Une tribune pour les luttes

Premières Rencontres Régionales Européennes « L’Economie des Travailleurs »du 31 janvier au 1er février 2014 à Gémenos dans les locaux de Fralib occupé .

« Récupérer son usine n’est pas une folie »

Article mis en ligne le mercredi 29 janvier 2014

Les 1ères Rencontres Régionales Européennes « L’Economie des Travailleurs », se dérouleront du 31 janvier au 1er février 2014 dans les locaux de Fralib, usine occupée par les travailleurs qui défendent leurs outils de travail.

Ces Rencontres sont une continuité des Rencontres Internationales « L’Economie des Travailleurs » organisées depuis 2007 à partir de l’expérience des entreprises récupérées et d’autres mouvements pour l’autogestion du travail en Amérique Latine.

Informations et inscription : economyworkersmarseille2013 chez gmail.com


Vendredi 31 janvier :

10h : Ouverture (par les organisateurs) : Travailleurs de Fralib, Programme de la Faculté Ouverte (UBA, Argentine), Association Autogestion (France), Réseau Workers Control, ASPAS, un représentant de l’Espagne, de l’Italie, de la Grèce.

11h : Table 1 : La crise et les réponses à partir de l’autogestion : L’Amérique Latine. Intervenants : Vanessa Sígolo ou Flávio Chedid (Brésil), Andrés Ruggeri (Argentine), Dario Azzellini (Réseau Workers Control), Francisco Martínez (Textiles Pigüé, Argentine), Celia Pacheco Reyes (Mexique).

13h : Pause déjeuné

14h : Table 2 : Les entreprises occupées et récupérées en Europe (expériences en France, Italie, Grèce, Espagne) : Fralib (Marseille, France), Vio.Me (Thessalonique, Grèce), Officine Zero (Rome, Italie), Rimaflow (Milan, Italie), Association Autogestion (France).

16h : Table 3 : Les nouveaux mouvements de résistance face à la crise (Espagne, Grèce, Turquie, « printemps arabe », Argentine 2001, Occupy Wall Street), Marina Sitrin (Occupy Wall Street, Etats-Unis), José Luis Carretero Miramar (ICEA, Espagne), Vanessa Sigolo, Carlos Schmidt ou Flavio Chedid (Brésil), représentant de AK (Grèce), représentant de Turquie ou Tunisie , représentant d’Italie. Nous pouvons aussi parler de l’Argentine 2001.

18h : Projection du documentaire « Pazza Idea », sur Officine Zero (Italie).


18h30 : Projection du film « Industria Argentina »
de Ricardo Diaz Iacoponi.

20h : Dîner latino-américain

Samedi 1er février :

9h : Visite de l’usine Fralib

10h : Table 4 : Précarité de l’emploi, migrations et chômage en Europe et les défis du syndicalisme dans le nouveau contexte européen et mondial. RCA (Réseau de Collectifs Autogestionnaires, Espagne), Patrick Cuninghame (Ecosse/Mexique), Devi Sacchetto (Padoue, Italie), Lluis Rodrigues Algans (ICEA-CNT), Fralib, CLAP (Italie).

13h : Pause déjeuné

14h : Présentation de l’espace workerscontrol.net

15h : Commissions de travail :
a) Echanges d’expériences ;
b) Recherche sur lesentreprises et collectifs autogérés en Europe ;
c) Campagne de solidarité avec les lutes d’autogestion.

18h : Session de clôture


Lire aussi :

La Marseillaise

Interview réalisée par Piedad Belmonte

http://www.lamarseillaise.fr/marseille/social/26139-recuperer-son-usine-n-est-pas-une-folie

lundi 27 janvier 2014

« Récupérer son usine n’est pas une folie »

Andrés Ruggeri

Andrés Ruggeri est anthropologue à l’université de Buenos Aires. Depuis 2002, il dirige un programme d’université ouverte dans l’investigation et le soutien au processus d’autogestion en Argentine et dans d’autres pays L’universitaire est co-organisateur avec l’Aspas* des premières rencontres européennes et internationales entre travailleurs les 31 janvier et 1er février dans l’usine occupée Fralib à Gémenos**.

La récupération des usines par les ouvriers n’a pas faibli [en Argentine] depuis la crise de 2001, comment expliquez-vous ce phénomène ?

Ce processus commence avant 2001 avec la fermeture massive d’entreprises et s’accroît pendant la crise de 2001 à 2004. Les travailleurs ont résisté en occupant leurs usines parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix. Dernièrement, l’augmentation du nombre d’usines récupérées est liée au succès qu’elles rencontrent. Le monde du travail fait l’expérience que prendre une usine n’est pas une folie mais un acte viable. Entre 2012 et 2013, 60 nouvelles récupérations ont eu lieu. Les salariés ont pu anticiper les fermetures, contrairement à ce qui s’est passé en 2001, parce qu’ils les ont senties venir : licenciements, manque d’investissement et dettes.

Quels secteurs économiques sont concernés par la création de coopératives ?

La moitié sont des industries (métallurgie, textile, chimique, plastique...) et l’autre moitié des coopératives concerne l’agro-alimentaire, l’électroménager ou les services : transports, hôtels, restaurants, écoles, hôpitaux.

Combien de coopératives autogérées compte le pays ?

A la fin 2013, 310 entreprises sont gérées par 15 000 travailleurs. Il s’agit de TPE, PME et quelques grandes fabriques. En 2004, il y en avait 160. 50% sont postérieures à la crise de 2001. Il existe également des coopératives surgies des mouvements sociaux.

A quel type de problèmes les ouvriers sont-ils confrontés lors de la création de ces coopératives ?

Ils affrontent deux difficultés basiques : l’inexistence de lois adaptées au processus et l’absence de capital. Et il y a la question de l’autogestion. Ils doivent remplacer le patron qui avait une vision stratégique, c’est très compliqué y compris pour le patron, mais pour les ouvriers c’est une adaptation complexe. Autre problème : les créateurs de richesses développent un travail collectif solidaire dans leur usine mais à l’extérieur, ils doivent affronter un marché compétitif pas du tout solidaire.

(...)

« L’appropriation des usines n’est pas une espèce d’offensive menée à terme par des groupes d’ouvriers avec une grande idéologie mais est un mécanisme de survie de personnes qui se voient aux portes de la marginalité et du chômage », c’est votre opinion ?

C’est un phénomène qu’on trouve en Argentine et dans toute l’Amérique latine. La récupération des usines naît de la nécessité. Face à la fuite du patron avec son capital, les ouvriers n’ont qu’une option celui d’occuper, de résister et de produire. L’autogestion est une pratique, ensuite la conscience se construit, se transmet et se répand. La différence entre 2001 et aujourd’hui, c’est que les ouvriers à l’époque pensaient que c’était impossible, ils attendaient après un repreneur ou les indemnités mais finalement comme aucun repreneur n’arrivait, ils ont dû occuper. La lutte des classes surgit d’un besoin

Nombre de ces coopératives abritent des écoles, des centres culturels et de santé, quelles en sont les raisons ?

La communauté : les voisins, les habitants du quartier, les mouvements sociaux soutiennent solidairement ces ouvriers qui occupent leur usine et en retour ceux qui ont reçu cette solidarité l’exercent en ouvrant leurs usines aux écoles, centres culturels et centres de santé. En plus, ça renforce la récupération parce que si l’on veut les expulser, il leur faudra expulser tout le monde. Le même phénomène existe en Italie.

Celia, ouvrière du textile, (Brukman à Buenos Aires) dit : « Ils ont peur de nous parce que si nous sommes capables de gérer une entreprise, nous sommes capables de gérer le pays  », qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord mais c’est difficile. Le processus de récupération et d’autogestion, c’est sûrement une voie alternative pour transformer les choses.

(...)

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