Une tribune pour les luttes

CAN 84

Petit journal antinucléaire

Municipales et Nucléaire : Carton rouge pour les candidats de Vaucluse
+ ASTRID à marcoule : l’année 2014 est décisive, ne laissons pas faire ça !

Article mis en ligne le jeudi 20 mars 2014

Gageons que ça serait encore pire ou du moins pas mieux pour les Bouches du Rhône !

Elections-municipales_candidats-pronucleaires
98% des listes candidates aux municipales en Vaucluse déclarent leur incompétence et leur inaptitude à prendre en compte les méfaits du nucléaire dans la région la plus nucléarisée d’Europe. Le CAN84 leur avait soumis 9 questions et proposé 6 engagements. Seulement 4 listes y ont répondus, et encore, pas en totalité ! Une fuite en avant qui rend caduque leurs beaux programmes.

Le Collectif antinucléaire de Vaucluse est fort mécontent mais, hélas, pas surpris depuis le temps qu’il tente d’arracher aux élu-es un peu de prise de responsabilité face aux atteintes du nucléaire et de la radioactivité sur la santé de la population et des territoires.

Une lettre argumentée et quelques questions basiques auront eu raison des beaux discours des prétendants aux charges électives :

Quelle mesures et dispositions concrètes entendez-vous prendre en cas d’accident nucléaire ? Attendrez-vous que la catastrophe se produise et que les directives des autorités administratives vous soient données pour protéger votre commune et sa population ? Avez-vous prévu des lieux de replis (bunkers enterrés, locaux hermétiques avec nourritures pour plusieurs mois et recyclage d’air,...) ?

Avez-vous prévu de rendre les établissements publics de votre commune accueillant des enfants et du public (mairie, écoles, crèches, foyers,...) apte à protéger leurs usagers de la radioactivité ? Avez-vous mis en place, ou entendez-vous mettre en place, un dispositif spécial et des moyens techniques et humains pour informer la population en cas d’accident nucléaire, de jour comme de nuit, en secteur urbanisé comme en secteur rural ?…

Vraiment pas le genre de questions qui nécessitent une intense réflexion, la création d’un commission d’étude, un groupe de travail et de différer les réponses à plus tard.

Sauf que cette réalité claque à la figure des candidats et les renvoie à leur incapacité à gérer un accident nucléaire et ses impacts concrets sur la population. Une incapacité et aussi une impossibilité. Et c’est là que le bât blesse car il est impossible de se protéger du nuage radioactif de mort, impossible de sécuriser le nucléaire, impossible de gérer les populations en danger, de redonner vie aux territoires contaminés pour des milliers d’années.

D’où la seule attitude responsable et rationnelle à adopter en sortant des croyances dogmatiques : la mise à l’arrêt immédiat des installations nucléaires dont les 6 engagements proposés par le CAN84 aux listes candidates en sont l’ossature de vie.

Parmi ceux-ci : faire procéder de façon permanente à des analyses de présence de radioactivité sur le territoire (eau et air) par un laboratoire indépendant du lobby nucléaire et de l’administration, la création d’un Registre sanitaire recensant les atteintes nucléaires à la santé, comme cela existe dans d’autres départements mais pas en Vaucluse, la mise en place par l’Agence Régionale de Santé ou par toute autre instance indépendante d’une étude sanitaire d’ampleur sur les affections liées au nucléaire comme le demande de nombreux médecins de la région, la communication publique par les hôpitaux de la région, tel celui d’Avignon par exemple, des statistiques non-nominales des personnes accueillies pour des leucémies et autres cancers spécifiques, et le taux d’augmentation sur ces dix dernières années. Ainsi que l’interpellation des administrations, assemblées et élus dont la responsabilité est engagée par ces atteintes sanitaires et à la santé publique. Et évidemment l’adoption par l’assemblée communale d’un vœu pour l’arrêt immédiat du nucléaire pour des raisons sanitaires et de santé publique.

4 réponses sur 250 et peu d’engagements

Tous les candidats du FN au PS en passant par l’UMP et les centristes bottent en touche et font l’autruche. Seules 2 listes dans les villages de Velleron (conduite par le Dr Bernard Senet) et de Villelaure (conduite par Catherine Serra) et 2 listes à Avignon (Helle et Castelli) ont répondu à l’interpellation citoyenne.

Pour le CAN84 les listes muettes et fuyantes expriment par leur comportement le mépris des citoyens et la peur de la rencontre avec les gens seulement considérés comme des masses informes et sans visages à soumettre à leur pouvoir. Le CAN84 invite ces têtes de listes à aller s’inscrire comme liquidateur-sacrifié de première ligne en cas de fuites radioactives à la centrale nucléaire du Tricastin.

La liste de Cécile Helle (PS) ne répond pas aux questions et, dans le plus pur style de « langue de bois » renvoie à une possible réflexion sur la question… si elle est élue, avec le souhait d’associer les associations à la condamnation radioactive des territoires.

La liste de André Castelli (Front de Gauche) reste dans les clous de la position nationale du Front de Gauche d’un hypothétique référendum national soumis à la population sur la question nucléaire et envisage l’amélioration de la brochure locale d’information de la population sur les risques majeurs. Une brochure et une balise supplémentaire de mesure de la radioactivité pour se protéger des atteintes à la santé et de la contamination de la production agricole : un peu court !

Seules les listes de Bernard Senet à Velleron et Catherine Serra à Villelaure semblent avoir pris la mesure de la gravité des atteintes du nucléaire à la santé publique et aux territoires. La seconde liste à fait l’effort de répondre à toutes les questions et a eu l’honnêteté de signifier son impossibilité à répondre plus précisément à certaines questions et propositions. Mais, malheureusement, ces 2 listes ne se sont pas engagées sur la conclusion logique de leur analyse de la catastrophique situation : la mise à l’arrêt immédiate des installations nucléaires.

Spécial "carton rouge"

Le CAN84 décerne un spécial « carton rouge » aux candidats Europe-Ecologie de Cavaillon et de Le Thor qui, bien que relancés à plusieurs reprises comme toutes les autres listes, ont opté pour le mutisme, certainement gênés aux entournures par la collaboration de leurs représentants-ministres à un gouvernement pro-nucléaire et à des alliances électorales ambigües .

dernière nouvelle :
L’honneur sauvé de la citoyenneté : Une liste se positionne pour l’arrêt immédiat du nucléaire
Une liste relève le défi de l’omerta et de la dictature nucléocrate, manifeste son amour de la vie et prend en compte concrètement le présent et l’avenir des territoires et de la population en se positionnant pour l’arrêt immédiat du nucléaire et en faveur des 6 engagements : "Démocratie Directe" de Carpentras.
Une brèche vient ainsi de s’ouvrir dans le consensus criminel et la bien-pensance maltraitante du pays et de la planète.


ASTRID l’année 2014 est décisive, ne laissons pas faire ça !

lundi 17 mars 2014,

La construction à Marcoule (vallée du Rhône-Gard) du réacteur Astrid se prépare discrètement, et c’est cette année que l’État doit donner pour cela le feu vert. Or il s’agit d’un réacteur destiné à relancer la filière plutonium, de la taille de près d’un demi Superphénix.


C’est très grave, il ne faut pas laisser faire.

Six semaines après son élection, le président François Hollande aurait signé l’autorisation de poursuivre l’étude préliminaire à la construction du réacteur ASTRID, décision passée pratiquement inaperçue, mais d’importance considérable.

Quel est l’enjeu ? Il s’agit de la relance de la filière plutonium-sodium suite à Phénix et Superphénix, par la construction d’un réacteur dit de IV° génération ou surgénérateur, ou encore réacteur à neutrons rapides (RNR), avec comme combustible du plutonium associé à l’uranium “appauvri”, et comme fluide caloporteur le sodium liquide qui explose au contact de l’eau et s’enflamme à l’air.

Cf http://apag2.wordpress.com/2013/10/16/astrid/comment-page-1/ ,

Ce réacteur d’une puissance de 600MW, soit quasiment un demi Superphénix, représenterait l’aboutissement de l’acharnement du CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) à développer une filière “française”, relativement autonome vis à vis des ressources en uranium, s’appuyant sur les stocks disponibles en plutonium et uranium, et la possibilité de régénérer du plutonium.

Il faut bloquer ce projet mais la bataille sera dure. Et c’est cette année que cela se joue, le planning prévoyant que l’État doive donner son accord en 2014. L’enjeu pour le CEA est considérable, il ne reculera devant rien pour défendre “sa” filière qui implique la poursuite à la Hague du “retraitement” des combustibles usés pour en extraire le plutonium, et la construction de réacteurs utilisant ce combustible de la plus haute dangerosité.

Le CEA avait perdu la bataille contre EDF avec l’abandon de la filière graphite gaz au profit de la filière Westinghouse à eau pressurisée (réacteurs PWR de la 2ème génération, et EPR de la 3ème tournant au fiasco). Cela s’était joué en 1969 et cela avait donné lieu à des grèves de protestation dans les centres et même à une grève de la faim.

Depuis, le CEA a obtenu (arbitrage Rocard) d’imposer le combustible au plutonium (MOX) dans une partie des réacteurs (les 900MW), mais surtout son influence reste suffisamment puissante pour imposer à l’État des investissements considérables pour le développement de la 4ème génération (Iter à Cadarache pour la fusion nucléaire, et Astrid).


La stratégie du CEA.
Après les difficultés de fonctionnement et les nombreuses pannes de Phénix à Marcoule, et le fiasco de Superphénix à Malville, il n’était plus possible de présenter officiellement cette filière comme celle qui assurerait l’avenir du nucléaire français. Les nucléocrates s’entêtant, ils s’appuient sur la Loi de programme n° 2006-739 du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs. Ils prétendent développer le 3ème volet de la loi “Bataille”, c’est à dire celui de la “transmutation” des déchets radioactifs les plus encombrants à gérer. Ils obtiennent ainsi de l’État 650 millions d’€ dans le cadre de l’Emprunt National de 2010 (Sarkosy-Rocard), pour l’étude d’un avant projet de construction à Marcoule du réacteur Astrid.

En effet, officiellement, Astrid est destiné à montrer la capacité à “incinérer” le plutonium et les voisins qui l’accompagnent, les actinides dits mineurs, atomes d’extrême radiotoxicité et de très longue vie (millénaires). On voit là la subtilité rassurante du langage, car on n’incinère pas des atomes comme des ordures, ils ne brûlent pas. Par contre on peut les briser sous bombardement neutronique, c’est la “transmutation”, générant de ce fait de nouveaux éléments radioactifs de durée de vie moins longue (siècles), avec inévitablement de nouvelles nuisances.


Où en est le projet ?
Tout laisse penser qu’un accord tacite existe pour progresser subrepticement. Le calendrier prévoyait avant fin 2012 un avant-projet phase 1, permettant à l’État de décider de la poursuite du projet, ce qui semble bien avoir été fait discrètement : Des terrains sont retenus jouxtant Marcoule (sur la commune de Chusclan) ; un Institut de Chimie Séparative est créé pour trier les fameux atomes actinides à briser, et annonçant œuvrer à la préparation d’un “nucléaire durable” ; dès maintenant Bouygues s’est mis sur les rangs pour la construction !

Le planning prévoit que fin 2014 l’avant projet soit finalisé et que l’État donne son accord : 2017 début de construction, pour mise en service au début de la décennie 2020.

Des équipes bénéficiant d’un large financement travaillent donc à Saclay, Lyon, Cadarache et bien sûr Marcoule. Elles nous préparent cet avenir ir radieux dont on ne veut pas, avec ses dangers décuplés par rapport aux centrales actuelles. D’autant que Marcoule repose sur une zone de risque sismique encadrée de deux failles actives supportant la poussée de la plaque Afrique, celle de Nîmes et d’Alès-Cévennes.

L’ « arnaque » : Mais un rapport scientifique du Sénat avait déjà exprimé en 1999 que cette voie n’était pas crédible. La multiplicité des isotopes créés par les réactions nucléaires, et leurs difficultés à capter des neutrons pour être brisés, rendent très aléatoire cette technique (tout physicien sait que la section efficace de capture d’un neutron par un noyau instable de produit de fission est dérisoire).

La transmutation est, certes, une réalité physique, mais son utilisation à échelle industrielle se heurte à un obstacle économique rédhibitoire. Seule une partie des déchets serait ainsi transmutée à un coût exorbitant, et impliquerait d’accompagner les réacteurs à eau de la construction en France de 7 ou 8 RNR pour briser une toute petite partie des déchets...

Cette arnaque destinée aux politiques permet de justifier le projet et un financement public. En effet au delà du prétexte officiel, le but inavoué est de relancer cette filière à laquelle travaille le CEA depuis plus de 50 ans, avant que tous ses acteurs ne partent à la retraite, et ainsi de la sauver. Il s’agit bien d’une duperie, duperie lourde de conséquences.
Mais l’ «  arnaque » est dénoncée par l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire).
Avis n° 2013-AV-0187 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 4 juillet 2013 sur la transmutation des éléments radioactifs à vie longue, nous en extrayons le texte ci-dessous :
Ainsi, l’ASN considère que les gains espérés de la transmutation des actinides mineurs en termes de sûreté, de radioprotection et de gestion des déchets n’apparaissent pas déterminants au vu notamment des contraintes induites sur les installations du cycle du combustible, les réacteurs et les transports, qui devraient mettre en œuvre des matières fortement radioactives à toutes les étapes. Ceci serait tout particulièrement le cas en ce qui concerne la transmutation du curium2.”
(...)
En conséquence, l’ASN considère que les possibilités de séparation et de transmutation des éléments radioactifs à vie longue ne devraient pas constituer un critère déterminant pour le choix des technologies examinées dans le cadre de la quatrième génération.”

Les doutes exprimés au Sénat et la réfutation par l’ASN de justifier la construction du réacteur de 4ème génération par la transmutation des déchets les plus difficiles à gérer, enlèvent donc au projet Astrid toute légitimité !

Et que dire de cet immense gâchis financier, Superphénix c’est 10milliards d’€ de construction, et peut-être autant pour son démantèlement. Les énormes crédits consacrés au nucléaire par l’État pourraient être mieux utilisés dans l’économie et la maîtrise de l’énergie, le développement des renouvelables, et ainsi à la création de nombreux emplois.

http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2014/03/17/ASTRID-annee-2014-est-decisive-ne-laissons-pas-faire-ca

Pierre Péguin mars 2014.

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