Une tribune pour les luttes

Silence ! Dans la discrétion de l’été, un nouveau camp d’internement administratif ouvre ses portes aux "indésirables"

Ouverture du CRA du Mesnil-Amelot, plus grand camp d’internement pour étrangers en France
+ Entrée en vigueur des modifications du CESEDA.
Nouvelle loi sur l’immigration : une application systématique des mesures les plus répressives

Article mis en ligne le mardi 2 août 2011

En 2009, le gouvernement annonçait la création d’un nouveau camp d’internement administratif pour les étrangers d’une capacité de 240 places, à proximité de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle sur la commune du Mesnil-Amelot.

Aujourd’hui, l’ouverture de ce centre de rétention administrative (CRA), le plus grand de France, vient rappeler que l’enfermement est bien devenu un mode banal de gestion, de contrôle et de mise à l’écart des populations migrantes.

La Cimade et ses partenaires associatifs n’ont eu cesse de dénoncer l’illégalité et la déshumanisation de ce camp en alertant l’opinion publique et en saisissant le Conseil d’État qui, à ce jour, ne s’est toujours pas prononcé.

Symbole de la froideur sécuritaire et technologique au service du contrôle des corps, la structure répond aux critères de l’architecture carcérale classique : bâtiments en étoile autour d’un centre de contrôle central, portes hachoirs, caméras de surveillance, détecteurs de mouvements, restriction des possibilités de communication entre les personnes retenues et avec les intervenants civils… On pourra y enfermer 240 étrangers, dont des enfants, en contournant la limitation légale de la capacité des CRA fixée à 140 places, et les juger dans une antenne spécifique et délocalisée du tribunal, attenant au centre, le tout cerclé d’une même enceinte barbelée.
Après deux ans de mobilisation associative, il n’est pas anodin que le gouvernement choisisse la période estivale pour ouvrir ce véritable camp d’internement. La localisation géographique de ce camp, sa structure intérieure comme le choix de mettre en place une justice d’exception en son sein, sont autant de preuves de cette mise à distance de la société civile.
Nous avions tiré la sonnette d’alarme lors de l’incendie de l’ancien centre de rétention de Vincennes, qui faisait suite au décès d’une personne enfermée. Face à un système froid et déshumanisé, il est à craindre que la seule réaction possible pour les personnes retenues soit de retourner la violence contre elles-mêmes et que les automutilations, grèves de la faim, tentatives de suicide n’en soient le quotidien.

Avec l’entrée en fonction de ce nouveau centre, et cela alors même que la durée de rétention vient d’être allongée à 45 jours, la politique d’industrialisation de la rétention et la criminalisation des migrants franchit une nouvelle étape. La Cimade dénonce ce grave coup porté aux plus exclus d’entre nous, ainsi qu’aux valeurs fondamentales de notre société.

agathe.marin chez lacimade.org

lundi 1er août 2011.

http://www.educationsansfrontieres.org/article37395.html


Entrée en vigueur des modifications du CESEDA.
Nouvelle loi sur l’immigration : une application systématique des mesures les plus répressives

Communiqué de presse de
La Cimade

27 juillet 2011

Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’immigration, le 18 juillet dernier, les équipes de La Cimade présentes dans les centres de rétention ont assisté à une série de décisions d’expulsion sans délai de départ volontaire, assorties presque systématiquement d’interdiction de retour sur le territoire français et ce quelle que soit la situation de la personne.

L’administration n’a pas hésité à priver de liberté de nombreux étrangers pour essayer de les expulser sans leur laisser de délai de départ. Cette pratique est clairement contraire au droit européen.

Le préfet du Val de Marne a ainsi tenté d’expulser un homme gravement malade, vivant depuis 10 ans en France aux côtés de son épouse et de leurs trois enfants, sans même lui laisser le temps d’organiser son départ. De plus, des préfets ont décidé d’interdire de retour sur le territoire français des parents d’enfants français ou un homme malade venu demander un titre de séjour pour pouvoir rester se faire soigner. Ils ont toute leur vie en France et l’administration voulait les empêcher de revenir avant trois ans !

D’ailleurs, le 25 juillet, le tribunal administratif de Toulouse a annulé une mesure d’éloignement, sans délai, accompagnée d’une interdiction de retour de trois ans visant le père d’une petite fille française de 6 ans. Comment en effet, peut on interdire à un père de revenir en France pendant trois ans alors que son enfant et sa femme y vivent ?

La Cimade constate, comme elle le craignait, que sur la base de la nouvelle loi sur l’immigration, les préfets décident d’enfermer, d’expulser et de bannir des étrangers sans discernement, de façon quasi-systématique. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point des décisions aussi graves sont totalement stéréotypées. On retrouve les mêmes motivations lapidaires pour des personnes dans des situations totalement différentes. Plusieurs magistrats judiciaires et administratifs ont déjà annulé des décisions d’éloignement ou refusé de prolonger l’enfermement des étrangers visés, estimant notamment que l’application de la nouvelle loi est contraire au droit européen.

Cependant, la nouvelle loi a également permis à l’administration d’expulser des étrangers sans qu’aucun juge ne vérifie la légalité de ses décisions. Parmi eux, une jeune femme de 19 ans a été expulsée sans pouvoir voir un juge, alors même qu’elle laisse en France son bébé âgé de neuf mois ! La Cimade restera vigilante et mobilisée dans les centres de rétention et dans ses permanences juridiques pour dénoncer les dangereuses dérives de cette nouvelle loi et défendre les droits des étrangers.

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