Une tribune pour les luttes

Venez nombreux interpeller les pouvoirs publics sur la situation indigne des Roms !

Communiqué du Collectif Roms de Gardanne et communes voisines

Conférence de Presse mardi 5 février à 11 h sous-préfecture Aix-en-Provence

Article mis en ligne le mercredi 6 février 2013

Le collectif "Roms de Gardanne et communes voisines" a demandé à être reçu par le sous-préfet, hier matin.
Sur les pancartes : Pas d’expulsions sans solutions

Photo Serge Mercier

La Provence

Aix : les Roms au coeur de la bataille contre les "expulsions sans solutions"

Publié le mercredi 06 février 2013

Rassemblement, hier matin, du collectif "Roms" devant la sous-préfecture pour dénoncer "les carences" de l’État

C’est un combat sans fin entre les associations qui s’occupent de "la question Roms" et les pouvoirs publics "qui se refilent la patate chaude". Pour Didier Bonnel, porte-parole du collectif "Roms de Gardanne et communes voisines", dont une trentaine de représentants étaient rassemblés, hier matin, devant la sous-préfecture d’Aix, il ne faut pas se tromper de cible : "Nous sommes là pour souligner ce que nous considérons comme une carence avérée et continue de l’action de l’État."

Le collectif s’est constitué à l’automne, pour coordonner les actions de diverses associations en terme de scolarisation, de suivi médical et social, d’aide matérielle (vêtements, nourriture).

"Un travail acharné" mené, notamment, auprès de la douzaine de familles installées à Gardanne, sur le terrain du puits Z, avec l’autorisation de la mairie et en liaison étroite avec les services municipaux. Les associations, à l’origine de la demande d’accueil adressée au premier magistrat, Roger Meï, font partie du collectif. "Le maire de Gardanne est le seul du département à avoir eu ce courage et cette humanité, a rappelé Didier Bonnel, hier. Et nous continuons de le soutenir."

Entre-temps, d’autres familles roms, non autorisées celles-là - soit une soixantaine de personnes de plus que les 80 déjà accueillies - ont rejoint le puits Z, mettant en péril l’existence du camp lui-même. Le maire de Gardanne a même été contraint de déposer une demande d’expulsion des familles surnuméraires devant le juge des référés. Expulsion, qui selon le délibéré du 29 janvier, ne pouvait pas avoir lieu avant un délai de deux mois et demi.

"Nous avons obtenu ce sursis à exécution par l’intermédiaire de notre avocat, a repris Didier Bonnel, pour pouvoir faire partir les familles surnuméraires dans de bonnes conditions." Mais évoquant des problèmes de sécurité - il a dû faire couper l’électricité - et de salubrité, Roger Meï a pris un arrêté, le 30 janvier, demandant au préfet "l’évacuation d’urgence".

Depuis lundi, les familles en surnombre à Gardanne ont commencé à quitter le puits Z. "Nous n’avons jamais contesté, sur le fond, la décision du maire, a insisté le représentant du collectif. Il a jugé que ça devenait ingérable, nous le soutenons, mais nous ne pouvons pas accepter les expulsions sans solutions."

Le collectif "Roms" a sollicité un rendez-vous du sous-préfet, Yves Lucchesi, hier matin. "L’entrevue ne nous a pas été accordée, a informé Didier Bonnel. Dans son courrier du 4 février, le représentant de l’État croyait que nous étions là pour apporter notre soutien à la demande d’expulsion des Roms surnuméraires de Gardanne. Ces propos nous ont fait bondir et nous l’avons fermement détrompé dans notre réponse."

Christine Lucas


Communiqué (Exposé des motifs)

Collectif Roms de Gardanne et communes voisines
contact chez coll-roms-gardanne.org

Conférence de Presse du mardi 5 février à 11 heures
Sous-Préfecture - 24 rue Mignet - Aix-en-Provence

Début septembre dernier, le Maire de Gardanne a accepté d’accueillir sur le territoire de la Commune 11 familles Roms, représentant 62 personnes. Cet accueil s’est fait sur le « carreau » d’un ancien puits de mine, le « Puits Z », que le Maire avait préalablement fait sécuriser en urgence, et sur lequel les familles disposent du minimum décent : eau et électricité. Des « habitats mobiles » (caravanes et mobile-homes) ont plus tard été installés, grâce au concours de la Fondation Abbé Pierre.

Le Maire de Gardanne, faisant ainsi preuve d’une humanité et d’un courage politique demeurés à ce jour uniques dans le département des Bouches du Rhône, a dès ce moment indiqué clairement que le nombre de familles accueillies serait limité, même s’il a par la suite accepté d’accueillir quelques personnes supplémentaires étroitement liées aux précédentes, portant cet effectif à 80 personnes environ.

Dès l’automne, de nombreuses associations, dont celles qui étaient à l’origine de la demande d’accueil adressée au Maire de Gardanne, se sont constituées en collectif, et ont entrepris un considérable et constant travail avec les familles du Puits Z : alphabétisation et scolarisation des enfants, suivi sanitaire et social, aide matérielle (vêtements, nutrition), ...

Tout ceci s’est fait en liaison étroite et en parfaite intelligence avec les services de la Mairie (CCAS, Police Municipale, Service Jeunesse), de l’Éducation Nationale (dont les membres ont accompli un travail exemplaire), des structures hospitalières et services médico-sociaux des environs, et de divers organismes caritatifs qui ont tous pris une part importante à ces actions.

Des personnes surnuméraires ont afflué au Puits Z, modestement d’abord, puis de façon plus importante récemment, suite à diverses « évacuations » sans solutions opérées dans le département, en des lieux très proches ou un peu plus lointains. Face à cette situation qu’il considérait comme « ingérable », le Maire de Gardanne a entamé une procédure en référé auprès du TGI d’Aix en Provence, lequel a rendu le 29 janvier une ordonnance accordant aux familles concernées, pour quitter le Puits Z, un délai de deux mois.

Puis, devant cette ordonnance du Tribunal, le Maire a pris le 31 janvier un arrêté municipal enjoignant aux familles Roms « surnuméraires » de quitter les lieux sous 24 heures, avec recours à la force publique si nécessaire. La Gendarmerie Nationale et la Police Municipale se sont rendues au Puits Z le 1er février pour appuyer cette injonction et, sans doute, en préparer l’exécution.

Le Collectif Roms de Gardanne n’a jamais contesté sur le fond ni le courage du Maire de Gardanne, ni la légitimité de sa volonté, clairement affichée dès le début, de limiter le nombre de personnes accueillies à Gardanne.
Le Collectif, cependant, ne peut accepter que ne soit pas appliqué en l’occurrence le principe « Pas d’expulsions sans solutions », selon une formule du candidat Hollande, aujourd’hui Président de la République.

Cette formule semble très clairement validée dans son principe général, mais aussi de façon circonstanciée, par la circulaire interministérielle du 26 août 2012 qui stipule notamment dans ses titres 2 et 3 que doivent être opéré un « diagnostic », comme le « repérage des personnes fragiles (personnes malades, jeunes enfants) » et prises des mesures telles que « préalablement à l’évacuation, le recours à l’hébergement d’urgence », « l’aménagement d’un site d’accueil provisoire » etc.

Nous rappelons en outre que, dans sa décision rendue publique le 21 janvier 2013, le Comité Européen des Droits Sociaux (CEDS) du Conseil de l’Europe condamne fermement la France, et pour la quatrième fois, pour « violations manifestes de droits et d’accès aux droits des populations Roms ». Le gouvernement français et plus largement toutes les autorités concernées devraient donc enfin prendre des mesures concrètes et effectives pour lutter contre l’exclusion sociale des Roms et leur garantir les mêmes droits qu’à tous.

Dès la fin du mois de novembre, le Collectif Roms de Gardanne s’est adressé aux Maires de 25 communes environnantes et à divers élus locaux et nationaux, dans l’espoir que des solutions soient trouvées. Le Collectif a réitéré sa démarche avec plus d’insistance début janvier, s’adressant aux mêmes, puis à nouveau il y a quelques jours, s’adressant également au Préfet de Région et au Sous-Préfet d’Aix. Les très rares réponses que le Collectif a reçues à ce jour étaient hors sujet.

Est-il besoin de rappeler que si quelques communes des Bouches-du-Rhône acceptaient d’accueillir sur leur territoire ne serait-ce que quelques personnes, une famille, ce qui ne nécessite pas de bien grands moyens, le « problème » ne se poserait plus ?

Les familles concernées vont-elles se retrouver expulsées, comme c’est le cas général, errant dans des conditions de dénuement extrême de lieu précaire en trottoir d’où elles se feront « éjecter » sans sommation, à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, avec peut-être les violences auxquelles nous n’avons que trop souvent assisté impuissants ?

Nous avons tenté d’attirer l’attention du Préfet sur ce qui pourrait découler d’une expulsion intervenant dans d’aussi brefs délais, particulièrement en ce qui concerne l’accompagnement sanitaire d’un certain nombre de personnes, notamment enfants en bas âge, dont certains présentant des pathologies graves, et que notre collectif a pris en charge en les accompagnant régulièrement dans les structures hospitalières d’Aix et de Marseille où ils sont suivis.

Tout le travail concernant la scolarisation des enfants, que nous avons effectué depuis des mois, chaque semaine au puits Z, se retrouverait ainsi, également, totalement annihilé.

C’est pourquoi le Collectif Roms de Gardanne interpelle une fois de plus les autorités de la République, et plus largement l’ensemble des pouvoirs publics, des collectivités locales à l’Union Européenne, pour que soit mis fin
- à des discriminations d’ordre racial et culturel,
- à des situations de misère indigne et sans issue,
- à des traitements humainement inacceptables
et que soient enfin appliqués aux Roms les principes relevant « du droit commun », notion fondamentale en démocratie, et de l’égalité républicaine, particulièrement s’agissant de ressortissants de l’Union Européenne.

Quelles solutions l’État a-t-il prévues pour l’accueil des familles qui vont quitter le Puits Z de Gardanne et, plus généralement, des populations Roms expulsées de divers lieux du département ? Quand l’État se décidera-t-il à proposer des solutions pérennes à un problème qui, pour l’essentiel, est de son ressort ?

Le Collectif demandera une entrevue à Monsieur le Sous-Préfet d’Aix en Provence, et lui remettra à cette occasion un nouveau courrier.

Gardanne, le 3 février 2013


Le Collectif Roms de Gardanne et communes voisines, auquel se joignent de nombreuses associations (*) vous convie à une conférence de Presse qui aura lieu le

mardi 5 février à 11 heures,

devant la sous-préfecture d’Aix-en-Provence, 24 rue Mignet

Les raisons de cet appel à la Presse, et aux citoyen-nes et associations qui œuvrent depuis longtemps dans le champ des droits de l’homme, de la justice sociale et de l’aide aux populations déshéritées, sont explicitées dans le document joint. [voir le communiqué exposé des motifs ci-dessus]

Nous vous remercions par avance de bien vouloir porter à la connaissance de tous, aussi largement que possible, les raisons de ce rendez-vous auquel nous espérons que vous participerez nombreux.

Gardanne, le 3 février 2013

(*) Ces associations sont notamment :

Aix-Solidarité, ATTAC, CADDRIS, CCFD-Terre Solidaire, CIMADE, Collectif Solidarité Roms 13, LDH, MRAP, Rencontres Tsiganes, Secours Populaire, ...


Revue de presse :

Cliquez sur le document pour l’agrandir :

La Provence Gardanne 31 janvier 2013
la Provence 29/31 janvier 2013
RomsMigrants Gardanne_31janvier2013_LaMarseillaise

Intervention de Jean-Pierre Cavalié lors de la conférence sur les roms, à Gardanne, le 29 janvier 2013.

http://www.youtube.com/watch ?v=ATv...

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La Provence Gardanne 31 janvier 2013 la Provence 29/31 janvier 2013 RomsMigrants Gardanne_31janvier2013_LaMarseillaise
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