Une tribune pour les luttes

Le CQFD N°81 : Liberté d’expression « Ferme ta gueule" »
+ " Le Berry Ripou l’emporte par forfait sur le pouvoir Sarkozyste"

Procès du journal satirique le " Berry Ripou" le 17 septembre au TGI de Bourges pour "injure publique envers un fonctionnaire" ; un de plus !

Article mis en ligne le samedi 18 septembre 2010

http://www.berry-inde.org/index.php...

Vendredi, 17 Septembre 2010

Bien entendu, nous sommes heureux de la décisions de justice qui a été rendue en fin d’après-midi. Depuis des mois, le pouvoir Sarkozyste ne s’économise pas en paroles outrancières, en provocations en invectives face à des citoyens « pas dans la norme », face à certaines catégories de la population. Aujourd’hui, le petit journal satirique Le Berry Ripou a infligé à la droite décomplexée un grotesque coup d’arrêt. _ Monsieur Matthieu Bourrette n’a même pas eu la correction de se présenter à l’audience. Son avocat très sympathique est tout juste venu faire acte de présence. Il est reparti au bout de quelques minutes sans attendre le résultat du délibéré. Brice Hortefeux qui appuyait la plainte de l’ancien secrétaire de Préfecture n’était pas représenté. Une déroute.

On pourrait, on devrait en rire. Jamais, sans doute nous ne pourrons trouver pour notre journal un responsable de communication aussi efficace que M. Bourrette. Grâce à lui, nous avons pu tisser de nombreux liens à travers toute la France. Nous avons été en contact avec Edwy Plenel, Didier Porte et surtout une personne que nous admirons pour ses écrits et que nous ne pensions jamais avoir le privilège de rencontrer : monsieur Emmanuel Terray. Saluons aussi le philosophe et écrivain Laurent Cachard qui a été le premier à nous soutenir spontanément. Et puis aussi nos amis inculpés de Tours, poursuivis pour des raisons similaires aux nôtres et dont le procès a été repoussé pour «  préserver la sérénité des débats ». Et puis encore François de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon qui est un puits de sciences. Nous avons pu enfin rencontrer certains de ceux qui nous lisent (y’en a qui ont quand même une drôle de tête !).

Nous avons pu analyser ceux qui soutenaient et comprenaient sincèrement et sans calculs notre démarche. Nous avons rencontré Lucie de Bakchich, le grand Mourad Guichard que l’on ne présente plus en Région Centre, Gilblog, agitateur.org, CQFD, France 3 Centre (qui m’a vu piquer une colère de débile mental à l’évocation des conditions d’expulsions choquantes de cette famille Russe qui a motivé la publication de la caricature). Et bien entendu, Le Berry Républicain (le vrai, avec des morceaux de professionnalisme dedans !) qui se bat quotidiennement et sans relâche pour la liberté d’expression et la liberté de la presse, le poing levé. Et d’autres. Beaucoup d’autres.

Nous attendions ce procès. Nous avions beaucoup de choses à dire. Nous en avions d’ailleurs beaucoup discuté la veille au Café Repaire animé par l’excellent Jean Frémiot.

Mais malgré la débâcle Sarkozyste, nous sommes tout de même un peu déçus car il ne nous a pas été permis de nous exprimer et de nous expliquer dans l’enceinte du tribunal qui nous avait convoqué. Certes, nous avions soulevé des points de nullité mais la justice avait la possibilité de rendre sa décision après un débat sur le fond, comme nous le souhaitions.

Apparemment, il y avait trop d’affaires à juger aujourd’hui. Cela en dit long sur l’encombrement des Tribunaux. Celui de Bourges - souvenons-nous en - a d’ailleurs été menacé de disparition par les gens qui nous poursuivaient aujourd’hui. Ils voulaient mutualiser les moyens, faire des économies en supprimant les «  petits » tribunaux. Lorsque l’on voit le nombre d’affaires qui ont été traitées à Bourges en un après-midi, on ne peut que saluer le courage des magistrats mais aussi s’interroger sur les calculs d’épicier d’un gouvernement qui affaiblit autant le secteur de la santé que le secteur de la justice, que le milieu universitaire et de la recherche.

Lors de notre participation au Café Repaire, la veille du procès, un intervenant nous avait posé une question particulièrement pertinente et qui visait juste : qu’est-ce qui est le plus scandaleux et le plus grave ? Que le pouvoir Sarkozyste s’attaque à un journal et bafoue la liberté de la presse et le droit à la caricature ? Ou bien l’expulsion dans des conditions indignes, d’une famille Russe déboutée du droit d’asile ?

Il faut être clair. Que risquions nous dans cette affaire ? Rien. Une amende, même de 12.000 euros, ce n’est rien comparé au sort réservé dans notre pays à des gens qui sont traités avec si peu de considération, avec si peu de respect. Avec si peu d’humanité. Cette absence d’humanité que nous mettions en éclairage dans la caricature qui a provoqué l’ire de M. Bourrette.

A l’annonce du naufrage de Messieurs Bourette et Hortefeux à Bourges, Zébida Zidane, une lectrice ripou qui nous soutenu avec beaucoup de conviction et d’humanité a écrit ceci : « Une pensée à Irina, à cette famille, séparée. A cette grand-mère malade qui a vu partir au petit matin ses enfants et ses petits enfants, expulsés ».

Tout est dit. Passées les trente secondes de joie d’avoir orchestré la déconfiture de la sarkozie qui nous a semblé programmée et inéluctable dans cette affaire, le retour sur Terre a été très rapide.

Rien n’effacera le souvenir et la stupeur de ce 18 février 2010. Nous sommes heureux mais nous sommes tristes. Un peu honteux aussi. Honteux de ne rien avoir fait ou de ne rien avoir pu faire pour empêcher cette expulsion. Notre caricature exprimait aussi cela. Et si Nadia, élève brillante du collège Victor Hugo, et sa famille revenaient en France pour retrouver leur grand-mère ? Et si on leur laissait enfin une chance d’échapper à un triste destin et de vivre quelques moments de bonheur après avoir traversé tant d’épreuves difficiles ? Est-ce donc si peu de l’ordre du possible ? Pourquoi devrions-nous « tourner la page » ?

A cette famille que l’on n’oublie pas.

Jean-Michel Pinon alias Charles-Henry Sadien,

Directeur de publication du Berry Ripou.


http://cequilfautdetruire.org/spip.php?article2275

Auteur : Iffik Le Guen.

15 septembre 2010.

Les plaintes de fonctionnaires préfectoraux, souvent appuyés par Hortefeux, pour outrage contre des organes d’informations ou des militants ont tendance à se multiplier. En cause le rapprochement opéré entre la période actuelle et les années terribles sous l’Occup’. Retour sur une vaste campagne d’intimidation à géométrie variable.

SARKOZY va-t-il convoquer la Reine d’Angleterre au motif qu’elle ne sait pas retenir la plume de ses journalistes ? En effet la grande presse outre-Manche n’y est pas allé avec le dos de la cuillère à jelly en évoquant, au sujet de la politique anti-Roms du gouvernement français, qui les « souvenirs de la gestapo » (The Times), qui un climat «  protofasciste » (The Guardian). Fort courageusement, c’est sur un petit journal satirique de Bourges tirant à 3 000 exemplaires, Le Berry Ripou, que s’est abattue la colère du régime.

En février dernier, sur ordre du très zélé secrétaire général de la préfecture du Cher, un certain Matthieu Bourrette, la police débarque, dès 5 h 30, dans le foyer où réside une famille russe sans papiers pour l’expulser par charter vers Moscou. L’opération déclenche une vive émotion dans la population, d’autant plus que la grand-mère, atteinte d’une maladie en phase terminale, est laissée là sans avoir pu dire adieu à ses enfants et petits-enfants. Dans la foulée, Le Berry Ripou publie sur son site une caricature reprenant l’affiche du film La Rafle où le visage du policier qui embarque les enfants est remplacé par une photo du Bourrette en question. «  Mais, la rédaction du journal, une dizaine de personnes, comptent plusieurs historiens, et nous avions bien fait attention à décontextualiser le photomontage, pas de croix gammée, pas d’étoile jaune… », nous confie Laurent Quillerié, président de l’association éditrice du canard satirique.

Las, trois mois plus tard, le directeur de la publication, Jean-Michel Pinon, est averti que le sieur Bourrette a déposé plainte pour injure publique envers un fonctionnaire. « Cet été, poursuit Laurent Quillerié, nous avons en plus appris que Hortefeux se joignait à la plainte de Matthieu Bourrette qui lui-même avait été nommé substitut du procureur général près la cour d’appel de Grenoble. On ne peut s’empêcher de penser que cela va être très difficile d’obtenir un jugement en toute impartialité. » Le fait que le journal a régulièrement soutenu les actions de RESF contre l’expulsionnite aiguë du secrétaire général de la préfecture n’a évidemment rien à voir avec ce soudain acharnement. Rien à voir, non plus, avec sa colère lorsqu’il a vu divulguer dans Le Berry Ripou son entretien téléphonique avec un député PC à propos de la répression brutale qu’il a ordonnée lors d’une grève chez Intermarché.

Le procès est programmé pour le 17 septembre prochain au TGI de Bourges, soit la veille, là aussi pure coïncidence, d’un concert «  Rock sans-papiers » parrainé par Médiapart. Laurent Quillerié conclut avec un brin d’optimisme : « S’ils veulent nous flinguer avec une amende de 12 000 euros, ils se trompent parce que nous avons reçu beaucoup de soutien au plan local et national. Et puis, ici, on est les seuls à faire entendre une voix discordante face à une presse régionale complaisante avec les pouvoirs et face à une vie politique dominée par quelques grands propriétaires terriens tels le désormais fameux Patrick de Maistre. »

Dans le même esprit des temps mais un jour plus tôt, le 16 septembre, se tiendra le procès de quatre militants de Tours qui avait eu l’outrecuidance de publier, en avril 2010, un communiqué de presse dans lequel ils comparaient les méthodes de certains fonctionnaires préfectoraux avec celles pratiquées par le régime de Vichy. En bref, ils déclaraient que l’utilisation du fichier Base-élèves, qui comporte la nationalité des parents, dans certaines préfectures, pour repérer et expulser des familles de sans-papiers leur faisait furieusement penser à des techniques de chasse aux enfants en cours « pendant une des périodes les plus sombres de notre histoire ». S’il est vrai que l’on pourrait en discuter en sirotant un bon Vouvray, sur l’air du «  comparaison n’est pas raison », il paraît légèrement excessif de voir dans ces propos «  une diffamation publique envers une administration publique » comme l’a fait le ministère de l’Intérieur. Si ce type d’analyse est publiquement verboten, que faire alors des déclarations, aussi intempestives qu’estivales, de quelques ténors de la classe politique. De Rocard qui établissait un parallèle entre la nouvelle loi sur les mineurs délinquants et ce qui se pratiquait sous Vichy et sous les nazis, à J. P. Grand, élu UMP, qui avouait que la campagne contre les Roms lui rappelait les rafles pendant la guerre. Le pouvoir actuel a clairement choisi de mépriser les critiques venant d’en haut pour concentrer sa stratégie d’intimidation sur le vulgum pecus militant. Au « risque » de déclencher contre lui un vaste élan de solidarité.

Article publié dans CQFD n°81, septembre 2010, actuellement en kiosques.


Ce mois-ci, dans CQFD 81 :

IL Y A DE PLUS EN PLUS D’ÉTRANGERS DANS LE MONDE

TRAVAIL SOCIAL : Misère, efficacité, galère, rentabilité

PERPIGNAN : La bataille de Cassanyes n’aura pas lieu

NANTES : L’ombre de Vinci plane sur le projet d’aéroport

RAFLES : Roms à ranger

MÉDIAS : Rassurez les marchés, dépouillez les mémés

CHILI : Triste bicentenaire des indépendances
CHRONIQUE JUDICIAIRE : Où l’on s’interroge sur la conscience

LIBERTÉ D’EXPRESSION : L’État contre le Berry ripou

Les Expulsables de BERTH

VIEUX DOSSIERS : Futbolin

SAUTE FRONTIÈRE : Les filières afghanes par Alain Tarrius

MA CABANE PAS AU CANADA : 30 ans d’utopie

NÉCRO : Arthur a cassé sa pipe

CAP SUR L’UTOPIE avec NOËL GODIN

LA VENTRE DE MARSEILLE : Un feuilleton d’Athémos ZOLUS
Les chroniques de Jean-Pierre Levaray, Sébastien Fontenelle et Mademoiselle …

Les dessins de Aurel, Berth, Bertoyas, Rémy Cattelain, Coco, Efix, Foolz, Nardo, La Casinière, Lasserpe, Lefred-Thouron, Lindingre, Nardo, Rémi, Samson, Soulcié, Tanxxx, Valère…

Le 16 septembre 2010 en kiosque

Rendez-vous sur le site www.cequilfautdetruire.org

À bientôt.

CQFD

BP 70054
13192 Marseille cedex 20

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