Publié le 23 février 2014
Au moins 100 tonnes d’eau radioactive ont fui d’un réservoir de retenue à la centrale nucléaire de Fukushima, dans le nord du Japon.
L’eau radioactive des fuites arrivera inéluctablement à l’océan.
Arnold Gundersen, un ancien dirigeant de l’industrie nucléaire et ingénieur en chef avec plus de 30 années d’expérience au Fairewinds Associates, estime que l’eau stockée dans le réservoir au site de Fukushima contient un isotope nommé strontium 90, qui provoque la leucémie.
Traduction d’une interview de Arnold Gundersen par la voix de la Russie le 21 Février 2014 :
Pouvez vous commenter la déclaration de TEPCO au sujet des 100 tonnes d’eau radioactive qui ont fui cette semaine d’un réservoir de la centrale nucléaire de Fukushima ?
Est-ce que cela démontre vraiment que les autorités japonaises sont incapables de maîtriser la crise de Fukushima ?
Le réservoir a laissé fuir une quantité extraordinaire de rayonnement : 230 millions de désintégrations par seconde par litre. Ce que cela signifie : imaginez une bouteille de 1 litre de soda ; cette bouteille de 1 litre émettrait 230 millions d’étincelles nucléaires de rayonnement chaque seconde. Cela a donc été une fuite extraordinairement radioactive.
Ils affirment qu’elle ne s’est pas déversée directement dans l’océan ; mais c’est presque aussi mauvais qu’elle se soit répandue dans le sol. L’eau du sol va arriver à l’océan sous peu. Donc, c’est juste une source de plus qui va avec certitude contaminer l’océan ; si ce n’est pas maintenant ce sera plus tard.
En ce qui concerne la compétence de Tokyo électrique pour gérer la centrale, je pense que la fuite montre que ni Tokyo électrique, ni le gouvernement japonais ne prennent suffisamment au sérieux les problèmes de Fukushima Daiichi. J’ai lu une citation d’un dirigeant de Tokyo Electric nommé Masayuki Ono ; il a dit « Cette fuite d’eau s’est produite malgré des diverses mesures prises par l’entreprise. Nous sommes désolés d’avoir causé ce souci ». Je pense que Tokyo Electric prétend être la victime de ces problèmes et non pas la cause de ces problèmes. Ils créé ce problème alors qu’ils avaient la responsabilité de s’assurer qu’il ne se produise pas. Ils esquivent leur responsabilité quand ils font des déclarations comme ça et quand ils laissent se reproduire sur le site des fuites qui semblent ne jamais devoir cesser.
Nous savons que les officiels de TEPCO affirment qu’ils ne croient pas que l’eau contaminée ait atteint l’océan Pacifique tout proche. À votre avis, devrions-nous les croire ou tentent-ils d’éviter de déclencher une vaste clameur publique sur la question ?
L’eau n’a probablement pas coulé à la surface du site directement vers l’océan. Mais l’eau a pénétré dans le sol et elle descend jusqu’à l’eau souterraine, qui va rapidement à l’océan. Ainsi, ce que disent les japonais est techniquement correct, l’eau n’a pas couru sur la route pour se déverser dans l’océan ; mais elle va vers l’océan de toute façon avec beaucoup d’autres fuites. Le site va fuir dans l’océan pendant une centaine d’années.
Cela semble vraiment terrible
Dans ce réservoir il y a un isotope nommé strontium 90 ; il se fixe sur les os et provoque la leucémie. Il reste dans l’environnement pendant 300 ans. Donc, le problème ne sera pas réglé simplement en réparant le réservoir. Ils ont contaminé l’ensemble de la nappe phréatique sous le site et finalement toute cette eau se dirige vers le Pacifique.
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Publié le 18 février 2014
La Dr MITA conseille aux habitants de Tokyo de passer 1 ou 2 mois par an en zone « propre ».
Entretien du Dr Shigeru MITA, médecin d’une clinique privée à Tokyo avec une revue japonaise le 14 Février 2014
Les test effectués par le dr Mita :
J’ai examiné plus de 1.500 patients. la plupart étaient des enfants.
J’interroge les patients, je les examine puis je fais pratiquer un examen du sang et une échographie de la thyroïde.
Les résultats :
j’ai surtout examiné des patients habitant Tokyo. J’ai constaté des symptômes anormaux surtout chez les enfants du jardin d’enfants et du primaire ; et aussi chez les gens âgés. Ils avaient surtout des anomalies des globules blancs : une baisse des polynucléaires neutrophiles. Le sang est fabriqué par la moële osseuse qui est l’un des organes les plus sensibles aux rayonnements. Dans les cas graves on peut en arriver à des affections mortelles telle qu’une septicémie.
Est-ce que les anomalies s’améliorent ou s’aggravent depuis la fusion des réacteurs ?
J’ai effectué les premiers tests en décembre 2011. Je ne peux pas comparer avec avant l’accident. Mais je peux dire que la menace a semblé se propager dans Tokyo depuis.
Quels ont les symptômes les plus graves que vous ayez rencontrés ?
C’était un bébé qui n’avait plus de polynucléaires neutrophiles. Cela signifie qu’elle aurait pu attraper une maladie grave éventuellement mortelle. Elle a par la suite été examinée dans un hôpital plus grand. Heureusement elle a récupéré après être partie vers Kyushu.
Que prescrivez-vous dans ces cas ?
Je ne peux rien prescrire, il n’y a pas de traitement pour cela. Il semble qu’ils récupèrent quand ils vivent un temps hors de la partie Est du Japon est ; donc j’encourage cela.
Les effets disparaissent lorsqu’ils quittent les régions à risque ?
Oui, quand les patients vont à un autre endroit, comme Osaka, Kyoto, Shikoku ils vont mieux ; mais ils rechutent quand ils reviennent à Tokyo.
Y a-t-il d’autres médecins qui font ces examens ?
Pratiquement pas. Je sais qu’un médecin de la clinique de Mitakanomori fait les mêmes examens. J’ai demandé à d’autres médecins de réaliser ces examens mais aucun n’a accepté.
Avez vous suffisamment de données pour publier une étude concluante ?
Je ne pense pas car je ne contrôle pas le lieu d’origine de mes patients. Certains se sont déplacés avant d’arriver à la clinique. Je n’ai pas actuellement assez de données pour une étude concluante. J’aurais besoin de la collaboration d’autres médecins.
Que pensez-vous de la contamination des aliments ? Pensez-vous que les gens doivent prendre des précautions ?
De la nourriture contaminée arrive certainement à Tokyo. Beaucoup de gens pensent que nous devons manger des produits locaux pour soutenir l’économie. Je pense que nous devrions tout tester à fond et qu’au moins les enfants devraient être tenus à l’écart de tout risque de contamination.
Pensez-vous que les médias ont négligé la couverture des effets des rayonnements ? Ils ne mettent certainement pas l’accent sur ce problème. Je crois que les médias se sont mis du côté des puissants. Je pense qu’il est de la responsabilité du gouvernement d’aider les patients mais il ne le fait pas.
Le public japonais se préoccupe-t-il suffisamment du risque des radiations ?
Ceux qui vivent à l’Est sont réellement concernés ; ils tentent de détourner les yeux des dangers de la radioactivité. Ceux qui vivent à l’Ouest sont plus rationnels et ils sont nombreux à aider ceux qui migrent, venant de l’Est du Japon.
Quelle est selon vous est la meilleure conduite à tenir pour les personnes vivant au Japon ?
Je ne peux penser que sur la région autour de Tokyo. Je m’inquiète au sujet des enfants, de leurs parents, et des enfants qui naîtront à l’avenir. Je souhaite que les patients se déplacent vers un endroit plus sûr, mais la plupart des gens ne veulent pas se déplacer. Je recommande fortement à toute personne vivant dans la région de la capitale d’aller vivre dans un endroit plus sûr un ou deux mois par an. J’encourage tous ceux qui vivent à Tokyo de passer des tests sanguins aussi souvent que possible. Dans l’intervalle, il n’y a rien que je puisse faire, à part soutenir les patients à mon niveau du secteur privé.
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