Une tribune pour les luttes

ZAD de Notre-Dame des Landes : Ceci n’est pas un camping !

Article mis en ligne le vendredi 24 janvier 2014

Pour savoir ce qui se passe sur le terrain et en cas de rumeurs sur des
attaques policières nous vous invitons à consulter les sites http://zad.nadir.org/ et http://acipa.free.fr/
(et uniquement ceux-là animés par ceux qui habitent sur la zone et savent ce qui s’y passe...) .
Nous communiquerons immédiatement dès que la présence policière ou
l’arrivée de machines de travaux seront avérées.


Par mails
à rediiffuser à vos contacts
une version avec plein de photos là :

http://zad.nadir.org/spip.php?article2106

--- Ceci n’est pas un camping ! ---

Suite aux annonces sur le démarrage possible des chantiers du projet
d’aéroport de Notre dame des landes, une floppée d’articles reprenant peu
ou prou les même formulations copiés-collées sont parues dans la presse.
L’une d’elle nous a particulièrement frappé. Dans ce contexte où une
nouvelle vague d’expulsion et une destruction définitive de la zone
menacent de nouveau, on peut en effet lire un peu partout que : "200
altermondialistes campent toujours sur la ZAD"
. Le chiffre peut paraitre
approximatif. Le qualificatif d’"altermondialistes" n’est par ailleurs
certainement pas celui dans lequel s’enfermeraient ceux et celles qui ont
fait le choix de défendre la zad coûte que coûte et de lutter contre
l’aéroport et son monde. Mais qu’importe ! Nous retiendrons surtout cette
fois la mauvaise blague consistant à décrire ce qui se vit ici comme un
"camping". Elle a pour conséquence nauséabonde de minimiser fortement la
portée de ce qui pourrait être détruit si César revenait avec ses troupes
sur la zone. Il est permis de se demander si les auteurs de ces dépêches
cherchent à dessein à imposer une caricature utra-réductrice du mouvement
d’occupation, ou encore si ils se contentent de recopier la terminologie
Préfectorale et n’ont juste même pas pris la peine de se rendre sur le
terrain pour observer la réalité de leurs propres yeux.

Rappelons que cela fait maintenant plus de 4 ans que de nombreuses
personnes sont venus vivre sur la zone à l’appel d’habitant-e-s et
paysan-ne-s souhaitant ne pas laisser le bocage se faire progressivement
dépeupler par Vinci. A l’automne 2012, l’opération "César" a détruit une
vingtaine de maisons occupées et espaces de vie. Plus du double ont été
reconstruit dans les mois qui ont suivi avec les moyens du bord, de
l’huile de coude, grâce à la solidarité des comités de soutiens et
habitants des environs.

En lieu et place de "camping", il y a en fait aujourd’hui plus d’une
cinquantaine de lieux d’habitation collectifs auto-construit - maison
singulières ou hameaux, ainsi qu’une dizaine de fermes et bâtisses sauvées
de la destruction, rénovées et occupées. Si certain-e-s d’entre nous
logeons dans des caravanes, roulottes et autres résidences plus mobiles,
un grand nombre d’habitats en dur édifiées sur la zone sont de véritables
oeuvres artisanales et créatives utilisant une grande diversité de
techniques architecturales, usant d’ingéniosité de circonstance et de
matériaux à peu près gratuits : terre paille, terre crue, poutres et
palettes, pneus, verre, pierre... Certaines maisons reposent à terre, sur
pilotis, d’autres sont venus se nicher dans les arbres ou flotter sur
l’eau. Nos logis sont sûrement plus joyeux et chaleureux que bien des
résidences en série, eco-hlm et autres immeubles gris. Autour de ces
habitats, la zad compte une vingtaine de nouveaux projets agricoles et
maraîchers, mais aussi des espace collectifs pour faire de la radio, la
fête, des cantines, fabriquer du pain, transformer du lait, coudre, lire,
jouer, se soigner, réparer des vélos ou des voitures. Des habitant-e-s ou
agriculteurs-trices "historiques", ayant fait le choix de résister aux
expropriations et menaces d’expulsion vivent toujours là au coté du
mouvement d’occupation. Nous sommes tous et toutes aujourd’hui des
"habitants qui résistent".

Non, nous ne campons pas mais nous construisons, cultivons et inventons
tout azimut des formes d’existences émancipatrices, malgré la menace
permanente imposée par ceux qui veulent nous voir disparaître. Nous nous
organisons depuis des années pour vivre dans le bocage au quotidien, pour
faire obstacle à la présence policière et aux travaux engagés par Vinci.
Beaucoup d’entre nous comptent bien rester ici après l’abandon du projet
d’aéroport, et personne sur la zad ne décampera sans résister. Nous ne
sommes pas ancrés à ces terres humides par quelques fragiles sardines mais
bien par de solides amarres tressées de liens ingérables par la machinerie
gestionnaire et marchande d’aménagement du territoire.

ps : Nous ne sommes pas les seul.e.s, dans les termes du pouvoir, à
"camper", surtout lorsqu’il s’agit de nous expulser et de détruire nos
habitats, que ceux-ci soient précaires ou bien enracinés. Nous souhaitons
exprimer notre entière solidarité avec les autres "campeur-euses" et
indésirables qu’ils souhaiteraient rayer de la carte : nomades, rroms,
sans-logis ou sans-papiers.

Puisqu’une image vaux parfois mille mots : retrouvez plein d’images là
http://zad.nadir.org/spip.php?article2106


Retour en haut de la page

Répondre à cet article

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Environnement/écologie c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 180

Luttes c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 1120