Une tribune pour les luttes

Une pensée aux disparus du 29 mars 2011 en ce jour spécial

Une révolution est apparue, des êtres ont disparu...

Article mis en ligne le jeudi 29 mars 2012

Voir photos des jeunes disparus recherchés sur :
http://www.elamel-tunisie.org/Actua...

jeudi 29 mars 2012, un an après la disparition des enfants du pays.

Le 29 mars 2011 trois bateaux remplis d’enfants et de jeunes adultes ont quitté le sol tunisien. En guise de valise, ils sont partis la peur au ventre et l’espoir au cœur... En effet, ces jeunes nourrissaient l’espoir profond de troquer leur échec social et économique contre la réussite pour revenir glorieux de ce voyage, l’espoir enfin de briller un jour dans les yeux des siens... Brûler pour briller... Malheureusement, un an après, rien de tout cela n’a eu lieu.

Sur les trois bateaux, un seul est arrivé à "bon port", un autre a certainement coulé en pleine mer, quant au troisième, celui qui a suscité tant d’interrogations, il a néanmoins renforcé mon engagement dans l’accompagnement des familles et des mères surtout ; Nous avons effectivement su grâce au témoignage d’une caméra italienne que ce troisième bateau était arrivé à Lampedusa. Le reportage nous laissait également assister à son éloignement vers une autre rive par la garde maritime italienne. Rappelons que les jeunes passagers sont portés disparus depuis ce jour...

C’est aussi l’histoire mystérieuse de ce bateau qui a nourri tant d’espoir au sein des familles jusqu’à la création d’un comité en Tunisie puis d’une commission constituée des membres de familles des disparus encore en Italie à ce jour. Quelques associations d’entre aide ont suivi les familles, Elamel en a fait parti. Les gouvernements tunisiens et italiens ont également accompagné les familles dans la recherche des jeunes disparus. Un an après, leurs recherches et leur coordination n’ont toujours pas abouti à un résultat concluant .

Nous autres militants avions vécu et épongé tant d’émotions, suivi et subi tant de manipulation du haut et du bas, nous avons tenté de soulager la détresse des familles qui se confiaient à nous, d’essuyer les larmes des mères pour qui le ciel tombait sur la tête...

Finalement après plusieurs médiatisations rassurantes, après d’infinies négociations politiques et beaucoup d’argent gaspillés... Après toute cette peine psychique d’un côté et matérielle et physique de l’autre...c’est le néant, aucune réponse, aucune transparence et une politique générale de l’esquive ou de l’illusion, pour nourrir probablement l’espoir des familles ou pour donner l’illusion d’une politique sérieuse qui cherche toujours et encore ces jeunes...peut-être aussi que ces mêmes élus persistent dans la quête de la vérité...tout est possible !

Dans tous les cas, nous sommes face à une politique bienveillante dans son intention officielle mais sa méthode sur le terrain nous fait le constat d’un enlisement du problème. Peu de choses ont changé après un an, d’autres jeunes souhaitent passer la frontière. Aucune réponse n’a pu être portée aux familles, sans parler des sempiternelles empreintes digitales qui donnent l’impression d’arriver de la Lune ...

Qu’ils soient au ciel ou dans une prison, Elamel leur porte une pensée spéciale en ce jour symbolique dans l’Espoir toujours qu’ils retrouvent leurs familles prochainement.

Quand bien même ma contribution personnelle aura tenu un an et plus si je le pouvais, je n’oublierais jamais ces enfants et ces adultes, une pensée également pour tous les disparus de Tunisie et d’ailleurs. Même si je reste convaincue que l’avancée du pays doit passer par l’amélioration de cette problématique sociale, je suis consciente de la source intarissable que je tente à mon humble niveau de vider seule ou accompagnée...

L’occident est une seconde vie qui fait place à des dilemmes cornéliens... A défaut de s’immoler sur place, ces jeunes ont fait le choix d’immoler leur présence sociale en devenant métaphoriquement des Harags !

Brûler sa vie ici ou se brûler sur place ??

J’espère me concentrer sur l’enfance tunisienne et faire naître de beaux projets avec les membres d’Elamel France et de Tunisie...Pour que les enfants voient la réussite à la sortie de l’Ecole et non pas à l’embarquement dans un bateau. Un Homme heureux est avant tout un homme libre dans son pays.

Fraternellement

Itidel Fadhloun Barboura
Présidente du journal et de l’association Elamel
Jeunesse citoyenne de toutes rives

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