Une tribune pour les luttes

Blog du Collectif de cinéastes pour les "sans-papiers"

Leçon d’histoire, leçon de français, leçon de cinéma

par Laura Tufféry
+ " Sans-papiers Ils restent ici ! " par Marie Barbier

Article mis en ligne le mercredi 30 juin 2010

Laura Tufféry, historienne, spécialiste d’histoire culturelle, analyse le mouvement des travailleurs grévistes sans-papiers au travers du mouvement cinématographique qui l’accompagne.

A lire et regarder avec les vidéos de Luc Wouters "Les minutes des marches Opéra-Bastille"
sur les sites
http://www.collectifdescineastespourlessanspapiers.com/blog/
http://www.mediapart.fr/club/editio...

Article paru sur le site Mediapart le 25 juin 2010 :

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Le 18 juin 2010, place de la Bastille, les travailleurs sans papiers attendaient un texte pour lequel ils se bâtirent un campement aux marches de l’Opéra. Le 18 juin 2010, Nicolas Sarkozy commémorait à Londres les soixante-dix ans de l’appel du général De Gaulle à la résistance et rendait un vibrant hommage à ceux qui se "batturent" pour la même idée de la liberté, la même idée de la civilisation.
Au-delà de l’éloge forcément amoindri par cette faute dont on ne sait si elle est de frappe, d’appréciation ou d’ignorance, il y avait matière, dans l’actualité, à s’interroger sur la consonance, soixante-dix ans plus tard, du verbe intransitif se battre. Et aussi : à qui ce message supposé entretenir en éveil les esprits s’adressait-il ?

Tandis que les Bleus se batturent dans le mitan de la plus grande des cacophonies de leur entraîneur ; les travailleurs sans papiers se battirent huit mois durant pour attendre place de la Bastille, au soir du 18 juin 2010, un texte visant à régulariser leur situation de travailleurs sans papiers, contribuables pour la plupart. La commémoration de cette soixante-dixième année de l’appel à la résistance du 18 juin 1940 serait digne du père Ubu ou de Tartuffe si on s’en tenait à cette topographie des faits, des « lieux de la mémoire » et de la langue française.

Pourtant, la France est historiquement une nation contestataire éprise de liberté, de justice et de culture et elle aime à entretenir ses symboles emblématiques, établir des corrélations entre les dates qu’elle n’oublie jamais de commémorer. Nation de la mémoire, contre l’oubli par excellence, elle a donné naissance à un florilège de disciplines et de disciples pour la servir, tels les cinéastes, les intellectuels ou les historiens qui n’ont eu de cesse de produire des œuvres, des films, des textes qui honorent cette tradition de la mnésie collective. Alors, si Ubu à Londres et Tartuffe au ministère du Travail et de l’Immigration étaient incontestablement de la partie pour cette commémoration, les frères Lumière tinrent une place de choix aux marches de l’Opéra Bastille.

Démarré le 12 octobre 2009, le mouvement -qui s’est terminé le 18 juin, en dépit d’un texte qui laisse en suspens une des revendications fondamentales des syndicats, à savoir la durée de séjour en France toujours fixée à 5 ans et la non prise en compte du travail au noir- marque une spécificité dans l’histoire des mouvements sociaux et plus particulièrement dans celle de l’association étroite entre artistes, intellectuels et les luttes sociales en France.

Il faut remonter à la fondation de SOS Racisme par Harlem Désir et au slogan Touche pas à mon pote, en 1984, faisant suite à la Marche des Beurs en 1983, qui avait comme revendication principale une carte de séjour de dix ans, pour trouver un lien de parenté avec le slogan « On vit ici ! On bosse ici ! On reste ici ! » porté par le film manifeste du même nom, film de Christophe Ruggia, Laurent Cantet et Jean-Henri Roger co-signé par le Collectif des cinéastes pour les sans-papiers (au nombre de 350).

Le Collectif des cinéastes pour les sans-papiers a commencé par signer massivement l’appel « Nous les prenons sous notre protection » pour soutenir les travailleurs sans papiers en grève de la rue du Regard. Cet appel, qui ne concernait pas que les cinéastes, répondait à l’urgence de ne pas laisser les grévistes menacés d’expulsion dans leur isolement. Dans le même temps, après quatre mois de grève, le Collectif signe un nouveau film dans la continuité de Nous, sans-papiers de France (1997) et Laissez-les grandir ici ! (2007) dont le titre reprend le slogan « On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici ! ».

La première du film a lieu le 22 février 2010 dans un autre lieu emblématique de l’histoire culturelle française, la Cinémathèque, présidée par Costa Gavras, également co-signataire du film, le lundi 22 février 2010.

La présence de cinéastes en renfort ou substitution des clercs n’est pas nouvelle : on se souvient de la mobilisation des cinéastes en février 1997, et de l’appel à la désobéissance contre les lois sur l’immigration lancé par cinquante-neuf réalisateurs de cinéma.

A dessein, il faut donc parler ici d’association, contrairement au soutien qu’apportait jadis la seule caution pétitionnaire de grandes figures intellectuelles emblématiques et tutélaires, et c’est bien la forme et la manière participative des cinéastes qui est inédite dans ce mouvement, tant sur le plan de la mise en place d’une logistique de soutien, notamment financier en amont et en aval (à « l’appel » du 18 juin répond « l’appel » du 18 septembre prochain de Rocks sans papiers : les fonds du concert seront reversés aux travailleurs grévistes sans papiers) que du choix de filmer ainsi que sur le parti pris « cinématographique » des cinéastes.

Cette originalité du coude-à-coude entre des cinéastes et des travailleurs grévistes sans papiers est donc aussi à rapprocher de la spécificité de ce mouvement qui dévoile les visages et porte les voix de travailleurs dont la plupart sont originaires de l’Afrique noire et de la Chine, nations souvent « oubliées » ou dont la culture, dans l’imagerie d’Épinal, est associée à des sans papiers, sans visages et sans voix.

C’est bien l’imbrication, et l’apport de l’un à l’autre, qui donne à ce mouvement des travailleurs sans papiers sa force, son unicité et constitue d’ores et déjà un précédent tant sur le plan de l’histoire sociale que sur celle du cinéma français. Car si les travailleurs sans papiers ont bénéficié du soutien des cinéastes et d’une caméra qui métamorphose leur parole et les rend acteurs de leur propre combat, le cinéma s’est posé la question du réel et de la responsabilité du cinéaste dans le choix du comment filmer.

Le dernier temps de ce long mouvement de grève, l’occupation des marches de l’Opéra place de la Bastille, a bénéficié d’un tournage réalisé par Luc Wouters, un des 350 signataires du collectif, à la façon des Frères lumières, Les Minutes des marches, dont ce texte est émaillé, qui met en situation un travailleur sans papiers avec une personnalité ou un anonyme, ainsi que les minutes relatant la vie du campement bâti avec les moyens de bord et où la vie s’organise, dans le calme, l’ordre malgré la fatigue de huit mois de grève.

La prise de parole citoyenne des sans-papiers, loin des slogans, de toute euphorie bon enfant, s’organise, se structure, se découvre, s’amplifie au gré des rencontres, des photos de groupe avec des personnalités du monde artistique intellectuel ou politique et syndical.

La caméra cadre volontairement dans des plans resserrés, des face-à-face, des côtes à côtes, où l’un rencontre l’autre, dans un échange libre, en sachant éviter l’écueil d’un exercice où l’un, supposé maîtriser la parole, aurait pu aboutir à un propos ethnographique, voire anthropologiste tendancieux.

Loin de là, émerge une parole qui circule de l’un à l’autre, et ces minutes cinématographiques, tout comme le parti pris du court On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici !, ne prétendent nullement à une esthétique supposée donner une certaine forme de superbe à un mouvement social ; bien au contraire, elles n’en restituent que l’authenticité et la dignité.

La performance réussie est celle d’une caméra qui, de ne pas être intrusive et de laisser se produire des rencontres, met en relief l’entière souveraineté des grévistes sans papiers -coincés entre le symbole de la liberté et celui de marches qui leur sont interdites par des cordons policiers- et celle des personnes qui viennent à la rencontre d’un mouvement qui, sorti de son isolement, prend de son autonomie, et où la force des individualités émerge. Il est probable que Jean Rouch n’aurait pas désavoué ce cinéma du réel qui n’est pas sans référence à Chronique d’un été : Paris 1960.

L’apprentissage de la justice, l’appropriation et l’affirmation de son identité, indissociables de la notion de dignité humaine, passent par un certain regard de l’autre.

Fi des tentes improvisées où l’on dort sous la pluie, on se relaie pour accueillir les soutiens anonymes ou pas, on improvise des danses parce que danser, comme regarder un match de football, est souvent ce qui permet, dans de nombreux pays pauvres, de combattre une situation précaire, de la supporter et de la transcender.

Ni vus ni voyeurs, ni victimes ni porte-paroles, ni glose ni charabia. Au soir du 18 juin 2010, au même moment où d’autres se "batturent" dans la confusion des déclarations patronales soutenant les travailleurs sans papiers puis des ministères de l’immigration et du travail, des travailleurs sans papiers, pour la plupart originaires du Mali et du Sénégal, levaient en moins d’une heure leur campement à l’issue de négociations syndicales qui constituent déjà une belle avancée. Mais l’important, l’inédit est ailleurs.

La place de l’Opéra Bastille désormais désertée, on venait d’assister à une belle leçon d’histoire, de français et de cinéma.

Ceux qui se battirent durant huit mois pour leurs droits et leur dignité, bâtirent un discours qui a le mérite d’exposer en un français et une syntaxe claire et concise, on vit ici, on bosse ici, on reste ici, le dénominateur commun de toute démocratie, de toute nation, de tout État de droit qui se respecte et s’appuie sur son histoire et ses symboles de soutien aux opprimés, inscrits dans l’inconscient collectif : la dignité.

Laura Tufféry, historienne, spécialiste d’histoire culturelle.

Source : http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/250610/lecon-dhistoire-lecon-de-francais-lecon-de-cine


De la Bastille à Bercy

28 juin 2010

Chers amis,

ci-joints deux messages reçus de Richard Moyon (du RESF).

Cordialement,

Le Collectif des cinéastes pour les “sans-papiers”

24 juin 2010.

Tous les “sans-papiers” grévistes vont recevoir un document autorisant leur séjour et le travail jusqu’au 30 septembre en attendant l’examen de leur dossier. Ça laisse bien augurer de leur régularisation + ce qu’ils ont arraché pour tous les “sans-papiers” salariés. C’est la victoire de leur courage impressionnant. Mais c’est aussi celle de la solidarité dont la vôtre/tienne. Bravo et merci. On continue.

Richard Moyon

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23 juin 2010.

Quelques informations à celles et ceux qui ont manifesté leur solidarité aux travailleurs sans papiers en grève et qui envisagent de continuer en apportant leur appui au concert prévu à Bercy le 18 septembre.

Quelques indications sur les résultats des négociations entre le ministère de l’identité nationale et les syndicats (CGT, CFDT, Solidaires, FSU, UNSA).

Un point, décisif : les 6000 grévistes vont avoir un document leur permettant de travailler. Tout n’est pas ficelé mais il semble que les choses sont bien engagées.

Sur le reste, il y a des avancées mais aussi des insuffisances.

Le texte qui a été publié est un complément à la circulaire ministérielle de novembre dernier, pas une nouvelle circulaire donc et encore moins un décret. Le ministère assure qu’il sera néanmoins contraignant pour les préfectures mais ça dépend de son bon vouloir.
Une commission à laquelle des représentants syndicaux participeront suivra l’application du texte.

Il est envisagé la régularisation des travailleurs pouvant présenter 12 bulletins de salaire sur les 18 derniers mois, 2 ans pour les intérimaires. On aurait préféré 2 ans et même 36 mois, mais c’est quand même un progrès.

Il semble que les femmes travaillant dans l’aide à la personne doivent être régularisées si elles peuvent présenter un ou des contrats d’embauche pour un minimum de 20h par semaine, et 30 heures lors du renouvellement de leur titre.

Pour les travailleurs au noir, les discussions continuent mais, pour l’heure, rien de plus.

En réalité le coup de Jarnac de Besson a été d’assortir ces mesures de l’exigence d’une durée minimum de séjour de 5 ans dont il n’avait jamais été question dans les discussions antérieures. Ca limite la portée de tout le reste, même s’il semble que ça ne doive pas s’appliquer aux grévistes.

Au total, mon impression (la mienne, pas forcément celle de tous les acteurs) est d’abord que les grévistes sont satisfaits : ils estiment avoir gagné leur propre régularisation et marqué des points en contraignant le ministère à discuter et à concéder des dispositions qui limitent l’arbitraire préfectoral et permettront la régularisation de nombreux travailleurs.

Cela étant, il reste évidemment beaucoup à faire. Merci à toutes et à tous de l’aide apportée et de la solidarité dont vous avez témoigné au long de ces mois de combat. On continue.

Richard Moyon (RESF)

PS. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait : l’Appel du 18 septembre pour le concert à Bercy à la même date est à signer sur le site www.rocksanspapiers.org (n’oubliez pas de préciser vos qualités et, si possible, doublez votre signature en ligne d’un mail à getmr chez wanadoo.fr->getmr chez wanadoo.fr ). Les éventuels bénéfices du concert seront reversés aux anciens grévistes qui, après 8 mois et demi de lutte en auront bien besoin !
Et n’oubliez pas de parler de ce concert en tout lieu et en toute circonstance et encore plus à chaque fois que passe un micro !
Enfin, prenez vos places au plus tôt !

Une victoire pour les travailleurs “sans-papiers”

22 juin 2010

Chers amis,

Le combat des “sans-papiers” n’est évidemment pas terminé, loin de là, mais une victoire est une victoire, et celle que viennent de remporter les travailleurs sans papiers en grève depuis plus de huit mois est aussi exemplaire que leur lutte l’a été. Ils étaient 3500 grévistes, hier, au siège de la CGT, à exprimer leur joie. Merci à tous ceux qui les soutenus. On continue. Concert de solidarité aux travailleurs et aux familles sans papiers le 18 septembre à Bercy. Appel à signer.
Voir le site : www.rocksanspapiers.org

Cordialement,

Le Collectif des cinéastes pour les “sans-papiers”


http://www.humanite.fr/29_06_2010-sans-papiers-ils-restent-ici-448567

Sans-papiers Ils restent ici !

Près de quatre ans après les premières grèves, les travailleurs sans papiers ont obtenu des «  avancées considérables » : le gouvernement reconnaît enfin officiellement 
qu’ils ont «  vocation 
à rester en France ». Samedi, la grande majorité des piquets, en place depuis octobre 2009, ont donc été levés. Les grévistes doivent désormais s’organiser pour déposer plus 
de 6 700 dossiers 
de régularisation.

Ne restent plus que les « queues de comète », comme les appelle joliment Francine Blanche. «  Samedi matin, nous avons appelé officiellement à la levée des piquets de grève, précise la secrétaire confédérale CGT. Sauf pour quelques-uns, qui attendent des réponses plus précises.  » Parmi eux, celui du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), où quatre-vingts sans-papiers licenciés bloquaient encore hier matin leur entreprise de nettoyage.

Les autres sont rentrés chez eux, enfin. Après huit mois de grève, d’occupations – dans la pluie, la neige et le vent – et d’évacuations musclées à coup de gaz lacrymogène, les 6 700 grévistes ont réussi à faire reculer le gouvernement. Le 18 juin 2010 restera comme un tournant dans la lutte de ces travailleurs  : en concédant des «  ajustements » pour leur régularisation, le ministère de l’Immigration a enfin reconnu leur droit à rester en France.

Vient désormais le temps de «  l’atterrissage », explique Francine Blanche. Et celui de l’organisation. 6 700 dossiers doivent être remplis et déposés en quelques jours. Au ministère de l’Immigration aussi, on se prépare  : responsables de préfectures et de directions départementales du travail étaient reçus hier et aujourd’hui. Dès le dépôt de leur dossier, les grévistes recevront une autorisation provisoire de séjour avec autorisation de travailler. En attendant, les listes des noms des travailleurs concernés ont été communiquées aux ministères, qui ont reconnu leur «  vocation à rester en France ». Tout un symbole.

Il en aura fallu du chemin pour arriver à cette reconnaissance officielle. Près de quatre ans de lutte pour réussir à obtenir un texte clarifiant les critères de régularisation. «  Ils triment sans trêve et sans papiers », titrait l’Humanité du 5 octobre 2006. Cent cinquante salariés de la blanchisserie Modelux à Chilly-Mazarin (Essonne) décidaient de se mettre en grève pour obtenir la régularisation de vingt-deux d’entre eux. «  Jusqu’ici, les collectifs occupaient les parvis et les églises, c’est la première fois que des sans-papiers et leurs collègues se mettent en grève pour exiger des régularisations  », explique alors Raymond Chauveau, de la CGT . En 2007, les sans-papiers de Buffalo Grill, Metalcouleur et Fabio Lucci leur emboîtent le pas.

Le mouvement s’agrandit et s’organise. Le 15 avril 2008, la CGT et les associations Droits devant  !! et Femmes égalité lancent un mouvement inédit de grèves et d’occupations qui touche tous les secteurs  : restauration, bâtiment, aide à la personne, nettoyage, etc. Partout, des travailleurs sans papiers sortent de l’ombre. En se basant sur la loi Hortefeux de novembre 2007, ils demandent leur régularisation par le travail. Mais les employeurs rechignent à payer la taxe et à remplir les promesses d’embauche indispensables aux dépôts du dossier en préfecture. Après des mois d’occupation, 3 000 grévistes obtiennent leur carte de séjour «  salariés ».

La première vague s’achève, mais le mouvement, loin d’être fini, connaît un nouveau tournant. Le 12 octobre 2009, onze associations et syndicats lancent l’acte II du mouvement. Les régularisations obtenues en 2008 dépendent trop de l’arbitraire préfectoral. Les grévistes réclament une circulaire qui établisse des «  critères clairs  ». Désormais, ce ne sont pas avec les employeurs que les sans-papiers vont devoir négocier, mais directement avec le gouvernement. Dans toute l’Île-de-France, les piquets de grève se multiplient. Plus de 
2 000 entreprises sont touchées par le mouvement, auquel participent plus de 6 700 grévistes. Le 24 novembre 2009, le ministre de l’Immigration publie un guide de bonnes pratiques à l’usage des préfectures. Insuffisant et flou, jugent les grévistes. Le mouvement continue.

Le collectif des cinéastes pour les sans-papiers réalise un court métrage, projeté dans plus de 400 salles de France. Outre le soutien des artistes (lire l’Humanité du 26 juin 2010), les sans-papiers peuvent compter sur celui, moins attendu, des organisations patronales. Le 8 mars, le mouvement patronal Ethic, la CGPME et le syndicat national des activités de déchets lancent un appel en faveur de l’ouverture d’une discussion tripartite. Refus du gouvernement qui, pour seule réponse, évacue le piquet symbolique de la rue du Regard.

Montrant une détermination hors du commun, les travailleurs sans papiers décident alors l’ultime action  : leur prise de la Bastille. Pendant deux semaines, le «  piquet des piquets  », comme ils l’appellent, tiendra devant l’Opéra national de Paris. Et l’évacuation des grévistes par les forces de l’ordre le 3 juin à l’aube n’y changera rien. Quelques heures plus tard, les lieux étaient de nouveaux occupés. Comme pour démontrer jusqu’au bout la véracité de leur slogan adopté voilà plus de deux ans   : «  On bosse ici, on vit ici, on reste ici  ».

Marie Barbier

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