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UJFP

La ville la plus libérale d’Israël crée des écoles maternelles séparées racialement

Lisa Goldamn – The Daily Beast

Article mis en ligne le mercredi 4 septembre 2013

http://ujfp.org/spip.php?article2865

vendredi 30 août 2013

Quand les enfants de Tel Aviv sud retourneront à l’école mardi, ils seront dirigés vers des centres différents selon leur race. Les enfants des demandeurs d’asile d’Afrique sub-saharienne iront dans leurs écoles maternelles, et les autres enfants iront dans les leurs.

Depuis cette année, la municipalité de la ville la plus libérale d’Israël a décidé que de séparer les enfants de trois à six ans, bien qu’égaux, était la voie à suivre en 2013.

Selon un article publié par Ynet (en hébreu), la ville a construit de nouvelles écoles maternelles pour les enfants noirs après que des résidents israéliens juifs du centre-ville ont menacé de garder leurs enfants à la maison plutôt que de les laisser apprendre à compter, à peindre avec les doigts et à jouer à la balançoire aux côtés de leurs camarades venant d’Érythrée et du Soudan.

Les quartiers sud de Tel Aviv de Shapira et Hatikvah ont été pendant des décennies l’une des deux zones les plus délaissées de la ville (l’autre étant le sud de Jaffa). Accueillant une population de juifs mizrahi (juifs d’Orient) à revenus principalement faibles, ces quartiers souffrent des problèmes qui harcèlent les zones à faibles revenus – surpopulation, habitat de mauvaise qualité et insuffisance d’infrastructures. Ces dernières années, de nouveaux arrivants s’y sont installés, plus particulièrement des travailleurs étrangers venant des Philippines. Plus récemment, des demandeurs d’asile du Soudan et d’Érythrée sont arrivés dans ces quartiers économiquement en déclin. Les tensions entre les résidents juifs anciennement installés et les demandeurs d’asile africains ont été fortes pendant un certain temps, en partie à cause de l’incitation de certains membres de droite à la Knesset et de certains rabbins, ces derniers déconseillant à leurs partisans de louer des appartements à des non juifs. L’année dernière, la tension qui montait a explosé en émeutes raciales. Des foules de résidents juifs en colère ont fracassé des voitures et des magasins appartenant à des Noirs, les frappant et les terrorisant.

Il y a environ 65 000 demandeurs d’asile africains répartis dans tout Israël, avec un nombre important concentré dans le sud de Tel Aviv.

Les résidents juifs de Tel Aviv sud rejettent avec colère l’accusation de racisme. Ils soulignent que l’infrastructure et les équipements dans leurs quartiers pauvres sont déjà surchargés. Si les résidents des parties libérales, aisées de la ville devaient partager leurs immeubles d’habitation et leurs écoles avec des demandeurs d’asile paupérisés d’Afrique, disent les juifs de Tel Aviv sud, ils se rebelleraient aussi.

Là, ils pourraient avoir raison. L’année dernière, certains parents de la zone prospère et bien cotée de Sheinkin, dans le centre de Tel Aviv, se sont opposés à la venue de 35 enfants noirs pour une fête d’Hanouka commune, dans une école maternelle locale. Selon un article d’Ynet (en anglais), un groupe de parents avait lancé une chaîne de courriels racistes, prétendant qu’il leur fallait savoir si les enfants africains étaient immunisés afin de « protéger » leurs propres enfants.

Et donc nous avons des représentants de la ville qui la vendent comme un paradis pour homosexuel-les et libéraux de tous types adoptant le concept d’écoles maternelles séparées, le présentant comme un système favorable, tant pour les nouveaux arrivants africains que pour les résidents anciens.

«  Nous comprenons ce qu’il se passe dans le sud de la ville » a déclaré à Ynet un représentant de la ville, non identifié. « Et ainsi nous n’avons eu aucun autre choix, nous avons dû prendre cette mesure. Les résidents ne sont pas intéressés pour étudier avec les étrangers, alors c’était la seule option qui nous restait ».

D’après l’article, les écoles ségrégatives n’existent que pour les enfants des demandeurs d’asile sub-saharien. Les enfants non juifs des autres régions, comme l’Asie du Sud-Est et l’Europe, continueront de fréquenter les écoles maternelles municipales «  juives ». On peut supposer que les enfants juifs éthiopiens qui sont allés tout au long dans les écoles mixtes pourront continuer d’y aller.

Une activiste israélienne qui travaille pour le compte des enfants des demandeurs d’asile suggère que la municipalité a pu mettre en place ces écoles maternelles ségrégatives afin de fournir à ces enfants un enseignement particulier supplémentaire, de les aider à préparer l’école élémentaire. Et elle ajoute, d’un air dubitatif, qu’elle espère que c’est bien là la motivation. Mais les résidents cités dans l’article semblent plutôt convaincus que la municipalité a répondu à leurs exigences de séparer les enfants africains des leurs.

Yoav Goldring, membre du conseil municipal de la ville libérale pour tous, a déclaré à Ynet qu’il était déconcerté par la décision de la municipalité de construire des écoles maternelles séparées racialement, au lieu de simplement construire plus d’écoles pour tous. «  Au lieu de résoudre les problèmes existant dans le quartier, de surpopulation et de manque d’infrastructures, la municipalité a satisfait à l’atmosphère régnante de ségrégation raciale. » Goldring d’ajouter qu’il avait l’intention de saisir le ministère de l’Éducation pour qu’il se penche sur cette question.

La ségrégation est en réalité illégale en Israël, mais la loi ne s’imposera pas à moins que quelqu’un ne mène la municipalité de Tel Aviv et le ministère de l’Éducation devant les tribunaux. Étant donné le climat de racisme à l’état brut dirigé contre les Africains, avec des présentateurs radios allant jusqu’à utiliser nonchalamment le terme d’ « infiltrés » au lieu de réfugiés, ou de demandeurs d’asile, il est fort possible que personne ne pensera que ces faits scandaleux vaillent une procédure.

23 août 2013 - traduction : Info-Palestine/JPP

http://www.thedailybeast.com/articles/2013/08/23/the-banality-of-racism-in-israel-s-most-liberal-city.html

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