Une tribune pour les luttes

Palestine 13

Expulsion des bédouins du Neguev :
Hollande part pour Israël : prenez 30 secondes pour lui envoyer un mail !!!!

Article mis en ligne le dimanche 10 novembre 2013

Le plan dit « Prawer- Begin », en discussion en ce moment au parlement israélien, conduira dans les 3 ans à venir à l’ expulsion de dizaines de milliers de Bédouins du sud d’Israël (pourtant citoyens israélien) et à la destruction de leurs villages. Le parlement israélien pourrait adopter définitivement cette loi en décembre si une pression suffisamment importante ne l’en empêche pas.

A l’occasion de la visite de François Hollande en Israël et Palestine les 18 et 19 novembre prochains dites non à cette expulsion, en lui envoyant directement un mail à partir de ce lien. http://www.plateforme-palestine.org/spip.php?page=outil_mailing_simple&id_article=3825

Plateforme des ONG françaises pour la Palestine

Objet : Expulsion massive des Bédouins du Néguev (Sud d’Israël)

Monsieur le Président,

Je vous écris pour vous exprimer mon inquiétude sur les conséquences d’une loi actuellement en débat au parlement israélien et vous demander d’intervenir auprès de Benjamin Netanyahou. Connue sous le nom de « Plan Prawer », cette loi a pour objet de chasser la majorité des Bédouins du Sud d’Israël, pourtant citoyens israéliens, de terres où ils vivent depuis plusieurs centaines d’années. Le parlement israélien pourrait prochainement adopter définitivement cette loi en décembre prochain.

De quoi s’agit-il ? Il y a aujourd’hui environ 180 000 Bédouins dans le Néguev. La moitié vit dans sept villes construites dans les années 70 afin de les y rassembler et de les sédentariser, l’autre moitié dans différents villages non reconnus par l’Etat israélien et dépourvus de tout équipement public. L’Etat d’Israël veut aujourd’hui s’approprier ces terres et a décidé d’en chasser les Bédouins à l’aide d’une loi de circonstance, le plan Prawer. Selon l’organisation israélienne Adalah qui réunit des juristes juifs israéliens et palestiniens d’Israël, cette loi viole de nombreux articles de la Déclaration des Nations unies relative aux droits des peuples autochtones. Elle est en particulier contraire à son article 10 : « les peuples indigènes ne doivent pas être expulsés de force de leurs terres ou territoires ». En effet, ceux qui refuseront de quitter leur terre y seront contraints par la force. De fait, selon les sources, ce seront entre 45 000 et 70 000 Bédouins à terme qui seront « déplacés » - sans compter les bédouins de Cisjordanie qui vont subir le même sort En juillet 2012, le parlement européen avait appelé le gouvernement israélien à « protéger les communautés bédouines, dans la région du Néguev et en Cisjordanie et à respecter leurs droits » et donc au « retrait du plan Prawer ». En mars 2012, c’est le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale qui demandait à Israël de ne pas mettre en œuvre le plan Prawer. En effet ce plan n’est dirigé que contre une population particulière alors que les Bédouins sont des citoyens israéliens qui paient leurs impôts, votent, font leur service militaire… En Israël même de nombreuses voix se sont émues et ont écrit aux plus hautes autorités pour que leur pays ne se rende pas coupable d’une telle honte comme par exemple Amos Oz, poète, romancier et essayiste israélien, Abraham B. Yehoshua, romancier israélien, Shulamit Aloni femme politique israélienne …etc. Ils ont été soutenus par des organisations israéliennes comme les Rabbins pour les droits de l’Homme.

Cette situation est totalement choquante pour un Etat qui se dit démocratique et qui est lié à la France par de nombreux accords commerciaux et programmes européens financés par le contribuable. Ce plan a été élaboré contre la volonté exprimée de la population concernée qui résiste avec persévérance à des destructions régulières de ses villages et refuse de les abandonner. Ce plan est une violation flagrante des droits des Bédouins à la propriété, au logement et à la liberté de choisir leur lieu de résidence et leur mode de vie. C’est à ce titre que je vous demande d’agir pour dénoncer le sort intolérable qu’Israël réserve à cette population et d’intervenir auprès des autorités israéliennes afin que ce plan soit retiré et que soit reconnue l’égalité des droits des Bédouins.


Lire :

Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens
Israël entend détruire 36 villages et déplacer 70 000 Bédouins !
Ne laissez pas passer le Plan Prawer - Non à l’épuration ethnique.

http://www.millebabords.org/spip.php?article24079

une loi pour chasser plusieurs dizaines de milliers de bédouins de nationalité israélienne
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article5499


Plus ancien :

CQFD, No 53, février 2008

Citoyens de seconde zone
Israël reloge ses Bédouins


par Pierre Stambul

Compliquée, la guerre du Proche-Orient ? Pierre Stambul en revient et raconte : il y a 5 millions d’Israéliens et 5 millions de Palestiniens entre Méditerranée et Jourdain. Les premiers jouissent de plus de 90 % de l’espace et les autres survivent dans des réserves. Visite chez les Bédouins du Néguev [1].

J’ai commencé mon dernier voyage en Palestine chez les Bédouins du Naqab (Néguev en hébreu). Ils vivent depuis des siècles dans ce désert qui s’étend de la Cisjordanie et Gaza jusqu’à la mer Rouge. Dès 1950, le gouvernement israélien les a chassés de la quasi-totalité des zones où ils menaient leur vie de nomades, pour les regrouper au nord, dans le triangle Beersheba-Arad-Dimona. Dans la foulée, les Israéliens se sont emparés de presque tout le Néguev, où ils ont implanté des kibboutz et des villes nouvelles (essentiellement peuplées de pauvres, c’est-à-dire de Juifs venus du monde arabe). La sédentarisation des Bédouins dans des immeubles ayant échoué, l’État a eu l’idée géniale de créer une entité hybride : le « village planifié  ».

Il y a aujourd’hui 180 000 Bédouins dans le Néguev. Un tiers d’entre eux vivent dans un des sept villages planifiés. Les autres habitent des villages ou des hameaux « non reconnus ». Nous avons séjourné dans un village planifié, entre Beersheba et la Cisjordanie. Laqya a le goût et la texture d’un village, mais… c’est autre chose. La maison de notre hôte, un des animateurs du Conseil régional des villages non reconnus [2] a été déclarée illégale.

Les Bédouins forment 28 % de la population de la province de Beersheba, mais occupent moins de 1 % de la superficie. Leurs terres ont été systématiquement confisquées sous divers prétextes. On compte 45 villages non reconnus, comptant de 500 à 5 000 habitants. Non reconnu, cela implique pas d’eau, pas d’électricité, pas de route, pas d’école, pas de ramassage des poubelles. Interdiction formelle de construire en dur : ces villages sont des bidonvilles. Souvent les Bédouins dissimulent des blocs de ciment sous la tôle ondulée pour aménager des espaces de vie plus solides. L’an dernier, les autorités ont démoli 270 maisons « illégales » dans ces villages.

«  L’État d’Israël ne reconnaît aucun droit de propriété des Arabes du Néguev sur leurs terres ancestrales, alors qu’à l’époque du mandat, les Britanniques reconnaissaient le droit coutumier. On exige aujourd’hui de nous des actes de propriété qui n’ont jamais existé.  » Celui qui parle est un vieux Bédouin qui nous reçoit en grande pompe, avec d’énormes plateaux de fruits, sous la tôle. C’est un spécialiste de renommée mondiale de l’élevage du dromadaire. Il est citoyen israélien et, à ce titre, a participé à plusieurs congrès internationaux au Kénya, au Kazakhstan… Il habite une cabane au milieu d’une casse automobile transformée en pigeonnier.

Il y a 50 ans, à Ramat Huvav, au sud de Beersheba, les autorités ont dit aux Bédouins qu’on avait temporairement besoin de leurs zones de pâtures. Ils n’ont plus jamais été autorisés à revenir. Leur village non reconnu est encerclé. D’un côté la centrale électrique de Beersheba, hyperbruyante : les Bédouins n’ont pas l’électricité, mais ils sont obligés de dormir avec des boules dans les oreilles. De l’autre une mine et une usine très polluantes, à l’origine de nombreuses maladies.

(...)

Pierre Stambul

Membre du bureau national de l’Union Juive Française pour la Paix.

NOTES

[1] Cet article a d’abord paru en France dans le journal mensuel CQFD, No 53, février 2008, page 4. Le journal a pignon sur Internet : www.cequilfautdetruire.org.

[2] Ce conseil a été fondé en 1997. Chaque village y envoie ses représentants.

[3] « Arabe » entre guillemets, parce que les appellations abondent :Palestiniens d’Israël, Arabes israéliens, Palestiniens de 48… Les Bédouins disent : « Nous ne sommes pas assez arabes pour les Arabes, pas assez palestiniens pour les Palestiniens, pas assez israéliens pour les Israéliens… » Dans les 5 millions de Palestiniens, on inclut les Bédouins, les Druzes, les Chrétiens, et ils ont des statuts différents (Palestiniens d’Israël, de Jérusalem, des zones A, B ou C…).

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