Une tribune pour les luttes

OCL

A propos des manifestations du 4 septembre 2010
Ne soyons pas amnésiques

Article mis en ligne le lundi 30 août 2010

La date du 4 septembre pour cette manifestation antiraciste unitaire, a été choisie parce qu’elle coïncide avec le 140e anniversaire de la fondation de la Troisième République qu’il faudrait « fêter », selon les initiateurs de l’appel « citoyen » : « Non à la politique du pilori ».

Curieusement, jusqu’ici aucun des historiens ou des intellectuels qui fustigent Nicolas Sarkozy pour sa manipulation ou son ignorance de l’Histoire n’a fait remarquer que la Troisième République a été fondée sur le sang des Communards, les persécutions, les condamnations à l’exil, au bagne et à la prison, quand ce n’était pas le poteau d’exécution décidé par les conseils de guerre qui siégeront pendant les quatre premières années de la Troisième République ou les cours prévôtales qui fusillaient les hommes et les femmes pris les armes à la main.

 Les rédacteurs et les 30 000 signataires de l’appel "Non au pilori" ont complètement oublié les 20 000 morts de la Commune de Paris, les 38 000 arrestations, les 50 000 jugements qui se poursuivront jusqu’en 1877, les 4000 personnes expédiées au bagne, le tout pour quoi ?


Pour célébrer, le 4 septembre 2010, la Troisième République des bourreaux du peuple parisien.

Le citoyennisme, qui est l’idéologie dominante à gauche, est décidément bien un négationnisme (à peine dissimulé) de l’histoire du mouvement ouvrier et de ses combats, comme de la politique de la République.

Ne soyons pas de ceux qui oublient que la politique actuelle vis-à-vis des Roms en général, comme la menace vis-à-vis de la perte de la nationalité, se situe en fait dans le droit fil de la tradition républicaine.
Ceux qui prétendent le contraire et en appellent à cette tradition contre Sakozy sont des menteurs ou des ignorants. Cela fait plus de 200 ans que la République n’accorde pas les mêmes droits à tous ses « citoyens » et en particulier à ceux qu’elle nomme depuis 1978 les « gens du voyage » pour échapper à l’accusation de racisme.



 Ce 4 septembre 2010, si nous descendons dans la rue contre ce pléonasme (faussement) naïf qu’est la «  xénophobie d’Etat » (tout Etat tend à être xénophobe), rappelons au moins le nom des communards et des pétroleuses !

 N’oublions pas qui était Adolphe Thiers, le chef des Versaillais, celui qui a lancé 130 000 soldats contre les ouvriers et les artisans parisiens, le premier président de cette Troisième République qui a commencé aussi mal qu’elle a fini et que nos citoyennistes de la gauche sans mémoire voudraient que nous "fêtions" en enterrant une seconde fois les Communards.



Souvenons-nous qu’après la Commune, des conseils de guerre fusillant les Communards en septembre 1870 aux pleins pouvoirs votés à Pétain en juillet 1940 par les trois-quarts des députés socialistes, des «  lois scélérates anti-anarchistes » au « Carnet B » destiné à emprisonné tout opposant à la boucherie de 1914, des massacres coloniaux aux couvre-feu imposés aux Algériens en France qui débouchèrent sur le massacre de 1961, des fichiers de l’immigration les plus sophistiqués de la planète aux lois restreignant (déjà) les droits des immigrés aux carnets antromométrique pour les « gens du voyages », la Troisième République et sa suivante la quatrième, ont une belle continuité que les sans-mémoire de la gauche célèbrent en toute bonne (in)conscience !

 Toutes ces mesures, et il y en a bien d’autres, furent des mesures légales prises dans le cadre constitutionnel qui « assure l’égalité de tous les citoyens ».

Mais il ne s’agit pas seulement d’Histoire mais aussi de présent.
Derrière cette amnésie se cachent à peine un objectif et une stratégie pour préparer 2012 et un grand front républicain destiné à remettre au pouvoir, à la place de l’actuel, ceux qui ont toujours mené les mêmes politiques sur tous les plans y compris celui de l’immigration, du racisme et du sécuritaire. Pour ce faire on nous refera le coup de la montée du fascisme et du racisme, comme en 2002, alors que précisément si la droite est aussi arrogante c’est parce que les 80 % que lui ont accordé alors les votants ont eu valeur de quitus pour mener à bien cette offensive politique au service du patronat et des grands groupes financiers.

Il est particulièrement significatif que quelques jours après ce 4 septembre aura lieu la manifestation sur les retraites (alors que tout est déjà joué sur ce terrain, sans combattre). On sait pourtant que le seul moyen d’enrayer le racisme et le fascisme c’est précisément le développement de grands mouvements sociaux. Il ne faut pas mélanger les choses, nous dit-on… Eh bien si, justement il faut les mélanger et les mélanger encore.

Ne marchons pas dans la combine. Nous ne chasserons pas Sarko pour mettre le PS à sa place, pas plus que n’importe qui. Nous ne serons pas amnésique vis-à-vis des années de plomb que furent les années Mitterrand que l’on voudrait nous faire oublier.

Oublions seulement nos nationalités et construisons un internationalisme contre les patrons, contre le capitalisme, pour le communisme.

OCL

Retour en haut de la page

Vos commentaires

  • Le 30 août 2010 à 22:38, par Christiane En réponse à : A propos des manifestations du 4 septembre 2010
    Ne soyons pas amnésiques

    Bien sûr ce sont les Républicains de la "République démocratique" qui ont réprimé dans le sang les Républicains de la "Sociale".

    Mais le septembre qui sera fêté samedi, c’est le 4 septembre 1870, qui met bas le second empire.
    A ce moment-là, on ne sait pas encore qu’il y aura la révolte de la Commune de Paris, et la semaine sanglante de mai 1871. Le 4 septembre 1870, certains croyaient encore à la fraternité universelle...

    C B.

  • Le 1er septembre 2010 à 13:45, par Christiane En réponse à : 4 septembre 2010 : « fêter » l’anniversaire de la IIIe République ou honorer les Communards ?

    Une grande manif doit se tenir le 4 sep­tem­bre 2010, convo­quée par toute la gauche, les syndicats, les asso­cia­tions anti­ra­cis­tes ou de sou­tien aux tra­vailleurs immi­grés, etc.

    Cette date a été choi­sie parce qu’elle coïn­cide avec le 140e anni­ver­saire de la fon­da­tion de la Troisième République qu’il fau­drait « fêter » selon les orga­ni­sa­teurs de l’appel « Non à la poli­ti­que du pilori » (on trou­vera cette pétition insi­pide [Comme me le fait remar­quer jus­te­ment un lec­teur pers­pi­cace, cet appel contient des expres­sions inad­mis­si­bles comme la référ­ence au « néc­ess­aire res­pect de l’ordre public » (comme quoi la gauche nous prend pour des imbé­ciles quand elle prétend dén­oncer la poli­ti­que sécu­rit­aire de Sarkozy) et au res­pect de « la Constitution ». On rappel­lera aux sans-mém­oire de gauche que deux réf­orm­istes bon teint, Messieurs François Mitterrand et André Chandernagor, dénoncèrent, il y a déjà 40 ans, l’un dans Le coup d’État perma­nent (1964), l’autre dans Un par­le­ment pour quoi faire (1967), la Constitution de la Cinquième République comme tota­le­ment et viscé­ra­lement antidé­moc­ra­tique et pro­pice aux coups d’État et à toutes les manœu­vres auto­ri­tai­res du gou­ver­ne­ment contre les « élus de la nation ».
    Même si nous ne croyons guère aux vertus de la démoc­ratie bour­geoise, la vacuité de cet appel permet de mesu­rer la régr­ession poli­ti­que de cette gauche réf­orm­iste qui a oublié même ses petits com­bats contre la Constitution de la Cinquième République… et de l’extrême-gauche (le NPA en tête) qui lui emboîte allég­rement le pas. Quant à la phrase qui conclut l’appel et fait men­tion d’une « République que nous vou­lons plus que jamais, libre, égale et fra­ter­nelle » on se demande sur quelle planète vivent les réd­acteurs et les signa­tai­res de cet « appel ». La République des Bisounours, sans doute...], pardon cet « appel citoyen », sur le site nona­la­po­li­ti­que­du­pi­lori.org).

    Curieusement, jusqu’ici aucun des his­to­riens ou des intel­lec­tuels qui fus­ti­gent Nicolas Sarkozy pour sa mani­pu­la­tion ou son igno­rance de l’Histoire n’a fait remar­quer que la Troisième République a été fondée sur le sang des Communards, les persé­cutions, les condam­na­tions à l’exil, au bagne et à la prison, quand ce n’était pas le poteau d’exé­cution décidé par les conseils de guerre qui sié­geront pen­dant les quatre pre­mières années de la Troisième République ou les cours pré­vô­tales qui fusillaient les hommes et les femmes pris les armes à la main.

    Les réd­acteurs et les 30’000 signa­tai­res de l’appel « Non au pilori » ont com­plè­tement oublié les 20’000 morts de la Commune de Paris, les 38’000 arres­ta­tions, les 50’000 juge­ments qui se poursui­vront jusqu’en 1877, les 4000 per­son­nes expédiées au bagne, le tout pour quoi ?

    Pour célébrer, le 4 sep­tem­bre 2010, la Troisième République… des bour­reaux du peuple pari­sien.

    Le citoyen­nisme, qui est l’idéo­logie domi­nante à gauche, est décidément bien un négati­onn­isme (à peine dis­si­mulé) de l’his­toire du mou­ve­ment ouvrier et de ses com­bats.

    Le 4 sep­tem­bre 2010, si vous tenez à des­cen­dre dans la rue contre ce pléon­asme (faus­se­ment) naïf qu’est la « xénop­hobie d’État » (tout État est xénop­hobe, sinon il ne rem­plit pas sa fonc­tion essen­tielle : déf­endre la nation), criez au moins le nom des Com­mu­nards et des pét­rol­euses !

    Ayez une pensée pour le général Dombrovski mort sur les bar­ri­ca­des près de la rue Myrrha, Théophile Ferré, Louis Rossel et tous les ano­ny­mes exécutés par cette Troisième République que les réd­acteurs de l’appel « Non au pilori » vou­draient nous voir « fêter » le 4 sep­tem­bre 2010.

    N’oubliez pas qui était Adolphe Thiers, le chef des Versaillais, celui qui a lancé 130’000 sol­dats contre les ouvriers et les arti­sans pari­siens, le pre­mier pré­sident de cette Troisième République qui a com­mencé aussi mal qu’elle a fini et que nos citoyen­nis­tes sans mém­oire vou­draient que nous fêtions en enter­rant une seconde fois les Communards.

    Des conseils de guerre fusillant les Communards en sep­tem­bre 1870 aux pleins pou­voirs votés à Pétain en juillet 1940 par les trois quarts des députés socia­lis­tes, de la guerre du Rif aux massacres et aux bagnes d’Indochine en pas­sant par les inter­ven­tions des armées franç­aises contre la révo­lution russe, des fichiers de l’immi­gra­tion les plus sophis­ti­qués de la planète aux lois res­trei­gnant (déjà) les droits des immi­grés, la Troisième République a une belle conti­nuité que les sans-mém­oire de la gauche s’apprêtent à « fêter » en toute bonne (in)cons­cience !

    Yves Coleman - Ni patrie ni fron­tières, 26 août 2010.

  • Le 3 septembre 2010 à 21:53, par linalot En réponse à : A propos des manifestations du 4 septembre 2010
    Ne soyons pas amnésiques

    Excellente réponse.

    Ce communique de l’OCL rappelle à juste titre les crimes futurs de la 3 ème république. La date a peut-être été mal choisie et j’ai pas signé ce communiqué.
    Mais pour les pseudos-anars de l’OCL, ce démontage de l’appel citoyen, sert surtout d’excuse à ne pas aller à cette manif, pour passer un samedi après-midi dans les boutiques avec leur petite copine bourgeoise. On ne va pas demander à un pseudo-anarchiste de l’OCL de faire une manif qui pour une fois ne s’occupe pas de son petit bout de gras : sa retraite, son salaire,etc... et qui vise à défendre des gens qui n’ont ni retraite ni salaire : les roms. Les gens de l’OCL n’iront pas manifester car ils sont jaloux des roms : eux sont de vrais anarchistes, mais ces salauds ne lisent pas bakounine et n’ont pas leur carte à l’OCL. Hors de question donc d’aller manifester pour les soutenir.

  • Le 12 octobre 2010 à 01:08, par bernard En réponse à : A propos des manifestations du 4 septembre 2010
    Ne soyons pas amnésiques

    Je suis d’accord avec les arguments POLITIQUES de l’OCL, contrairement au citoyen Linalot qui a oublié que le capitalisme, né de la Révolution Bourgeoise de 1789 est une société d’exploitation capitaliste. Pour raffraichir la mémoire de ce monsieur, le Manifeste Communiste a été écrit en 1848 où Marx dénonçait ce système. Rappelons nous de la révolte des Canuts en 1830, des évènements sanglants de Paris au moment de l’écriture du Manifeste. La République bourgeoise a du sang dans les mains depuis sa naissance, et les horreurs de la 3° République contre les Communards est dans la continuité de ce que les bourgeois avaient fait avant. Aujourd’hui aucun soutien à une quelconque fraction démocratique de la bourgeoisie, de droite et encore plus de gauche, les dignes héritiers massacreurs de la Révolution Allemande de 1919, ceux qui ont voté les crédits de guerre en Aout 1914. La guerre de classe doit se mener contre ceux qui de gauche ou de droite sont le garant du maintient de l’ordre capitaliste. Assez d’hypocrisie citoyenne et républicaine. LES P¨ROLETAIRES N’ONT PAS DE PATRIE. La lutte ouvrière contre ce système pourri est le seul moyen de vraiement rassembler tous les ouvriers qui est en grande partie une classe d’immigrés,et les Roms ne dpoivent rien attendre de tous ces démocrates bourgeois, la classe ouvrière est la force capable, en détruisant ce système, de mettre fin à cette xénophobie, à ce racisme, à toutes ces divisions.

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Analyse/réflexions c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 2110