Une tribune pour les luttes

Migreurop

Appel Solennel Pour la liberté de circulation des personnes

+ exposition à Marseille à la Compagnie

Article mis en ligne le mercredi 18 décembre 2013

Dans le cadre de Migreurop, une expo a démarré à Marseille vendredi dernier à la Compagnie :
http://www.antiatlas.net/la-compagnie/

Parmi les installations, les visiteurs pourront découvrir le site internet de cartographie dynamique des camps :
http://closethecamps.org/

Cette exposition prévoit que les visiteurs pourront appeler les personnes retenues sur les cabines des différents CRA français.

Des soirées thématiques sont programmées.

Sur le site de La Compagnie vous pouvez aussi, trouver, visionner, télécharger le webdocumentaire "La machine à expulser".


Ce 18 décembre 2013, dans le cadre de la journée d’action globale pour les droits des migrant.e.s, le réseau euro-africain Migreurop lance un Appel solennel en faveur de la libre circulation des personnes. Recensant les entraves instaurées par les politiques migratoires à la mobilité humaine (politiques discriminatoires de visas, interceptions maritimes, murs, accords politiques pour la réadmission des étranger.e.s en situation irrégulière...), Migreurop rappelle leurs conséquences dramatiques sur le plan du respect des droits humains (détention prolongée, violation du droit d’asile, mortalité migratoire...).
Au regard de ces constats, et au nom du principe d’égalité - car la liberté de circulation existe de fait pour une partie des citoyens du monde pouvant franchir aisément les frontières par le hasard du lieu de naissance - Migreurop exige un changement radical dans les politiques migratoires afin de rendre possible la liberté d’aller, de venir et de s’installer pour toutes et tous, liberté qui constitue l’indispensable corollaire de la défense des droits des migrant.e.s.

Depuis sa création, le réseau Migreurop s’attache à mettre en lumière les effets néfastes de la politique de gestion des frontières de l’Union Européenne [1]. La vision sécuritaire des politiques migratoires, qui se traduit par une militarisation accrue de l’Europe forteresse, la multiplication des interceptions maritimes, ou encore le verrouillage des possibilités de migration légale (que traduisent les obstacles mis à la délivrance des visas) est régulièrement dénoncée [2]. Migreurop pointe la démultiplication des contrôles, qui font appel à des méthodes sophistiquées et coûteuses, comme en témoignent la construction de nouveaux murs et la création puis le renforcement de l’agence Frontex - véritable bras armé de l’Union européenne.

De même, Migreurop dénonce le processus d’externalisation du contrôle des migrations qui contraint les pays non membres de l’UE à réadmettre toute personne chassée des pays européens qui serait passée par leur territoire et à renforcer le contrôle et la répression pour empêcher le départ et le transit des migrants. C’est ainsi que se multiplient les accords de réadmission, qui visent à faciliter les expulsions et constituent une des armes pour empêcher la mobilité des migrant-e-s en amont des frontières européennes [3]. L’UE n’hésite pas à instrumentaliser l’Aide Publique au Développement pour faire pression sur les États de transit et d’origine afin qu’ils acceptent de tels accords. Par ces dispositifs, l’Europe se détourne de son devoir de protection des personnes en quête d’asile et ignore les violations des droits humains qui en découlent.

En 2010, Migreurop a pris position pour la fermeture des camps d’étrangers, instruments privilégiés de gestion des populations migrantes [4]. Les migrant-e-s, détenue-e-s ou non, sont considéré-e-s comme des criminels et déclaré-e-s en situation illégale, au seul motif qu’ils/elles n’auraient pas respecté les règles imposées pour le franchissement des frontières et le droit au séjour. La transgression de ces règles – qui sont pourtant parfois contraires au droit international - sert à justifier des politiques de plus en plus fermes de restriction d’aller et venir, dont plus personne ne peut ignorer les conséquences effroyables : depuis 1990, plus de 20 000 personnes sont mortes ou disparues en tentant de rejoindre l’Europe.

A travers ces combats menés par Migreurop sont mis en évidence les méfaits des entraves à la liberté de circulation des personnes. Or cette liberté existe pour une partie des citoyens du monde, qui, par le hasard du lieu de naissance, disposent d’un passeport ou obtiennent sans difficultés les visas qui permettent de franchir aisément les frontières. Accepter que d’autres en soient privés c’est entériner l’existence d’un monde à deux vitesses, porteur de discriminations fondées sur un rapport de domination politico-économique des pays dits industrialisés sur les autres. C’est également ignorer l’existence de droits fondamentaux, tels que le droit à émigrer, reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ou le principe de non refoulement consacré par la convention de Genève de 1951.

Revendiquer, au nom du principe d’égalité, la liberté d’aller, de venir et de s’installer pour tou-te-s, constitue l’indispensable corollaire de la défense des droits des migrant-e-s. C’est pourquoi, dans la continuité de ses activités et de ses combats, Migreurop demande la mise en œuvre effective de la liberté de circulation, outil de changement social au profit d’un modèle de société plus juste et plus équitable.

Le 18 décembre 2013

[1]
Voir notamment : « Les Frontières assassines de l’Europe » (2009), « Aux frontières de l’Europe. Contrôles, Enfermements, expulsions » (2010).


[2]
Par exemple avec la campagne Frontexit, ou les protestation du réseau contre les refus de visa opposés à ses membres non européens, ou encore lorsque Migreurop réclame, au nom du droit de demander l’asile ou du principe de non refoulement vers un pays où existent des risques de traitements inhumains et dégradants, l’accès au territoire des personnes interceptées en mer.


[3]
« Aux bords de l’Europe l’externalisation des contrôles migratoires » (2011), « Paroles d’expulsé.e.s » (2012)


[4]
« Pour la fermeture des camps d’étrangers, en Europe et au-delà »communiqué 2010


http://www.migreurop.org




Migreurop lance le site participatif closethecamps.org :

une cartographie pour dénoncer l’enfermement des étranger-e-s en Europe et au-delà

393. C’est le nombre de camps fermés pour étranger-e-s apparaissant sur le site closethecamps.org mis en ligne aujourd’hui. Recensés dans les pays de l’Union européenne (UE), les pays candidats à l’adhésion à l’UE, ceux éligibles à la politique européenne de voisinage (PEV) voire les États qui collaborent à la politique migratoire européenne, ces camps ont tous été opérationnels entre 2011 et 2013.

Ces chiffres ne révèlent que l’enfermement en camps fermés[1] (où la privation de liberté des personnes étranger-e-s est totale), des espaces qui sont emblématiques de nombreuses violations des droits fondamentaux des populations migrantes.

Depuis plus de 10 ans, Migreurop recense et documente ce phénomène. Afin de mettre en lumière cette réalité complexe et multiple et de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à ces questions, le réseau s’appuie notamment sur l’outil cartographique. La « Carte des Camps  », parue dans sa cinquième version en 2012, permet d’illustrer l’évolution et la multiplication des lieux de détention d’étranger-e-s.

Au-delà de son travail de récolte et de diffusion de l’information, Migreurop souhaite mobiliser toutes celles et ceux qui s’opposent aux mécanismes d’enfermement et d’éloignement des migrant-e-s en vue de défendre leurs droits fondamentaux.

La campagne Open Access Now, lancée en 2011 et demandant un accès inconditionnel de la société civile et des journalistes aux centres de détention d’étranger-e-s, a permis de souligner et rappeler l‘opacité qui continue d’entourer ces lieux d’enfermement  : difficultés – pour les associations, les chercheur-e-s, les proches des détenu-e-s et tout-e citoyen-ne – d’accéder aux informations concernant ces dispositifs, contacts parfois difficiles avec les personnes enfermées, entraves à la mise en ½uvre d’actions de soutien et de certaines initiatives de revendication et sensibilisation sur le sujet.

De ce constat est née, au sein du réseau Migreurop, l’idée de travailler à la mise en place d’une base de données et la création d’une « Cartographie dynamique de l’enfermement des étranger-e-s », qui visent à promouvoir l’accès pour le plus grand nombre de personnes aux informations concernant la détention administrative et ses conséquences sur la vie et les droits des personnes migrantes.

Ce projet participatif et ambitieux fut présenté publiquement le 6 décembre 2013 dans le cadre de la rencontre internationale «  L’enfermement des étranger-e-s en Europe et au-delà : quels horizons ?  » organisée à Paris par Migreurop et l’Observatoire de l’Enfermement des Étrangers (OEE, France).

Aujourd’hui, dans le cadre du projet de l’antiAtlas des frontières qui est à l’origine d’une exposition qui se tiendra du 13 décembre jusqu’au 1er mars à La Compagnie, lieu de création à Marseille, le réseau met en ligne le site et espère que de nombreuses contributions viendront alimenter cette initiative contre « l’Europe des camps ».

Le 13 décembre 2013

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