Une tribune pour les luttes

Quaesitor tripalium, mythes et légendes

Article mis en ligne le mardi 25 septembre 2012

A lire avec les illustrations, liens et documents :
http://rebellyon.info/Quaesitor-tri...

Publié le 21 septembre 2012

Le Quaesitor tripalium [1] ou plus communément le chômeur est présent sous des formes variantes aux cours de l’histoire humaine ; de chômeur climatique au moyen âge, on cessait le travail par grosse chaleur ou grand froid selon les saisons. Ce dernier a connu une mutation et une reconnaissance rapide à notre époque dite moderne et industrielle, son heure de gloire, passant de Rmiste à rsaste sur une période de 30 ans, synonyme de paria, de rebut, de parasite ou encore de feignasse selon l’interlocuteur.

Il est devenu durant cette période l’enjeu majeur de toutes les poli­ti­ques gou­ver­ne­men­ta­les, une prio­rité, quel­que soit leur obé­dience, du chif­fon rouge afin de modé­rer les reven­di­ca­tions salariales et autres acquis sociaux, à la varia­ble d’ajus­te­ment et même per­met­taient des économies d’énergie sub­stan­tiel­les [2] . A l’heure actuelle c’est lui le véri­ta­ble res­pon­sa­ble des maux de notre société moderne, fai­sant grim­per le taux de cri­mi­na­lité, la sur­po­pu­la­tion car­cé­rale, l’insé­cu­rité dans les ban­lieues, le trou de la sécu, la dette, une véri­ta­ble ruine pour les finan­ces de l’état, selon les dires de cer­tains serait res­pon­sa­ble aussi des guer­res et révol­tes. Il serait le prin­cipal fautif de la dette et de l’effon­dre­ment du système finan­cier, ça mange pas de pain, le bouc émissaire idéal.

Les éditorialistes et autres spé­cia­lis­tes du farniente dis­ser­tent à lon­gueur d’antenne et de colon­nes de cet indi­vidu, sou­vent méprisé, son indi­vi­dua­lité et son his­toire ignoré, c’est une masse, un ensem­ble. On le dis­sè­que, le transforme en gra­phi­que, en chif­fre, en taux, en don­nées diver­ses et variées, on en fait des livres, des Bds, des films, des sites , sans comp­ter les divers acro­ny­mes et autres bar­ba­ris­mes qui lui sont acco­lés ponc­tuel­le­ment pondus par les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs du TUC , CES ,CAe ,CUI , Rmiste, Assiste, emploi jeune etc.… jusqu’ au rsaste . 30 ans de poli­ti­que de l’emploi mor­ti­fère et vaine, 3,7 % de chô­meurs en 1975 [3] , à 9.6 % de la popu­la­tion active en 2012. Les recet­tes employées par les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs se sui­vent et se res­sem­blent : des cen­tai­nes de milliards de cadeaux finan­ciers chaque année pour les entre­pri­ses , exo­né­ra­tions des coti­sa­tions patro­na­les sur les bas salaire pour les inci­ter à embau­cher, quant aux chô­meurs et sala­riés, on leur promet du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. Durant cette courte période, on déclara la guerre au chô­mage puis fina­le­ment aux chômeurs. la chasse aux pau­vres a com­mencé. On le montre du doigt ce cancer de la société [4] , on en dit tout et n’importe quoi mais peu connaisse en réa­lité cette créa­ture légen­daire qu’est le Quaesitor tri­pa­lium et autre pres­ta­taire de mini­mas sociaux.

Il ya quel­ques années encore on deve­nait chômeur en per­dant son tra­vail, un licen­cie­ment, suite à un plan social, à sa situa­tion fami­liale plus ou moins insé­rée, sa sco­la­rité plus ou moins brillante, la mal­chance, ou encore le mau­vais œil selon les légen­des popu­lai­res, mytho­lo­gie lar­ge­ment pro­pa­gée par les médias mains­tream. Comme si chacun était maître de son destin, qu’il dis­po­se­rait de son libre arbi­tre, fai­sant la moue et refu­sant tout tra­vail qu’on lui pro­po­se­rait, déconnecté du sys­tème économique et finan­cier et de la réa­lité du monde du tra­vail. Le quae­si­tor tri­pa­lium était seul res­pon­sa­ble de sa déchéance et de sa lente trans­for­ma­tion d’homo cum ab mer­cede en homo egens et sa chute sociale, dia­lec­ti­que impla­ca­ble et bien pra­ti­que, la vic­time se trans­for­mant en cou­pa­ble.

Aussi loin que l’on remonte dans l’his­toire, le quaesi­tor tri­pa­lium n’a pas la pos­si­bi­lité d’être maitre de son destin ni de choi­sir et le sys­tème capi­ta­liste retord le lui rend bien s’il ose pré­ten­dre le contraire ; exem­ple récent le cas de l’Argentine [5] et l’essai vite et vio­lem­ment réprimé de coopé­ra­ti­ves ouvriè­res suite à la crise finan­cière de 2001 et la fuite des capi­taux et des capi­ta­lis­tes en gros et résumé, dont on aurait pu se réjouir. Environ 200 coo­pé­ra­ti­ves qui employaient plus 15000 per­son­nes arra­chées à coup de matra­que par le bras ser­vile et armé du capi­ta­lisme : la maré­chaus­sée étatique, depuis plus de la moitié ont dis­paru ou ont été récu­péré par leur ancien pro­prié­taire. Ces récu­pé­ra­tions de l’outil de tra­vail par ceux-là même qui l’uti­li­sent ins­pire plus que des réti­cen­ces de la part des poli­ti­ques et autres déci­deurs et on les com­prend, com­ment admet­tre que le tra­vailleur puisse être son propre patron, ou s’en passer. Le monde tel qu’on nous le vend s’effon­dre­rai. En France leur tolé­rance à cette soif d’auto­ges­tion ne va plus loin que le statut d’auto entre­pre­neur, le quae­si­tor tri­pa­lium sera grâce à ce pro­to­cole, bien enca­dré, arti­san de sa propre ser­vi­tude. Pour les coo­pé­ra­ti­ves qui exis­tent actuel­le­ment et dif­fi­ci­le­ment en France, et sans expro­pria­tion d’usine hein ! hormis les coo­pé­ra­ti­ves agri­co­les, les ins­ti­ga­teurs sont dépeints comme des mar­gi­naux, limite hur­lu­berlu nos­tal­gi­ques de mai 68, ou encore des ori­gi­naux pour les plus consen­suels. Ils scru­tent d’un œil plus que cir­cons­pect toute ini­tia­tive de sala­riés par trop entre­pre­nant [6]] et encore faut-il qu’ils sui­vent le modèle économique domi­nant, une coo­pé­ra­tive mais pas trop.

De nos jours les choses ont bien chan­gées, la pandé­mie s’est étendue année par année infectant des cou­ches de la popu­la­tion qui s’imaginaient pro­té­gées de cette conta­mi­na­tion galopante par leur gri-gri : situa­tion sociale, diplômes, famille, rela­tion etc.… . Les géné­ra­tions actuel­les devien­nent chô­meur en cher­chant vainement un, de tra­vail . Ce phé­no­mène est visible par­tout dans les gran­des démo­cra­ties capita­lis­tes, le monde en réa­lité, là où le chif­fre et étudie le chô­mage à grand coup de stats et de graphi­ques. Évolution nor­male d’une société géron­to­cra­ti­que et ultra libé­rale, le chô­mage s’acquière auto­ma­ti­que­ment à la nais­sance de nos jours pour une grande majo­rité de la jeu­nesse (déno­mi­na­tion vala­ble jusqu’à 25 ans). L’entrée dans le monde du tra­vail s’ouvre par la grande porte du chô­mage et de la misère et de Paul emploi. Ils se méta­mor­pho­se­ront tel des papillons s’extir­pant de leur cocon en vieux cho­mis­tes assez rapi­de­ment, nour­ris­sant d’autres stats et d’autres débla­té­ra­tions débi­li­tan­tes d’éminents spé­cia­listes. Les géné­ra­tions suc­ces­si­ves s’appau­vris­sant pro­gres­si­ve­ment à chaque crise finan­cière, les jeunes étant fata­le­ment plus pau­vres que leurs ainés. Cet état ne connais­sant ni bar­rière ni fron­tière dans ce sys­tème capi­ta­liste devenu global [7] au cours de la même période. Étrangement, les cour­bes des pro­fits aug­men­tant pro­por­tion­nel­le­ment à l’aug­men­ta­tion du nom­bres de chô­meurs et de pau­vres. Le patrio­tisme [8] , sen­ti­ment de culpa­bi­lité dis­tillé par ces mêmes capi­ta­lis­tes à la vile popu­lace pour l’atta­cher à son poste de tra­vail, son emploi, atta­che­ment qui para­doxa­le­ment lui sera repro­ché immé­dia­te­ment lors de la faillite et la fer­me­ture de son entre­prise, il se verra alors accusé de manque de mobi­lité. On ne parle d’ailleurs des tra­vailleurs que lors­que ceux-ci per­dent leur emploi.

« La vie, la santé, l’amour sont pré­cai­res, pour­quoi le tra­vail échapperait-il à cette loi ? » Dixit Parisot, phi­lo­so­phe et doc­teur es chô­mage, pré­mo­ni­tion ?

Seul héri­tage octroyé par les géné­ra­tions pré­cé­den­tes à leur des­cen­dance, le chô­mage, la recher­che d’emploi. Cette réa­lité somme toute nor­male lors­que le dis­cours domi­nant vili­pende à lon­gueur d’onde radio­pho­ni­que, d’émission de télé­vi­sion, de tri­bu­nes le coût exor­bi­tant du tra­vail, dis­cours obs­cène sur le prix de la vie, la valeur sociale des indi­vi­dus, tou­jours trop cher, toutes ces « char­ges » à payer, nom­breux sont ceux qui sou­hai­te­rait voir ce salaire dimi­nuer jusqu’à sa dis­pa­ri­tion com­plète phy­si­que et men­tale afin d’éradiquer cette épidémie nul doute. Le Quaesitor tri­pa­lium étant déses­pé­ré­ment à la recher­che d’un salaire avant toute chose, faire dis­pa­rai­tre l’objet de sa recher­che entrai­nera auto­ma­ti­que­ment sa dis­pa­ri­tion cqfd, le retour à l’âge d’or de l’escla­vage pour les nos­tal­gi­ques et ils sont nom­breux [9].

Et la crise, la grande crise de 2008 [10] , dont on nous rebat les oreilles ad nau­séum depuis 3 ans déjà, a juste exa­cer­ber, révé­ler cette réa­lité quo­ti­dienne pour beau­coup d’entre nous et ce depuis long­temps. Le capi­ta­lisme n’étant qu’une suc­ces­sion de crise et ce sont ses vic­ti­mes qui payent les pots cassés de tout temps.

Bien pire que les spé­cia­lis­tes, ne côtoyant pas ces illus­tres pen­seurs au quo­ti­dien fort heu­reu­se­ment pour ces tris­tes indi­vi­dus, la plaie pour le chô­meur c’est son voisin, sa famille, ses connais­san­ces, le pékin, l’épicier enfin bref l’homo proxi­mus. Colportant au sujet du Quaesitor tri­pa­lium des fables qu’il tient lui-même de on dit et autres rumeurs. Car pour celui qui n’a jamais eu l’expérience de cette condi­tion sociale du Quaesitor tri­pa­lium ou ses pen­dants (et ils sont de moins en moins nom­breux, une chance ?), travailleur sous contrat aidé ou quel que soit les diver­ses appel­la­tions qu’ils embras­sent au cours du temps, le plus honni est cer­tai­ne­ment : le rsaste. Ce der­nier est sans doute la créa­ture la plus trou­ble et la plus envia­ble de cette caste pour le béo­tien de la pres­ta­tion sociale, ima­gi­ner un indi­vidu gras­se­ment payé par la société pour sur­vi­vre dans ce sys­tème capi­ta­lisme létal, un mystère indi­ci­ble.

Le dévoi­ler peut révé­ler l’igno­rance crasse de tout un chacun sur la réa­lité cruelle et sombre de celui ou celle qui vit ou plutôt survit grâce aux pres­ta­tions socia­les, appel­la­tion qu’on pré­fère aux mini­mas sociaux, ce terme étant par trop par­lant sur l’indi­gence sor­dide dudit pres­ta­taire pour le voisin ou le quidam hor­ri­fié par tout ces para­si­tes, suçant les deniers de l’état sans suer , 1,79 mil­lion de rsas­tes en mars 2012, toutes caté­go­ries confon­due.

Parler de chif­fre, du mon­tant de ces pres­ta­tions pour­rait parai­tre bien pro­saï­que et indé­cent compa­ré à la pau­vreté et la misère du monde, il y a tou­jours plus pauvre que soi dans un coin éloigné de la pla­nète et on ne se prive pas de nous le rap­pe­ler. Un rsaste en France vit au mieux avec 4 euros par jour (4174€94 pour une per­sonne seule), en sous­trayant les impon­dé­ra­bles, reli­quat de loyer , les pré­lè­ve­ments et autres factu­res, soit 4 fois plus que le seuil de pau­vreté admis par la banque mon­diale (0.91 € par jour), Byzance.

Contrairement aux légen­des et autres rumeurs le rsaste paye une partie de son loyer, les apl étant cal­culé selon son quo­tient fami­lial et la composition de son foyer. Et non du fait qu’il ne sache pas se démer­der, ren­voyant ainsi la personne face à son inca­pa­cité, comme j’ai souvent entendu dans la bouche de per­sonne bien infor­mée. La caf cal­cule savam­ment ces mon­tants alloués sans deman­der l’appro­ba­tion du pres­tataire. Le pres­ta­taire du rsa est régi par les mêmes arbi­tra­ges que n’importe quel béné­fi­ciaire des apl et autres aides aux loge­ments, on lui déduit d’ailleurs une partie du rsa (60 € s’il béné­fi­cie d’apl, mon­tant avant réduc­tion du rsa 474€).

Le rsaste ne paie pas ses fac­tu­res EDF- gdf, si bien sur il les paye mais il peut malgré tout bénéficier d’une réduc­tion auto­ma­ti­que de ces derniè­res, si il est béné­fi­ciare de la CMU, et en envoyant moult cour­riers, en télé­pho­nant au dit ser­vice (tpn tss), en four­nis­sant jus­ti­fi­ca­tif sésame envoyé par leur soin, en joi­gnant les dites fac­ture etc... Réduction allant entre 30 et 60 % selon les cas sur une partie de sa consom­ma­tion électrique, qui décide mys­tère.

Il peut aussi selon les conseils géné­raux, pas tous loin sans faut, dis­po­ser d’aides ponc­tuel­les, pour payer ces dites fac­tu­res s’il se retrouve dans l’embar­ras ( pour le quae­si­tor tri­pa­lium une réa­lité quo­ti­dienne), dès le 5 du mois.Il peut, s’il en fait la demande, béné­fi­cier d’aides excep­tion­nel­les 3 fois par an mais tout en jus­ti­fiant bien de son indi­gence crasse.Le rsa n’est pas un cer­ti­fi­cat de pau­vreté suf­fi­sant aux yeux de l’admi­nis­tra­tion tatillonne, d’un mon­tant géné­ra­le­ment n’excé­dant pas 200 €.

Le rsaste, ce bien­heu­reux [11] , jalousé secrètement par le grand Bernard Arnault [12] lui-même, ne paye ni d’impôt sur le revenu ni de taxe d’habi­ta­tion, ni d’impôt fon­cier, il n’existe pas ou pas encore de taxa­tion pour les car­tons dont nombre de rsas­tes on fait leur demeure, ils en sont exo­né­rés selon un savant calcul basé sur leur revenu et non leur état et encore leur faut il faire la demande à l’admi­nis­tra­tion concer­née.

N’en déplaise à Bernard, mais par défi­ni­tion ils ne dis­po­sent pas de revenu suf­fi­sant pour s’en acquit­ter. Malgré la légende lar­ge­ment répan­due, selon laquelle le rsaste devrait s’acquit­ter d’un impôt même sym­bo­li­que pour pré­ten­dre à une réelle citoyen­neté, il en paye déjà : la TVA , impôt le plus injuste et celui qui rap­porte le plus à l’état qua­si­ment 3 fois plus que l’impôt direct, et n’est ni déduc­ti­ble ni récu­pé­ra­ble pour lui. Proportionnellement au revenu dont il dis­pose le rsaste, est de loin fort géné­reux avec l’état, plus tu es pauvre plus tu raques.

Qui n’a jamais entendu lors d’un diner, ou au hasard d’une conver­sa­tion le récit tou­jours par une per­sonne bien infor­mée, de telle ou telle famille, ou per­sonne qui vit lit­té­ra­le­ment depuis des années, cer­tain depuis la créa­tion du Rmi , soit depuis 30 ans [13] , comme un nabab des pres­ta­tions socia­les, le frau­deur , per­son­nage légen­daire s’il en est. Ce der­nier ser­vant d’exemple pour jeter l’oppro­bre sur l’ensem­ble des pres­ta­tai­res et démon­trer l’inef­fi­ca­cité du système.. Ce cas par­ti­cu­lier ser­vira de réfé­rence pour défi­nir tout rsaste, chô­meur pour le nar­ra­teur et son audi­toire. On se retrouve en état de sidé­ra­tion devant tant d’assu­rance.

Celui-là selon leurs dires connait toutes les ficelles de l’assis­ta­nat, cer­tai­ne­ment après des années à en avoir dénoué les nœuds, et com­pris le sys­tème. Travail à plein temps, croyez moi il a toute mon admi­ra­tion. Expérience jamais acquise la légis­la­tion chan­geant régu­liè­re­ment selon les résul­tats électoraux et le lieu d’habi­ta­tion, l’appren­tis­sage de la misère. Sans comp­ter sur le contrôle tou­jours plus accru des dits pres­ta­tai­res, on ne vit pas impu­né­ment sur les deniers de l’état, l’actua­lité nous le prouve régu­liè­re­ment sans que cela n’émeuve plus per­sonne : un chô­meur de 51 ans après avoir appris que son RSA était sus­pendu, s’est immolé par le feu dans les locaux de sa caisse d’allo­ca­tions fami­lia­les cet été. [14] . Comment, à leurs yeux, oser défen­dre l’indé­fen­da­ble, l’assisté qui abuse de l’état pro­vi­dence, vivant au cro­chet des hon­nê­tes tra­vailleurs qui coti­sent eux et payent tout leurs impôts et leurs char­ges. Alors que las de ces démar­ches pour tenter d’assu­rer sa survie, le quae­si­tor tri­pa­lium aura perdu l’énergie de trou­ver une quel­conque employa­bi­lité dans le monde actif. Cette expé­rience plus ou moins longue de chô­meur sera comp­ta­bi­li­sée dans la colonne passif aux yeux d’un éventuel employeur. Il a jeté l’éponge. Il ne lui sera d’ailleurs pro­posé que les tâches les plus dures et les plus ingra­tes, contrat pré­caire tou­jours une cons­tante, tra­vaux sai­son­niers, agri­cole, res­tau­ra­tion etc.. et il aura vite fait d’y voir mourir ses der­niè­res forces vita­les, mais la légende du rsaste traîne-savate est la plus tenace.

Ces ora­teurs n’ayant même pas vu la grosse ficelle média­ti­que, ni l’énormité qu’on leur a fait avaler, ils se sont pris les pieds dedans, tel­le­ment facile de taper sur le rsaste qui culpa­bi­lisé n’aura certes pas la force ni la volonté de s’oppo­ser à cet argu­men­taire, bai­sera la tête contrit, une boule à l’esto­mac. Quant au fabu­la­teur, on lui a dési­gné le cou­pa­ble, le plus pauvre que lui, impla­ca­ble, il se trompe d’ennemi. Et plutôt que le féli­ci­ter de son expé­rience et sa débrouillar­dise d’être par­venu à sur­vi­vre dans l’indi­gence et sa com­pré­hen­sion du sys­tème, même pas la peine d’avan­cer l’argu­ment « et s’il est heu­reux comme ça, » ce serait un comble on l’exclu davan­tage. Que le quidam s’en fasse l’écho, du mépris plein la bouche, n’a guère de consé­quence sur le pres­ta­taire, excepté le regard porté sur ce der­nier, le doute sur la sin­cé­rité de son indi­gence, il s’en contente et s’en satis­fait selon eux. Le rubi­con est fran­chi lors­que se sont les poli­ti­ques, les élus locaux qui s’appro­prient ce dis­cours inique et fasciste et à for­cent de le mar­te­ler convainc la popu­la­tion de la réa­lité de leur dis­cours et du drame qui se joue sous nos yeux ébaubis. Quelques chif­fres sur la fraude sociale : Les frau­des détec­tées par les CAF ont atteint 101,5 mil­lions d’euros (+ 12,5 %), concer­nant 15.000 frau­deurs (0,13 % des allo­ca­tai­res) [15]. On fait de cas par­ti­cu­liers des géné­ra­li­tés par pure méconnais­sance des don­nées. La ruine, on vous dit.

Mais cette méprise, cette mésen­tente, ce manque de soli­da­rité, entre actif et inac­tif ne vient elle pas elle-même de la dia­lec­ti­que employée quand on engage une conver­sa­tion sur le sujet du RSA, nonobs­tant le mon­tant avec lequel on ne peut vivre décem­ment et de ses moda­li­tés d’obten­tion, car le terme qui revient le plus sou­vent lorsqu’on en dis­cute, est le droit, droit aux diver­ses exo­né­ra­tions d’impôts, et droit aux aides diver­ses, droit à des contrats aidés dès le seuil d’indi­gence atteint. Alors même que ces droits sont per­pé­tuel­le­ment remis en cause et les mon­tants déjà mini­mes. Terme dis­paru dès que l’on dis­cute des tra­vailleurs en acti­vité qui eux ne font eux que perdre des droits chè­re­ment acquis sous les coups de butoirs du capi­ta­lisme. Et pour­tant le quae­si­tor tri­pa­lium n’est par défi­ni­tion qu’un tra­vailleur privé d’emploi, un tra­vailleur sur le car­reau. Que celui qui n’a jamais chômé nous jette la pre­mière pierre.

Notes

[1] lat. chercheur de travail

[2] Véridique De Closet à la télévision française à voir dans le doc de Gilles Balbastre 2001 : le chômage a une histoire http://www.youtube.com/watch ?v=MnovGVFCgEk

[3] Jt de 20h de 1975 carte de France du chômage http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAA7501500801/carte-de-france-du-chomage.fr.html

[4] http://www.liberation.fr/politiques/01012336276-wauquiez-veut-plafonner-les-aides-sociale

[5] A voir dans le doc de Naomi Klein the take http://www.anarchism.org/videos/fr/the_take.avi

[6] http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/auto-transport/actu/0202221949808-l-ex-seafrance-va-devoir-demontrer-sa-via[Choix_de_la_redaction]-[L%27ex-SeaFrance%20va%20devoir%20d%C3%A9montrer%20sa%20viabilit%C3%A9%20%C3%A9conomique

[7] « Un marchand n’est nécessairement citoyen d’aucun pays en particulier. Il lui est, en grande partie, indifférent en quel lieu il tienne son commerce, et il ne faut que le plus léger dégoût pour qu’il se décide à emporter son capital d’un pays dans un autre, et avec lui toute l’industrie que ce capital mettait en activité. »
Adam Smith père du libéralisme

[8] Patriotisme, opinion public, devoir parental, discipline, religion, morale, ne sont que de jolis noms pour le mot intimidation."
George Bernard Shaw - 1856-1950 - Homme et surhomme - 1903

[9] http://rebellyon.info/Jubile-l-esclavage-la-crise-et-le.html

[10] Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça.« Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986 - Extrait du sketch »Le chômeur"

[11] Personne dont l’Église catholique reconnaît, par la béatification, la perfection chrétienne en autorisant qu’on lui rende un culte local. Source : dictionnaire de l’Eglise catholique de France http://www.eglise.catholique.fr/ressources-

[12] Casse toi et vite !

[13] True story régulièrement dans différents coins de France et de Navarre

[14] http://www.actuchomage.org/2012080821922/La-revue-de-presse/un-chomeur-en-fin-de-droits-simmole-dans-une-caf.ht

[15] lu sur les échos http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202183410857-securi

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