Une tribune pour les luttes

CHIAPAS : Bulletin sur les mobilisations et nouvelles des prisonnier-e-s de la Sexta

Mois de mai-juin,2013.

Article mis en ligne le mercredi 12 juin 2013

Ces dernières semaines nombreuses ont été les lettres, communiqués,
articles et dénonciations des compagnons et compagnes qui résistent à
l’enfermement et à la répression et continuent depuis leurs espaces de
lutte à résister face à la montée répressive de l’État Mexicain contre
toute forme contestation sociale.

1. San Sebastián Bachajón, Chiapas :

À seulement un mois et demi du lâche assassinat du compagnon Juan Vázquez
Guzmán, membre actif du terrain communal de San Sebastián Bachajón
appartenant à l’Autre Campagne, aujourd’hui la Sexta, les compagnons de
Bachajón ont lancé plusieurs appels dénonçant les agressions et les
pillages systématiques qu’ils subissent de la part des trois niveaux du
gouvernement, « les grands délinquants » comme les compagnons de Bachajon
les décrivent : Enrique Peña Nieto, Manuel Velasco Coello et Leonardo
Guirao Aguilar.

« Ces gouvernements corrompus nous expulsent de nos terres et territoires
indigènes afin de mener à bien leurs projets transnationaux et continuent
à s’enrichir sur notre souffrance. Ils disent que leurs projets favorisent
la création d’emplois et la sortie de la pauvreté, mais en réalité le seul
intérêt qu’ils poursuivent est d’exproprier nos terres et nous rendre
esclaves. C’est eux, les gouvernements corrompus qui ont fait assassiner
lâchement notre compagnon de lutte Juan Vázquez Guzmán, le 24 avril 2013
 »
(1)

Le mauvais gouvernement achète les autorités communautaires inconscientes
qui se laissent vendre pour quelques pesos en voyant uniquement leurs
intérêts personnels. Cependant une autorité qui gouverne sans obéir à son
peuple et sans le défendre n’est pas une autorité, elle n’a simplement
aucune légitimité et c’est pour cette raison là que le peuple lui-même a
le droit de défendre ce qui de droit lui appartient -signalent les membres
des terres communales de Bachajon adhérents à la Sexta.

Dans toute cette région les autorités officialistes sont manipulées par le
gouvernement permettant ainsi et plus facilement le pillage et l’expulsion
des terres communales. Ce sont eux les officialistes qui permettent la
militarisation de la zone et la présence de la police étatique préventive
sur ce territoire à fin de continuer à bénéficier de l’enrichissement
personnel « ce sont eux qui ont signé des documents avec le gouvernement
pour la remise de nos terres sans consulter la plus haute représentation
qui est l’assemblée générale communautaire. Ce sont eux qui sont libres,
récompensés et protégés par le mauvais gouvernement. Mais nous les
indigènes qui nous battons pour notre territoire, nous sommes torturés et
punis par l’enfermement en prison, condamnés à de lourdes peines comme
c’est le cas d’Antonio Estrada Estrada, Miguel Vázquez Deara et Miguel
Demeza Jiménez
 ». (2)

Les trois compagnons luttaient pour leurs droits légitimes au territoire
depuis 2008, et se trouvent aujourd’hui enfermés pour avoir fait face à la
stratégie du gouvernement qui veut les dépouiller de leur terre où se
trouvent les Cascades d’Agua Azul pour le futur méga-projet touristique
CIPP-CAA -Centre Intégralement Planifié – Cascades d’Agua Azul. Les
compagnons organisés du terrain communal de Bachajon n’ont pas cessé de
dénoncer depuis des années la persécution politique et le pillage de leur
terres. Aujourd’hui on assiste à une nouvelle vague de répression comme
celle qui s’est abattu sur Bachajon le 2 février 2011 quand de manière
violente les autorités officielles, des policiers fédéraux, étatiques et
des éléments de l’armée fédérale ont expulsé les compagnons en résistance
qui avaient décidé de gérer eux-mêmes le guichet d’entrée des Cascades de
Agua Azul construit pour le bénéfice collectif du terrain communal. Bilan
de cette répression : 117 personnes furent détenues de manière arbitraire.

Face à cet arbitraire les compagnons du terrain communal de Bachajon en
résistance ont présenté légalement un recours contre le pillage de leur
territoire (recours 274/2011), recours qui a été refusé le 30 janvier 2013
par un juge du 7e district de Tuxtla Gutiérrez, Chiapas, or le 16 mai 2013
le 3e tribunal de Tuxtla a annulé l’ordre du 7e district dû au fait qu’il
s’est avérée illégale et a ordonné la révision de la procédure.

Les compagnon-e-s de Bachajon en résistance déclarent dans leur dernier
communiqué émis le 6 juin 2013 que, malgré l’assassinat de leur compagnon
Juan Vázquez Guzmán, malgré les pièges juridiques, les harcèlements
constantes et les intimidations systématiques, la lutte continuera pour la
défense de leur territoire «  nous n’allons pas nous taire comme le
mauvais gouvernement le souhaite, Juan Vázquez Guzmán vive, la lucha de
Bachajón sigue !
 » (3)

Les compagnons exigent également la libération d’Antonio Estrada Estrada ,
Miguel Vázquez Deara, Miguel Demeza Jimenez, celle d’Alberto Patishtan et
Rosario Díaz Méndez de l’organisation de la Voix de l’Amate, celle des
prisonniers de l’organisation de solidaires de la voix de l’Amate, ainsi
que la libération de tous et toutes les prisonnières politiques au Mexique
et dans le monde, et finissent leur communiqué par le slogan : A bas les
murs de toutes les prisons !

Solidairement, un appel a été lancé par des organisations nationales et
internationales telles que le Groupe de Solidarité avec le Chiapas de
Dorset, le comité de la parole véritable de Calcuta, Inde et du Mouvement
Justice pour le quartier de New- York à participer à la semaine d’action
globale : Juan Vázquez Guzmán Vive, la lucha de Bachajón Sigue !” du 25
juin au 2 juillet 2013. (4)


2. Nouvelles du professeur Patishtán :

Après avoir appris le 6 mars 2013 que les magistrats de la Première
Chambre de la Cour Suprême de Justice avaient refusé que le plus haut
tribunal puisse considérer son cas, prétendant que celui-ci ne présentait
pas d’éléments suffisants pour mériter leur attention. Une réponse forte
et solidaire s’est répandue au Mexique et ailleurs. Or, la Cour Suprême de
Justice de la Nation Mexicaine ne s’attendait pas à la réaction sociale
qu’a soulevée sa réponse négative concernant la révision du cas de
Patishtán. Dans l’attente d’une solution juridique, la pression s’exerce à
un autre niveau, par la voie de la solidarité au travers de
manifestations, événements, actions, piquets de protestation, émissions
radio, lettres de soutien, dénonciations auprès des instances consulaires,
etc.

Le 19 juin le professeur Patishtán aura passé 13 longues années
d’enfermement et d’arbitraire, c’est pour cette raison que sa famille et
son village de «  El Bosque  » ainsi que diverses organisations solidaires
lancent un appel à la mobilisation nationale et internationale, campagne
intitulée « Pour la Justice et la #LibertadPatishtan » du 4 mai au 19 juin
2013.

Cette campagne a pour but de diffuser la nouvelle vidéo intitulée « Vivre
ou mourir pour la justice et la liberté
 » sur la lutte et l’enfermement de
Patishtán ; envoyer des lettres aux magistrats responsables de la révision
de son cas, un blog a été conçu pour signer en ligne la pétition pour sa
libération sur :
http://www.redtdt.org.mx/d_acciones/d_visual.php?id_accion=262

Pour plus d’information su cette campagne et sur les événements à suivre
vous pouvez consulter le site d’Alberto Patishtán :
http://albertopatishtan.blogspot.mx/2013/05/convocatoria-por-la-justicia-y-la.html


3. Nouvelles de Rosario Diaz Mendez :

Rosario Díaz Méndez fait partie avec Alberto Patishtán de ce qui reste de
l’organisation de prisonniers de «  la Voix de l’Amate  ». Comme pour le
professeur tzotzil Patishtán, son dossier est rempli d’irrégularités et de
mensonges. Il s’agit d’une vengeance politique, parce que tant Alberto que
Rosario ont toujours mené une lutte pour la reconnaissance de leurs droits
humains et contesté les méthodes de surveillance comme les traitements
dégradants à l’intérieur de la prison, mais surtout parce qu’ils ont
élargi le mouvement de protestation en y incorporant d’autres prisonniers
également convaincus et engagés. Nous venons de recevoir ce 6 juin 2013,
la nouvelle de sa condamnation à 20 ans de prison fermée pour le délit
d’enlèvement.

Rosario est toujours dans l’attente concernant un deuxième procès pour
homicide dont la sentence devrait être prononcée prochainement. C’est
pourquoi les compagnons du groupe de soutien aux prisonniers « No Estamos Todxs  » collecte actuellement des signatures d’organisations et
d’individus pour demander la libération immédiate de Rosario. Vous pouvez
envoyer vos signatures à : noestamostodxs chez riseup.net

Par les trois passants

Pour plus d’informations sur les prisonnier-e-s de la Sexta :
http://liberonsles.wordpress.com/


Sources :
(1,2) Denuncia del Ejido San Sebastían Bachajón por las injusticias y
despojos realizados por el mal gobierno, 28 mai, 2013 sur Enlace
Zapatista.
(3) Communiqué de l’Ejido San Sebastian Bachajon, adhérentes à la sexta,
Chiapas, 6 juin 2013, reçu par mail de la part du Réseau contre la
Répression et pour la solidarité.
(4) Plusieurs sources dont un blog dédié à cette campagne sur
https://vivabachajon.wordpress.com/

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