Une tribune pour les luttes


« Enfermer, ce n’est pas soigner »

Débat sur ce thème samedi 10 novembre après la projection du documentaire « Être là » de Régis Sauder.

Article mis en ligne le vendredi 2 novembre 2012

Projection-Débat
« Enfermer, ce n’est pas soigner »

Les Journées Nationales Prison sont chaque année l’occasion d’aborder de manière plus approfondie des problématiques liées à la détention en France.

Cette année, le débat portera à Marseille sur le thème de la psychiatrie en prison.

Ce choix n’est pas neutre.
Le 7 novembre prochain, dans les cinémas, sort le documentaire «  Être là  » de Régis Sauder. Ce réalisateur est entré au Service Médico-Psychologique Régional (SMPR) des Baumettes, et s’est penché sur les questionnements de ses professionnels.

A quel prix pratiquent-ils ici la psychiatrie ? Quel sens a leur travail dans l’environnement carcéral ? Faut-il continuer à « être là » ou partir ?

Dans un contexte où l’enfermement carcéral prend souvent le pas sur la prise en charge médicale, ces questions révèlent une problématique globale :

la prison est-elle faite pour soigner ?

Etat des lieux :

La dérive des soins vers la peine s’est ancrée au fil des années.

La création des SMPR en 1986 amorce l’idée selon laquelle l’incarcération est la seule prise en charge possible d’individus psychotiques qualifiés de «  dangereux ». Pourtant, la Fédération Française de Psychiatrie ne considère pas ces services comme des lieux de soins à part entière.
Plus récemment, la loi d’orientation et de programmation pour la justice (2002), a créé des unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA). Nommées par le Garde des Sceaux de l’époque, Mme Rachida Dati, des «  Hôpitaux prisons  ». Elles accueillent des hommes, des femmes et des mineurs « souffrant de troubles psychiatriques et nécessitant une hospitalisation » surveillés par du personnel pénitentiaire. Là encore, nombre de praticiens se sont élevés contre la création de ces unités, redoutant une «  carcéralisation » de la psychiatrie.

Quant aux chiffres, ils le confirment.

- Plus de 20 % des personnes détenues sont atteintes de troubles psychotiques (dont 7,3 % de schizophrénie et 7 % de paranoïa et autres psychoses hallucinatoires chroniques).

- 80 % des personnes détenues présentent au moins un trouble psychiatrique, parmi lesquels la dépression (40 %), l’anxiété généralisée (33 %), la névrose traumatique (20 %) ou encore l’agoraphobie (17 %).

- En 2009, étaient dénombrés 163 psychiatres équivalents temps plein (ETP), pour plus de 84 000 personnes incarcérées par an. Le chiffre ne tient pas compte du nombre non négligeable de postes non pourvus.

Les professionnels et les chiffres dénoncent une situation alarmante.

Le samedi 10 novembre au cinéma l’Alhambra, après la projection du documentaire « Être là » de 18 heures 15, un débat sera mené à partir de 20 heures sur le thème : « Enfermer, ce n’est pas soigner ».

Le réalisateur, le médecin-chef du SMPR de Marseille Catherine Paulet, une médecin-psychiatre Sophie Sirère et Robert Bret, président du Centre d’Accueil des familles des Baumettes participeront à cet échange et partageront leur regard averti et concerné.

CAB : 04 91 40 41 34
contact chez cabaumettes.org

 L’Alhambra
2, rue du Cinéma 13016 Marseille
04 91 46 02 83

Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Manif/rassemblements c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 1120