25 mars 2013
L’Opération Chimère, ou Birunga, a lieu du 22 février au 28 mars 1993. Les forces spéciales françaises sont alors en opération au Rwanda : l’armée française accompagne et encadre les FAR [1] dans la guerre contre le FPR [2].
Quelques mois plus tôt, le COS (Commandement des Opérations Spéciales) avait été institué sur simple décret, en ne le faisant dépendre que du président de la République et du chef d’état-major des armées. Et pas du gouvernement.
Mars 93 - La France encadre une guerre au Rwanda.
Plusieurs années après, en 1998, les députés écriront dans le rapport de la mission d’information parlementaire sur le Rwanda que « la présence militaire française au Rwanda a franchi un cap qu’elle n’aurait pas dû passer. » Les députés constaterons rien de moins que : « D’après les documents recueillis par la Mission, l’objectif du détachement était d’encadrer indirectement une armée d’environ 20 000 hommes et de la commander indirectement. »
Les députés précisent : « [La France] a, de façon continue, participé à l’élaboration des plans de bataille, dispensé des conseils à l’état-major et aux commandements de secteurs, proposant des restructurations et des nouvelles tactiques. […] Elle a enseigné les techniques de piégeage et de minage, suggérant pour cela les emplacements les plus appropriés. »
Comme l’a écrit le journaliste Jean-Dominique Merchet, ce dernier élément revient à dire que des mines antipersonnel ont été posées au Rwanda sous la responsabilité de militaires français, alors même que l’armée jurait qu’elle n’en utilisait plus depuis les opérations au Liban.
Mars 93 - La France encadre une guerre au Rwanda. Mais les Français ne le savent pas.
Le général Tauzin qui a commandé l’opération Chimère (appelée également Birunga) expliquera des années plus tard que seules cinq personnes sont alors au courant du déclenchement de ces opérations : le président de la République, son chef d’état-major particulier, le chef d’état-major des armées, le chef du COA (centre opérationnel des armées) et lui-même.
Les Français, et même le parlement, sont tenus dans l’ignorance.
L’objectif de cette guerre secrète au Rwanda en février et mars 1993 était de soutenir le régime ethniste d’Habyaramina contre le FPR, alors même que les officiels français savaient que le régime des extrémistes hutu commettait des massacres à caractère génocidaire. Un soutien secret aux extrémistes qui voulaient éradiquer les Tutsi. En notre nom.
[1] Forces Armées Rwandaises, qui commettront le génocide des Tutsi l’année suivante
[2] Front Patriotique Rwandais
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