des autres bateaux.

    - Il y a environ 1h : A 4h30, des commandos israéliens largués par hélicoptères se sont emparés du bateau turc, et ont immédiatement ouvert le feu sur les civils non armés.
    Source : Al Jazeera

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