Une tribune pour les luttes

Octobre 2010 : le mouvement de blocage général

La tribune de Gérard Filoche

Article mis en ligne le lundi 25 octobre 2010

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Ils ont voulu rendre le droit de grève difficile ou limité ou interdit ou périlleux, ou coûteux. Les salariés contournent à leur façon cette difficulté.

Dans des secteurs où il est difficile de faire grève avec occupation, à cause de salaires trop bas, ça coûte trop cher, pour cause de chantage à l’emploi et de précarité, quand le droit de grève peut valoir chômage, quand des services minimum sont instaurés, comment faire pour parvenir au même résultat, dans une économie densifiée, complexe, interdépendante ? il y a désormais un moyen complémentaire et efficace qui a surgi pour bloquer l’économie du pays et forcer le pouvoir politique à négocier : le blocage.

Ca ne remplace pas la grève mais ça aide.

- Blocage de l’accès aux dépôts de carburant, comme à Vovray, près d’Annecy et dans des dizaines de raffineries de toute la France, de Donges à Grandpuits.

- Blocage des Zones Industrielles comme à Amiens (plusieurs centaines de grévistes dont 200 de Goodyear) Rouen ou Le Havre.

- Blocage de l’accès aux plateformes logistiques des hypermarchés (comme à Carbon-Blanc Auchan, près de Bordeaux).

- Blocage de l’accès aux aéroports comme à Marignane (prés de Marseille) ou des ports comme à Berre.

- Blocage des routes comme autour de Lille et de Paris

- Blocage des gares ou des voies ferrées comme dans des dizaines de villes

- Blocage de l’accès aux personnels (non-militaires) à l’arsenal de Toulon.

- Blocage des dépôts par les éboueurs, comme à Toulouse ou Marseille.

- Blocage des lycées et des facultés

- Blocage des cités administratives comme à Carcassonne

Le mouvement des blocages, des temps forts alternés, de la grève reconductible :

En fait, en ce mois d’octobre, une autre variante de mai 68 et de juin 36 s’est inventée, le blocage général alterné de temps forts de manifestations. C’est une tactique qui s’est élaborée presque spontanément : assauts répétés de manifestations et d’occupations bloquantes entre chacune. La solidarité en est facilitée et chacun peut participer, à son niveau, même celui auquel la grève a été rendue difficile.

Et dans la mesure où le blocage tient et a le soutien de l’opinion comme c’est le cas, dans le mesure où ce ne sont pas des actions minoritaires de substitution de type «  robin des bois », ça nourrit la grève générale, ça effraye les employeurs et les actionnaires qui ne peuvent continuer à faire fonctionner leurs exploitations.

Car évidemment rien ne peut remplacer la grève avec occupation des entreprises nécessaire pour arrêter toute la production. D’ailleurs des centaines d’usines, de bureaux, de services sont stoppés en ce moment, et courageusement des salariés votent la grève reconductible…

L’un n’empêche pas et ne doit pas se substituer à l’autre, mais nourrit l’autre, l’aide, l’alimente…

Sarkozy s’épuise, enfermé dans son fortin de l’Elysée, à donner des ordres partout pour débloquer. Fait-il évacuer un dépôt de raffinerie, qu’un autre est occupé, fait-il fermer une fac qu’une autre est bloquée, fait-il dégager les routes qu’une autre région voit arriver les camionneurs escargots.

Ce 22 octobre la nouvelle vient de tomber, contrairement aux allégations de l’Elysée qui intoxique : le soutien ne faiblit malgré les efforts du gouvernement et des principaux médias pour opposer le mouvement social au reste de population.

Il y a bien quelques égoïsmes du petit matin qui grognent sur France inter (qui les recherche) parce qu’ils n’ont pas d’essence pour partir en vacances, mais ils sont minoritaires. Selon un sondage BVA du 21 octobre, 69 % des personnes interrogées approuvent « les grèves et les manifestations ».

Le soutien est quasiment unanime chez les sympathisants de gauche (92 %) et réunit prés d’un tiers des sympathisants de droite (32 %).

Tirons la conclusion de cette nouvelle situation née du mouvement social.

Bloquons, aidons les bloqueurs, entre deux manifestations comme à Grandpuits ou Donges.

Puis manifestons, lors de “temps forts” comme 6 fois déjà, et aussi les 28 octobre et 6 novembre, on tient bon dans la durée.

Et faisons grève partout où c’est possible.

Tôt ou tard Sarkozy va devoir négocier.

Gérard Filoche

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