Une tribune pour les luttes

Communiqué de la Coordination Française de la Marche Mondiale des Femmes

Liberté pour Amina, Marguerite, Paulina et Josephine !
Liberté d’expression !

Article mis en ligne le jeudi 6 juin 2013

Le 30 mai, Amina Sbouï, condamnée à 150 euros d’amendes pour port illégal d’un aérosol lacrymogène, a été maintenu en prison dans l’attente d’un nouveau procès pour « atteinte aux bonnes moeurs et profanation de cimetière  », délits passibles de six mois et deux ans de détention.

Le 5 juin, le procès des militantes des Femen pour «  outrage publlic à la pudeur et atteinte aux bonnes mœurs  » s’est terminé par un report le 12 juin et le refus de leur mise en liberté conditionnelle. Ce renvoi est, en quelque sorte, une réponse positive aux demandes des salafistes de se porter partie civile.

Nous, militantes de la Marche Mondiale France, condamnons le maintien en prison de ces 4 activistes du mouvement Femen et l’aggravation des chefs d’accusation, porte ouverte à des peines beaucoup plus lourdes.

Manifester pacifiquement pour une cause, celle des droits des femmes tunisiennes en l’occurrence, ne peut en aucun cas conduire en prison.

Nous demandons donc leur libération immédiate et leur exprimons notre solidarité dans ces moments très difficiles.

Amina devait poursuivre ses études en France. Nous demandons au gouvernement français, à Laurent Fabius et à Najat Vallaud Belkacem de faire en sorte qu’elle le puisse et d’œuvrer à la libération des 4 Femen.

Paris le 5 juin 2013


Tunis : le procès des trois militantes Femen reporté au 12 juin – AFP - 5 juin 2013

Dans l’intervalle, les trois femmes, une Allemande et deux Françaises, restent en détention. Parallèlement, deux autres femmes accusées d’appartenir au mouvement, une Biélorusse et une Ukrainienne, ont été expulsées du pays.

Le procès des trois militantes européennes de Femen ayant manifesté seins nus à Tunis a été reporté ce mercredi au 12 jui. D’ici là, les accusées resteront en détention, selon leurs avocats. La suite du procès « est reportée au 12 juin, la demande de liberté conditionnelle pour les trois Femen a été refusée », a indiqué Me Souheib Bahri. Le juge a renvoyé le procès afin de pouvoir trancher à cette date sur la demande de plusieurs associations islamistes qui veulent se constituer partie civile.

Me Patrick Klugman, venu de Paris pour représenter le mouvement et les familles des trois accusées, a dénoncé cette décision. « Le tribunal, sans même donner la parole aux Femen, a donné raison sur toute la ligne aux associations salafistes qui ne sont même pas partie dans ce procès », a dénoncé Me Klugman. « Nous étions venus depuis Paris pour observer ce procès. Ce procès n’a pas eu lieu, justice n’a pas été rendue puisqu’elles n’ont pas été libérées et n’ont même pas été entendues », a-t-il martelé.

Dans la matinée, le juge Karim Chebbi avait prononcé une interruption après que des avocats d’associations, notamment islamiste,s ont demandé à être parties civiles.

Une petite foule de quelques dizaines de personnes s’était rassemblée devant le palais de justice de Tunis où sont jugées deux Françaises, Pauline Hillier et Marguerite Stern, et l’Allemande Josephine Markmann, pour exprimer leur colère contre Femen. Vers 10h30, les trois jeunes femmes sont entrées dans la salle d’audience habillées du safsari, un voile traditionnel tunisien qui recouvre la femme de la tête aux pieds.

Maître Patrick Klugman, venu de France pour représenter les Femen et les familles des militantes, a indiqué avoir été autorisé à plaider, « un bon signe », et se disait optimiste, le parquet ayant décidé de fonder son accusation sur la notion de « débauche » et non sur l’atteinte aux bonnes mœurs. Ce délit reste passible de six mois ferme.

« On reproche aux Femen d’avoir commis un acte de débauche or l’infraction n’est pas constituée ni matériellement ni intellectuellement. Leur corps n’est pas un objet d’exhibition pour séduire mais un message politique (...) qui est contraire à la débauche », a-t-il expliqué à l’AFP. « Si on raisonne juridiquement, en aucun cas le tribunal, en respectant la loi, ne peut les condamner », a-t-il ajouté, assurant être aussi venu défendre « la liberté d’expression des femmes, des Femen et leur message ». « Nous allons demander qu’on écoute ces Femen au lieu de les regarder », a conclu Me Klugman.

Deux expulsions

Les militantes jugées avaient mené la première action seins nus de Femen du monde arabe le 29 mai en soutien à Amina Sbouï, une activiste tunisienne détenue depuis le 19 mai et qui doit être entendue par un juge d’instruction mercredi dans le cadre de poursuites pour atteinte aux bonnes mœurs et profanation de sépulture.

Le tribunal de Kairouan (centre) où l’interrogatoire est prévu était sous surveillance policière dans la matinée, selon un photographe de l’AFP, de peur de débordements, Amina ayant été arrêtée après avoir peint « FEMEN » sur un muret mitoyen d’un cimetière musulman pour dénoncer un rassemblement de la mouvance salafiste. Le contenu de cette audition ne devrait pas être rendu public en raison du secret de l’instruction.

Parallèlement, le ministère tunisien de l’Intérieur a expulsé une ukrainienne et bélarusse accusées d’appartenir au mouvement Femen, car elles s’apprêtaient à protester seins nus. Or, le groupe féministe a indiqué ne pas connaître ces femmes. « Une Ukrainienne appartenant au mouvement Femen ainsi qu’une Bélarusse ont été renvoyées (du pays) le 4 juin ainsi qu’une autre Ukrainienne le 5 juin », a indiqué le ministère dans un communiqué. « La mesure a été prise suite à l’obtention d’une information sûre selon laquelle elles s’apprêtaient à mener dévêtues une protestation devant le palais de Justice de Tunis », a-t-il indiqué.

Femen, contacté par l’AFP, a indiqué qu’une de ses dirigeantes, Alexandra Shevchenko a bien été expulsée mardi mais que les deux autres femmes mentionnées n’ont rien à voir avec le mouvement.

Ennahda n’a fait aucun commentaire sur l’offensive Femen bien qu’il en soit la cible première. Ce parti se défend régulièrement de vouloir s’attaquer aux acquis des Tunisiennes, car si la législation ne garantit pas l’égalité des sexes en Tunisie, les femmes disposent du statut le plus libéral du monde arabe depuis les années 1950. La dernière ébauche du projet de Constitution stipule que « tous les citoyens et citoyennes ont les mêmes droits et devoirs ».


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