Une tribune pour les luttes

Collectif "Areva ne fera pas la loi au Niger"

Une région pillée, un peuple sacrifié

Sept salariés d’Areva et Vinci enlevés au Niger dans la région d’Arlit, où sont exploitées "des mines d’uranium stratégiques."
Pour mieux comprendre. ..

Article mis en ligne le lundi 20 septembre 2010

Le Niger, pays stratégique pour Areva

http://www.lemonde.fr/economie/arti...


Collectif "Areva ne fera pas la loi au Niger" : Une région pillée, un peuple sacrifié

Depuis 40 ans, la société française AREVA, leader mondial du nucléaire civil, tire près de 40% de sa
production d’uranium du Nord Niger, pays encore classé à ce jour parmi les 3 plus pauvres de la
planète.

En 2007, Areva perd son monopole et l’Etat nigérien reçoit des demandes de permis de sociétés nord-
américaines, australiennes, asiatiques et sud-africaines.
Bien qu’Azelik, future grande exploitation, ait été accordée aux Chinois via la société Sino-U (CNUC),
Areva a tout de même récemment obtenu l’autorisation d’exploiter le site géant d’Imouraren avec
lequel le Niger devrait devenir le 2ème producteur mondial.

Les 40 années d’exploitation minière de Cogema/Areva, à Arlit et Akokan, ont eu pour premières
conséquences :

- La spoliation des terres agro-pastorales autour des deux sites, situés dans la région d’Agadez.
- Des bénéfices énormes réalisés par Areva sans retombées pour les populations : un véritable
partenariat « gagnant-perdant » !

-  La destruction de la faune et de la flore aux alentours des mines.
- La contamination de l’air par des poussières et des gaz radioactifs.
- La contamination radiologique des ressources en eau.
- L’épuisement d’une des deux grandes nappes fossiles (Tarat), à hauteur de 2/3 de ses réserves et, à
moyen terme, le tarissement irréversible de la seconde nappe, avec le dénoyage de la partie
ouest de l’aquifère (grès d’Agadez) en 40 ans.
- Des pollutions annexes innombrables, essentiellement dues aux activités périphériques.

La très forte demande en énergie des pays émergents a considérablement favorisé l’intérêt nouveau
pour le nucléaire, énergie dite «  propre », ce qui a eu pour conséquence une fulgurante ascension du
prix de ce minerai. Une manne inespérée... les autorités nigériennes annoncent dès 2007 le triplement
de la production pour les années à venir.

139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en
moins d’un an et de nombreux permis en demande seront
bientôt accordés. Ces permis, qui englobent la majeure
partie des territoires des populations de la région d’Agadez
(plus de 85.000 km2) sont octroyés dans l’opacité et sans
aucune concertation préalable.

A ce jour, les autorités nigériennes se refusent toujours à tout dialogue avec les populations
autochtones, à majorité touareg, et ce malgré l’émergence récente d’un nouveau mouvement de
rébellion condamnant sans détours cet état de fait.

Interdisant tout acte de résistance, le Niger – tacitement soutenu par l’Etat français, au travers de sa
« filiale » Areva organise, une vaste campagne de discrimination avec l’objectif à peine voilé de vider
la région de ses habitants
, facilitant ainsi l’aboutissement de ses relations commerciales.

Les pleins pouvoirs sont ainsi donnés à l’armée nigérienne, l’état d’exception est décrété pour la région
d’Agadez : Exécutions sommaires ciblées et arrestations arbitraires ; Destruction des moyens de
subsistance des nomades (cheptel abattu, activités agricoles rendues impossibles, approvisionnements
restreints, etc.) ; Populations déplacées ; ONG interdites, radios et presse muselés.

À l’heure même où la notion de développement durable, admise par tant d’Occidentaux, est plus que
jamais d’actualité, il serait souhaitable que les grands groupes industriels du Nord qui sans cesse
communiquent sur le bien-fondé des énergies «  propres » aient la décence de reconnaître que
l’énergie nucléaire n’est pas si propre que cela.

Que le développement durable est à considérer dans sa globalité et non dans sa finalité.

Qu’il est absolument hypocrite de nous vendre, à nous Occidentaux, une énergie prétendue sans
taches, sans effets, sans conséquences, alors que loin de nous des populations, aux conditions de vie
déjà très précaires, souffrent et meurent d’un environnement vicié, d’une spoliation de leurs territoires
d’attache ?

Conscient de la catastrophe annoncée, le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » mène une
campagne visant à mettre la société Areva, la France, l’Union européenne et la communauté
internationale face à leurs responsabilités.

Il s’agit de dénoncer les conséquences désastreuses de nos choix énergétiques ici et de soutenir ceux
qui en paient le prix là-bas.

Réseau de solidarité et d’action, le collectif soutient, au travers de leurs représentants réfugiés en
France, les populations concernées dans leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits, de leur
dignité et de leurs libertés fondamentales.

Le collectif dénonce la complicité de la communauté internationale et particulièrement de la France
qui, de connivence avec le Président Tandja :

- Passent sous silence la réalité et la gravité du conflit.
- Cautionnent le comportement irresponsable et irrespectueux des sociétés minières.
- Affament et tuent en vertu de la concurrence et du profit.

C’est tout un peuple, chassé de ses terres, privé de ses activités
traditionnelles, de ses ressources en eau, qui est menacé de
disparaître face aux enjeux géostratégiques et politiques
mondiaux.

Revendications

Nous appelons le gouvernement français, l’Union Européenne et les instances internationales :
à faire pression sur les autorités nigériennes afin qu’elles respectent les normes relatives aux droits de
l’Homme, en particulier les droits humains non dérogeables.
Nous appelons de toute urgence le gouvernement nigérien et le Mouvement des nigériens pour la justice à
un cessez-le-feu et une action volontaire en faveur d’un retour à la paix durable et équitablement négociée.

Nous demandons instamment à toutes les parties impliquées :
- L’application et le respect, sans réserve, de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples
autochtones,
préalable à tout projet minier.
- L’application de la réglementation internationale en matière de radioprotection.
- L’application de l’initiative sur la transparence des industries extractives (ITIE) à laquelle le Niger a
adhéré en mars 2005.
- La dépollution des sites déjà exploités et une expertise indépendante : après 40 ans d’extraction minière
un moratoire de trois ans ou cinq ans renouvelable, avant tout nouveau projet minier, doit être obtenu
de la part des instances internationales pour s’assurer que :
• les déchets miniers (résidus et stériles) et les ferrailles contaminées ont été correctement regroupés et entreposés
de façon à garantir leur confinement sur le très long terme,
• le paysage a retrouvé ses formes anciennes et qu’il n’existe plus d’enfouissements discrets comme on en a
retrouvé en France près de Saclay ou dans le Massif Central,
• tous les travailleurs et ex-travailleurs des mines ainsi que les populations ayant vécu à proximité de l’exploitation
bénéficient d’un examen médical complet, d’une évaluation rétrospective des doses subies, de l’inscription dans
un programme de suivi sanitaire à long terme réalisé par des cabinets médicaux compétents et indépendants,
• la qualité de la nappe phréatique est à un bon niveau écologique, physicochimique, etc.

- Pour les nouveaux permis, il faut s’assurer, par des contraintes à priori, que ne se renouvelleront pas les
confusions actuelles entre exploitant minier et médecine d’entreprise, et que des taxes parafiscales,
comme il en existe en France, seront prélevées et confiées à une gestion spécialisée et indépendante
pour la remise en état des sites après extraction et pour une gestion saine, équitable et concertée des
ressources en eau.

Le collectif : %Attac - Cedetim - CNT - Collectif Tchinaghen - LCR - Les Verts
Réseau Sortir du Nucléaire - Sud Energie/Solidaires - Survie - Via Campesina

23 mars 2008

Email : arevaneferapaslaloi chez gmail.com -
Site : http://areva.niger.free.fr


http://survie.org/billets-d-afrique...

Niger : Un eldorado minier si instable

1er avril 2010 par Danyel Dubreuil

Deux mois après sa mise en place, la VIe république du Niger, installée aux forceps par Mamadou Tandja, s’est achevée brutalement avec le coup d’Etat du 18 février 2010, le quatrième de l’histoire du Niger indépendant. (...)

Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Communiqués c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 4735