Une tribune pour les luttes

"un prisonnier politique expiatoire "

Georges Ibrahim Abdallah, trentième année dans les prisons françaises.

Article mis en ligne le lundi 28 octobre 2013


« Seule une mobilisation populaire fera sortir Georges Abdallah de prison. »
Publié le 28 octobre 2013
par Henda Bouhalli

Avec vidéo :
http://www.med-in-marseille.info/spip.php?article2165

« 30 ans de combat, 30 ans de résistance » scandaient les manifestants à Lannemezan, venus en nombre de Marseille , Aix, Toulon, Paris, Lille, Bordeaux, Montpellier, Perpignan, Toulouse … pour réclamer la libération immédiate de Georges Abdallah, pourtant libérable depuis 1999.

Les militants de différentes organisations d’extrême gauche notamment, ne mâchent pas leurs mots. «  C’est un acharnement. Honte à nous Français, Georges Abdallah, otage de l’Etat depuis 30 ans. » Cela s’apparente à une «  séquestration  » poursuit un membre du collectif parisien.

L’indépendance de l’Etat français n’est qu’une illusion. En effet, les différents gouvernements qui se sont succédé ont été soumis aux injonctions américaines et israéliennes qui refusent la libération du plus vieux prisonnier politique sous prétexte qu’il ne s’est pas repenti et qu’il « garde intact son combat anti-impérialiste et anti-sioniste » insiste un membre du collectif Coup pour Coup . «  Nous, collectif anti-impérialiste, affirmons que seule une mobilisation populaire fera sortir notre camarade de prison. »

Face à cet acharnement, la mobilisation prend de l’ampleur. Deux communes du Pas-de- Calais (Calonne-Ricouart et Grenay) ont fait de Georges Abdallah un citoyen d’honneur. Une quinzaine d’élus ont même écrit à François Hollande afin d’obtenir sa libération immédiate. Huit demandes de libération ont déjà été rejetées malgré les demandes renouvelées des autorités libanaises pour l’accueillir dans son pays. «  Ces refus sont d’autant plus scandaleux que, en 1985, dans le cadre de négociations menées pour la libération d’un otage français, les plus hautes autorités de la France avaient accepté qu’il soit libéré. Elles n’ont pas tenu parole  » dénoncent ces élus.

En 2004, la Cour d’appel de Pau avait accepté la demande de libération conditionnelle de ce «  prisonnier exemplaire  ». Et le 21 novembre 2012, le Tribunal d’application des peines a émis un avis favorable sous réserve qu’un arrêté d’expulsion soit signé par le ministre de l’intérieur. Manuel Valls, que l’on sait «  attaché de manière éternelle à Israël » a refusé de signer son arrêté d’expulsion. Partie civile lors de son procès, les Etats-Unis se sont systématiquement opposés à ses demandes de libération. Georges Abdallah est un «  prisonnier des Etats-Unis délocalisé en France ».

« Joseph, le frère de Georges Abdallah a déclaré : la décision des autorités françaises de ne pas libérer Georges ne nous étonne pas. Nous les militants anti-impérialistes sommes habitués à cette tyrannie que la bourgeoisie écrase ses propres valeurs et sa propre justice  ».

Condamné dans un premier temps à 4 ans de prison pour la détention d’armes et d’un «  vrai- faux  » passeport, pourtant délivré légalement par les autorités algériennes, Georges Abdallah est ensuite condamné à perpétuité et ce, sans aucune preuve. Yves Bonnet, ancien patron de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) parle d’un acharnement et avouera même avoir fabriqué des preuves. Selon lui, « cette injustice a assez duré (…) Plus rien ne justifie son incarcération. Qu’on le mette dans un avion et qu’on le renvoie chez lui, au Liban, où les autorités sont disposées à l’accueillir ».

Aujourd’hui âgé de 62 ans, Georges Abdallah est considéré comme un héros, très attendu au Liban. « Il aura vécu en prison presqu’autant d’années que dehors  », battant ainsi le triste record de Nelson Mandela.


Source : L’orient Le jour

http://www.lorientlejour.com/article/839366/les-partisans-de-georges-ibrahim-abdallah-manifestent-devant-sa-prison.html


Dernières Infos samedi 26 octobre
Les partisans de Georges Ibrahim Abdallah manifestent devant sa prison

Quelque 350 manifestants se sont rassemblés samedi devant la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) en soutien à l’ancien activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah qui vient d’y entamer sa 30e année de réclusion.

Les manifestants, issus d’une soixantaine d’organisations différentes, essentiellement d’extrême gauche, ont tenu à manifester leur solidarité sous ses fenêtres, brandissant des pancartes proclamant notamment : "la liberté, c’est maintenant" ou "30 ans ça suffit, libérez Georges".

Ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), Georges Ibrahim Abdallah avait été arrêté à Lyon en 1984 puis condamné à perpétuité pour complicité dans les assassinats, en 1982 à Paris, de deux diplomates, l’Américain Charles Robert Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov. A présent âgé de 62 ans, il a vu ses huit demandes de libération conditionnelle rejetées.

"Cette manifestation symbolise l’entrée dans sa 30e année d’incarcération. On veut lui montrer notre soutien. C’est important pour son moral. On veut lui faire entendre qu’il n’est pas tout seul", a expliqué à l’AFP Alain Pojolat, membre du "Collectif de libération de Georges Ibrahim Abdallah".
"L’État libanais veut bien accueillir Georges ; toutes les conditions étaient requises il y a quelques mois pour que l’État mette fin à ce scandale. Manuel Valls et l’Élysée ont subi des pressions de l’ambassadeur et du Sénat américains. Ils ont cédé sous ces pressions américaines et israéliennes".


Georges Ibrahim Abdallah, trentième année dans les prisons françaises.
par Alain Gresh

Avec tous les liens :
http://blog.mondediplo.net/2013-10-23-Georges-Ibrahim-Abdallah-trentieme-annee-dans-les

mercredi 23 octobre 2013,

J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises le cas de Georges Ibrahim Abdallah, notamment dans Le Monde diplomatique (avec Marina Da Silva, « Georges Ibrahim Abdallah, un prisonnier politique expiatoire », mai 2012). Il entame, demain 24 octobre 2013, sa trentième année d’incarcération. Il existe peu de prisonniers politiques qui sont, à l’heure actuelle, encore embastillés pour une si longue période, à part des Palestiniens oubliés de tous et, à ma connaissance, personne d’autre.

Son sort est tellement scandaleux que même l’ancien préfet Yves Bonnet, patron de la Direction de la sécurité du territoire (DST) de 1982 à 1985, et ex-député UDF, demande sa libération (« Le sort de Georges Ibrahim Abdallah », Sud-Ouest, 17 septembre 2013).

Un livre témoignage, Où le sang nous appelle (Le Seuil), écrit par Daniel Schneidermann et Chloé Delaume, évoque longuement le cas de Georges Ibrahim Abdallah, dont Delaume est la nièce. On trouvera, sur le site de cette dernière, un texte où elle raconte qu’elle a remis l’ouvrage à Christiane Taubira qui, avec d’autres, a son mot à dire sur le dossier (« #Sérail, famille, magie », 8 octobre 2013) :

« Mon père, mes oncles, ma famille. Le caveau de mon père, mon oncle Georges en prison. Visiter papa ça c’est fait, comment s’y prendre avec Tonton. Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné depuis 30 ans, combattant libanais dans une cellule de France. Prisonnier politique. Peut-être libéré à condition d’être expulsé immédiatement vers le Liban, dès sa sortie. Il suffirait pour ça que Manuel Valls signe l’arrêté. A quoi bon froisser l’ambassade américaine, indisposer l’Etat d’Israël pour ce détenu. Georges Ibrahim Abdallah, marxiste, cause palestinienne, des fractions et des guerres devenues d’outre siècle. Il préfère ne pas, Manuel Valls. Depuis janvier dernier, et il ne bougera pas. Aucun intérêt, ni pour lui, ni pour la France, dans cette histoire.

Penser à l’émission Faites entrer l’accusé, ses affaires criminelles grouillant de pédophiles meurtriers récidivistes. Entre la bonne conduite et les remises de peine, ils sortent après 15 ans. Réaliser qu’en France certains combats ne se purgent que par la perpétuité, les années de plomb se paient cher, et l’outre-siècle n’est plus coté.

Ce week-end j’ai loupé la Nuit Blanche. Mais j’ai donné Où le sang nous appelle à Christiane Taubira.

Ce livre ne porte en lui aucun sort de libération, il n’a pas le pouvoir de modifier le réel. Faire sortir un oncle de prison, c’est beaucoup plus difficile que de tuer sa grand-mère.

Le performatif ne fonctionne pas, ici dire n’est pas faire. Même si Christiane Taubira est une femme puissante, qui fait parce qu’elle a dit. Même en imaginant qu’elle se trouve convaincue, faire sortir Georges, elle ne pourrait pas. Le gouvernement français ne va pas s’emmerder pour un vieux communiste arabe, l’Ennemi numéro 1, la peur est toute mitée, plus personne ne sait qui c’est, Georges Ibrahim Abdallah.

Il a raison, François Hollande, “La politique ce n’est pas de la magie”. Par contre, la magie peut être politique. Alors si cet hiver un cyclone fait tomber les murs de la Centrale de Lannemezan, il n’est pas impossible qu’il soit revendiqué. D’ici là je vais devoir maîtriser le sumérien. »

Dans une déclaration faite le 23 octobre à la presse, son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, déclare : « Aujourd’hui dans la 30ème année de sa détention, on refuse de l’expulser, seule condition à sa libération, au mépris des décisions des juges et au mépris de tous les usages concernant un étranger condamné à une peine criminelle. Il convient de souligner que jamais en France un prisonnier politique n’a été détenu aussi longtemps que Georges Ibrahim Abdallah.  »

Il évoque aussi la lettre que, pour la première fois, des élus, députés, sénateurs, maires, conseillers régionaux — socialistes, communistes, Verts, ainsi qu’une centriste — adressent au président de la République pour réclamer sa libération et son retour au Liban, dont les autorités sont prêtes à l’accueillir. Nous la publions ci-dessous :


Lettre ouverte au président de la République

Paris, le 23 octobre 2013,

Il a passé plus de temps en prison que Nelson Mandela. Il est le plus vieux prisonnier politique du continent européen et sans doute un des plus vieux du monde. Le 24 octobre 2013, il entamera sa trentième année de détention. Georges Ibrahim Abdallah a été condamné le 24 octobre 1987 à la prison à vie.

Il peut bénéficier d’une libération conditionnelle depuis 1999. Et, pourtant, alors même que le Liban s’est dit prêt à l’accueillir, il s’est vu refuser huit fois cette demande.

Ce refus est d’autant plus scandaleux que, en 1985, dans le cadre de négociations menées pour la libération d’un otage français, les plus hautes autorités de la France avaient accepté qu’il soit libéré. Elles n’ont pas tenu parole. Ce qui indignait l’ancien directeur de la direction de la surveillance du territoire (DST), le préfet Yves Bonnet : « Cette injustice a assez duré ; elle a même dépassé les limites du raisonnable. Qu’on le mette dans un avion et qu’on le renvoie chez lui, au Liban, où les autorités sont disposées à l’accueillir. » (Déclaration à France 24, 28 décembre 2011).

C’est pour cela, Monsieur le Président, que nous, élus de la République, nous vous demandons de mettre un terme à cette injustice et de prendre les mesures, quelles que soient les pressions étrangères, pour qu’il puisse être libéré et rejoindre le Liban.

Signataires

Noël Mamère, député-maire de Bègles

Serge Janquin, député-maire de Labuissière

Danielle Bidard-Reydet, sénatrice honoraire

Sergio Coronado, député des Français établis hors de France

Patrick Braouezec, membre honoraire du parlement

Nathalie Goulet, sénatrice

Bally Bagayoko, vice-président du Conseil général de Seine-Saint-Denis

François Asensi, député-maire de Tremblay-en-France

Stéphane Gatignon, maire de Sevran

Jean-Claude Lefort, député honoraire

André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme

Nicole Borvo, sénatrice honoraire

Jacques Perreux, conseiller régional

Rose-Marie Saint-Germes-Akar, conseillère régionale

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