Une tribune pour les luttes

La révolution Francaise.

d’Eric Hazan

Article mis en ligne le lundi 17 mars 2014

Une histoire de la Révolution française, Eric Hazan, Paris, 2012, La Fabrique, 22 Euros, 405 pages.

Tout commence, tout s’émeut, tout s’ébranle avec des révoltes dans les villes de Parlement, notamment à Rennes où une manifestions de nobles, parlementaires et d’étudiants est réunie en 1788. A Grenoble, l’émeute sévit contre la nouvelle hausse d’impôts, une subvention territoriale, un impôt sur la terre portant sur toutes les propriétés, nobles, ecclésiastiques, ou roturières. La journée des Tuiles portera bien son nom pour la Noblesse qui va les collectioner.

La demande de convocation des états généraux devient pressante. Avant ce 5 mai 1789, le discours rentre en action, celui de Mirabeau en Provence escorté par une population qui l’acclame ou le succès de Sieyès, avec sa brochure Qu’est ce que le tiers état, vendue à 30 000 exemplaires en quelques semaines. Ce succès se traduit par des lectures publiques dans les cafés.

En ce qui concerne les raisons des prémisses à la révolution, Hazan penche pour l’hypothèse d’une France florissante économiquement mais qui vit les trois dernières années un ralentissement. L’hiver 1788 est particulièrement froid, et le prix du grain a augmenté ; des émeutes dans le sud-est témoignent aussi du mécontentement.

Les états généraux s’ouvrent le 5 mai dans la salle des Menus Plaisirs à Versailles. La grève de l’impôt déclarée auquel le Roi répond par la fermeture de la salle des séances, entraine l’occupation de la salle du serment du jeu de Paume,. Mirabeau lance les premières sentences devenues historiques et évoque ce ministère qui « ose effrontément mettre des scellés sur nos pensées » avant de prononcer sa phrase encore plus fameuse sur la force des baïonnettes.

La place des journaux est prépondérante pour les révolutionnaires. C’est déjà le journal de Mirabeau, Etats Généraux, qui raille la première séance de ces mêmes états.

Jour après jour, séance après séance, l ‘assemblée qui se nommera constituante le 9 juillet déjoue les tours de la royauté et s’impose comme une force de régénération. C’est cette subtile alliance de la noblesse, du clergé et d’une partie des membres du tiers état qui sont des bourgeois qui va entrainer la France dans un tourbillon extravagant. Car d’une simple demande de plus de justice, des secteurs vont se coaliser sans se douter qu’ils puissent aller aussi loin.

Le renvoi de Necker pousse à des mouvements populaires et le 12 juillet, le camarade Desmoulins sortant du Café de Foy, monte sur une table, brandit un pistolet et crie : « Aux armes, arborons la cocarde ! »

On apprend que nait une révolution municipale, c’est à dire que dans toute la France et jusque dans ces moindres recoins, on assiste à des prises de mairies, pacifiquement ou non. Sans cela pas de grande révolution, pas de crise européenne.

Le 4 aout une fraction de la noblesse comprend qu’il faut faire des concessions. L’assemblée nationale, elle, détruit ce qui reste du système féodal. E Hazan revient en excursus sur ce qui est admis aujourd’hui, l’idée de révolution bourgeoise et attaque les staliniens qui ont trouvé commode d’expliquer cette révolution ainsi, considérant alors que le bouleversement bolchévique était alors le véritable acte du prolétariat et donc du peuple. La grande erreur des communistes fut de condamner le monde paysan, coupable d’empêcher l’avènement du prolétariat. Ce qui fit que dans la vulgate stalinienne, on se méfie des paysans, makhnovistes en Ukraine, ou simples petits propriétaires en France ou en Italie. En Russie, on accusa le petit paysan refusant le kolkhoze, d’individualisme. D’autres conséquences désastreuses eurent lieu plus tard en Chine sous Mao.

Pour Hazan, la question n’a aucun sens. Autrement dit la révolution française a été celle du peuple. La bourgeoisie comme classe n’existait pas.

Après octobre 1789 commence « l’ année heureuse », une longue phase de reflux de la révolution, période ou se créent la droite et la gauche, les Jacobins et les Cordeliers.

Si chacun connaît l’importance de l’Assemblée nationale, du comité de salut public, ce livre redonne une importance aux sections de Paris dont les noms sont dotés d’un fort pouvoir évocateur, Section des enfants Rouges ou des Piques, des Gravilliers, cette armée de Sans culottes menées par Jacques Roux, le curé rouge, ou Varlet pousse la révolution aux avants postes de l’égalité sociale.

Christophe Goby

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