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CENTIEME MANIFESTATION NOCTURNE A MONTREAL

Article mis en ligne le mardi 7 août 2012

La centième manifestation nocturne pour le premier jour de la campagne
électorale

Jeudi 2 Août 2012

Au premier jour de la campagne électorale au Québec, des milliers de
personnes sont descendues dans les rues de Montréal mercredi soir pour
participer à la centième manifestation nocturne consécutive contre la
hausse des droits de scolarité et la loi 78.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a fait état de dix
sept arrestations au cours de la soirée, en plus de quelques vitrines
brisées et des voitures de police endommagées.

Onze personnes ont été arrêtées en vertu de règlements municipaux, alors
que six autres ont été accusées d’actes criminels, allant de non-respect
des conditions à possession d’armes.

Le déclenchement des élections semble avoir suscité un regain d’intérêt
envers le mouvement de contestation. Des dizaines de milliers de personnes
ont pris d’assaut la place Émilie-Gamelin vers 21 heures, point de départ
habituel des manifestations nocturnes, avant que le cortège ne se mette
en branle.
_ La manifestation a été déclarée illégale d’entrée de jeu par le SPVM,
puisqu’aucun itinéraire n’avait été fourni aux policiers. Utilisant les discours habituels, les policiers ont indiqué que la manifestation serait
tolérée si aucun geste répréhensible n’était commis.

Des projectiles ont toutefois été lancés et au moins une station de métro a
été prise pour cible, a déclaré le porte-parole du SPVM, le sergent Laurent
Gingras. Des véhicules ont aussi été ciblés et des contenants à déchets
ont été renversés. Étant donné que des actes criminels ont été commis,
plusieurs avis de dispersion ont été donnés par les policiers dès 22 heures30.

Vers 22 heures 45, les policiers ont demandé aux gens de quitter les lieux
pour la troisième fois. Le SPVM a indiqué que trois arrestations ont été
effectuées, une pour méfait et les deux autres pour utilisation de pièces
pyrotechniques contre des policiers.

Vers 23 heures, des milliers de manifestants refusaient toujours de se
disperser à l’intersection du boulevard de Maisonneuve et de la rue Peel.
_ Des vitres de l’édifice du bureau du premier ministre ont été fracassées
et une bombe fumigène a été lancée sur le bâtiment.

Des projectiles et des pièces pyrotechniques ont également été lancés en
direction des policiers. Aucun d’entre eux n’a été blessé, mais cinq
nouvelles personnes ont été arrêtées. Plusieurs avis de dispersion ont été
donnés et le groupe tactique d’intervention du SPVM était toujours sur
les lieux.

Après avoir arpenté les rues du centre-ville et sillonné celles de
l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, le cortège s’est rendu dans le
secteur des rues Sainte-Catherine Est et Beaudry, vers 23 heures 30, où
les policiers tentaient toujours de disperser la foule.

La manifestation s’est finalement immobilisée à l’angle des rues
Sainte-Catherine et Papineau, avant de prendre fin dans le calme et de
façon pacifique peu avant minuit.

Pour plusieurs manifestants, cette marche était l’occasion de marquer le
début de la campagne électorale qui, l’espèrent-ils, pourrait amener un
changement de gouvernement. Ils ont d’ailleurs scandé des slogans contre
les libéraux et contre les forces de l’ordre.

Les étudiants s’étaient peut-être faits plus discrets et moins nombreux au
cours des dernières semaines à la place Émilie-Gamelin, mais quelques
dizaines d’entre eux ont continué de garder le fort et n’ont jamais arrêté
de manifester leur mécontentement depuis le 24 avril dernier, date de la
première manifestation nocturne.

La ministre de l’Éducation de l’époque, Line Beauchamp, avait alors signé
une trêve de quarante huit heures avec la Coalition large de l’Association
pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) et les fédérations
étudiantes, mais un groupe de militants avaient tout de même décidé de
descendre dans les rues en criant des slogans comme « négocier, c’est se
faire fourrer ».

La manifestation avait été marquée par des gestes de violence, faisant
expulser la CLASSE de la table de négociations. La suspension des
pourparlers entre les étudiants et le gouvernement du Québec a été
décrétée le lendemain, jour marqué par de nouveaux affrontements entre policiers et manifestants dans la métropole.

Concert de casseroles

Les casseroles ont par ailleurs repris du service mercredi soir dans
l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, où des centaines de
citoyens de tous âges ont marché dans une ambiance festive jusqu’à la
place
Émilie-Gamelin pour prendre part à la manifestation nocturne.

Les porte-parole de Québec solidaire, Françoise David et Amir Khadir, ont
notamment pris part à la marche. Même le célèbre Anarcho panda était de
la partie.

Un manifestant a déclaré que « la mobilisation qui commence [...] ne va
pas
diminuer au cours de la campagne électorale. » Au-delà des droits de
scolarité, des gens de tous les âges ont dit vouloir manifester contre le
« mépris du gouvernement », et pour la démocratie.

Un manifestant blessé et un délit de fuite

Un homme de 41 ans a par ailleurs été blessé après avoir été heurté par un
automobiliste à l’intersection de la rue Saint-Denis et de l’avenue
Laurier, peu avant 20 heures.

Selon les policiers, le conducteur aurait délibérément foncé sur le
manifestant, puis aurait pris la fuite. Une enquête a été ouverte et aucun suspect n’a encore été arrêté. Mais le porte-parole du SPVM, Yannick
Ouimet, a confirmé détenir « une très bonne description du véhicule »
ainsi que le numéro de plaque d’immatriculation.

Quant au blessé, il a été transporté à l’hôpital, mais on ne craint pas
pour sa vie.

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