Une tribune pour les luttes

Communiqué commun ACIPA, ADECA, Confédération Paysanne 44 et CéDpa

Notre Dame des Landes : les opposants réclament un véritable dialogue !

Nous appelons tous nos adhérents et sympathisants à continuer leurs actions là où ils sont, comme nous, nous continuons la lutte à Notre Dame des Landes.

Article mis en ligne le lundi 3 décembre 2012

samedi 1 décembre 2012

Les signataires de la lettre adressée vendredi 30 novembre au Président de la République (ACIPA, ADECA, Confédération Paysanne 44 et CéDpa) ont appris le même jour par un communiqué du Premier Ministre la mise en place de «  la commission du dialogue », les personnalités qui la composent et les missions qui lui sont données. Ils ne peuvent que constater la surdité persistante du Premier Ministre qui confie à cette commission le soin de « formuler des propositions, notamment sur la manière de poursuivre le dialogue dans chacune des étapes de la réalisation du projet. » En réaffirmant ainsi que le projet se fera, quoi qu’il arrive, Jean-Marc Ayrault montre à nouveau son mépris total pour tous les citoyens qui s’y opposent à Notre Dame des Landes et maintenant partout en France. Or, il ne s’agit pas pour eux de discuter la couleur du papier cadeau dont le gouvernement voudrait, à la veille de Noël, envelopper ce projet de nouvel aéroport mais bien de discuter du choix même du « cadeau » !

Nous dénonçons l’opération de communication engagée ces dernières vingt-quatre heures qui vise à créer l’illusion que le dialogue est possible. Or, dans son communiqué, le Premier Ministre montre ouvertement à tous qu’il est à la fois juge et partie puisque la seule concession qu’il daigne faire à la démocratie sera de rendre public le rapport d’une commission dont il cadre à l’avance le travail pour faire aboutir le dossier qu’il a toujours défendu.

C’est pourquoi nous demandons solennellement au Président de la République de se saisir du dossier et de répondre à nos justes revendications : retrait des forces de l’ordre, arrêt des expulsions-destructions, gel des travaux et réel débat, aux yeux de tous, sur le fond du dossier. Faute de quoi nous ne pourrons pas participer aux travaux de cette commission.

Nous appelons tous nos adhérents et sympathisants à continuer leurs actions là où ils sont, comme nous, nous continuons la lutte à Notre Dame des Landes.


ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport à Notre Dame des Landes)
ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par le projet d’Aéroport)
CéDpa (Collectif d’élu-e-s Doutant de la pertinence de l’aéroport)
Confédération Paysanne 44

Monsieur François HOLLANDE
Président de la République Française
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS 8e

Notre Dame des Landes, le 30 novembre 2012

Monsieur le Président de la République,

Comme vous le savez, nous venons de vivre à Notre Dame des Landes une longue, trop longue, période de tension et de violence ; aussi est-ce avec intérêt que nous avons pris acte des deux communiqués du gouvernement, publiés samedi 24 novembre dernier ; le premier signé de vos ministres de l’Agriculture, de l’Environnement et des Transports annonçait qu’il n’y aurait pas de défrichement sur le site de NDL avant au moins six mois et le second, émanant de votre Premier Ministre proposait « dans un souci d’apaisement » la mise en place d’une commission du dialogue.

Nous souhaitons par ce courrier vous préciser dans quelles conditions le dialogue peut vraiment s’instaurer.

Vous comprendrez aisément que cela ne puisse se faire si la présence policière massive que nous connaissons depuis la mi-octobre perdure. La violence est née de l’opération « César », qui a détruit des maisons et mis à la rue de nombreuses personnes, elle s’arrêtera d’elle-même si les forces de l’ordre se retirent et si de nouvelles expulsions ou destructions n’ont pas lieu ; nous pensons aussi indispensable que vous décidiez le gel total de tous les travaux de préparation du chantier, ou de poursuite des sondages et fouilles archéologiques qui ont un effet sur le sol alors même que le dossier au titre de la Loi sur l’eau n’est pas satisfaisant comme le montrent les conclusions de la commission d’enquête qui demande une validation scientifique de la méthode de compensation.

La mission qui sera confiée à cette commission du dialogue doit être évidemment une véritable mission de remise à plat du dossier afin que soient enfin examinés tous les arguments que nous avons avancés depuis des années mais qui n’ont jamais été analysés sérieusement. Il ne nous serait pas possible d’accepter qu’on nous réexplique simplement, comme si nous l’avions mal compris, un dossier que nous connaissons fort bien.

Le choix de la personnalité qui assurera la présidence est bien sûr crucial et ne peut souffrir le moindre doute sur son indépendance et son objectivité. Et il en va de même pour les autres membres de cette commission. Mais la méthode de travail est tout aussi importante. Nous voulons certes que tous les aspects du dossier, (juridiques, économiques, environnementaux) soient examinés, et que soient analysées les propositions alternatives que nous avons avancées, mais nous demandons de surcroît la plus grande transparence des travaux de manière à ce que l’opinion publique particulièrement sensibilisée depuis ces dernières semaines puisse continuer à suivre le débat. C’est dans un véritable souci de démocratie que, depuis des années, nous avons organisé de nombreuses réunions afin que tous se saisissent des enjeux réels du projet, c’est dans ce même esprit que nous souhaitons que la commission de dialogue travaille avec nous.

Nous tenons enfin, Monsieur le Président, à vous rassurer sur le calendrier. Nantes-Atlantique fonctionne très bien et il n’y a aucune urgence à vouloir hâter le pas comme le souhaitaient visiblement le concessionnaire et certains porteurs du projet. Il nous paraîtrait d’ailleurs normal que le projet de Notre Dame des Landes soit aussi réexaminé dans le cadre de la mise en place du nouveau Schéma National de Mobilité Durable.

Forts des soutiens croissants qui nous parviennent de partout en France et de la détermination des militants présents localement, mais aussi persuadés de la légitimité de nos demandes, nous attendons sereinement votre réponse que nous espérons favorable. Nous restons bien évidemment à votre disposition pour un rendez-vous à l’Élysée, comme nous vous le demandons chaque semaine depuis le 29 août dernier.

Dans cet espoir, nous vous assurons, Monsieur le Président, de toute notre considération,

Les coprésidents de l’ACIPA : Anne Marie Chabod, _ Dominique Fresneau, Christian Grisollet
Le président de l’ADECA : Sylvain Fresneau
Les présidents du CéDpa : Françoise Verchère, Jean Paul Naud, Isabelle Loirat
Le président de la Confédération Paysanne 44 : Dominique Lebreton


Appel des militants de la commission agricole 44 du PS

Le 28 novembre 2012-

Nous, militants de la commission agricole 44 du Parti Socialiste, avons soutenu les opposants au projet d’aéroport de NDDL, grévistes de la faim au printemps 2012.

Nous avons depuis œuvré pour que des contacts persistent entre les dirigeants départementaux de notre parti, les syndicalistes de la Confédération paysanne, et des membres de la coordination des associations opposées à l’aéroport.

Nous sommes persuadés depuis longtemps que ce projet doit être remis à plat, que le débat public doit être repris sur des bases nouvelles, en s’assurant que les informations utilisées soient indiscutables et irréprochables : aucun parti-pris, pas d’oubli ni d’informations tronquées ou non vérifiables…

Nous tenons particulièrement à ce que les conclusions de la commission d’enquête « loi sur l’eau » soient scrupuleusement respectées .

Nous rendons publique une lettre (ci-dessous) envoyée il y a quelques jours aux responsables des collectivités de ce département qui s’expriment presque chaque jour pour que l’aéroport existant soit transféré à NDDL, sans dire que la piste de Château-Bougon doit être maintenue pour qu’Airbus continue à travailler à Bouguenais.

Nous savons que depuis la manifestation de « réoccupation » du 17/11/2012 et après les interventions policières de la semaine dernière, des mouvements de démission et de colère se font jour au sein du Parti Socialiste.

Nous demandons à tous les adhérents du Parti Socialiste qui se posent des questions sur ce dossier, et qui souhaitent que la coupure entre tous ces militants progressistes opposés à ce projet et le PS ne devienne pas irréversible de s’associer à notre demande de véritable dialogue en signant le courrier joint- (notifier le souhait de signer en envoyant un mail à carojvin chez aol.com .)

Jacques Carroger, secretaire fédéral à l’agriculture PS 44 -
Michel Loquet, commission agricole
Dominique Michenot, commission agricole
Joseph Pelé, commission agricole
Gérard Poisson, commission agricole

________________________________________________________

Lettre aux responsables des collectivités de ce département

Le 20/11/2012

Aux trois Présidents de la Région Pays de Loire, du Département de L’Atlantique, de la Communauté Urbaine de Nantes , et au Maire de Nantes.

Messieurs les Présidents , Monsieur le Maire

Si l’entêtement suffisait à justifier un projet, Notre Dame des Landes serait réalisé depuis longtemps. La réaction de Jacques Auxiette à la lettre ouverte de Patrick Varin est un concentré de ce qui exaspère à juste titre les militants de gauche opposés à l’aéroport de NDDL… Certains partisans de l’aéroport de leur coté supportent mal cette façon de réagir. On retrouverait d’ailleurs les mêmes arguments en réaction à l’interview de Stéphane Hessel, dont la contribution pour le congrès PS a fait un score inattendu en Loire Atlantique.

Il n’y a jamais eu de véritable dialogue possible, ni au sein du PS 44, ni avec les grands décideurs que sont le président de Nantes Métropole, le président de la Région, ou du département, avec la seule exception de Mr Maréschal, qui a toujours reçu les opposants. L’étude indépendante, certes très concise, faite par un cabinet d’audience internationale ( DELFT) n’a jamais été étudiée par vous, Messieurs, sous prétexte qu’elle était financée - sur leurs deniers personnels - par des élus opposés au projet…Comme si les études ayant conduit à la déclaration d’utilité publique n’avaient pas été financées par des fonds publics débloqués par des partisans du projet… Comme s’il n’était pas bien plus suspect que le Préfet Hagelsteen, chargé de préparer l’appel public à la concurrence auprès des firmes intéressées par le Partenariat Public Privé à NDDL en 2008 , ait pu depuis rejoindre le groupe Vinci . Le journaliste du Monde à l’origine de l’information écrit « l’hybridation entre milieux économiques et milieux de la décision publique a tout lieu de saper la confiance des citoyens dans la loi »…

Fasse que les excès et les tromperies diffusées par certains de nos grands élus ne sapent pas ce qui reste de confiance des citoyens pour le « personnel politique ».

Car enfin où sont les spécialistes de la guérilla urbaine installés à NDDL ? Ce sont sans doute les jeunes «  indignés », révoltés, comme on voudra, qui ont depuis 2 ou 3 ans créé des exploitations maraichères sur des terres en friche, mis en place un réseau de produits et services locaux, boulangerie collective, bibliothèque, produits de première nécessité …tout cela ravagé par nos forces de l’ordre, lieux de vie détruits, légumes empoisonnées aux gaz de toute sorte etc…

Comment ne pas comprendre que cet étalage de forces policières sans grande efficacité produit l’inverse de l’effet recherché : retourner l’opinion de la population locale, exaspérée par les entraves à la circulation (barrages policiers, contrôles de papiers etc..) outrée de voir des maisons habitables détruites ou murées en cette période où les sans abris sont partout…La solidarité sur le terrain n’a fait que se renforcer… entre les paysans locaux, ceux qui ont accepté de « signer » comme ceux qui résistent jusqu’au bout, avec les jeunes présents pour certains depuis 3 ans dans des lieux de vie qui ne doivent qu’à eux-mêmes, avec une grande partie de la population et de leurs élus .

Comment peut on affirmer que tous les recours sont épuisés, alors que deux ne sont pas encore jugés - à moins que le résultat ne soit déjà un secret de polichinelle ? et que d’autres sont à venir, puisque des élus tout aussi responsables que vous, n’accepteront pas le passage en force après les conclusions de l’enquête loi sur l’eau ?

Comment peut on affirmer que les travaux sont engagés, alors qu’il n’y a pas eu de demande d’autorisation de démarrer des travaux, ni pour démolir, ni pour défricher, mais seulement pour les sondages archéologiques préalables ?? comment pouvez vous ignorer les conclusions de la commission d’enquête qui recommande de ne rien enclencher d’irréversible avant qu’une commission scientifique indépendante ait validé la méthode de compensation environnementale proposée par les porteurs de projet ?

A quoi cela sert –il de relever le score d’Eva Joly à NDDL, en occultant le score beaucoup plus important du Front de Gauche, plutôt que de mettre en évidence que les opposants à l’aéroport dans leur grande majorité, ont contribué à l’élection de F Hollande, qu’ils ont fait preuve pour certains d’une grande maturité politique en jugeant que la priorité était de remettre la gauche au pouvoir…

Fasse que votre politique de l’entêtement , du fait accompli, et votre volonté de faire croire à l’irréversible n’amènent pas tous ces militants, tous ces jeunes, à désespérer du socialisme…Nous préférons ce combat là, à la récupération du désenchantement par les sirènes extrême droite, qui même dans nos terres de l’ouest, trouvent des oreilles attentives…

Nous militants socialistes, fiers de nos victoires récentes, mais attentifs et fermes sur nos positions, ne resteront pas que des fantassins bons pour gagner les batailles…
Une discussion est toujours possible. Comme le dit notre camarade Stéphane Hessel, il faut se demander « s’il n’y a pas une solution qui ne mettrait pas en conflit des gens auxquels on doit l’amitié et le respect … ceux qui protestent, ceux qui n’en veulent pas, ce sont de bons citoyens français, ce ne sont pas des malotrus, des voyous, au contraire ce sont des gens qui ont bien réfléchi »

Depuis la rédaction de cette lettre, il y a débat entre nous pour savoir s’il faut la rendre publique... Depuis, aussi, il y a eu cette manifestation de 30 000 personnes venues s’opposer à ce projet et dire leur détermination à ne pas céder… Certains d’entre nous y étaient, anonymes parmi la foule… Et encore une fois, la réponse des responsables de notre parti est une fin de non recevoir, une reprise des vieux arguments…

Nous vous en conjurons , arrêtez de vouloir créer l’irréversible.
Acceptez , dans un premier temps entre socialistes, ensuite avec la coordination des opposants, de renouer un véritable dialogue, dans le respect de l’accord de mai 2012, dans le respect des réserves de la commission d’enquête « loi sur l’eau », dans le droit fil du travail difficile mais essentiel qu’Alain Gralepois a accepté d’initier, pour que la coupure entre la gauche paysanne , les militants progressistes engagés dans la lutte et notre parti ne soit pas définitive…

Salutations militantes…

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