Une tribune pour les luttes

Déclaration liminaire des élus Sgen-CFDT Provence Alpes

" A la veille de cette rentrée, c’est bien à Guy Môquet que nous voulons penser. "

Article mis en ligne le mercredi 1er septembre 2010

Affectation des stagiaires type lycée-Affectation des TZR type lycée
25, 26 août 2010

Il y a trois ans exactement, Guy Môquet était sur toutes les lèvres médiatiques. Ce jeune homme
communiste assassiné par les nazis avait été désigné à la mémoire des lycéens de notre pays dans un
hommage collectif appuyé, un exercice obligatoire imposé par le chef de l’état.
La lettre d’adieu que Guy Môquet avait adressée à sa famille devait être lue chaque année dans
toutes les classes de lycée.
Manifestation de respect pour les uns, récupération et manipulation pour les autres.

Quoiqu’il en soit, depuis la rentrée 2007, exit Guy Môquet : qu’il meure donc une deuxième fois
après avoir connu une éphémère renommée, le temps d’une saison.
Trois ans plus tard, le gouvernement et le chef de l’Etat ont manifestement d’autres préoccupations :
la communion dans l’émotion suscitée par la mort injuste de ce jeune résistant n’est plus de mise.
Changement de contexte, changement de ton !

Comment en effet faire oublier la réforme des retraites, la réduction des effectifs dans la fonction
publique (Police, Santé, Education), les « affaires » politico-financières, 2,6 millions de chômeurs,
la crise économique ?... Quelle pirouette pouvait inventer un pouvoir en panne de solution, lent à la
compassion, prompt à la compromission, pour reléguer aux oubliettes le feuilleton Woerth-
Bettencourt de l’été ?

Rien de tel qu’une recette usée jusqu’à la corde, une bonne vieille recette bien de chez nous et
pourtant tellement universelle : le Bouc Emissaire !
Pas si simple, de bien choisir un bouc émissaire ! Il doit être mal connu, objet de préjugés,
numériquement faible, de préférence pauvre et peu puissant. Etranger et voyageur sur la terre.

Désigné par une multitude de vocables, en général péjoratifs, pour renforcer l’impression de menace
– « ils sont partout » – et favoriser les amalgames : Roms, Gypsies, Romanichels, Tziganes, Gitans,
Gens du voyage, Roumains, Nomades, Bohémiens, « Voleurs de poules et d’enfants »... Voici les
nouveaux boucs émissaires, montrés du doigt.

Qui se souciera désormais d’éduquer les enfants des populations nomades ainsi désignés à la
vindicte du peuple français. Qui s’indignera du sort de ces mineurs que la pauvreté chasse de l’école
et jette sur les routes de la mendicité ? Quelle administration scolarisera ces petits que l’on
déshumanise en les isolant de leurs compagnons d’âge ?

A la veille de cette rentrée, c’est bien à Guy Môquet que nous voulons penser. Nous pouvons
l’imaginer en train de rédiger cette lettre qui ne sera pas lue dans les lycées français. Nous savons
qu’il ne portait aucun signe sur sa poitrine – ni étoile jaune, ni triangle rouge, ni triangle marron –
mais qu’il pensait mener un combat pour la liberté des peuples et des individus. Et nous voulons
rappeler que nous avons lu à nos élèves sous sa plume, il y a trois ans, cette phrase si simple :
« Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c’est que ma mort serve à quelque chose. »

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