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Ibrahim, itinéraire d’un rescapé des geôles syriennes

Article mis en ligne le mercredi 14 mars 2012

A lire de préférence avec les liens, documents, photos et vidéos.
http://rebellyon.info/Ibrahim-itineraire-d-un-rescape.html

Ibrahim, itinéraire d’un rescapé des geôles syriennes

Ibrahim, avec qui certains camarades ont pu lutter lors des mobilisations lyonnaises de soutien aux révolutions arabes, était retourné en Syrie pour participer à la révolution en cours. Capturé par les chiens de gardes d’El Assad, il a passé deux mois dans les geôles du régime avant de pouvoir revenir en France.
TerraEco.net lui consacre un portrait/interview, reproduit ici

Activiste en Syrie, Ibrahim a passé deux mois dans les pri­sons mili­tai­res. Tabassé, tor­turé, il a été libéré sous cau­tion avant de fuir le pays muni de vidéos et de photos. Aujourd’hui, il pour­suit son combat depuis la France.

Pantalon et veste de cos­tard, che­mise blan­che impec­ca­ble, cra­vate rayée et che­veux gomi­nés vers l’arrière. Le jeune homme de 27 ans se dis­tin­gue par sa classe dans la foule de cette bouche de métro pari­sienne. Qui pour­rait ima­gi­ner qu’Ibrahim est recher­ché en Syrie pour « tra­hi­son à la nation », et que son nom est fiché sur les regis­tres des Mukhābarāt, les ser­vi­ces secrets du pays ?

Le visage tran­quille et le sou­rire bien­veillant, Ibrahim raconte sans détour le chemin qui l’a mené de sa vie d’étudiant en diplo­ma­tie à Paris à celle d’insurgé en Syrie puis de pri­son­nier de l’un des régi­mes les plus féro­ces de la pla­nète.

Ses pre­miers mots reflè­tent son amour de la Syrie. Né en Hongrie, Ibrahim a la natio­na­lité syrienne par son père. Il ne décou­vre ce pays et la langue arabe qu’en 2003, à 18 ans, pour des vacan­ces avec son frère et sa sœur. « C’était comme un rêve. On ren­contrait des tas de gens chaque jour, la vie était belle. » Si belle que la fra­trie décide de rester en Syrie, bien­tôt rejointe par ses parents. Ils s’ins­tal­lent dans la petite ville de leur famille, Saraqib, au nord du pays, qu’Ibrahim appelle « mon vil­lage ».


La Syrie, « comme un rêve »

Les trois frères et sœurs sou­hai­tent pour­sui­vre leurs études à Alep, non loin de Saraqib. « C’est là que les ennuis ont com­mencé. » Ibrahim raconte leurs dif­fi­cultés à s’ins­crire à l’uni­ver­sité, notam­ment parce qu’ils ne s’enga­gent pas au parti Baas syrien. «  La Syrie est un pays très simple, très accueillant quand on le visite. Mais quand on veut y vivre, l’admi­nis­tra­tion est très lourde et il ne faut sur­tout pas la cri­ti­quer. » Ibrahim sera arrêté par deux fois pour avoir cri­ti­qué le parti en public. Si bien qu’à l’été 2010, il part ter­mi­ner ses études en France. « Je pen­sais que je ne retour­ne­rai jamais dans ce pays. »

Sauf que quel­ques mois plus tard, le pays se sou­lève. A Daraa, à l’extrême-sud du pays, des mani­fes­ta­tions se mul­ti­plient en mars 2011. « A l’époque, les gens ne criaient pas « dégage Bachar el-Assad (le pré­si­dent syrien, ndr) », il criaient seu­le­ment «  on veut la liberté ». » Très rapi­de­ment, la répres­sion s’inten­si­fie. Les Syriens y répon­dent en étant de plus en plus nom­breux dans la rue. Fin avril, les chars de l’armée tirent sur la foule à Daraa. Dès lors, la révolte gagne tout le pays. A Saraqib, une tren­taine de per­son­nes mani­fes­tent le 30 avril, dont le père d’Ibrahim, Ossama. Le len­de­main, l’armée lance une vaste rafle dans le pays, et ce der­nier est arrêté.

« C’est là que je suis entré dans la révo­lu­tion »

«  Ma mère m’a appelé dans la nuit pour dire que mon père avait été fait pri­son­nier, qu’ils avaient frappé ma sœur, qu’ils avaient fra­cassé la porte. J’ai lu sur Internet que l’agence offi­cielle Sana disait que des ter­ro­ris­tes ont été arrê­tés. Pour moi ce n’était pas pos­si­ble. Mon père, un méde­cin res­pecté, était consi­déré comme un ter­ro­riste ! C’est là que je suis entré dans la révo­lu­tion », se sou­vient Ibrahim. Il mani­feste alors à Paris avec la com­mu­nauté syrienne. C’est lui, filmé ici, qui scande des slo­gans de liberté au Trocadéro à Paris. L’esca­lade de la vio­lence se pour­suit en Syrie, et le gou­ver­ne­ment coupe de plus en plus les com­mu­ni­ca­tions. « J’ai pris à ce moment-là la déci­sion de ren­trer en Syrie. Tout le monde m’a dit «  n’y va pas, s’ils t’arrê­tent, ils vont te couper les mains ». Mais je suis parti. »

Ibrahim arrive en Syrie un mois plus tard, ayant pris soin d’ache­ter le por­ta­ble dis­po­sant du meilleur appa­reil photo sur le marché. Le jour de son arri­vée, il filme un convoi mili­taire arri­vant à Saraqib. « C’était comme si le vil­lage entrait en guerre. » Le film est en ligne ici. Le len­de­main, Ibrahim mani­feste à Saraqib. « On criait « ne tirez pas sur vos frères ». Mais les sol­dats nous ont tiré dessus.  » Il a pris les balles en photo :

Ibrahim ne ces­sera alors de filmer ces mani­fes­ta­tions et de les dif­fu­ser sur Youtube (http://www.youtube.com/watch?featur...), comme ci-des­sous quand la foule a cassé le der­nier por­trait de Bachar el-Assad de la ville. Et ce alors qu’«  à l’époque, dans les manifs, il était plus risqué de filmer que d’avoir un pis­to­let ».

Il aide également les insur­gés à col­lec­ter de la nour­ri­ture et du maté­riel. Et il le filme. Puisque Internet est coupé, il se sert d’un Thuraya, une connexion satel­li­taire, pour dif­fu­ser ses vidéos, comme sur cette photo :


« Ecrase ce salaud »

Quand beau­coup tien­nent à rester tota­le­ment paci­fi­ques, Ibrahim devient « un acti­viste dur », comme nous le dira l’un de ses frères de combat. Avec d’autres insur­gés, il bloque l’auto­route qui va d’Alep à Damas, un point névral­gi­que du pays, pour empê­cher le pas­sage des camions qui trans­por­tent les chars.

Dormir en ville est devenu trop dan­ge­reux. Il se cache chaque nuit dans des champs ou des bâti­ments aban­don­nés. Lorsqu’il décou­vre que cer­tains habi­tants de sa ville aident les Mukhābarāt lors des rafles (comme l’homme qui se cache le visage dans cette vidéo, à 1’50) il n’hésite pas à les « inti­mi­der sans bles­sure » avec d’autres insur­gés. « Certains ne diraient pas qu’on a fait ça mais moi je le dis, parce que c’est l’Histoire de notre mou­ve­ment et parce qu’on n’a pas eu le choix. Tous les jours des gens meu­rent parce qu’ils ont été dénon­cés. »

Une nuit, alors qu’il roule en moby­lette, un camion lui bloque la route. Il se fait « kid­nap­per » par une quin­zaine de civils, des loya­lis­tes de sa ville, armés de fusils mili­tai­res. Ibrahim a la pré­sence d’esprit de jeter son por­ta­ble hors de sa poche, un geste qui le sau­vera. Les civils le livrent dans une usine d’huile d’olive dont l’armée a pris pos­ses­sion à la sortie de la ville. « Dès la pre­mière minute, ils m’ont frappé, ils ont cassé mes lunet­tes et ils m’ont atta­ché », raconte Ibrahim, tou­jours aussi calme. « Le plus gradé a gueulé « écrase ce salaud », et un char a roulé jusqu’à moi. Je me disais « c’est pas vrai j’ai vu ça dans les films et je vais mourir ». Le gradé m’a tiré vers lui juste avant que je me fasse écraser. »


L’un est debout, le nez « pourri »

Ibrahim raconte ensuite un long pas­sage à tabac, par six ou sept mili­tai­res à coups de pieds et de cros­ses. « Je n’avais pas mal, grâce à l’adré­na­line. » On l’étrangle avec un câble, jusqu’à l’évanouissement. « Quand je me suis réveillé, un soldat me frap­pait le dos avec le même câble. J’ai encore des cica­tri­ces dans le dos. » Le gradé inter­rompt ses hommes, puis emmène Ibrahim en voi­ture, les yeux bandés jusque dans une pièce « où il y avait beau­coup de voix ». Il vient d’arri­ver dans le centre de sûreté mili­taire d’Idlib, une ville voi­sine. Nouveau pas­sage à tabac, les yeux bandés cette fois. Mais Ibrahim ne crie pas. Alors les coups redou­blent, on le frappe nu pour qu’il crie et pour s’assu­rer qu’il n’est pas drogué. Cela fonc­tionne, on l’emmène dans une cel­lule et on enlève son ban­deau.

Dans cette cel­lule, trois déte­nus sont immo­bi­les. L’un est debout, le nez «  pourri ». « Il devait être cassé depuis plu­sieurs semai­nes. » Les deux autres déte­nus sont allon­gés. Personne ne lui répond. Et pour cause, il est inter­dit de parler sous peine d’être tabassé à nou­veau. « C’est là que j’ai com­mencé à avoir mal. J’étais menotté mais je vou­lais me tou­cher le visage pour véri­fier que rien n’était cassé. J’avais peur, j’avais très soif, je suçais mon col pour avoir l’humi­dité de ma sueur dans la bouche. »

Ibrahim res­tera trois jours sans savoir où il est, sans contact avec l’exté­rieur. « C’est une tech­ni­que clas­si­que des ser­vi­ces syriens. » Pour son pre­mier inter­ro­ga­toire, les mili­tai­res sont munis de 150 pages de docu­ments com­pre­nant l’ensem­ble de ses conver­sa­tions télé­pho­ni­ques, de ses emails et des vidéos qu’il a publiées en Syrie. Ils savent aussi où et avec qui Ibrahim a mani­festé à Paris. Ils lui deman­dent de confir­mer les noms de chaque per­sonne men­tion­née dans ces docu­ments, puis l’infor­ment qu’il est cou­pa­ble de « ter­ro­risme » et de « com­mu­ni­ca­tion avec l’exté­rieur ». Heureusement, il par­vient à leur faire croire qu’il n’a pas de compte Facebook. Surtout, il n’a heu­reu­se­ment plus sur lui son télé­phone rempli de vidéos et photos com­pro­met­tan­tes.

Le même jour, l’ambas­sade de Hongrie, pré­ve­nue par la mère d’Ibrahim de sa dis­pa­ri­tion, par­vient à loca­li­ser où il est enfermé. Elle appelle la prison mili­taire, ce qui signi­fiera la fin des vio­len­ces pour Ibrahim. Lors des 25 jours sui­vants, il sera inter­rogé en tout neuf fois, par­fois pen­dant plus de six heures, mais sans être frappé. Pour les 400 autres déte­nus de la prison, les vio­len­ces conti­nuent. « Le dou­zième jour, j’ai vu arri­ver un insurgé qui était cassé de par­tout, de la tête aux jambes. C’était un zombie », raconte Ibrahim. Il appren­dra que l’homme vient du vil­lage d’Hussein Harmouche, le pre­mier soldat de l’armée syrienne à avoir déserté. « Les sol­dats ont fait n’importe quoi dans ce vil­lage. Ils ont frappé et arrêté n’importe qui, il y avait même trois enfants entre 13 et 16 enfants qui ont été déte­nus et inter­ro­gés comme nous. L’un des enfants avec la peau du bout des doigts pliée, à force d’être tor­turé avec des pinces. »

« Ça a marché ! »

Au bout d’un mois, Ibrahim est envoyé dans le centre des ser­vi­ces secret de Damas, la « sec­tion 271 ». Il subit entre temps d’autres inter­ro­ga­toi­res, dans la prison mili­taire d’Idlib et celle de Homs. C’est le chemin de ceux qui ont commis les crimes les plus graves, c’est-à-dire les meur­tres ou les tra­hi­sons. «  Les inter­ro­ga­toi­res ont recom­mencé depuis le début, sauf que les ques­tions étaient plus fines, plus intel­li­gen­tes, et que l’on subis­sait en plus des tor­tu­res men­ta­les », expli­que Ibrahim.

Car dans cette prison, les déte­nus sont allon­gés les uns sur les autres dans des cel­lu­les minus­cu­les. Toutes les heures, un garde les réveille et tous doi­vent se lever immé­dia­te­ment puis mettre les mains sur les murs. Ils sont nour­ris deux fois par jour, mais avec une quan­tité pour 20 per­son­nes alors qu’ils sont 47. Ceux qui ne dénon­cent pas leurs com­pli­ces doi­vent rester seuls, les mains sur les murs, pen­dant plu­sieurs jours. Ils n’ont le droit ni d’incli­ner la tête, ni de fermer les yeux, ni d’aller au toi­let­tes, sous peine de pren­dre une décharge électrique. « Quand ils revien­nent de ça, leurs jambes sont plei­nes d’excré­ments et ils n’arri­vent plus à réflé­chir. C’est la pire tor­ture qui existe. »

On lui demande de passer à la télé syrienne pour avouer publi­que­ment qu’il a été payé à l’étranger pour venir en Syrie. «  Et là j’ai tenté le coup. Je leur ai dit que si j’avouais, je ris­quais de me faire tuer par les rebel­les en sor­tant », raconte Ibrahim, mali­cieux. « Et ça a marché ! » On lui demande en revan­che de signer un papier les yeux bandés. Il n’a jamais su ce qu’il signait. Il repart à Homs, puis Alep où, au bout de qua­rante-sept jours, il ren­contre un juge pour la pre­mière fois. Le même inter­ro­ga­toire recom­mence.


« Tu n’as pas encore été arrêté »

« J’ai demandé au juge d’appe­ler mon ambas­sade pour leur dire où j’étais arrêté. » Le juge m’a répondu : «  Mais tu n’as pas encore été arrêté ! » « J’étais déses­péré. Cela vou­lait dire que tout mon pas­sage dans la jus­tice mili­taire ne comp­tait pas, et que tout recom­men­çait. Alors j’ai réflé­chi et je me suis dit qu’un juge civil avait besoin de preu­ves, pas seu­le­ment de dénon­cia­tions, et qu’il n’en avait pas sauf pour mes vidéos. J’ai décidé de tout nier », expli­que Ibrahim. Il répète qu’il est étudiant et qu’il n’a fait que mani­fes­ter et filmer. Il assure qu’il a été dénoncé parce qu’il vient d’une petite ville où il n’y a aucun autre étranger et où il était donc facile pour les locaux de le dénon­cer. Il jure qu’il a avoué des crimes qu’il n’a pas commis, à cause de la tor­ture. Et, au fond de lui, il se féli­cite d’avoir jeté son por­ta­ble la nuit de son arres­ta­tion.

Le juge ne retien­dra que les char­ges de «  com­mu­ni­ca­tion avec l’exté­rieur » et de « nui­sance à l’image du pays », à cause des vidéos qu’il a publié sur Youtube – celles-là même qui sont dif­fu­sées dans cet arti­cle. Ce qui peut lui valoir entre deux et six ans de prison. Le juge l’envoie dans la prison civile d’Idlib. Ce jour-là, les gardes pren­nent la photo qui figure sur la carte ci-des­sous. Ibrahim ne s’était pas lavé depuis son arres­ta­tion, des puces le déman­geaient depuis des jours, mais il va enfin se laver et se raser.

Désormais aux mains de la jus­tice civile, il peut béné­fi­cier de deux semai­nes de liberté condi­tion­nelle. Son père paye immé­dia­te­ment la cau­tion. «  En sor­tant, j’ai embrassé le sol. Je savais que j’avais beau­coup de chance, car toutes les per­son­nes qui ont été arrê­tées en même temps que moi sont encore en prison. Si je n’avais pas eu la natio­na­lité hon­groise, je serai sûre­ment encore dans les pri­sons mili­tai­res », sourit Ibrahim.


« Tous mes amis avaient des Kalachnikov »

« Quand je suis revenu à Saraqib, tout était dif­fé­rent. Il y avait des check-point de l’armée tout autour de la ville. Mais l’inté­rieur de la ville était pres­que indé­pen­dant. Comme un vaste espace de liberté mais enfermé. Tout mes amis avaient des Kalachnikov, et ont tiré vers le soleil pour m’accueillir. En quel­ques semai­nes, tous avaient dépensé leurs économies pour faire venir des armes de Turquie. » Ibrahim veut lui aussi pren­dre les armes, mais ses amis et sa famille lui ordon­nent de repar­tir à Paris. Lui qui parle hon­grois, arabe, fran­çais et anglais pourra aider depuis l’étranger. La veille de son départ, Ibrahim retourne dans une mani­fes­ta­tion et fait ses adieux aux insur­gés. C’est lui que l’on voit ici, haran­guant la foule.

Le len­de­main, il fran­chit la fron­tière turque, empor­tant ses photos et vidéos dans un disque dur dis­si­mulé. Ce sont ces photos, qu’il nous montre aujourd’hui. D’abord celles de sa vie quo­ti­dienne, depuis 2003, puis celles de la révo­lu­tion. Il me montre un ami, sou­riant en maillot de bain sur une plage. Puis il dési­gne le même ami, dans une mani­fes­ta­tion à l’été 2011. C’est ensuite le même homme que l’on voit en treillis sur une autre photo, devenu soldat de l’armée libre, posant parmi un groupe d’hommes armés de fusils auto­ma­ti­ques. Quant à hôpi­tal où tra­vaillait son père, flam­bant neuf en 2003, il est aujourd’hui en ruine. Des com­bats y ont éclaté entre l’armée libre et l’armée régu­lière quand les insur­gés ont voulu récu­pé­rer les corps de soixante pri­son­niers exé­cu­tés puis cachés là.


Blessé par balles

Aujourd’hui, Ibrahim n’a qua­si­ment plus de contacts avec sa famille. Tout juste a-t-il appris que sa mère et sa sœur vivent cachées, que son père est méde­cin volon­taire pour les insur­gés. Il n’a de nou­vel­les que de son frère, Pierre, grâce aux vidéos que celui-ci dif­fuse. Grâce à elles, il l’a vu réus­sir à incen­dier des camions de l’armée trans­por­tant des chars. Les vidéos sont visi­bles par ici puis par là. Mais il a aussi appris que son frère a été blessé de deux balles dans la jambe au début du mois de février, grâce à une vidéo (atten­tion, ces images peu­vent cho­quer) dif­fu­sée sur Youtube.

De son côté, Ibrahim conti­nue le combat en cos­tard, en ren­contrant des hommes poli­ti­ques, des jour­na­lis­tes et des uni­ver­si­tai­res à Paris. Il tente aussi de four­nir une aide logis­ti­que aux insur­gés de Syrie, d’envoyer des médi­ca­ments, ou encore d’aider à dif­fu­ser leurs vidéos sur, France 24, Al-Jazeera Live, Facebook et Youtube. Un rôle cru­cial. «  La semaine der­nière, un homme m’a appelé via Skype d’une ville voi­sine de la sienne et m’a demandé une clé 3G pour sa ville qui n’avait plus Internet. J’en ai fait ache­ter une par un ami dans une ville turque et j’ai demandé à un pas­seur de leur four­nir  », raconte Ibrahim. «  C’est extrê­me­ment impor­tant, nous avons plus faci­le­ment des contacts via inter­net avec cer­tai­nes villes que des gens qui sont en Syrie et qui n’ont même plus de réseau télé­pho­ni­que. Je peux four­nir un accès Internet à des villes qui sans aide seraient cou­pées du monde ». Nous lui deman­dons s’il pense que ces vidéos per­met­tent de limi­ter, un peu, les tue­ries. « Je ne pense pas, répond-il après un silence. Mais sans les images, vous ne sau­riez même pas qu’il y a des gens qui meu­rent. »

Thibaut Schepman (TerraEco)

P.-S.

L’article original est à lire sur TerraEco.net

http://www.terraeco.net/Ibrahim-itineraire-d-un-rescape,42025.html

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