Une tribune pour les luttes

Collectif National Droits de l’Homme Romeurope

Rapport du CNDH Romeurope 2010-2011

« Les Roms, boucs-émissaires d’une politique sécuritaire qui cible les migrants et les pauvres »
Le rapport épingle entre autres Marseille ( voir revue de presse) :
"Il n’y a pas eu de trêve hivernale pour les Roms, qui sont passés d’un habitat certes précaire, comme des cabanes, à des bouts de trottoir"

Article mis en ligne le dimanche 19 février 2012

Après la conférence de presse de Romeurope du 17 février à Marseille :

— -


Marsactu avec vidéos
mis en ligne le 16 février 2012 :
Roms à Marseille : errance et préjugés Par Julien Vinzent,
http://www.marsactu.fr/societe/roms...

— -

Un dossier de plus de deux pages dans la Marseillaise du vendredi 17 février, avec un gros titre en première page :
"Roms, le rapport qui accuse Sakozy

Marseillaise 17-02-2012

En ligne :
« Ce ne sont pas des chiffres mais des gens »
Myriam Guillaume

http://www.lamarseillaise.fr/le-fai...

— -

Med’in Marseille
Rroms : un rapport accablant pour la France

Publié le 17 février 2012
par Sarah Lehaye
http://www.med-in-marseille.info/sp...


http://www.romeurope.org/

Rapport ROMEUROPE
http://www.romeurope.org/-Rapports-...

Synthèse

Chaque année le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope dénonce la stigmatisation et
les discriminations dont sont victimes les quelques 20 000 Roms vivant ou séjournant en France
en situation de grande précarité, mais les positions prises publiquement en cet été 2010 par le
chef de l’Etat, relayé par divers ministres et responsables politiques, officialisaient une inaccep-
table ethnicisation des choix politiques dans un non moins inacceptable amalgame Roms/Gens
du voyage. Dans un contexte d’exacerbations des questions sécuritaires et d’immigration, un
bouc-émissaire était créé, les Roms
et particulièrement ceux originaires de Roumanie, étaient
désignés comme délinquants et asociaux, prêts à envahir la France pour bénéficier d’avantages
sociaux auxquels ils n’ont pas accès ! Ce discours politique aux accents xénophobes a attiré
l’attention des médias, de la société civile et même des institutions européennes et internatio-
nales qui ont dénoncé l’attitude du gouvernement français.

LE RENFORCEMENT DES POLITIQUES DE REJET

Ces politiques combinent différentes pratiques, qui sont toutes aussi iniques les unes
que les autres :

La reconduction des mesures transitoires
prévues par le traité d’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, maintenant hors du
marché du travail français les ressortissants
de ces deux seuls pays européens, surtout
les plus pauvres et moins qualifiés ;


La priorité accordée à l’éloignement
avec la
distribution massive d’OQTF (Obligation à
Quitter le Territoire Français) et sous couvert d’aide au retour humanitaire ;

La systématisation ciblée des pratiques de
fichage
. Le fichier OSCAR qui vise tous les
étrangers ayant bénéficié d’une aide au retour dite volontaire (ARV) ou humanitaire
(ARH) revêt d’évidence un caractère discriminatoire. Dans plus de 80% des cas enre-
gistrés sur OSCAR, les données biométriques
concernent des citoyens de l’Union européenne de nationalité roumaine ou bulgare
et, de fait, des Roms.

La mise sur pied d’un arsenal juridique spécifique. Celui-ci veut limiter le droit au séjour (mesures d’éloignement étendues aux
personnes résidant depuis moins de 3 mois
sur le territoire), restreindre le droit de circulation (invention de la notion d’ « abus du
droit de libre-circulation
 »), faciliter les évacuations des squats et terrains occupés de
manière « illicite » et interdire la mendicité
(arrêtés préfectoraux prévoyant la reconduite à la frontière des étrangers, européens
ou non, pratiquant la « mendicité agressive »).

La multiplication des violences de tous
ordres : stigmatisation, évacuations de terrain systématiques, brutales et suivies de la
destruction des biens personnels, harcèlement policier attesté par de nombreux observateurs et par les victimes elles-mêmes.

Ces pratiques qui visent directement les
migrants roms, concernent aussi les autres
personnes qui, pour une raison ou pour une
autre, vivent en situation de grande précarité. Les Roms seraient-ils les cobayes d’un
dispositif anti-pauvres en cours de construction ?

DE LA MARGINALISATION ACCRUE DES MIGRANTS ROMS A LA MOBILISATION DE LA SOCIETE CIVILE

Ces politiques à la fois discriminatoires et
répressives autant qu’inefficaces ont des
répercussions très néfastes sur les migrants
roms qu’elles visent au premier chef.
A la stigmatisation s’ajoute en effet une
précarisation accrue des conditions de vie,
liée aux difficultés de plus en plus grandes
pour accéder aux prestations sociales, aux
évacuations à répétition et aux interruptions
de suivi sanitaire, scolaire et social qu’elles
impliquent, ainsi qu’aux difficultés voire à
l’impossibilité effective d’accéder à l’emploi
salarié à cause des mesures transitoires.

Ces situations dramatiques n’ont pas laissé
la société civile indifférente.

Au contraire, des résistances se sont organisées. Grâce à la mobilisation citoyenne, des
comités de soutien se sont créés et associés
aux organisations humanitaires et de défense des droits pour apporter une aide
régulière aux personnes en détresse, interpeller les pouvoirs publics et développer des
projets d’insertion avec quelques collectivités locales volontaires.

Des solutions sont possibles dès lors que
l’Etat réaffirme l’égalité des droits et propose un traitement adapté à chaque situation individuelle.

LES REVENDICATIONS PRIORITAIRES DE ROMEUROPE

Le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope rappelle que les Roms séjournant ou vivant
en France en situation de précarité ont des droits auxquels il importe de leur donner un accès
effectif, en arrêtant les pratiques, souvent abusives, qui les restreignent ou s’y opposent.

Ce sont ces revendications portées localement par les comités et les associations, que le CNDH
Romeurope défend à l’échelle nationale et européenne. Pour l’essentiel il s’agit de :


- LEVER IMMEDIATEMENT LES MESURES TRANSITOIRES qui limitent l’accès au travail ;

- SUPPRIMER LES PROCEDURES ADMINISTRATIVES ET JURIDIQUES comme la distribu-
tion d’OQTF motivées sur l’« abus de droit » QUI PORTE ATTEINTE AU DROIT AU SE-
JOUR ;

- RENDRE, de ce fait, EFFECTIF L’ACCES AU DROIT COMMUN ;

- ARRETER IMMEDIATEMENT LES EXPULSIONS DE TERRAINS sans aucune proposition
d’hébergement et prendre les mesures pour garantir un habitat digne ;

- PERMETTRE UN ACCES PLEIN ET EFFECTIF A LA SCOLARISATION POUR LES ENFANTS
roms vivant en squat et bidonville et assurer leur protection en application de la con-
vention internationale de l’enfant signée par la France ;

- GARANTIR L’ACCES AUX SOINS ET A LA PROTECTION DE LA SANTE  : une attention par-
ticulière doit être accordée à la prévention, à la vaccination des enfants et au dépistage
des maladies infectieuses et chroniques.

Ces revendications ne sont pas spécifiques à une population. Elles s’inscrivent au contraire dans
l’application à tous du même principe, celui du DROIT COMMUN.


S’appuyant sur les travaux de sociologues, d’ethnologues et sur les documents de références du Conseil de l’Europe, Romeurope dénonce « la création d’un groupe aux contours flous et fantasmés » assimilés à la marginalité et à la délinquance. Médecin du monde, ONG membre de Romeurope, estime à 20 000 personnes le nombre des Roms migrants connus du fait de situations de grande précarité. « Pourquoi ne parlez-vous que des quelques familles roumaines en grande difficulté et jamais des centaines de milliers de Rroms (2) parfaitement intégrés à la société française ? », demande Brahim Music, géomètre, membre du Forum européen des Rroms. «  Il y a de vrais problèmes de misères qui sont liées aux conditions sociales et souvent à des problèmes personnels et non à la culture rrom. Parmi les citoyens Français, certains sont aussi en très grande difficulté sans que ce soit une conséquence de leur origine et de leur culture », précise t-il.


Collectif National Droits de l’Homme Romeurope
ABCR (Association Biterroise Contre le Racisme) – ALPIL (Action pour l’insertion sociale par le logement) – AMPIL (Action
Méditerranéenne Pour l’Insertion sociale par le Logement) – ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs) –
ASEFRR(Association de Solidarité en Essonne avec les familles roumaines et rroms) –
Association Solidarité Roms de Saint-Etienne – CCFD – Terre solidaire – LA CIMADE (Comité
intermouvements auprès des évacués) – CLASSES (Collectif Lyonnais pour l’Accès à la
Scolarisation et le Soutien des Enfants des Squat) – FNASAT-Gens du voyage – Habitat-Cité –
Hors la Rue – Imediat – LDH (Ligue des Droits de l’Homme) – MDM (Médecins du Monde) –
Mouvement catholique des gens du voyage – MRAP (Mouvement contre le racisme et pour
l’amitié entre les peuples) – ROMAQUITAINE – Rencontres tsiganes – RomActions – Romeurope
Val-de-Marne – Secours catholique (Caritas France) – SICHEM (Service de Coopération Humanitaire pour les Etrangers et les
Migrants) – Une famille un toit 44 – URAVIF (Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits
des Tsiganes et des Gens du voyage d’Ile-de-France)
Et le Comité de soutien de Montreuil, le Comité de soutien de Limeil Brevannes, le Comité de soutien 92 Sud, le Collectif nantais
Romeurope, le Collectif de soutien aux familles rroms de Roumanie, le Collectif Rroms des associations de l’agglomération
lyonnaise, le Collectif Romyvelines, le Collectif de soutien aux familles roms de l’agglomération orléanaise, le Collectif des sans-
papiers de Melun, le Collectif solidarité Roms et gens du voyage du Nord.


La Marseillaise :
http://www.lamarseillaise.fr/le-fai...
« Ce ne sont pas des chiffres mais des gens » Myriam Guillaume

17-02-2012

Inconditionnalité de l’accueil qui s’arrête à la population rom, fichage, traque, expulsions à répétition, arrêté anti-mendicité…le rapport de RomEurope épingle Marseille.

(...)

Un accueil conditionné au retour

C’est ce point qui vaut à Marseille une citation dans le rapport de Romeurope : «  Le Samu social depuis le mois de septembre 2011, en accord avec les services de la préfecture, est présent au moment des évacuations et propose un hébergement d’urgence conditionné à l’acceptation par signature de la proposition Ofii (Office nationale de l’immigration et de l’intégration) de retour humanitaire ». Cette politique a été mise en pratique notamment au cours de deux expulsions d’envergure en septembre 2011. Le 20 sur un terrain à la Capelette, propriété de Véolia, et le 27 sur le terrain de la cité Fonvert, seules les personnes ayant accepté le retour en Roumanie ont été conduites à l’unité d’hébergement d’urgence. «  Il faut noter aussi, souligne encore le rapport, que lors de l’expulsion très médiatisée de la Porte d’Aix en août 2011, c’est le préfet qui avait réquisitionné l’UHU ». Une centaine de personnes y a été conduite après une journée d’errance interminable. A chaque fois qu’elles se postaient sur un terrain, les forces de l’ordre les en délogeaient. Et dans la semaine qui suivi 60 personnes avaient ëaccepté’ le retour volontaire. Un vol charter prenait alors la direction de Bucarest.


« Le droit commun doit demeurer la règle »

(...)

Par ailleurs, ces expulsions ont un effet certain sur l’aggravation de l’état de santé des familles, leurs conditions de vie et leur suivi associatif. Cendrine Labaume, coordinatrice de Médecins du monde, explique : « Les expulsions qui se sont encore multipliées à l’entrée de l’hiver précipitent les gens d’un habitat précaire au trottoir.

(...)

Un danger qui touche jusqu’aux idéologies que voit se profiler Alain Fourest, président de Rencontres tsiganes. Il y aurait comme un air de fin des années 30 qui empoisonne le débat. Samudaripen, le génocide des Tsiganes, de Claire Auzias en main, il dénonce : « Ce livre nous dit comment on en est arrivé à la solution finale. On a décrété qu’une catégorie de gens était associable. On les a ainsi fichés, puis parqués dans des camps car ils étaient considérés dangereux et criminels. Enfin on les a stérilisés puis exterminés…c’est le même processus qui se trame aujourd’hui : la Hongrie fabrique déjà des camps de travail obligatoire ».


Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Communiqués c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 4735