Une tribune pour les luttes

"Roms : attiser la haine n’est pas une solution "

de Jean-Marc Coppola (PCF 13 - FDG), Vice-président de la Région, Conseiller municipal de Marseille.
+ Communiqué du PCF 13 à la suite de l’évacuation et l’incendie d’un camp de Rroms par des habitants, par Pierre Dharréville , Secrétaire départemental du PCF 13
+ Communiqué du Parti de Gauche : "Une république incendiaire à Marseille"
+ Communiqué du NPA des Bouches du Rhône
+ Communiqué de La Voix des Rroms : "Marseille : l’incendiaire se trouve Place Beauvau".

Article mis en ligne le samedi 29 septembre 2012


Communiqué
La Voix des Rroms : Marseille : l’incendiaire se trouve Place Beauvau

Vendredi 28 septembre 2012

L’évacuation par « des riverains » d’une trentaine de Rroms à Marseille et la mise à feu de leurs affaires marquent le début des pogromes anti-tsiganes en France. La police de M. Valls, présente sur place, n’a procédé à aucune interpellation « en l’absence d’agression physique ». Mais le vrai incendiaire est leur ministre de tutelle lui-même, puisque depuis l’été dernier il martèle inlassablement le message de l’urgence du « démantèlement des campements illicites », qu’il juge « un défi au vivre ensemble ».

Depuis 20 ans, à chaque expulsion de Rroms, la police indique aux médias qu’elle s’est faite « sans heurts ». Car les Rroms ne cherchent pas de heurts. La police non plus, du moins pas ouvertement. Comme aucun des protagonistes ne cherchait de heurts, par l’affirmation d’un « défi au vivre ensemble », le gouvernement a réussi à créer le troisième protagoniste à Marseille. A force d’appâter des gens avec ce message pour leur faire faire la sale besogne sous l’œil d’une police inactive, si ce n’est bienveillante, le ministre a réalisé son rêve de voir sa supputation concrétisée.

La déshumanisation et la diabolisation des Rroms il y a deux jours, lorsque des parents d’enfants qui se livraient à des vols de téléphones portables ont été qualifiés d’esclavagistes et de trafiquants d’enfants participe pleinement à l’ouverture illimitée de la chasse aux Rroms. L’inaction de ce qu’on appelle «  forces de l’ordre » fait de ces dernières des complices par omission de pogromes. Nous exigeons du gouvernement une condamnation ferme de ces actes et l’ouverture d’une enquête pour qu’ils ne restent pas impunis.

Dans le cas contraire, les mêmes causes produisant les mêmes conséquences, qui pourra s’étonner si la France, à l’instar de la Hongrie, voit des Rroms qui, n’ayant pas d’autre choix, s’organisent pour se défendre ? A ce moment-là, qu’on ne vienne pas nous dire que le « défi au vivre ensemble » c’est nous.

Lire aussi sur le site de "La voix des Rroms" :Rroms et réseaux mafieux


Communiqué du PCF 13

Marseille, 28 septembre 2012

C’est la crise qui engendre la barbarie
Des familles en proie à la grande misère violemment rejetées par des habitants de nos quartiers qui la côtoient eux-aussi d’assez près. Le récit nous glace le sang. Qui sommes-nous, hommes, femmes ? Que veut-on nous faire devenir ?

La crise financière s’est muée en crise sociale. Comme le dit le milliardaire Warren Buffet, la classe des riches est en train de gagner sa guerre : au lieu de renverser la table, les victimes se battent entre elles. La solidarité perd du terrain. La crise sociale s’est muée en crise de civilisation. L’humanité se cherche. La guerre de tous contre tous est là, alimentée par les discours d’inspiration raciste qui continuent de se déchaîner. Chacun se débat dans des voies sans issues. Chacun veut vivre.

Ce sont des gestes graves que nous n’acceptons pas car ils portent en eux la barbarie. Cette réaction révoltante, nous ne voulons pas tomber dans le panneau d’en faire porter la responsabilité première aux habitants. _ On ne répond à leurs difficultés croissantes que par des salves d’austérité et on leur a désigné des boucs-émissaires. C’est l’Etat lui-même qui a donné le mode d’emploi de la chasse et de la destruction de leurs maigres biens. Cette réaction n’est que le résultat de la stigmatisation acharnée dont les Rroms sont les victimes depuis trop longtemps déjà et du refus des autorités de leur apporter des solutions. Dans les endroits où il en a été autrement, nous n’en sommes pas arrivés là.

Il est grand temps de donner un autre signal que celui du rejet de l’autre aux Rroms. Et il est grand temps de mettre un vrai changement à l’ordre du jour. Ce n’est pas pour rien que nous avons dit : « l’humain d’abord ! »

Notre soutien continuera de se manifester auprès des Rroms et notre engagement auprès des populations de nos quartiers. C’est ensemble que nous pourrons aller chercher des solutions, parce que nous disons tous la même chose : nous voulons vivre ! Galériens de tous horizons, unissons-nous !

Pierre Dharréville
Secrétaire départemental du PCF 13
Membre du conseil national du PCF


COMMUNIQUE DE PRESSE
Jean-Marc Coppola

Marseille, le 28 septembre 2012

Roms : attiser la haine n’est pas une solution

Ce qui vient de se passer dans les quartiers nord de Marseille où des Roms ont été chassés par des habitants voisins est d’une gravité extrême, traumatisante, et dont les conséquences ne sont pas encore mesurables. Qui peut juger le traumatisme chez ces personnes, ces enfants ? Sait-on que certaines personnes composant la milice étaient armées ?

Je condamne fermement ce qui s’apparente aux ratonnades des années 60. Cet acte de barbarie est qui plus est d’une lâcheté déconcertante dans ces quartiers où la mobilisation populaire serait plus utile et efficace face aux trafics en tous genres.

Il n’y a pourtant rien d’étonnant au fait que des habitants eux-mêmes confrontés à la pauvreté ou à la précarité s’en prennent à plus miséreux qu’eux.
Mais si actes délictueux il y a eu, c’est à la police et à la justice de protéger, sécuriser et sanctionner. Certainement pas aux habitants !

Cette tragédie montre, que malgré l’intérêt porté par le gouvernement à la situation de Marseille, rien n’a changé et rien ne changera avec les seules propositions du comité interministériel.

Le geste ignoble d’hier soir était prévisible voire recherché par ceux qui prennent la responsabilité de ne pas régler une intégration digne et humaine des familles Roms.

Prévisible car à laisser pourrir la situation de familles qui ont fui la misère de leur pays nous sommes au pied du mur. Recherché car le maire de Marseille fait de l’opposition des populations entre elles et de la chasse aux pauvres un de ses sports favoris. Et que le premier magistrat de la Ville arrête sa complainte, Marseille n’est pas une ville pauvre, c’est une ville aux inégalités extrêmes avec les plus riches et les plus pauvres du pays.

Des propositions ont été formulées par le collectif Roms de Marseille pour trouver des solutions.
Des moyens existent au niveau européen pour mettre en œuvre ces solutions en termes d’hébergement, d’éducation, de santé, d’alimentation et d’emploi. Mais ces fonds européens ne sont pas sollicités par la Préfecture. Est-ce normal ?

Je demande que le Préfet ouvre une cellule de crise pour régler la situation des familles Roms et sécuriser les habitants de quartiers populaires abandonnés par les pouvoirs publics.

Il est urgent d’agir sans opposer les uns aux autres, au risque de provoquer une explosion sociale dont personne ne peut mesurer les conséquences.
Le gouvernement est devant ses responsabilités et doit apaiser par les mots et surtout par des actes au lieu d’attiser les tensions.

Jean-Marc Coppola
Vice-président de la Région
Conseiller municipal de Marseille


Une république incendiaire à Marseille

Communiqué du Parti de Gauche Marseille du 28 septembre 2012

Les politiques successives gouvernementales d’expulsions inhumaines, le scandale d’une élue de la République de la mairie de Marseille (Mme Preziosi) attisant les haines, les réjouissances du préfet délégué à la sécurité de Marseille (anciennement en poste) après des expulsions, les non-réponses des pouvoirs publics aux demandes répétées des habitants ne conduisent qu’à une chose : quand la République recule, l’état de droit disparaît et les citoyens en viennent à se débrouiller seuls !
 
L’incapacité à proposer des solutions viables et humaines pour tous conduit à réduire l’humanité à la défense de son propre territoire.
 
Les violences répétées envers les Rroms par l’Etat ont légitimé progressivement les discours de haine, jusqu’à ce que les discours se transforment en acte. 

Comment une Ville comme Marseille, riche de ses 850.000 habitants, ne pourrait-elle pas résoudre un problème de cohabitation de population comprenant moins de 0,5% de sa population globale ? Comment une Ville qui cède chacune de ses parcelles constructibles à des promoteurs immobiliers ne trouverait-elle pas des lieux dignes de ce nom pour accueillir une population qui ne demande qu’à vivre en paix dans des conditions décentes ?

Tout est bien une question de volonté politique, une question d’humanisme et de fraternité aussi où nous devons nous battre malheureusement pour démontrer quotidiennement que les êtres humains peuvent vivre les uns à côté des autres même quand ils ne partagent pas les mêmes manières de vivre. La France a pourtant trouvé le modèle permettant ce respect : la République avec la laïcité de son Etat, la fraternité, l’égalité et la liberté dans ses principes fondamentaux. 

Il est grand temps que la République s’applique à Marseille. Nous méritons mieux que des atermoiements gouvernementaux ne débouchant qu’à imposer une métropolisation éloignant toujours plus le peuple des lieux des décisions qui le concernent.

Parti de Gauche Marseille


Communiqué du NPA des Bouches du Rhône

La traque des Roms organisée depuis des mois par le préfet et les élus est relayée aujourd’hui par les pogroms de campements par les riverains !

Des habitants de la cité des Créneaux dans le 15e arrondissement ont incendié un campement des Roms sous le regard passif des forces de l’ordre. Le journal "la Provence" d’aujourd’hui précise :"les forces de l’ordre n’ont même retenu aucune infraction et n’ont pas procédé à des interpellations."

Il est vrai que depuis plusieurs années, les élus de droite et de gauche organisent manifestations et mouvements d’humeur contre les campements de Roms, Samia Ghali, l’élue socialiste qui demande l’intervention de l’armée dans les quartiers populaires de Marseille avait organisé des manifestations dans son arrondissement. La LDH et le collectif solidarité Roms avaient aussi subi les humeurs de riverains accompagnés de l’élue UMP Nora Préciosi à Château-Gombert. Dans le 3e arrondissement, un terrain occupé par trois familles Roms avait aussi été incendié l’an dernier par des riverains.

C’est une triste ironie que de constater que cet évènement a eu lieu à deux pas d’une cité où de nombreux logements sont vides et attendent depuis longtemps d’être démolis. A Marseille comme ailleurs, le manque de logement sociaux et la vacances de nombreux logements privés sont un manquement à un droit fondamental : avoir un toit, un hébergement, un terrain d’installation ... . C’est le fruit de décennies de politiques du logement désastreuses auxquels le gouvernement ne compte pas s’attaquer.

Le NPA constate l’aggravation de la même politique contre les Roms depuis plusieurs années, non seulement le changement politique n’a pas eu lieu, mais les démantèlements de campements se succèdent à un rythme accéléré, sans aucune proposition de relogement d’urgence, l’unité d’hébergement d’urgence de la Madrague-Ville, sous l’aurorité du maire et Marseille et du préfet non seulement n’héberge pas les Roms expulsés mais à la fin juillet a expulsé de ses murs ceux qui avaient été précédemment accueillis. En réalité, les habitants n’ont fait qu’appliquer illégalement ce que la police de Valls fait tous les jours légalement. M. Valls est clairement le premier responsable d’une telle situation par sa politique raciste, dans la continuité de celle de Sarkozy et Guéant.

La lutte anti-raciste dans les quartiers passe par les campagnes de moblisation auprés des populations de la nécessité de préserver les droits fondamentaux pour tous, d’être présents lors des démantelements de campements de Roms et de dénoncer le harcèlement policier dont ils sont victimes. Cette action est un acte d’une extrême gravité face à laquelle l’immense majorité des élus ont décidé de rester muets, donnant ainsi leur bénédiction à ce qu’elles se perpétuent. Le NPA restera de ceux qui soutiennent les Roms et condamne fermement ces actes, qui ne sont qu’un relais de la politique de Valls et ne doivent en aucun cas être amalgamés à un sentiment général des Marseillais.

POUR LA LIBRE-CIRCULATION ET LE DROIT D’INSTALLATION !

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