Une tribune pour les luttes

Appel de l’association des victimes du vol A310-300 de la compagnie Yemenia
Marseille-Saana-Moroni 152 disparus il y a un an.

Marche : Tous ensemble pour la dignité

Mercredi 30 juin 2010

Article mis en ligne le jeudi 1er juillet 2010


Témoignage.

Mercredi 30 16h.

Environ 1500 personnes dont beaucoup de femme et de jeunes Comoriens et Comoriennes ont pris part, aujourd’hui mercredi, à une marche silencieuse et colorée dans les rues de Marseille en mémoire des victimes du crash de la Yemenia, il y a un an au large des Comores et pour réclamer la vérité sur l’accident
derrière une banderole indiquant "Pour notre dignité, nous voulons la vérité".


"Devoir de vérité", "Qui sont les coupables ?", "Plus jamais ça", "Rassemblons-nous, le combat continue", "Stop aux avions poubelles à Saana", "Les Français doivent se souvenir
pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants, qui étaient nombreux à porter des tee-shirts variés montrant la carte des Comores ou indiquant : "30 juin 2009, les Français doivent se souvenir".

Les manifestants ont été stoppés à quelque distance de la mairie par d’importantes forces de l’ordre. Après un sit-in, les participants se sont recueillis en fin de manifestation sur le Vieux Port . La mairie de Marseille, dont le maire n’a jamais reçu les représentants des familles en deuil, était barricadée face à cette foule digne et silencieuse, " défendue" par plusieurs cordons de CRS avec casques et boucliers et une quinzaine de command cars. Des éléments la BAC étaient aussi infiltrés dans la manif.

Pourquoi ce déploiement policier et un tel refus de recevoir les familles face à une douleur et à des questions plus que légitimes ?


Vidéo LCM
http://www.laprovence.com/video/Hom...


http://www.lamarseillaise.fr/index....

« Nous marchons pour la dignité et la vérité »

01-07-2010

(...)

Ce triste anniversaire a le mérite d’attirer les médias. Télés, radios et presse écrite, le paysage est au complet. Sous leurs objectifs, les membres de la communauté comorienne sont les plus nombreux. Et parmi eux, de nombreuses femmes vêtues du salova, le pagne traditionnel, têtes couvertes du leso, le voile coloré. La majeure partie de l’assistance est jeune, très jeune.

Ils sont venus en souvenir d’un proche ou par simple solidarité
Textos, facebook et les réseaux ont fonctionné à plein. « J’ai reçu un SMS sur la manif, sourit Nazary. Et j’ai fait tourner. » Lui et ses amis sont venus en souvenir de Youssouf qui habitait Noailles comme eux. Il y a un an, ce grand gaillard de 17 ans a pris l’avion «  pour le bled » avec sa mère. Ils font partie des 152 disparus.

Beaucoup des manifestants comptent un proche parmi les victimes. _ D’autres sont venus par simple solidarité. Les enfants sont là, les parents sont rares. « Les miens sont partis aux Comores, justifie une jeune fille. Beaucoup d’autres sont au travail. » Cette jeunesse représente aussi la part marseillaise et française de ce que l’on nomme un peu vite «  la communauté comorienne ». « On nous parle sans cesse des 80 000 ressortissants comoriens de Marseille mais les politiques se souviennent surtout de nous au moment des élections, s’insurge Aliata Aboudou, vice-présidente de l’association Aide. Ensuite, on ne les a plus vus pour régler les problèmes d’emploi, de logements, de détresse que connaissent les familles des victimes un an après. »

Mais, plus que ces angoisses quotidiennes, la marche doit servir d’abord à faire émerger une vérité dont les familles s’estiment privées. La vérité. Elle est sur toutes les lèvres, sur les banderoles et les pancartes. Depuis des mois l’enquête est au point mort. Les familles de victimes attendent des élus et du gouvernement qu’ils agissent au service de la vérité : comprendre pourquoi l’avion s’est crashé et éviter peut-être un nouvel accident.

« Le gouvernement doit aussi
s’occuper des vivants »

« C’est très bien que le Président reçoive les proches des gens qui ont trouvé la mort mais nous avions dénoncé les conditions de vol un an avant le crash, soutient Saïd Ahamada, porte-parole de l’association Sos Voyage aux Comores. Le gouvernement doit aussi s’occuper des vivants. Aujourd’hui, les vols de la Yemenia ont repris dans les mêmes conditions. Or, les gens qui embarquent le font en France, avec des billets achetés en France et, souvent, des passeports français. » A la même heure, à l’Assemblée nationale, le ministre Jean-Louis Borloo a indiqué qu’il soutenait « les projets actuels des compagnies françaises et européennes pour desservir directement les Comores ».
Mais avec un prix inférieur de 200 ou 300 euros aux billets des compagnies européennes, les familles achètent encore du Yemenia. «  Ils se disent aussi que nous sommes dans un Etat de droit. Si la compagnie n’a pas été interdite, c’est qu’elle est sûre », ironise le jeune responsable associatif.

Encadré par les militants d’Ushababi (jeunesse en shikomori, la langue comorienne), le cortège avance lentement vers l’hôtel de ville où une prise de parole est prévue. « C’est un peu notre maison à tous, explique Nadjati Youssoufa, présidente d’Aide. Nous allons aussi là-bas pour interpeller le maire. Depuis un an, il n’a reçu aucune des associations de familles de victimes. »

Mais, sur le Vieux-Port, deux rangées de CRS et huit cars parqués sur le bas côté attendent le défilé. Ils ne passeront pas. La raison ? Un policier en civil invoque une demande de la Ville pour des festivités en mairie. Un motif que la Ville réfute. Quant à la préfecture, elle n’a pas donné suite à nos sollicitations.

« Une année avec des bas et des bas, sans repos, ni répit »
C’est donc sur le bitume brûlant, que les mères, les frères, les filles se sont assis pour écouter le discours poignant de Nadjati Youssoufa. Elle rappelle les adieux joyeux aux proches il y a un an, « la nuit épouvantable » et l’enfer qui dure depuis. « Ce fut une année avec des bas et des bas, sans repos, ni répit… » Elle rappelle le souvenir de sa sœur, fondatrice de l’association, disparue dans d’autres tragiques circonstances. A ses pieds, des femmes pleurent. « Quand je vous vois face à moi, je me dis que nos voix seront entendues malgré les obstacles et les difficultés. Il n’y a plus de vous et de nous, loin des frontières, il y a des humains, unis, merci. »

Sous les premières gouttes d’un orage menaçant, le défilé a fini par se disperser, avec l’amertume de ne pas avoir pu rejoindre l’hôtel de ville, maison commune des Marseillais.

Reportage
Benoît Gilles


Crash du vol de la Yemenia : recueillement et indignation

http://www.laprovence.com/article/r...

(...)

"Merci à vous peuple de Marseille de nous soutenir, a expliqué au micro une des porte-parole de la communauté comorienne. Des familles endeuillées se trouvent encore aujourd’hui sans logement, des enfants pleurent toujours leur père disparu. Cette année écoulée a été l’une des plus horribles, sans repos, sans répit, comme un fardeau sur nos âmes. L’attitude de la Yemenia est indigne, ces charognards n’accordent les indemnités qu’au compte-gouttes".

Et de demander au maire de Marseille de recevoir une délégation : "Nous avons besoin de lui pour avoir un local et recevoir les familles, pour se sentir respectés et considérés". Le cortège pacifique a dû s’arrêter à quelques mètres de l’Hôtel de ville, stoppé par un cordon de CRS.

"Face à la douleur de ces gens, on envoie une horde de policiers, je suis choquée", a déploré Samia Ghali, sénatrice-maire PS des 15e/16e . "Que le maire reçoive enfin ces familles avant la prière de dimanche, ce serait pour elles un symbole fort", a insisté le maire PS des 1er/7e , Patrick Mennucci. Du côté de la municipalité, on affirmait hier soir "qu’à ce jour aucune demande d’audience n’avait été demandée par ces familles".


"J’ai perdu mon mari, je n’ai ni excuses, ni indemnités"

Hassanati Mmadi n’oubliera jamais ce 30 juin 2009. "J’ai perdu mon mari dans la catastrophe. Et depuis un an, on ne sait toujours pas ce qui s’est passé. La Yemenia ne donne pas d’explications, pas d’excuses, pas de condoléances. C’est inadmissible. Je suis soutenue par mes frères et soeurs, par mes amis, mais ce n’est pas pareil. Ce n’est plus pareil. J’ai trois enfants, de 8 ans, 5 ans et 2 ans, je suis maintenant seule pour les élever, je ne travaille pas, j’ai un loyer très cher à payer, et je n’ai que les allocations pour vivre. Mais ce n’est pas suffisant".

Et de conseiller aux Comoriens de "ne plus utiliser la Yemenia, même si les autres compagnies sont plus chères ; il faudrait même interdirela Yemenia". À Marseille, une quarantaine de familles endeuillées bien souvent par la disparition du père, comme celle d’Hassanati Mmadi, serait aujourd’hui plongée dans le dénuement.

"Il est difficile d’entrer en contact avec elles pour leur prêter main-forte car elles ne réclament pas spontanément même si elles sont en plein désarroi", explique Marie, bénévole de l’AFVCA, l’Association des familles victimes de la catastrophe aérienne, qui a elle-même perdu dans le crash sa mère et son petit frère.

"On essaye de les aider administrativement, on a demandé pour certaines des logements et pour d’autres des petits emplois de femme de ménage, mais pour l’heure, les collectivités locales n’ont jamais répondu à nos sollicitations".

"Que les familles soient enfin entendues et aidées, insiste Faouzia, bénévole d’une autre association, Aide. On ne peut pas accepter qu’elles soient laissées dans la détresse, sans indemnités ni information".

Laurent LÉONARD (lleonard chez laprovence-presse.fr) Imprimer


Mille Bâbords 14638

Paris-Marseille Marseille-Saana Saana-Moroni 152 DISPARUS

1 an après le crash de l’avion Yemenia, qui transportait 152 passagers, l’enquête n’a toujours pas avancé !

Bien que Yemenia ait déjà été pointé du doigt en 2008 par l’association S.O.S Voyages et par les partis civiles "pour conditions de vol indignes" sur le trajet "Marseille-Moroni" ; elle reprend ses vols Paris-Saana/ Saana-Moroni sans assurer aux passagers les conditions de vol et de sécurité répondant aux normes européennes.

Alors que les 2 boites noires ont été retrouvées, les autorités yéménites refusent toujours de coopérer dans le cadre de la commission rogatoire internationale, ouverte afin de trouver les causes de ce terrible accident. Les familles sont toujours en attente de la vérité qui leur permettrait de faire le deuil.

Pour soutenir les familles des victimes, l’Association des victimes du vol A310-300 de la compagnie Yemenia "Aide" vous attend :

Mercredi 30 juin 2010 pour la marche
"Tous ensemble pour la dignité"

Plus que jamais, il faut être présent et solidaire avec la communauté comorienne !
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