Une tribune pour les luttes

Les turlupineuses

A la raffinerie de Feyzin le 29 octobre 2010.

Quelques paroles recueillies par très fort vent du Sud auprès de délégués CGT, CFDT et de salariés.

Article mis en ligne le vendredi 12 novembre 2010

10000000000003460000026F60FBB3A4TOTAL - Raffinerie de Feyzin (69) Piquet de grève - 29 octobre 2010

Les TOTAL de Feyzin attendent la décision de Donges qui doit décider aujourd’hui la reprise ou non de la raffinerie. Ils ont décidé de sortir ensemble et de reprendre ensemble.

10000000000003430000026FB4F6E7D1

Sortie de l’assemblée générale en présence des TV, des radios et de la presse écrite.

5h - Donges a repris
14 h - reprise du travail à Feyzin

10000000000003280000025EB87521C0

Michel, délégué CGT : « 

On a vu dans ce conflit une énorme solidarité, ce qui s’est passé ici et dans la rue, ils ne pourront pas nous l’enlever, on doit pouvoir trouver de nouvelles formes de mobilisation contre cette réforme. Les gens c’est certain ne sont pas d’accord d’aller travailler jusqu’à 67 ans ou 65 ans ou 62 ans. Il n’y a aucun plaisir à travailler plus longtemps dans ce pays pour des patrons qui proposent des réformes.
On a bien vu Mme Parisot sur les
plateaux de télévision déclarant « notre réforme, on veut la faire voter, elle doit être appliquée ». C’est conjointement mené par le MEDEF et le gouvernement.
Ce projet de réforme ne va pas améliorer la vie des gens. Vous savez statistiquement un salarié est considéré en bonne santé jusqu’à 63 ans, ça veut dire que l’espérance de vie qu’on avait réussi à gagner ensemble en se battant on veut nous la reprendre. Donc il va falloir se rebattre pour la retrouver.
On s’est retrouvé un peu seul, on n’a pas été vraiment rejoint par les routiers, ni par l’énergie, un peu par la SNCF. On n’a pas pu rallier plus que ça. Mais il y a eu une solidarité immense, des gens ont manifesté leur soutien par l’apport de légumes, des dons etc. Il va falloir continuer à convaincre les salariés que cette réforme est violente.
C’est juste un déplacement dans le temps mais on y arrivera ! »

10000000000002DE0000026699FCFD55

La raffinerie de FEYZIN est alimentée par FOS SUR MER. Le dépôt de St Quentin Fallavier peut assurer 10 jours de raffinage, il est lui aussi alimenté par FOS SUR MER.

1000000000000334000002675555348A

Daniel, délégué CFDT :

« On avait pris des engagements il y a 3 semaines, si une raffinerie Total redémarre, toutes redémarrent ensemble. Il n’y a pas les conditions requises, c’est-à-dire que pour pouvoir continuer un mouvement comme celui faut que les forces en présence soient équilibrées. Aujourd’hui nous avons en face de nous un gouvernement qui passe en force, qui adopte des méthodes douteuses voire litigieuses comme les réquisitions qui ont été faites à Grand Puits, nous on n’a pas les armes pour lutter contre.

On a fait un vote de confiance. Dès le départ, dès la première AG on a dit « écoutez les gars on sort tous ensemble et on rentre tous ensemble ». Pourquoi ? C’est pour donner un message aux gens, les retraites, c’est pas TOTAL, c’est tous les citoyens de ce pays qu’il faut mobiliser, parce que si on se retrouve TOTAL contre le reste du monde, ça n’a plus aucun sens, ce n’est pas TOTAL qui va faire plier le gouvernement. Les retraites, ce n’est pas un sujet TOTAL. Chez TOTAL, il y a des personnels qui bénéficient d’un régime spécial parce qu’ils font les nuits, parce qu’ils font l’équipe, ils sont postés en 2/8 ou en 3/8, ils partent un peu avant 60 ans. Les gens à la journée ils sont soumis aux mêmes règles que les autres salariés.

10000000000003320000026698F0D8E9

On a eu un soutien moral, un soutien logistique, un gars d’une coopérative agricole qu’on n’avait jamais vu est venu déposer un cageot de légumes, une mamie de Feyzin est venue nous apporter un gâteau comme ça alors qu’on est 200, un gars qui arrive avec 2 baguettes de pain, l’autre avec un saucisson, les syndicats qui arrivent avec de l’argent. Et surtout les gens ils viennent, on discute et on parle, on parle de la même chose de ce qui se passe ici, de ce qui se passe dans cette entreprise, dans leur entreprise. Les impôts ils sont venus nous apporter leur soutien, des instituteurs ¼ Qui aurait pu imaginer il y a 3 semaines qu’une délégation du centre des impôts viendrait avec un chèque ! On vous communiquera le montant des sommes collectées. Vous avez vu le garde à l’entrée, il touche 1200 euros net par mois, il travaille les week-ends, les nuits, les jours fériés, il a donné 120 euros !

Ce mouvement a été extrêmement riche, je n’aurai jamais imaginé il y a 3 semaines de ça de vivre les émotions qu’on a eues, alors qu’on faisait des heures à pas pouvoir se cacher derrière, les témoignages de solidarité sont poignants, aujourd’hui on a recrée du tissu social, on ne parle que de finances, de CAC 40. Il y a des gens avec qui on a discuté sur ce piquet de grève, si je les avais croisés 1000000000000333000002669E3362DDil y a un mois, ils ne m’auraient même pas regardé, aujourd’hui on a pu se parler, débattre, on a pu créer un réseau, ce mouvement est riche en émotions, il est riche surtout en humanité.

On n’a pas fait reculer le gouvernement. C’est un échec ? Oui on ne peut faire que ce constat-là, c’est un échec pour plusieurs raisons. La mobilisation n’a peut-être pas été à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre, le gouvernement a pris des
positions très dures, je vous rappelle que quand un footballeur fait 2 heures de grève on dépêche un ministre sur place, on le rapatrie en France dans un avion privé, on vient le chercher en moto avec des voitures banalisées pour qu’il se rende à l’Elysée. Nous ça fait 3 semaines qu’on fait grève, que les gens perdent leur salaire, globalement on a perdu 75 000 euros de journées de salaire. Il y en a qui ont perdu 18 jours de salaire. On est bien dans un gouvernement à 2 vitesses, la France de ceux qui pèsent et la France de ceux qui ne pèsent pas. Nous on ne pèse rien, ils n’en ont rien à foutre de nous, par contre ceux qui gagnent des millions on s’occupe bien d’eux !

On a fait la grève du 13 au 29, 16 jours. On a été 75% de grévistes globalement et en poste au plus fort 90/95 % de grévistes, environ 300 personnes sur environ 600 personnes. C’est la direction qui connaît le chiffre ¼

Une raffinerie, c’est des procédures très complexes et extrêmement précises, étant donné la dangerosité des fluides qui circulent, faut faire très attention. C’est comme une cocotte minute dans laquelle vous mettez de l’eau et qu’il faut chauffer tout doucement pour que ça arrive à température. Faut que ça monte tout doucement, ça prend énormément de temps, il faudra bien une semaine. Tout est à l’arrêt, il n’y a que les bureaux qui tournent.

C’est Donges qui s’est mise en grève la première, mais Donges ils ont une forte culture syndicale, si on avait la même culture à Feyzin ¼ Il faut savoir que la ville de Donges a été assaillie par les forces de l’ordre, personne ne pouvait entrer dans Donges sans montrer sa carte d’identité, il y a eu des réquisitions chez des gens, à leur domicile.

Et les routiers ? Il faut savoir qu’un routier qui fait grève aujourd’hui avec son camion, on lui enlève sa licence. c’est comme vous si vous faites grève demain, je vous enlève votre carte de presse. Ca veut dire qu’aujourd’hui dans ce pays on n’a plus le droit de faire grève, on n’a plus le droit de parler, on n’a plus le droit de s’opposer.

L’interpro n’a pas fonctionné dans le Rhône effectivement, on va en faire le bilan. »

100000000000033700000266E26F78F0

Raffinerie de Feyzin(69) / Piquet de grève le 29 octobre 2010 / Les turlupineuses

Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Tribune libre c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 245