Une tribune pour les luttes

Des réfugiés syriens en grève de la faim bloquent l’accès des piétons au terminal ferry de Calais.

+ Communiqué du Secours catholique : Accueil des réfugiés syriens : à Calais, il faut agir ! avec l’appel des réfugiés.

Article mis en ligne le jeudi 3 octobre 2013


Communiqué du Secours catholique .

Accueil des réfugiés syriens : à Calais, il faut agir !

03/10/2013

À Calais, une cinquantaine de réfugiés syriens vivent dans des conditions extrêmement précaires dans l’attente d’un hypothétique passage vers l’Angleterre. Le Secours Catholique est solidaire de leur appel aux autorités françaises et anglaises pour être traités dans la dignité et le respect de leurs droits.

Le 11 septembre dernier, sept associations nationales de solidarité interpelaient le président de la République afin que la France “prenne sa part” dans l’accueil de réfugiés syriens. Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères annonçait que la France préparait des mesures pour un tel accueil. Trois semaines plus tard, aucune décision concrète ne semble avoir été prise.

À Calais, depuis des semaines, des dizaines de réfugiés syriens sont maltraités, chassés de leurs abris de fortune et privés de toute protection de la part des pouvoirs publics. Certains ont même reçu une obligation de quitter le territoire français de la part de la préfecture.

Lassés, épuisés, ils ont décidé hier, le 2 octobre, de lancer un appel aux autorités françaises et anglaises. Le Secours Catholique, présent par ses équipes auprès de ces personnes au port de Calais, reprend cet appel et demande au gouvernement de leur répondre concrètement dans les plus brefs délais. La façon dont ces personnes sont traitées par les autorités est indigne. Après les annonces, il faut désormais des actes concrets !

L’appel des réfugiés syriens à Calais

Nous sommes ici depuis maintenant un ou deux mois. Le gouvernement français et la police nous ont très mal traités et n’ont montré aucun intérêt pour notre situation. Ils nous ont systématiquement expulsés de nos maisons pour nous mettre à la rue. À chaque fois que nous trouvons un endroit où rester, la police vient et nous arrête, détruisant nos effets personnels et fermant le lieu.

Il n’y a pas d’endroit sécurisé où nous pouvons trouver refuge à Calais, nous sommes juste ici pour une chose et c’est demander l’asile en Angleterre. Beaucoup d’entre nous ont de la famille et des amis là-bas que nous aimerions voir et avec qui nous désirerions vivre. Il y a aussi une forte communauté syrienne en Angleterre, plus forte qu’en France.

Nous sommes maintenant en train de manifester dans le port de Calais, et nous ne partirons pas avant qu’ils nous laissent passer en Angleterre. Nous exigeons qu’une personne de l’ "UK home office" vienne nous parler et étudie notre situation. Nous avons le droit de demander l’asile en Angleterre, mais comment arriver là-bas ? Il n’y a pas de moyen légal de traverser.

Nous sommes environ 65 syriens au port en ce moment, avec nos familles, des femmes âgées, des mères, des enfants, le plus jeune ayant trois ans, des amis, et plus de 50 agents de police.

Nous avons le droit de mener une vie paisible et nous avons malheureusement une guerre en Syrie. Nous avons besoin d’aide rapidement. Nous recherchons la sécurité et un refuge en Europe, mais nous ne l’avons pas encore trouvé et nous espérons le rencontrer en Angleterre.


« Soit on meurt ici, soit on passe en Angleterre » : environ 60 migrants syriens, dont 40 en grève de la faim, occupent depuis mercredi après-midi une passerelle du terminal ferry de Calais, déterminés à y rester jusqu’à leur arrivée en Grande-Bretagne où ils souhaitent demander l’asile.

« Take us to U.K. » (« Conduisez-nous au Royaume-Uni »), « We want to talk to David Cameron » (« Nous voulons parler à David Cameron », le Premier ministre britannique, ndlr), ont inscrit les manifestants sur des petites pancartes en carton, apposées à la passerelle piétonne d’accès à la gare maritime. C’est de cette situation bien en vue qu’ils ont décidé d’interpeller les autorités britanniques et françaises, sans perturber le trafic transmanche. Pour les protéger du froid, des associations comme Médecins du monde et le Secours catholique leur ont fourni un « soutien logistique », des couvertures et des sacs de couchage dans un premier temps.

Assis ou allongés par petits groupes, des bidons d’eau près d’eux, les hommes, tous en grève de la faim, se passent des cigarettes et montrent sur leurs téléphones portables des vidéos de la Syrie en guerre aux journalistes présents. Arrivés en moyenne il y a un mois à Calais, ils ont fui leur pays en guerre, espérant trouver en France « la paix » mais ne l’ont « pas vue », explique l’un d’eux.

« On pensait que la France était le pays des droits de l’Homme. (...) Mais on vit dehors comme des chiens, on est pourchassé par la police, on voit qu’on n’est pas les bienvenus, alors comment songer faire une demande d’asile ici ? », témoigne Tarik, Syrien de 19 ans originaire de Deraa, près de la frontière avec la Jordanie.

« Soit on meurt ici, sur cette passerelle, soit on passe en Angleterre », lance l’ancien étudiant en ingénierie, arrivé à Calais il y a « un mois et cinq jours », après avoir fui la Syrie pour ne pas y faire « le service militaire de force ». En Grande-Bretagne, Tarik est persuadé de trouver « plus d’humanité » et pouvoir faire venir sa mère et ses petits frères restés en Egypte grâce au regroupement familial. « Notre choix à tous est d’aller en Angleterre car la procédure d’asile pour les Syriens est plus facile qu’en France ou d’autres pays européens (...). Nous resterons ici tant que nous serons debout », souligne en anglais Zakarya, 45 ans, originaire d’Alep, une couverture sur les épaules.

Derrière sa barbe de quelques jours, Ali, 38 ans, ne décolère pas. Il a déboursé 13 000 dollars pour faire le voyage de la Syrie jusqu’à la France, où « le président dit qu’il faut aider les Syriens », dit-il en arabe. « Pourquoi le président dit une chose et la police autre chose, c’est contradictoire quand même ? Ici, même les animaux sont mieux considérés que nous », s’exclame le jeune homme originaire de Damas, qui attend que sa femme et ses quatre enfants puissent le rejoindre une fois qu’il sera en Angleterre.

Assise sur un tas de couvertures au bas de la passerelle, ses filles de 3 et 8 ans à côté d’elle, Chérine, 30 ans, vêtue d’un jean et d’un gros blouson noir et coiffée d’un foulard, n’a qu’une envie : revoir son fils de 10 ans et son mari qui ont pu passer en juin en Angleterre. « Je n’ai pas vu mon fils depuis un an. Il pleure parce qu’il sait que je suis tout près. Tout ce que je veux, c’est rendre mes filles à leur père », implore la jeune femme, Palestinienne née dans un camp de réfugiés en Syrie, prête à rester sur la passerelle car « ici il n’y a pas de changement, je vis dehors avec mes deux filles ».

Source AFP


Par mail de Migreurop

Calais : une quarantaine de réfugiés syriens bloquent l’accès au terminal ferry

Publié le 02/10/2013

Par La Voix du Nord

Ce mercredi, depuis 14 h 30, une quarantaine de réfugiés de nationalité syrienne bloquent l’accès des piétons au terminal ferry de Calais.

Assis sur les escaliers du passage pour piétons, ils manifestent dans le calme, brandissant des banderoles demandant, en anglais, de les aider ou encore de parler au Premier ministre britannique, David Cameron. Ils réclament encore un arrêt des expulsions et souhaitent rencontrer des représentants du gouvernement britannique, jugeant « horribles  » leurs conditions de vie en France.

Le groupe, qui compte dans ses rangs quatre enfants et deux femmes, est encadré par plusieurs voitures de police, ainsi que des membres d’associations et collectifs, notamment d’aide aux migrants, parmi lesquels on compte les No Borders et le Secours catholique.

« Ils sont déterminés à rester là et à entamer une grève de la faim », ont souligné dans un communiqué des responsables de La Marmite aux idées, association d’aides aux migrants.

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