Une tribune pour les luttes

Le 15 décembre, osons une lutte qui en soit une... car nous en sommes !

Rejoignez le bloc contre l’instrumentalisation de nos identités et de nos combats !
samedi 15 décembre, à 14h, à la fontaine des Réformés

Article mis en ligne le vendredi 14 décembre 2012

Nous, féministes, gouines, trans, bi-e-s, pédés, antifascistes, psychiatrisé-e-s, séropos, asexuel-le-s, queers, anormaux-ales, masochistes, poly(in)fidèles, hystériques, avortante-s, intersexes, enculé-e-s, putes, travs, pornographes, et autres combattantes dénonçons le regain de respectabilité des discours des droites extrêmes, leur diffusion dans les médias et leur influence sur les prises de décision politiques.

Plusieurs semaines que des groupes réactionnaires manifestent contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples LGBT et déversent leur homo-lesbo-transpho- bie dans plus de 70 villes en France.

Plusieurs semaines que des personnalités religieuses comme politiques invoquent la sacrosainte « différence des sexes » pour refuser aux couples LGBT, aux familles homoparentales et/ou transparentales la reconnaissance juridique de leur existence.

Plusieurs semaines que le gouvernement dit « socialiste » se mure dans un silence complice quand il ne ménage pas explicitement la susceptibilité des opposant-e-s à l’égalité des droits. Ce n’est que lorsqu’ils émanent d’une organisation musulmane (Union des Organisations Islamiques de France) que ce gouvernement se prononce contre des propos homophobes, dans la droite ligne étatique islamophobe en vigueur depuis des années.

Nous n’oublions pas que si nous nous battons encore aujourd’hui pour l’égalité des droits c’est aussi parce que le P « S » au pouvoir il y a 13 ans, déjà trop couard pour défendre réellement le PaCS en 1999, était surtout trop homophobe pour ouvrir le mariage et la filiation aux couples LGBT. Ces atermoiements du gouvernement ne peuvent que nous rappeler toutes les trahisons d’un parti qui se situe dans la continuité du gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Nous n’oublierons pas :
- l’enterrement du droit de vote des étrangers aux élections locales
- la limitation du nombre de régularisations alors que le gouvernement se gargarise d’avoir élargi les critères ouvrant le droit au séjour
- l’abandon du récépissé après contrôle d’identité
- les expulsions de Rroms plus effrénées encore qu’il y a deux ans

Nous vomissons également le tout-répressif gouvernemental qui maintient les lois sarkozystes sécuritaires et racistes, de l’interdiction de porter le voile intégral au délit de racolage passif.

Nous dénonçons l’attitude du P «  S » face au militantisme radical, qui à Notre-Dame-des-Landes comme face à un groupe d’activistes transpédégouines à Besançon, ne consiste plus qu’en des invectives et des fantasmes sur un supposé « terrorisme ».

Si tant est que nous imaginions échapper au pire avec l’élection de François Hollande, nous n’avons aujourd’hui plus aucune illusion.

À l’heure où, comme à son habitude, le P « S » tâtonne, recule et rame, les principales organisations LGBT font preuve d’une naïveté complaisante et consternante, incapables de s’insurger contre ces méthodes réchauffées.

Permettre aux plus respectables des gays et des lesbiennes de gravir un échelon sur l’escalier de l’hétéronation constitue pour le P «  S » un moyen de masquer les effets de ses politiques racistes, islamophobes, sécuritaires et libérales, y compris au sein de nos communautés.

Ne soyons pas dupes : les discours intégrationnistes portés par ces associations, et inlassablement répétés par une InterLGBT rêvant de nous endormir, promeuvent un modèle de « citoyenneté » vichyste et un idéal de vie ultranormé. Leur combat pour le mariage et l’adoption s’adresse en réalité aux homocitoyen-ne-s français-e-s, en couple, fidèles, porteur-euse-s d’un projet de parentalité à deux, et payant des impôts.

En faire l’alpha et l’oméga de la lutte contre l’homophobie et contre toutes les inégalités dans le monde, c’est se désolidariser complètement des autres minorisé-e-s, sans- droits, précarisé-e-s et criminalisé-e-s.

Nous constatons que les associations LGBT mainstream se targuent aujourd’hui d’avoir toujours lutté contre les «  discriminations », alors même que :
- elles puisent dans l’imagerie nationaliste la plus vomitive, cherchant à draper la « fierté LGBT » dans les plus beaux atours du patriotisme franco-citoyen1
- elles gardent un silence complice depuis toutes ces années sur les dégâts des politiques de répression des travailleur-euse-s du sexe
- elles cautionnent le racisme et l’islamophobie d’Etat, comme a pu le démontrer le refus de l’interLGBT d’intégrer HM2F (Homosexuel-le-s musulman-es de France) sous des prétextes fallacieux
- elles font preuve d’une transphobie et d’un cis-sexisme brutaux et ordinaires, en refusant systématiquement d’inclure des questions trans et bi dans leur agenda exclusivement centré sur les doléances gays et lesbiennes
- elles refusent d’inclure la lutte contre le sida dans leurs revendications, arguant que se montrer solidaires des trans, gouines, bi-e-s et pédés séropositif-ve-s serait trop « stigmatisant »

Nous ne débattrons plus pour obtenir des droits qui nous reviennent. Nous ne cautionnerons pas un discours homonationaliste et autocentré. Nous ne laisserons plus le P «  S » nous faire miroiter une loi a minima. Nous refusons de voir ces droits se négocier sur fond de politiques droitières et de dis- cours faisant la part belle à la « citoyenneté » au nationalisme.

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Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2012 à 10:46, par Christiane En réponse à : Le 16 décembre, osons une lutte qui en soit une... car nous en sommes !

    C’est marrant que les plus apartidaires d’entre nous veuillent à tout prix que chaque mouvement fonctionne comme un parti : toute prise de conscience partielle ou spécifique est à dénoncer. La ligne, toute la ligne, rien que la ligne. Et si la majorité qui définit la ligne n’a rien compris à ce qui est justement spécifique, tant pis, tout le monde s’aligne.

    (Par exemple sur la confusion entre défense des personnes en situation de prostitution et défense du système prostitutionnel, un des piliers de la négation-possession-réduction des femmes, ce qui fait le jeu conjoint des exploiteurs et des machos. Ou sur la confusion entre rejet des musulmans et rejet des islamistes, ce qui fait le jeu conjoint des réactionnaires fondamentalistes et des réactionnaires racistes, qui utilisent cette confusion. Il suffit d’oublier un demi-siècle de prise de conscience féministe, avec analyse des mécanismes à l’œuvre, et pas seulement adhésion automatique à la parole apparente des "plus opprimés" sous prétexte de se sentir "radical"... Creuser une spécificité, c’est aussi apprendre à faire des distinctions.)

    L’exigence de voir quiconque réclame l’égalité qui l’intéresse, être immédiatement solidaire des sans papiers, des roms, des résistants à NDDL, de tous les exclus et de tous les révoltés, est certes beaucoup plus sympathique, mais, si on en fait une condition et non un point de départ, c’est tout aussi néfaste au développement de cette demande égalitaire, et des solidarités qui peuvent en découler.

  • Le 14 décembre 2012 à 11:08 En réponse à : Le 16 décembre, osons une lutte qui en soit une... car nous en sommes !

    Pour l’inter LGBT, David et Jonathan (catholiques) et Beit Haverim (juifs) c’est oui, pour HM2F (musulmans), c’est non.

    Communiqué de HM2F :
    HM2F et l’inter-LGBT parisienne

    HM2F est un collectif citoyen, œuvrant depuis deux ans pour un islam de France véritablement inclusif, ainsi qu’une conception de la laïcité qui soit respectueuse de la liberté de croyance de chaque citoyen-ne. En cela, HM2F a travaillé en collaboration avec de nombreuses associations, à Paris et sur l’ensemble du territoire national, en Europe et à un niveau international. Nous avons ainsi construit un discours apaisé, au-delà de tous préjugés dont certains pensaient, il y a deux ans à peine, qu’il était impossible de l’élaborer pour des homosexuel-les musulman-es. Assez logiquement, l’inter-LGBT par le biais de son porte-parole, nous a demandé à deux reprises - en réunions publique - de rejoindre l’inter-LGBT.

    Pourtant, le 29 octobre 2011, le collectif citoyen HM2F s’est vue refusé l’adhésion a l’inter-LGBT parisienne, sous prétexte que certains d’entre nous tentent d’être de « bons musulmans » ; certains membres de l’inter-LGBT, minoritaires mais farouchement opposés à l’adhésion de musulmans au sein de leur collectif, nous demande pourquoi nous ne buvons pas d’alcool à nos réunions ( !?), que nous donnons ainsi l’impression de sortir d’un « dogmatisme à l’autre », que nous tenons selon eux un « double discours », qu’ils ne nous font pas « confiance ». Plus tard, il nous enverrons une critique des statuts du collectif - alors que l’inter-LGBT ne procède ainsi pour aucune autre association, c’est là un traitement discriminatoire qu’ils ont réservé aux musulmans LGBT -, afin de justifier de leur exclusion de HM2F. Ces membres de l’inter-LGBT nous demandent notamment si nous tirons certaines des règles de notre règlement intérieur d’un « hadith** impératif et d’origine avéré » !? Auraient-ils posé ce genre de question à une association non confessionnelle, qui déciderait de partager des aliments conforme à un régime qu’ils considèreraient comme particulièrement bon pour leur santé ? Certain-es d’entre nous ont eut à lutter toute leur vie durant, chez nous en France, contre ce genre de préjugés.

    Nous aimerions divulguer aujourd’hui le fait que, déjà l’année dernière, l’ARDHIS - dont l’ancien président, membre de la commission politique de l’inter-LGBT, actuellement le nouveau président de l’inter-LGBT -, nous a clairement signifié son refus de travailler avec nous parce qu’ils avaient peur des amalgames du fait que nous sommes de « religion musulmane » (leur email du 10/07/10). Pourtant, à l’époque nous avions entendu leur peur des amalgames, et nous avions fait l’effort de maintenir le dialogue en rédigeant un article à leur sujet sur le site internet de HM2F [1]. Puis c’est la conférence des associations arabes LGBT - intitulée « Mantiquitna » -, que nous avions pourtant invité à notre conférence CALEM à Paris en 2010 [2], qui nous ont clairement signifié ne pas vouloir travailler avec nous du fait, entre autre, que nous étions des LGBT musulmans de France et non pas des « arabes » (leur email du 7 janvier 2011).

    Il est intéressant de noter que le représentant de la conférence des associations arabes LGBT a été invité par la commission politique de l’inter-LGBT à la gaypride parisienne, en juin 2011. Cela, au moment même de la polémique autour de l’affiche décrite comme « nationaliste », proposée à l’époque puis retirée par l’inter-LGBT parisienne [3]. Il est alors intéressant de nous interroger sur la raison pour laquelle des associations, qui ne veulent pas travailler avec nous du fait que nous sommes musulman-es, trouvent tant d’intérêt à travailler ensemble, sans nous. Est-ce là simplement une question d’affinité politique ? Auquel cas, dont acte. Ou bien s’agit-il là d’une stratégie coordonnée afin d’isoler les homosexuel-les musulman-es de France ?

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