Une tribune pour les luttes

Vive les Parlements Européens, que 100 Parlements s’épanouissent

+ Quelle est la valeur d’une « civilisation » qui tolère l’apartheid ?

Article mis en ligne le mercredi 29 février 2012


Vive les Parlements Européens, que 100 Parlements s’épanouissent

mardi 28 février 2012 par le Bureau National de l’UJFP

Il est né le parlement juif européen. Jouez Shofars, résonnez Tambourins !
Voilà une idée qu’elle est bonne.
Un parlement, ce n’est pas seulement un lieu où l’on parle et ment. C’est un lieu où s’écrit la loi.
Bon, les tables de la Loi, nous les avons. Mais 10 commandements, c’est trop peu pour régler tous les aspects de la vie dans des civilisations de la valeur des nôtres – et faire comprendre aux autres civilisations qu’elles n’ont pas le niveau.
Vive le Parlement Juif européen, installé dans le ghetto, pardon le bunker bruxellois.

Mais surtout n’en restons pas là, et aidons les autres à atteindre ce degré.
Il faut un parlement occitan européen, avec présence du Val d’Aran et de Monaco, débat pour le val d’Aoste.
Il faut un parlement celte, un parlement basque, un parlement slave, un parlement musulman européens...

Ah non ? Et pourquoi non ? Parce que personne ne veut délégitimer la Russie, il n’y a pas besoin d’un Parlement slave à Bruxelles ?
Parce que le Coran vient d’ailleurs, il n’est pas autochtone ?
Mais alors la Bible ?

Cette histoire de parlement est donc un nouvel épisode du chantage permanent à l’exception juive, parce que l’antisémitisme, parce que la Shoah, parce que Israël.
Que l’Union européenne fasse siéger non un conseil représentatif des Juifs d’Europe (qui n’a pas lieu d’être), mais un assez misérable lobby du sionisme en grande pompe dans son siège même, dit à quel niveau d’aplatissement devant Israël l’institution en est arrivée. _ Et il y a effectivement à craindre que ce soit une étape vers le rehaussement des relations entre l’UE et Israël au point que Israël deviendra explicitement ou implicitement nouvel Etat de l’Union. Au fait, avez-vous entendu dire qu’un seul député européen s’était étonné de ce tapis rouge déroulé pour cette mascarade ? José, Jean-Luc, savez vous que ce n’est pas pour ce silence que vous avez été élus ?

Disons-le le plus clairement possible : cette logique est une fuite en avant irresponsable. Elle exacerbe l’hostilité à l’Etat israélien au Moyen Orient comme en Europe. Ceux qui veulent sincèrement une paix durable pour une communauté juive au Moyen Orient doivent comprendre qu’ils font fausse route, que la paix passe par la reconnaissance des crimes commis contre le peuple palestinien, par la reconnaissance des droits de ce peuple, par la sanction des dirigeants qui ont entrainé Israël dans cette politique criminelle, par la fin de leur impunité.
Le meilleur service que les Juifs européens puissent rendre aux Israéliens, c’est de s’engager pleinement dans la campagne BDS aux côtés de tous les défenseurs sincères des droits humains dans le monde.


Lettre ouverte de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) à Monsieur Pascal Binczak, Président de l’Université de Paris 8.

dimanche 19 février 2012

Monsieur le Président de l’Université de Paris 8,

L’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), comme de très nombreux partisans de la liberté d’expression et du respect du droit, est consternée par votre décision d’annuler le colloque qui était prévu dans votre université les 27 et 28 février prochains sur le thème « Israël, Etat d’apartheid ? »

Alors que vous aviez accepté ce colloque, vous avez cédé 8 jours avant sa tenue aux injonctions du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) [*], qui vous reproche de contrevenir à « l’interdiction de la provocation à la discrimination nationale, raciale ou religieuse envers des personnes ou groupes de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou non appartenance à une race, une ethnie, une religion ou une nation ».

Le BNVCA (Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme), officine au service de l’Etat d’Israël, déclare quant à lui que le colloque incite la haine de l’Etat juif et pousse à l’acte antisémite et vous demande également d’interdire ce colloque sous peine d’un dépôt de plainte. Par ailleurs vous évoquez vous-même des risques de troubles à l’ordre public.

Nous avions déjà vu à l’œuvre ces mêmes groupes Il y a un an, le 17 janvier 2011 ils obtenaient avec d’identiques pressions que le débat prévu sur le même thème à l’ENS avec Leila Shahid et Stéphane Hessel soit annulé et interdit. Des pressions ministérielles avaient même accompagné celles du CRIF.

L’ordre public dont il s’agit serait-il celui qui impose le silence sur le sort de la Palestine ? Les universités et les chercheurs n’aiment traditionnellement pas en France l’ordre public qui dicte les réponses, et interdit les questions.

Le chantage à l’antisémitisme que brandissent le CRIF et le BNVCA est abject. Conforme à la stratégie israélienne d’assimilation du sionisme au judaïsme, il prend en otage tous les juifs citoyens de tous les pays du monde qui refusent que des crimes soient commis en leur nom. Il favorise l’antisémitisme en amalgamant les termes « juif », « sioniste » et « israélien ». Céder à un tel chantage n’est ce pas accepter cette confusion et ce qu’elle implique ? N’est-ce pas la politique d’Israël et de ses défenseurs qui constitue un trouble à l’ordre public, et non les colloques organisés par des universitaires attachés au droit et à la justice ?

Vous dont l’Université se réclame de valeurs humanistes et de justice, n’ignorez pas que la politique de l’Etat d’Israël est l’objet de vives contestations au nom de ces valeurs depuis de nombreuses années, y compris parmi la population juive d’Israël et du monde entier.

L’occupation et la colonisation continues des territoires palestiniens, le non respect du droit international par Israël et l’impunité constante dont cet Etat jouit, ses crimes de guerre, le régime de lois ségrégatives qu’il met en place contre ses citoyens palestiniens, ont conduit au cours des dernières années au renforcement du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) qui se développe depuis 2005 à l’appel de la société civile palestinienne, à l’image du mouvement qui avait contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.

Ce mouvement est devenu incontournable parmi les courants qui interpellent l’opinion publique internationale, et c’est ainsi que la Semaine contre l’Apartheid israélien se produit depuis 8 ans dans diverses universités de plusieurs pays importants (Etats Unis, Royaume Uni, etc )

En novembre dernier s’est tenue au Cap en Afrique du Sud la troisième session du Tribunal Russell pour la Palestine, constitué de personnalités prestigieuses dont beaucoup appartiennent précisément au monde universitaire. Les conclusions du Tribunal, dont le président d’honneur est Stéphane Hessel, confirment que la politique de l’Etat d’Israël est bien une politique d’apartheid, que la société civile doit recréer l’esprit de solidarité qui avait marqué la campagne de boycott du régime d’apartheid sud-africain, et que «  l’Assemblée générale des Nations Unies doit demander un avis consultatif à la Cour Internationale de Justice afin d’étudier la nature de l’occupation prolongée des territoires palestiniens et la politique d’apartheid ».

Par ailleurs, le rapport d’information pour la commission des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale, remis en décembre dernier par le député Jean Glavany, ancien ministre de l’Agriculture, décrit la question de l’eau comme "révélatrice d’un nouvel apartheid au Moyen-Orient".

Tous antisémites, tous menteurs ? Interdit de réfléchir et d’interroger, de chercher à comprendre ? Quel programme pour l’université française ! Monsieur le Président, céder au chantage serait accepter la loi du silence qui est une loi maffieuse, ce serait déshonorer votre université.

C’est pourquoi nous vous demandons instamment de revenir sur votre décision d’interdire le colloque.

Nous complétons notre requête en vous demandant de bien vouloir nous recevoir.

Soyez assuré, Monsieur le Président, de l’expression de notre haute considération,

Jean-Guy Greilsamer et Pierre Stambul,

Coprésidents de l’UJFP

[*] Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, coalition d’associations juives, représente environs 15% des français de confession juive.


Quelle est la valeur d’une « civilisation » qui tolère l’apartheid ?

mardi 14 février 2012 par le Bureau National de l’UJFP
Solidarité totale avec Serge Letchimy !

Pour Claude Guéant, Ministre de la guerre Intérieure, il y aurait des civilisations qui valent mieux que d’autres . Personne ne s’y est trompé : il n’est pas nécessaire de procéder à une exégèse des termes employés pour comprendre que le ministre, responsable de la chasse aux sans-papiers, de la stigmatisation des Roms et de la xénophobie d’État, hiérarchise les groupes humains, ceux qui sont supérieurs et ceux qui sont inférieurs.

Pressé de fournir des exemples à ses assertions, il ne les a trouvés que dans l’islam. Il démontre ainsi qu’il assume une conception raciste du monde : il y a d’un côté «  nous », les civilisés et de l’autre les dangereux barbares nuisibles qu’il faut corriger, combattre voire éliminer. Nous ne le savons que trop : ce discours vise à exclure, à déshumaniser l’ «  Autre » et a fait d’énormes ravages dans le monde.

Serge Letchimy, dans ses propos, a affirmé que : « vous Mr Guéant, (...) vous nous ramenez, jour après jour, à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration, au bout du long chapelet esclavagiste et colonial. »
Il est bon que la parole caraïbe soit venue dire noir sur blanc la continuité mortifère de la pensée raciste, indispensable à la justification de l’esclavage et du colonialisme, inhérente aux politiques d’apartheid et d’épuration ethnique. Nombre d’historiens ont ces dernières décennies montré comment esclavage et colonisation avaient été les lieux de l’expérimentation de la négation de l’humanité dans l’homme stigmatisé, en particulier du Juif et du Tzigane, mais aussi du Noir et de l’Arabe, pour ce qu’a été la barbarie nazie.

Nous remercions Serge Letchimy pour sa claire et pertinente déclaration mettant en accusation non seulement le pion du Président, mais toute sa politique xénophobe et anti-immigrés ainsi que l’idéologie nauséabonde contenue dans les discours de Dakar et de Grenoble.
Nous apportons tout notre soutien à Serge Letchimy autant pour souligner l’universalité et la justesse de son questionnement que pour l’indispensable « devoir de mémoires » face à la barbarie nazie qu’il a évoquée, dont nombre de nos familles ont été victimes. Il y a deux sortes de réponses à celle-ci :
« Plus jamais cela pour nous » : c’est la réponse sioniste qui voudrait nous faire croire que, pour se prémunir de cette barbarie qui ne viserait que les Juifs, il faudrait que ceux-ci s’enferment dans un gigantesque ghetto-forteresse en se dotant de tous les droits, y compris celui de bafouer les droits du peuple palestinien.
«  Plus jamais cela pour l’humanité » : c’est notre réponse universaliste, la lutte intransigeante contre tous les racismes, les oppressions et pour un monde plus juste et plus humain.

Nous nous réjouissons de la décision du Bureau de l’Assemblée Nationale de ne pas sanctionner Serge Letchimy.
Nous sommes malgré tout consternés devant la timidité des réactions et devant les jugements sans appel de ceux qui ont jugé que son intervention était une provocation.
Nous ne nous étonnons pas en revanche de la réaction du pleutre Président du Conseil soi-disant représentatif des Institutions Juives de France qui préfère remplacer le terme de "civilisation" par celui de "système de valeur", se retenant bien d’accabler l’ami de son Président ami. Mais qu’attendre de plus d’une personne qui continue à voir dans le système d’apartheid, de colonisation et d’épuration ethnique mis en place par l’Etat israélien «  la seule démocratie du Moyen Orient » ?

Non, décidément, nous ne ne partageons pas les mêmes valeurs et les mêmes conceptions de la « civilisation » que Messieurs Sarkozy, Guéant et Prasquier !

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