Une tribune pour les luttes


Le grand résistant toujours militant Raymond Aubrac est mort cette nuit.

Lucie et Raymond Aubrac ...

Article mis en ligne le mercredi 11 avril 2012

Mercredi 7 h : En attendant un plus bel hommage !


L’action de Raymond Aubrac à Marseille !

De 1944 à 1948 15 entreprises de Marseille ont été réquisitionnées par le préfet-commissaire de la République nommé par De Gaulle Raymond Aubrac et 15.000 ouvriers et leurs organisations syndicales remettent en marche au profit des habitants et des armées de libération, les usines dont certains patrons et cadres dirigeants avaient fui.
Ils réalisent l’expérience de « gestion participative » la plus importante que la France ait connu : «  la réquisition faisait figure d’audacieux prélude, comme ces éclaireurs qui s’écartent trop du gros de la troupe..... Dés le début on me fit comprendre que j’avais pénétré dans un domaine extrêmement sensible. »

S’il est légitime de célébrer la libération militaire du pays, il ne faudrait pas enfermer dans l’oubli le programme politique et social du Conseil National de la Résistance (CNR) et les hommes qui ont participé à son élaboration et à son application, le problème de la démocratie sociale, du pouvoir dans l’entreprise, de la participation des travailleurs à la gestion, de l’autogestion en quelque sorte, des questions des brûlantes aujourd’hui !


Compléments :


http://www.telerama.fr/radio/reecou...

C’était en juillet 2011, toute une semaine, pendant une demi-heure quotidienne, Raymond Aubrac évoquait ses jeunes années et son rôle dans la Résistance au micro de François Busnel. Le nonagénaire parle avec facilité, par sens du devoir : « Quand on a traversé des événements ou paysages étonnants, on n’en devient pas propriétaire. Il faut donc les transmettre, si ça intéresse quelqu’un. » Lorsqu’il se préoccupe de justice et de société, il n’est qu’un tout jeune homme, devenu ingénieur « parce que pas trop mauvais en maths ». « Nous étions politisés, nous nous battions pour défendre nos idées, plutôt marquées à gauche, détaille-t-il à propos de son groupe d’amis. Lucie [sa future femme, résistante elle aussi et décédée en 2007] était connue pour participer physiquement à des bagarres, avec une ceinture à boucle qu’elle faisait tournoyer au-dessus de sa tête. »

Emprisonné par les Allemands en 1940, il parvient à s’évader. « Lucie avait réussi à me faire passer un bleu de mécanicien. Je me suis fait admettre à l’hôpital militaire et, au milieu de la nuit, j’ai sauté par-dessus la grille, non sans avoir épouvantablement peur.  » Passé en zone libre, le couple fait partie d’un groupuscule clandestin, la Dernière Colonne, qui compte notamment en ses rangs Emmanuel d’Astier de la Vigerie. Ensemble, ils lanceront en 1941 le tract « Libération », qui deviendra le journal du même nom.

Avec une simplicité respectueuse, Raymond Aubrac raconte la rencontre avec Jean Moulin, leur arrestation à Caluire, en 1943, par Klaus Barbie, passant rapidement sur les tortures subies (« Si j’avais eu la petite pilule de cyanure que les Anglais donnaient aux agents français, je l’aurais certainement avalée »). La très providentielle Lucie le tire encore de cette terrible situation : « Enceinte, elle a prétendu vouloir l’application du droit français en demandant le "mariage in extremis" et m’a fait évader après la signature du contrat. » Le temps de cinq entretiens, l’héroïque Raymond Aubrac émouvait et épatait, retraçant une histoire palpitante et tragique.

Le grand entretien avec Raymond Aubrac - France Inter
partie 1
partie 2
partie 3
partie 4
partie 5


Raymond Aubrac : l’esprit de Résistance

05.03.11

http://www.lemonde.fr/disparitions/...

(...)

Raymond Aubrac : quand on atteint 75 ans, vos opinions sur le présent et l’avenir n’intéressent plus personne. En revanche, on commence à vous poser des questions sur le passé. Depuis vingt ans, c’est ce qui m’arrive : je suis condamné à parler du passé. Je le fais volontiers, bien sûr. Mais je dois quand même vous dire que cela me préoccupe, car j’estime que le passé obsède un peu trop nos contemporains. Les bons esprits devraient consacrer plus de temps et d’énergie à réfléchir à l’avenir.

"J’aimerais parler avec toi du présent et du futur", confiez-vous à votre petit-fils, Renaud, au début du livre d’entretiens, Passage de témoin, que vous publiez ensemble ces jours-ci.

C’est cela qui est important. J’ai passé les dernières années à courir d’école en collège et de collège en lycée pour rencontrer des ados. Et ce que j’ai constaté m’inquiète. Il y a actuellement une génération de jeunes à laquelle on ne propose rien. Ils n’ont pas le sentiment que la société aura besoin d’eux, qu’ils doivent se préparer à y jouer un rôle. Quand ils me disent qu’ils seront au chômage, quoi qu’ils fassent, je trouvecela gravissime. Il faut absolument redonner espoir à la jeunesse.

Vous aviez 20ans quand Hitler est arrivé au pouvoir. C’était une période très sombre, celle de la Grande dépression consécutive au krach de 1929. Aviez-vous alors le sentiment d’appartenir à une génération sans espoir ?

C’était très différent. Nous étions inquiets, bien sûr, mais nous avions le sentiment de comprendre à peu près la façon dont fonctionnait lemonde. Pour ma part, j’ai été très influencé par le marxisme. Cela m’a beaucoup aidé, car le marxisme nous expliquait à la fois la société présente et le sens de l’histoire. Aujourd’hui, les choses sont infiniment plus compliquées et angoissantes, car aucun système ne permet plus de déchiffrer le présent et d’imaginer l’avenir.

Le marxisme vous aide-t-il encore à penser le monde ?

Le marxisme en général, non. Mais certains points du marxisme, oui. Je pense au partage de la plus-value résultant de la production des biens et des services. La question de la répartition des profits entre les salaires des travailleurs, les investissements des entreprises et les dividendes des actionnaires n’a rien perdu de son actualité et, sur ce point, les analyses marxistes me semblent toujours pertinentes.

Puisque vous me parlez des théories qui peuvent nous aider à penser le monde, laissez-moi aussi vous dire un mot de Joseph Schumpeter. J’ai eu la chance, quand j’étais étudiant à Harvard, à la fin des années 1930, de suivre son séminaire. L’une des idées de ce grand économiste était que les changements technologiques majeurs n’influent pas seulement sur l’économie, mais qu’ils ont aussi un effet sur la civilisation. Il nous parlait bien sûr de la machine à vapeur et de l’électricité. Aujourd’hui, nous vivons la même chose avec l’informatisation et Internet. Je ne sais pas s’il y a assez de gens pour réfléchir aux conséquences de ces phénomènes sur le devenir de notre civilisation.

(...)

"Indignez-vous !" : c’est aussi ce que vous dites aux jeunes d’aujourd’hui ?

Comme je vous le rappelais, j’ai consacré des centaines d’heures de ma vie à parler de la Résistance devant des jeunes gens. Chaque fois, je me pose la même question : à quoi servent tous ces beaux discours ? C’est le message suivant que j’essaie de faire passer.

L’histoire de la Résistance a été faite de beaucoup de moments très difficiles. Mais dès le premier jour, dès l’appel du 18juin 1940 dans lequel de Gaulle a expliqué que la perte d’une bataille ne voulait pas dire que nous avions perdu la guerre,une seule chose nous a guidés : l’optimisme, la conviction qu’en nous engageant, nous pouvions changer les choses. Voici ce que je dis aux jeunes : si vous partez battus, vous n’arriverez à rien ; si vous vous battez, alors vous aurez peut-être une chance d’arriver àquelque chose.

(...)


Et de quoi êtes-vous le plus fier ?

Du choix de ma compagne. Je dois dire que c’était bien joué. La réciproque est vraie, je crois que Lucie en convenait. Dans la vie, vous savez, il n’y a que trois ou quatre choix fondamentaux à faire.
Tout le reste est affaire de hasard.

Propos recueillis par Philippe Dagen et Thomas Wieder


http://www.marsactu.fr/societe/raym...

Interview
"Raymond Aubrac a marqué Marseille par son passage"

Grand résistant décédé mardi soir, Raymond Aubrac avait fait un passage, court mais décisif, à Marseille, où il était encore récemment pour œuvrer à la transmission de la mémoire. Entretien avec Robert Mencherini, historien et auteur de "Résistance et occupation", dont la postface est signée Raymond Aubrac.


Voir également vidéos de Raymond Aubrac :
http://www.laprovence.com/article/a...


UJFP

En hommage à Lucie Aubrac

samedi 17 mars 2007

Lucie Aubrac n’est plus.

La grande Dame n’ira plus rencontrer les jeunes, les étudiants, celles et ceux auprès de qui elle s’employait à faire vivre le message de la Résistance.

Pour nous, elle n’était pas seulement la grande résistante que tout le monde connaît, elle était aussi la femme de Raymond Aubrac, notre ami, notre camarade, membre fidèle depuis des années de l’UJFP. L’un et l’autre ont toujours été de fidèles amis du Peuple Palestinien, ont toujours dénoncé avec fermeté la guerre que mène l’Etat hébreu en Palestine.

Lucie Aubrac incarnait la Résistance : La Résistance au temps de l’occupation et de la collaboration ; La Résistance ensuite, sans relâche contre les guerres coloniales, contre toutes les injustices

Ici, en France.

La Résistance érigée en principe.

Avec quelques autres de ses pairs, elle avait signé à l’occasion des 60 ans du programme du C.N.R. l’Appel des Résistants . En préambule de ce texte figurait l’Article 35 de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 24 Juin 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le droit le plus sacré et le plus indispensable des devoirs. » Le point deux de cet appel indique : «  Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la résistance à dépasser les enjeux sectoriels et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de la Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux mêmes se nourrissent des injustices sociales ».

A l’heure où un ancien ministre de la république se fait le chantre de la soumission, de la fidélité à l’Etat – fût-il félon comme le gouvernement de Vichy- reniant, de fait, l’héroïsme de Jean Moulin, de Lucie et Raymond Aubrac ses compagnons de combat et de tant d’autres, cet Appel des Résistants est pour nous d’une actualité essentielle. Il nous trace nos lignes de conduite, nos lignes de travail, ici en France face au racisme, à la xénophobie, au rejet de l’Autre ; là bas, dans notre soutien aux Palestiniens, notre fraternité de combat avec les anti-colonialistes israéliens.

L’Appel des Résistants se terminait ainsi : Plus que jamais, à ceux et à celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire notre affection : « Créer c’est résister, résister c’est créer. »

Merci Madame Lucie Aubrac de l’héritage que vous nous léguez.

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Vos commentaires

  • Le 14 avril 2012 à 20:36, par Christiane En réponse à : La famille de Raymond Aubrac veut éviter toute "récupération" lors des obsèques

    http://www.lemonde.fr/election-pres...

    Raymond Aubrac, il est vrai, se montrait sans tendresse excessive avec l’actuel président. Il avait signé, avec d’autres résistants, l’appel des Glières, regrettant que Nicolas Sarkozy utilise le plateau, ce site emblématique du maquis, pour en faire un lieu de pèlerinage où construire son propre mythe.

    L’appel lui reprochait aussi plus généralement d’abandonner les idéaux développés pendant les années sombres par le Conseil national de la Résistance (CNR) : "Sécurité sociale et retraite généralisée, contrôle des féodalités économiques, droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales, ouvrières et agricoles."

    Raymond Aubrac allait encore plus loin dans l’admonestation : "La critique essentielle que je fais au chef de l’Etat et au gouvernement n’est pas d’aller contre le programme du CNR, malgré mon attachement à ce programme. Je leur reproche d’aller contre les idées de la République, les idées de démocratie, d’égalité et de ce que nous pensions être le besoin de progrès social." (Passage de témoin, Calmann-Lévy, 2011).

    Raymond Aubrac avait appelé à voter François Hollande, plus par raison que par envoûtement, traumatisé par le 21 avril 2002. Il restait réservé sur le PS. "Ce n’est pas un parti, c’est un club dont le cherry est certains soirs frelaté." Il reprochait globalement aux hommes politiques de la majorité et de l’opposition leur manque d’envergure. "Il faut imaginer un avenir, un engagement sur le long terme. Or personne ne propose cet horizon. La vie politique est plate, en dehors des échéances électorales."

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