Une tribune pour les luttes

Dossier :
1983 - la marche pour l’égalité
+ 1973 : un été raciste

paru dans CQFD n°115 (octobre 2013)

Article mis en ligne le mercredi 4 décembre 2013

Salle plus que pleine à l’Alhambra à Marseille le 3 décembre 2013 pour
"La Marche pour l’égalité et contre le racisme : 30 ans !"
Projection-débat de « Douce France, la saga du mouvement beur  », film de Mogniss H. Abdallah en présence des organisateurs et participants de la Marche


http://cqfd-journal.org/Echec-a-l-auto-organisation

1983 : la marche pour l’égalité
Échec à l’auto-organisation

paru dans CQFD n°115 (octobre 2013), rubrique Le dossier, par Mathieu Léonard, illustré par Amadou Gaye, illustré par Pierre Ciot

mis en ligne le 03/12/2013


Le 15 octobre 1983, quelques dizaines de marcheurs et marcheuses partent de Marseille dans une relative indifférence, et finissent par rassembler plus de 60 000 personnes à l’arrivée à Paris, le 3 décembre 1983. Dans un contexte de tension entre policiers et jeunes d’origine immigrée de la banlieue lyonnaise, il s’agissait à l’origine de sortir de l’«  isolement collectif  », d’échapper à la violence entretenue par les forces de l’ordre et de créer des ponts entre les quartiers populaires et le reste du pays. Très vite, seuls le geste pacifique de la main tendue à l’ensemble de la société française et l’image apaisée de la jeunesse maghrébine ont été retenus par les médias et le pouvoir socialiste.«  Ce n’est pas aux jeunes immigrés de jouer les éclaireurs de la France œcuménique  », affirmaient à l’époque les jeunes de la cité Gutenberg de Nanterre, en contre-pied à l’ambiance consensuelle.

Après trente ans de tentatives de captation politique et de stigmatisation durable des quartiers, et tandis qu’on nous bassine encore et toujours avec l’« intégration », retour sur ce moment où, en dépit de – ou grâce à – sa naïveté, l’on osait affirmer : « On est chez nous ! »

« On n’a pas fini de marcher ! »

Mogniss H. Abdallah est l’animateur de l’agence IM’média et l’auteur de Rengainez, on arrive ! Chroniques des luttes contre les crimes racistes ou sécuritaires (éd. Libertalia, 2012). Témoin et acteur pivot des trente années écoulées, il revient pour CQFD sur l’histoire des luttes de l’immigration et des banlieues.


Photo Amadou Gaye.

CQFD : Comment s’est créé IM’média ?


Mogniss H. Abdallah :
Au printemps 1983, j’encadre un stage sur les médias à Bron, près des Minguettes, avec des jeunes des cités de Paris, de la cité Gutenberg de Nanterre, de St-Étienne et Marseille, eux-mêmes impliqués dans les luttes contre les crimes racistes ou sécuritaires, les violences policières, les questions de relogement et les expulsions. Dans le même temps, les embrouilles avec les flics sont permanentes aux Minguettes, jusqu’à ce fameux 19 juin où Toumi Djaïdja, militant associatif de SOS Minguettes, se fait blesser par balle par un flic. Auparavant, le 21 mars, il y avait eu des affrontements aux Minguettes, suivis d’une grève de la faim de jeunes sur place. Puis un collectif ad hoc de soutien à Toumi se crée avec le curé Christian Delorme, c’est là que germe l’idée d’une grande marche. L’objectif était de sortir de la guéguerre privée entre les jeunes et les flics et de poser des enjeux centraux sur les questions de police et de justice mais aussi de logement, de travail ou de revenu. Notre stage a abouti à un film, Minguettes 1983, qui retrace toute cette histoire. Après le stage, les participants décident de créer l’agence IM’média, (Immigration & Média). Il y avait la volonté d’affirmer qu’on n’était pas une génération spontanée ou une génération zéro mais qu’on avait une histoire, mais aussi des expériences personnelles à partager.

Pendant la Marche, on a été un peu le poil à gratter en maintenant la pression sur la dimension des crimes racistes et des violences policières, dimension qui a été édulcorée, notamment par les socialistes pour lesquels il était hors de question de toucher aux rouages de l’État. Les médias aussi ont lourdement insisté sur une dimension non-violente et œcuménique, citant à l’envi Gandhi et Martin Luther King, valorisant même des scènes de fraternisation avec les motards de la police. Nous avons avec des associations ou groupes indépendants organisé des forums Justice y compris sur le parcours de la marche et nous avons vu notre position renforcée à la fin de la Marche à cause de l’effet provoqué par la défenestration du train Bordeaux-Vintimille, le 14 novembre, de Habib Grimzi, un jeune touriste algérien, par trois légionnaires. A la même période, un rassemblement des familles de victimes de crimes racistes s’est constitué, qui deviendra plus tard les « Folles de la place Vendôme  », sur le modèle des Mères de la place de Mai en Argentine.

Quels souvenirs gardes-tu de la Marche ?

Quand nous sommes partis de Marseille, les médias, à commencer par la presse postgauchiste, s’en foutaient complètement, à part Bernard Langlois qui animait l’émission «  Résistances  » sur Antenne 2, l’émission « Mosaïques  » sur FR3 et quelques correspondants locaux comme le photographe Pierre Ciot, pigiste à l’AFP à Marseille. Un copain avait proposé à Serge July, le directeur de Libération, de faire un carnet de route quotidien et s’était fait envoyer bouler. On a alors monté un pôle de médias alternatifs avec des journaux comme Sans Frontière ou Expressions immigrés-Français (le canard de la Fasti), des fanzines comme Rencar (Corbeil) et des radios libres, Radio Gazelle à Marseille, radio Trait d’union à Lyon, radio Soleil à Paris. On fonctionnait par téléphone ou avec des cassettes – il n’y avait ni Internet ni podcasts à l’époque ! – qu’on confiait à des voyageurs qui devaient les livrer à l’arrivée à des copains qui attendaient à la gare de Lyon. La moitié des cassettes a dû se perdre !

Je me souviens de l’étape de Grenoble qui a été la plus multi-communautaire avec un inter-collectif qui réunissait des Espagnols, des Turcs, des Portugais, des Italiens. C’est intéressant de le rappeler par rapport au pli « Marche des beurs » qui a été pris. Cette appellation est fausse et énerve tout le monde, mais il y a bien eu une tendance à réduire la marche à une dimension franco-maghrébine. L’affiche de la Marche, où on voit un gars qui marche avec une babouche et une charentaise donne déjà cette tonalité-là. Mais ça ne correspond pas à la volonté initiale de marquer la légitimité de la présence des gens issus de l’immigration, toutes origines confondues.

Autre souvenir amusant, c’est à l’arrivée à Paris, je me retrouve, je ne sais plus trop comment, à filtrer les gens qui voulaient intervenir sur le podium où c’était un franc bordel. Je vois arriver six ou huit balaises, type service d’ordre de la CGT, qui poussent des coudes pour faire monter un monsieur avec une écharpe tricolore, je reconnais Paul Mercieca, le maire de Vitry-sur-Seine, celui-là même qui avait fait démolir au bulldozer un foyer devant accueillir 300 travailleurs immigrés. Je lui ai dit : «  Toi tu dégages ou j’appelle le bulldozer !  » (rires). Il faut dire aussi que le PCF était plutôt hostile à la Marche : il y voyait une opération anticommuniste du PS et des gauchistes mettant en valeur des voyous immigrés ainsi qu’une opération pour dénigrer le maire communiste de Vénissieux, Marcel Houel. D’ailleurs, à la dernière fête de l’Huma, considérée comme le rendez-vous social et politique incontournable de la rentrée, il n’y a pas eu débat sur la Marche, alors que Jamel Debbouze, qui joue dans un film sur cette Marche, était l’invité d’honneur. Sauf au stand de l’asso AC le feu, avec une expo de la Caravane de la mémoire, à laquelle participe IM’média. C’est sidérant de voir que 30 ans après, pour le PCF, la Marche ne fait toujours pas partie du patrimoine ouvrier national. Pourtant le PC a beaucoup changé sur ces questions-là, par la force des choses ; il y a trente ans, il était hostile au droit de vote des étrangers.

Après l’arrivée de près de 80 000 personnes le 3 décembre, on a l’impression que suit une période assez confuse. Et qu’il manque de passerelle entre le « mouvement beur » et le mouvement social.

Dans la foulée de la Marche, il y a aussi l’ouverture au centre Beaubourg d’une grosse expo sur les enfants de l’immigration. Le jour même de l’inauguration de l’expo, le personnel de nettoyage, principalement immigré, est en grève. Après le discours inaugural, au moment où le gratin culturel, Jack Lang et Georgina Dufoix, secrétaire d’État à la Famille, à la Population et aux Travailleurs immigrés, montent à l’étage pour déguster les petits-fours, j’interpelle les invités : «  Maintenant, c’est le moment du choix, il y a ceux qui montent avec les ministres et ceux qui descendent au sous-sol pour soutenir les travailleurs-euses du nettoyage. » On a pu voir la plupart des exposants préférer les mondanités, c’est là où j’ai utilisé la première fois la notion de « beurgeois  ». Le chaînon manquant [1], il est dans cette course à la reconnaissance, aux strapontins, qui fait que des gens sont prêts à tourner le dos à des grévistes dont certains pouvaient être leurs parents. Par la suite, les socialistes ont vraiment joué le ressort des fils et filles d’immigrés contre leurs parents, des réguliers contre les irréguliers, et «  la fin des immigrés  ». Le journal Sans-frontière s’arrête. Son dernier numéro, paru en 1985, titre : « Ciao l’immigration !  » Dans la même période, les socialistes officialisent les centres de rétention !

En fait l’après Marche n’ouvre-t-elle pas une décennie de récupération politique ?

La récupération est en trois temps. Dès le départ, on l’a vu, il y a cette tendance à zapper les violences policières et « la justice à deux vitesses  », au point d’oublier l’origine de la mobilisation. Ensuite, il y a la volonté du gouvernement et du PS d’essayer de capter les leaders naturels dans le « mouvement beur  » par toute une série de dispositifs – on parlera plus tard de «  discrimination positive  ». Mais, comme il y a eu rapidement une série d’accrocs dans le rapport entre le «  mouvement beur  » et le pouvoir – notamment avec Convergence 84 qui mettait l’accent sur l’égalité des droits et non sur un anti-racisme abstrait et refusait le parrainage des socialistes – ces derniers ont décidé, en 1985, de créer SOS Racisme de toutes pièces, avec une direction intégrée et sans aucune marge pour l’autonomie.

En 1984, toute une série d’acteurs de la Marche ont commencé à décrocher. La fin de la Marche s’est faite sur le mode « la prise en charge est terminée » ce qui a révélé le côté très boy-scout de certains organisateurs. Dans la même période, il y a le sida et la diffusion de la drogue dans les quartiers, plusieurs n’y survivront pas. Après la Marche, des centaines d’associations ont été créées localement mais très vite on assiste à la volonté politique de contrôler toute initiative, grâce aux subventions notamment. Ce qu’on a appelé le «  mouvement beur » s’est vite épuisé comme force d’entraînement, bien qu’au niveau local des initiatives alimentent la flamme par à-coups. Je pense à la grève de la faim de Djida et Nasser contre le projet de loi Pasqua en 1986, ou plus tard au lancement du MIB [2].

SOS Racisme a fonctionné comme une passerelle entre la jeunesse scolarisée et le PS, mais l’injonction d’intégrer SOS faite aux jeunes des quartiers venait principalement de militants de la Ligue (LCR).

En fait, je pense que le mot de «  récupération  » est tout compte fait partiel, il serait plus pertinent de parler d’instrumentalisation à d’autres fins (par exemple le fait de reporter toute la responsabilité du racisme sur le FN). C’est aussi une illustration du rejet même de l’idée de faire de la politique autrement en France : comme si les mouvements sociaux devaient voir leur accomplissement dans le jeu politique des partis et du pouvoir. C’est la négation même de la logique de contre-pouvoir.

Dans quelle mesure les structures qui se voulaient ou se veulent issues des luttes de l’immigration n’ont pas tendance à reproduire ce rapport d’aspiration vers le pouvoir ?

C’est sûr que beaucoup optent pour des coups médiatiques plutôt que de travailler à l’auto-organisation qui ne peut exister que sur des luttes concrètes. Je prends l’exemple de la lutte des habitants de la cité Gutenberg à Nanterre : c’est d’abord une lutte victorieuse pour le relogement des habitants des cités de transit qui rejoint aussi la problématique de la justice après l’assassinat d’Abdenbi Guemiah par un beauf le 23 octobre 1982. Ces questions de justice impliquent nécessairement un suivi dans la longue durée et une volonté d’aboutir à des résultats dans la lutte judiciaire, il ne s’agit pas de «  coup  », de spectacle lors d’un procès. Assurer le suivi, c’est notre devise. D’autre part, l’auto-organisation est aussi liée à la nécessité d’indépendance économique des associations, or, la plupart du temps, soit ça vire à l’accoutumance aux subventions et à la dépendance à une commande publique politiquement versatile, soit ça vire au business et à des logiques complètement entrepreneuriales. Pour les autres, c’est l’éternel retour de la précarité. C’est une des raisons de l’impasse, mais ce n’est pas particulier aux quartiers.


Photo Pierre Ciot.

En 2005 apparaît le mouvement des « Indigènes de la République », qui revendique l’autonomie, voire le séparatisme, des luttes de l’immigration et rappelle la dimension post-coloniale du racisme en France…

Moi, je fais partie de ce courant aujourd’hui peut-être minoritaire, pour qui l’articulation entre la question raciale et la question sociale est essentielle. Or les Indigènes de la République surfent sur l’abandon progressif de la question sociale et de la lutte des classes, en tout cas, ils en font une affaire secondaire. Ils ont raison de dire que la question coloniale et post-coloniale, dont ils font le centre de leur discours, a été minorée, mais ce qui me semble problématique, c’est la déconnexion avec la réalité sociale, ce qui par la suite peut empêcher des convergences ou des alliances concrètes. J’ai assisté à une discussion, dans le sud de la France, où un mineur, fils d’immigré italien, atteint de la tuberculose en raison de son travail, se voit rétorquer qu’il bénéficie néanmoins « du privilège blanc  ». En gros, il est exclu de la classe des « plus-opprimés-que-moi-tu-meurs  » et sa parole est disqualifiée. La constitution d’un «  nous » indigène peut être en ce sens-là excluant de la dimension sociale ainsi que des nouvelles provenances d’immigrés, qui ne sont pas issus des anciennes colonies françaises, qu’ils soient chinois, turcs, sri-Lankais, tamouls, roms. De ce point de vue, le « nous  » qui m’intéresse est pluricommunautaire, internationaliste… mais je suis peut-être un peu ringard de ce côté-là (rires).

Finalement qu’est-ce qui se joue dans cette commémoration des trente ans ?

Pour moi, ce n’est pas la nostalgie stérile ou la mémoire pour la mémoire, mais clairement la transmission de l’histoire des luttes. D’ailleurs, déjà lors de la Marche de 1983, il y a eu un rassemblement en mémoire à la journée du 17 octobre 1961. En 1983, il y avait une réelle occultation d’état, au point qu’à Marseille un émissaire du gouvernement nous avait explicitement mis en garde sur le fait qu’il ne fallait pas parler d’octobre 1961, ni de crimes d’état, etc. Beaucoup de marcheurs n’avaient jamais entendu parler de 1961. Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression que beaucoup connaissent la Marche de 1983 [3]. Par contre, en regard de la commémoration à venir, on a plutôt l’impression qu’il y a une usurpation par des gens qui n’y étaient même pas. Je me demande quel phénomène d’entraînement cela peut créer.

Il y a, par exemple, un film destiné aux djeunes avec Jamel Debbouze, La Marche, qui doit sortir le 27 novembre. Le film se termine sur une Georgina Dufoix qui se fait acclamer à l’arrivée de la Marche à Paris en annonçant sur le podium qu’une délégation allait être reçue à l’Élysée. Comme si c’était une revendication de la Marche ! En plus, c’était prévu dès le départ. On en revient à ce phénomène de captation par le politique, cela participe à la volonté de la majorité actuelle de montrer qu’elle avait soutenu la Marche et de masquer tous ses reniements postérieurs. Or, l’euphorie venait du sentiment de constituer une grande force collective, pas d’être reçus par Mitterrand. Ce qui est prévisible, c’est que le film va provoquer une grande frustration chez ceux qui iront le voir et c’est possible que certains soient demandeurs de contenu, c’est à nous alors de proposer des pistes. En 1993, on avait, avec le comité national contre la double peine, organisé un meeting à la Bourse du travail à Paris sur le thème « Où en est le mouvement ? » assorti d’une projection en avant-première du film Douce France. Bilan : les gens avaient une furieuse envie de refaire des choses ensemble et deux ans plus tard, ça a donné le MIB. Trente ans après, l’enjeu c’est de savoir si cette envie, on peut la retrouver, et s’il y a une relève. Car si on veut se battre pour l’égalité et contre le racisme, on n’a pas fini de marcher !

Notes

[1] Autre signe de ce chaînon manquant entre le «  mouvement beur  » et le mouvement ouvrier immigré : un mois après le succès de la Marche, le 5 janvier 1984, une grève à Talbot-Poissy oppose des travailleurs grévistes immigrés aux jaunes du syndicat maison, qui agressent les premiers aux cris de « Au four » et « à la Seine  ». A la même époque les grèves menées par les travailleurs immigrés dans l’automobile étaient taxées d’«  intégristes  » par le pouvoir socialiste.

[2] Sur la grève de la faim de Djida et Nasser en 1986 : cf. « J’y suis, j’y reste ! » in revue Plein Droit n° 98, octobre 2013.

[3] Un récent sondage donnait 19 % de Français qui se souvenaient ou avaient entendu parler de la Marche et 59 % qui estimaient que le racisme avait augmenté au cours des 30 dernières années.


1983 : la Marche pour l’égalité
« Nous étions modestes et déterminés »

paru dans CQFD n°115 (octobre 2013), rubrique Le dossier, par Gilles Lucas, illustré par Amadou Gaye
mis en ligne le 04/12/2013 - commentaires

Que reste-il de « La Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme » de 1983 ? Trente ans plus tard, cet événement, qui marque d’une pierre blanche la vocation des immigrés à rester en France, appelle un inventaire en demi-teinte. Certains participants de l’époque évoquent aujourd’hui une situation encore plus dégradée. Bref retour sur le passé et état – non exhaustif – des lieux…

« Mon père disait : “les Français m’ont marché dessus, ils m’ont humilié, j’étais voué à ça quand je suis né”. Il a toujours eu peur dans tous les actes de sa vie, peur d’être expulsé, peur au travail, dans le bus, à la maison quand on mettait la musique, le poste de radio ou la télé trop fort. […] Nous, on était imprégné de ça. C’est pour ça qu’on avait peur de la police, et que ça se transforme maintenant en haine. […] Il ne fallait surtout pas parler à mon père de nationalité française. C’était une trahison. Chez nous il y a un terme pour ça : n’traizò. Ça veut dire la “trahison suprême”.  » En quelques mots, Rachid Kaci [1] dont les parents venus d’Algérie sont arrivés en France en 1955, décrit l’état d’esprit dans lequel toute une génération d’enfants d’immigrés a grandi. Pendant plusieurs décennies, les masses de main-d’œuvre venues du sud de la Méditerranée auront vécu dans cette crainte permanente où survivre exigeait de se faire discret et de devoir « baisser la tête  ». Ce sentiment-là mettra de nombreuses années avant de s’éroder.

Reléguées et entassées dans les cités à la périphérie des villes, ces populations se prennent de plein fouet la crise de 1973. Licenciements, fermetures d’usine, dégradations des conditions de vie multiplient les effets de l’exclusion et aggravent la précarité. Les jeunes errent au bas des immeubles où rares sont les locaux mis à leur disposition. Sentiment d’injustice lié à cette fatalité d’être définitivement exclus de l’abondance marchande, colère et inquiétude face aux crimes racistes [2], débrouille et petits délits de survie pour certains, – alors que dans un premier temps, il ne s’agit que de «  conneries  », activités largement partagées par toutes les jeunesses – ils vont tous être désignés par les autorités comme des délinquants et criminels. En 1979, les forces de police interviennent dans le quartier de la Grappinière dans l’Est lyonnais pour réprimer ces jeunes, quelles que soient leurs origines, qui dérobent des voitures et se livrent à des rodéos, dont la mode s’est répandue depuis deux années. La police rencontre alors une forte résistance. Ces affrontements vont régulièrement se reproduire dans divers quartiers de Vaulx-en-Velin et de Villeurbanne, exacerbés par la violence des forces de l’ordre, déjà teintée d’une multitude d’exactions à connotation raciste. Charles Hernu, maire de Villeurbanne, parlera de «  vivier de la délinquance à éradiquer ». Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, Gaston Deferre, ministre de l’Intérieur, préconise, une réponse menée avec la plus grande fermeté en réponse à la défiance et aux protestations d’un grand nombre de policiers braqués par plusieurs décisions gouvernementales : une circulaire avait suspendu les expulsions et interdit celles concernant les étrangers nés ou entrés en France avant l’âge de dix ans, la peine de mort avait été abrogée et Robert Badinter, ministre de la Justice, proposait d’exercer des contrôles sur les activités de la police, mesure écartée sous la pression de Gaston Deferre.

Dans les quartiers de la périphérie lyonnaise, devenus d’intolérables zones d’insubordination sociale, la police va pouvoir donner libre court à ses pratiques. Un groupe de jeunes de la cité des Minguettes, inquiets d’une possible dérive vers un affrontement perdu d’avance, décident de prôner une attitude pacifiste et ouverte au dialogue en mettant officiellement de côté leur colère contre la police. C’est dans ce sens que va organiser la «  Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme ». « La question, c’était le racisme. Il avait parfois le visage de la police, d’autres fois celui de n’importe quel connard qui passe. Je le pense encore aujourd’hui. Je n’ai pas de discours sur la police : on sait que c’est une institution répressive qui vise évidemment une certaine population. Ce sont les classes populaires parce qu’elles sont forcément criminalisées à partir du moment elles ne veulent pas être des esclaves  », explique Marie-Laure, marcheuse de 83. «  Notre discours étaient finalement très « peace and love ». Nous étions modestes et déterminés. On ne craignait pas la récupération, même si on savait que des contacts avaient été pris par d’autres auprès des ministères. Quand la télé, la presse, des ministres, des dirigeants syndicaux sont venus vers nous, on s’est dit que notre marche avait du crédit. Ça nous a regonflé. On s’est rassemblé autour d’une prise de position simple : “Ce n’est pas admissible ce qui se passe. C’est plus possible. On marche et on verra”. » Et trente ans après ? « Les quartiers sont toujours aussi dégradés. Les flics sont plus armés. Les crimes racistes n’ont pas changé. L’avenir des gens a empiré. Mais aussi, paradoxalement, il y a un esprit critique plus fort en même temps qu’il y a une aliénation plus présente notamment à travers la consommation », poursuit-elle.

Saïd, habitant des quartiers nord de Marseille, s’il n’a pas marché en 83, avait néanmoins participé à l’organisation de la Marche. Il raconte : «  À cette époque, je travaillais à Radio Gazelle et dans des associations de quartiers de jeunes issus de l’immigration. Il y avait eu récemment trois événements graves : Houari Ben Mohammed avait été abattu par un CRS dans les quartiers nord en 1980, l’année suivante, une bombe avait explosé dans la cité d’urgence du Baou et début mars 83, des explosifs avaient été lancés contre des enfants dans cette même cité des quartiers sud. Avant le départ de la “Marche”, on a fait symboliquement une manifestation du Sud au Nord qui reliait les différentes cités où avaient eu lieu des crimes racistes. Toute cette époque a été un moment de rencontres avec des associations d’autres régions qui faisaient la même chose que nous. Les situations étaient les mêmes et on était d’accord sur tout.  » Dans les années suivantes, l’ambiance se transforme. «  Il y a eu beaucoup de discussions. Certains voulaient se regrouper exclusivement entre personnes d’origine arabe. Et d’autres disaient qu’il fallait que ce soit ouvert. Et Convergence 84 a décidé de faire un truc pas uniquement destiné aux gens d’origine arabe. J’ai vu aussi de très près l’arrivée de Sos Racisme. J’ai pensé que ça avait l’air sympathique comme élément fédérateur. J’ai proposé que les associations de terrains travaillent avec. Mais leur objectif n’était pas le même. Ils avaient peur de ce mouvement qui était autonome et qui avait des revendications sur la question de l’égalité des droits, contre les crimes racistes, pour que la justice fasse son travail.  » Aujourd’hui, l’association des potes, créée sur mesure pour servir les ambitions de certains carriéristes au sein du parti socialiste [3], est parvenue à faire l’unanimité contre elle dans les quartiers. Après une période de reflux, le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB) engagera à nouveau, à partir de 1995, des combats incessants contre le racisme et contre les bavures policières. Inscrivant son activité au nom de l’application du droit, de l’égalité et de la justice, il est en grande partie l’initiateur des «  comités vérité et justice » rassemblant amis et familles de victimes de crimes racistes et de bavures policières, exigeant des procès équitables et protestant contre l’impunité des assassins [4].

Sur la Marche de 83, elle-même, Saïd poursuit : « Elle a apporté une visibilité des quartiers et des jeunes issus de l’immigration. Elle a permis que d’autres choses arrivent.  » Parmi les avancées, on note l’instauration d’une carte de dix ans, promise par Mitterrand au soir de l’arrivée de la Marche, qui indique clairement que les immigrés ne sont plus considérés comme une main-d’œuvre passagère, corvéable puis jetable, mais comme une population ayant vocation à rester sur le territoire et à participer de plein droit à la vie du pays.

Alain, la bonne soixantaine, s’occupe d’une association de locataires dans le quartier de la Busserine. Il n’avait pas participé à la Marche de 83. « C’était une réaction contre le laisser-aller par rapport aux crimes racistes. Il me semble que c’était uniquement basé sur le compassionnel. Aujourd’hui, c’est sûr que, dans les cités, le souvenir en est très fort. C’est une empreinte, même si ailleurs la chose a été oubliée. Mais, encore maintenant, c’est toujours le faciès qui domine. Les jeunes d’ici, quand ils cherchent du travail, ils sont obligés de mentir sur leur adresse, comme s’ils devaient en avoir honte.  » A la discrimination raciale s’est greffée une relégation territoriale de plus en plus stigmatisante. Ce que confirme Sid, le responsable de cette même association : « Depuis 83, rien n’a vraiment changé. Ça a même empiré dans les quartiers. » Et Joss, un jeune gars du quartier de Saint-Mauront à Marseille, d’enfoncer le clou : « Aujourd’hui, les racistes ne se cachent plus. Tout est dégradé, les immeubles sont dégueulasses, il n’y a pas assez d’endroits pour que les jeunes fassent autre chose. Rien n’est entretenu, rien n’est nettoyé. Dans mon quartier, ils ont mis deux mois pour remplacer un panier de basket… On nous ghettoïse !  » Alain, lui, ne veut pas sombrer dans le désespoir : «  C’est une histoire de riches et de pauvres où ces derniers sont traités comme s’ils n’avaient pas d’instruction et d’intelligence. Mais il faut savoir une chose : si la République a aujourd’hui un lieu où elle s’exprime, c’est dans les quartiers. C’est là où l’on voit naître des mouvements de responsabilisations. »

Au lendemain de la Marche, des centaines de collectifs avaient essaimé partout en France, cherchant à faire perdurer cette expérience de lien social et de transversalité. Aujourd’hui encore, hors du flux tendu des événements, des collectifs de quartier tentent de mutualiser leurs perspectives. Rendu public début septembre 2013, l’appel du Collectif des quartiers populaires de Marseille et Environs précisait : «  Ce collectif […] est né de l’aspiration légitime, et pour l’heure inachevée, à l’égalité de droits, à l’égalité de traitements et à terme à l’égalité des conditions d’existence ! Le CQPM s’engage à rester solidaire des luttes populaires de nos quartiers et à ne les trahir ni dans la forme ni dans le fond. Constat partagé, discuté et finalisé sur la base du rejet des simplifications : nous refusons toutes les formes de violence ! » Rejet des simplifications ? Une position qui tranche avec l’audience que rencontrent depuis quelques années les thèses funestes d’Alain Soral et de Dieudonné. Sur le terreau fertile de la victimisation, le recyclage du vieux mythe du complot «  judéo-maçonnique », grimé en ricanement anti-système, arrive à trouver écho auprès d’une partie de la population issue de l’immigration, qui, après avoir perdu les moyens d’une critique générale sur ses conditions de vie, s’identifie, de loin, aux Palestiniens face à l’état d’Israël. Les signes de cette confusion se distillent dans les esprits à travers la toile, où les délires les plus simplistes pullulent. « C’est impossible de nier qu’il y a un complot judéo-maçonnique », prétend savoir Ahmed, la quarantaine, lui-même travaillant dans les médias à Marseille. Ces complaisances, assumées ou non, avec l’extrême droite pourront-elles faire longtemps illusion chez ceux qui constituent toujours les cibles les plus exposées des discours sécuritaires et xénophobes ?

Trente ans après la Marche de 83 et «  cette expérience inoubliable de démocratie transversale » que rappelle Marie-Laure et que confirme Saïd, quelques tentatives de réappropriation d’une parole autonome et collective cherchent toujours à retrouver les chemins détruits sous les coups des politiques, des urbanistes et de la police [5]. Et cela, tout en résistant à cet air du temps qui rôde, celui du raccourci, de l’ostracisation et de l’enfermement dont se régalent à loisir les défenseurs à tout prix de l’ordre social.

Notes

[1] Propos tirés du film Mémoires d’immigrés (1997 ) de Yamina Benguigui. Pour Rachid Kaci, cette « imprégnation » d’une mémoire d’humiliation l’aura porté au-delà de ce phénomène d’empathie appelé syndrome de Stockholm. Proche de Charles Pasqua en 1995, il rejoint Alain Madelin en 2002, puis anime ce courant de l’UMP dit de la «  Droite Libre pour une droite décomplexée  ». Il est aujourd’hui sous-préfet dans le département de la Vienne…

[2] Entre 1973 et 1983, date de la «  Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme  », plus d’une soixantaine de personnes d’origine immigrée ont été assassinés par des citoyens irascibles, des membres d’organisation d’extrême droite ou des fonctionnaires de police, nourrissant leur haine contre les pauvres d’un ressentiment raciste et postcolonial.

[3] Ainsi, dans Le Monde du 13 juin 2002, Malek Boutih, président de SOS Racisme puis député PS de l’Essonne, dénonçait les «  barbares des cités » : « Il n’y a plus à tergiverser, il faut leur rentrer dedans, taper fort, les vaincre, reprendre le contrôle des territoires qui leur ont été abandonnés par des élus en mal de tranquillité ». Quant aux bavures commises par la police (qu’«  il faut remettre au boulot »), le « plus grand nombre de bavures n’est plus de son fait, c’est la racaille qui tue le plus dans les cités ».

[4] En 2007, 2008 et 2009, le MIB avait été l’un des initiateurs de Forums des quartiers populaires durant lesquels des dizaines d’associations et collectifs de banlieues s’étaient rencontrés.

[5] Auxquels il faut ajouter l’arrivée massive de l’héroïne notamment dans les banlieues de l’Est lyonnais, à partir de 1984, ce qui va engendrer nombre de conflits et de divisions dans cette jeunesse rebelle des quartiers.


1973 : un été raciste

paru dans CQFD n°115 (octobre 2013)

http://cqfd-journal.org/1973-un-ete-raciste

Au début des années 1970, après une vague massive d’immigration économique suscitée par les besoins de main-d’œuvre des secteurs industriels (bâtiment, automobile), le gouvernement décide de fermer la porte… brutalement et rapidement. En 1972, alors que la crise économique se profile à l’horizon, la circulaire Fontanet restreint la circulation des travailleurs maghrébins en liant l’attribution de la carte de séjour à un titre de travail. Les Algériens, principaux visés, subissent aussi les conséquences des rapports houleux entre la France et son ancienne colonie. De fait, cette circulaire place d’un coup dans la clandestinité 83 % des travailleurs migrants. Les premiers mouvements de grève de la faim voient le jour chez les sans-papiers sur tout le territoire. C’est l’époque où l’intelligentsia gauchiste, les chrétiens de gauche et la Gauche prolétarienne manifestent avec 2 000 travailleurs immigrés en soutien à Said Bouziri, étudiant gréviste de la faim, le jour de son expulsion programmée.

L’année suivante, tandis que le taux des travailleurs immigrés dans la population active atteint 9,5 %, le Mouvement des travailleurs arabes (MTA), d’étudiants et d’ouvriers immigrés, proches des maoïstes, se constitue. L’été 1973 va rester comme l’une des périodes les plus « sanglantes  » pour l’immigration maghrébine dans le sud de la France, au point qu’on a pu parler de « flambée de racisme  » ou d’« été meurtrier  ». Le 12 juin, la ville de Grasse ouvre le bal de la campagne anti-arabe. Suite à une manifestation de travailleurs agricoles pour l’obtention de la carte de séjour, un Comité de vigilance des commerçants et artisans grassois, soutenu par l’édile local et relayé par les revanchards de l’OAS, dénoncent le « scandale  » des manifestations d’immigrés et se livrent à une ratonnade qui fera 5 blessés. Surfant sur la vague xénophobe, le 21 juin, c’est un meeting contre « l’immigration sauvage  » à la Mutualité à Paris qui donne lieu à des affrontements entre la police et gauchistes contre-manifestants, puis à l’interdiction de la Ligue communiste et d’Ordre nouveau.

Mais c’est à Marseille, suite à l’égorgement d’un chauffeur de bus par un déséquilibré algérien le 25 août, que l’émotion va laisser la place à un climat de lynchage contre les Maghrébins. Le 26 août, l’éditorialiste Gabriel Domenech, futur sénateur FN, souffle sur les braises dans Le Méridional : « Nous en avons assez. Assez des voleurs algériens. Assez des vandales algériens. Assez des fanfarons algériens. Assez des syphilitiques algériens. Assez des violeurs algériens. Assez des maquereaux algériens. Assez des fous algériens. Assez des tueurs algériens. » Après ce véritable appel au sang, dans les jours qui suivent, six Maghrébins seront victimes d’assassinats [1].

L’assassinat de Lounès Ladj, abattu à la sortie d’un café, le 28 août, pousse l’exaspération à son comble et la communauté algérienne se lance dans un soulèvement collectif. Ainsi, le 31 août, les ouvriers immigrés de la Ciotat mènent une grève spontanée contre les attentats racistes. Le mot d’ordre s’étend et ce sont bientôt 30 000 ouvriers qui se mettent en grève dans les Bouches-du-Rhône.

Le MTA décide d’un appel à la grève générale pour le 14 septembre qui fait descendre dans la rue les ouvriers des grands chantiers, tel celui de Roissy-en-France (1 700 grévistes sur 2 000 ouvriers), comme les commerçants arabes de Belleville. 3 000 personnes se réunissent devant la grande mosquée de Paris. Malgré une mobilisation assez réussie, certains se sentent exclus du mouvement, comme les immigrés d’Afrique noire ou les travailleurs antillais qui se plaignent du caractère trop « restrictif » de l’appel à la grève. Là encore, les composantes du mouvement ouvrier français soutiennent l’action du bout des lèvres quand il ne critique pas une tentative de «  division du prolétariat ».

La presse – tout en posant cette question essentielle : La France est-elle raciste ? – y répond en relayant une parole raciste libérée au sujet des Arabes jugés, pour certains, «  effrayants », « envahissants », « bruyants  », voire, pour d’autres, «  délinquants », « proxénètes », « violeurs ». L’année se termine par l’explosion d’une bombe contre le consulat d’Algérie à Marseille le 14 décembre, qui fait quatre morts et 22 blessés. Revendiqués par le Groupe Charles-Martel qui fustige la «  France algérienne » et « l’occupation de notre sol par des ethnies totalement inassimilables et d’un apport qualitatif nul  », une vingtaine d’attentats auront lieu dans la décennie qui feront au moins six morts sans que leurs auteurs ne soient jamais retrouvés.

Pour l’année 1973, les autorités algériennes livrent un bilan de 50 assassinats et 300 blessés parmi les ressortissants algériens en France. Comme le fait remarquer la sociologue Rachida Brahim «  sur les quatorze morts répertoriés entre le 25 août et le 30 décembre 1973, seules deux enquêtes ont abouti à des inculpations mais les présumés coupables ont rapidement été libérés. [2]  » Une tendance à la clémence judiciaire en ce qui concerne les crimes racistes qui se poursuivra durant une vingtaine d’années, malgré la loi Pleven de 1972.

En 1975, sort le film Dupont Lajoie, réalisé par Yves Boisset et écrit par Jean-Pierre Bastid, inspiré de l’été meurtrier de 1973. Une partie de la critique réprouvera la caricature du Français plus que moyen qui y est faite. Pourtant la réalité avait déjà largement précédé la fiction.

La suite du dossier "1983 : la Marche pour l’égalité", c’est par ici et par là..

Notes

[1] Déjà, le 14 août, Ahcène, un Algérien de 18 ans, avait été abattu à coups de revolver par un inconnu lors une ratonnade.

[2] « Les “crimes racistes” de 1973, le complexe de l’événement-anodin », Telemme-migrations, 2013.


Voir ausssi

http://www.marsactu.fr/societe/hanifa-taguelmint-nous-marchions-pour-nos-morts-32297.html

Hanifa Taguelmint, "nous marchions pour nos morts"

Il y a trente ans, des jeunes des cités marseillaises battaient pacifiquement le pavé des routes françaises pour réclamer davantage de droits et pour demander l’arrêt des violences racistes.

Hanifa Taguelmint était l’une des organisatrices de la Marche pour l’égalité. Témoignage.
avec des nombreuses photos de Pierre Ciot

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