Une tribune pour les luttes

Communiqué de presse d’habitants, d’acteurs associatifs, sociaux et de syndicalistes réunis dans le collectif du Grand St Barthélémy (Marseille)

Ravier dans nos cités, la fois de trop

Article mis en ligne le mardi 6 mai 2014

Marseille, le 6 Mai 2014

C’était la première fois, que Stéphane Ravier, nouveau maire élu du 7ème secteur, venait dans nos cités. Ce fut une scène d’affront à laquelle nous avons assisté. Nous savions ce qu’est le Front National, malgré son ravalement de façade en bleu marine. Nous connaissons ses racines, celle des heures sombres de notre histoire, celle de la nostalgie coloniale de l’OAS et du fascisme. Nous connaissons son programme, la préférence nationale et anti-sociale, le racisme, l’islamophobie, l’homophobie et le sexisme. Nous connaissons aujourd’hui un peu mieux ce que Stéphane Ravier compte faire dans nos quartiers : attaquer des familles déjà très précaires, qui se battent tous les jours pour l’avenir de leurs enfants, et attiser les colères, s’en servir comme d’un tremplin électoral, pour un projet de société fondé sur la haine.

Jeudi 24 Avril 2014, S. Ravier est donc venu à la Busserine, quelques heures après qu’un de nos voisins, jeune papa de 25 ans, ait été assassiné froidement en bas de chez lui. Assuré par la forte présence policière, il est venu tenter de prendre un « bain de foule ». Plutôt que les habitants, ce sont avant tout les journalistes qui l’ont accueilli. Puis, quelques habitants ont tenté de l’interpeller, sur des faits concrets. L’épreuve de la réalité l’a démasqué bien rapidement.

Alors qu’un habitant lui signalait la présence d’amiante dans son logement, qu’un autre venait l’interpeller au sujet de la précarité et du chômage, Ravier a préféré esquiver la question, « je ne suis que Maire de secteur, je ne peux rien faire » et tenter d’en imposer une autre « parlons d’abord d’insécurité, de démanteler les mafias »...comme s’il avait une quelconque compétence à ce sujet. Plutôt que de compétences d’un Maire de secteur, c’est bel et bien de projet politique dont il s’agit. Comme tout élu fascisant, S. Ravier refuse de s’intéresser aux inégalités qui minent notre société, d’autant plus lorsqu’il s’agit de défendre des populations encore soumises aux discriminations sociales et postcoloniales, à la ghettoïsation, les véritables terreaux qui permettent à la drogue et aux meurtres qui y sont liés, de s’installer chez nous. Pire encore, S. Ravier n’a ensuite pas mis longtemps à passer à ce qu’il faut qualifier d’insulte politique à notre encontre en attaquant « ces familles qui laissent traîner leurs enfants, l’un des principaux problèmes qu’il faudrait régler, sans quoi ces règlements de compte n’auraient pas lieu ».

Ces paroles insultantes ont provoqué un énervement des habitants envers Ravier qui s’est empressé de regagner sa voiture avec chauffeur, profitant ainsi de la surveillance de la police.
En s’appuyant sur ce mythe des familles « démissionnaires », « irresponsables » si bien véhiculé par les médias, l’élu Front National ment éhontément et montre son vrai visage : celui d’un élu encore en campagne sur des thématiques irresponsables et haineuses. Ces faits, aucun média n’a désiré les relayer, préférant présenter S. Ravier comme un élu « normal », légitime à parler sur ces territoires qu’il ne connaît pas.

Non, nos quartiers, nos familles, ne « démissionnent » pas. Chaque jour, nous nous démenons pour lutter contre l’installation croissante des réseaux de deals et la délinquance qui lui est liée et ce malgré les coupes de subventions que nos gouvernants nous imposent. Chaque jour, les familles de ce territoire s’activent pour faire face à la précarité sociale, urbaine, aux discriminations qui nous sont assignées dans cette société. Chaque jour, ces familles, celle de notre voisin décédé ce jour y compris, sont confrontées à un combat quotidien pour la dignité, face aux insultes de Ravier et de ses amis venus de plus en plus souvent d’autres familles politiques. La venue de S. Ravier aura au moins démontré aux habitants présents et encore dans l’expectative que nous n’avions rien à attendre d’un maire fasciste.

Nous espérons sincèrement que cette sortie sera la dernière. Nous n’avons pas de temps à perdre à recevoir un homme qui, un jour de deuil, vient nous insulter. Nous, habitants, acteurs syndicaux et associatifs de ce territoire, réaffirmons ici notre opposition à S. Ravier et à son projet de société. Si cet individu a été élu au profit d’un jeu « démocratique » miné par des années de gestion clientéliste et de misère sociale, il n’en reste pas moins un poison pour nos quartiers.

A la veille de l’anniversaire du 8 Mai 1945, jour de la Libération face aux nazis ainsi que des massacres coloniaux de Setif et Guelma, nous n’entendons pas abandonner ces combats qui font parti de notre A.D.N. social et politique. Les 6 années qui nous attendent ne seront pas celles de l’attentisme et encore moins du défaitisme. Elles seront celles d’une lutte sans concession contre le Front National, un nouveau combat qui ne nous fera pas oublier les précédents, contre le clientélisme, contre cette société inégalitaire, pour la défense des solidarités. Nos quartiers appartiennent à celles et ceux qui y habitent, y agissent, veulent les défendre et les améliorer. A ce titre, S. Ravier n’y est pas et n’y sera jamais le bienvenu. A bon entendeur...

Premier-e-s signataires (par ordre alphabétique) :
Berriche Karima, travailleuse sociale, habitante du XIV° arr.
Berriche Zora, bénévole section CSF St Barthélémy III
Braia Nora, présidente CLCV Fontvert
Chevraut Joseph, bénévole, citoyen
Condro Salvatore, sociologue, intervenant régulièrement sur le Grand St Barthélémy Danadir Daouda, bénévole et habitant du quartier
Ega Jean-Marc, éducateur, comité Mam’Ega, Grand St Barthélémy
Fournier Sébastien, syndicaliste enseignant, SNUipp 13/14
Huez Céline, syndicaliste SYNPTAC- CGT, Le Merlan scène nationale à Marseille. Lézeau Pierre, travailleur social, Comité Mam’ Ega, Grand St Barthélémy
Linon Daniel, travailleur social, XIV° arr.
Manessour Amhed, habitant et bénévole section CLCV Fontvert
Mouridi Aboubacar, bénévole association ALAFOU
Mouridi Hélène, bénévole association ALAFOU
Redjdal Haciba, travailleuse associative, association Schebba
Tagawa Anne-Marie, éducatrice en prévention sur le Grand St Barthélémy, association Passerelle.
Vacher Kevin, travailleur social dans le Grand St Barthélémy, membre du collectif Marseille solidaire contre l’extrême droite.
Yahiaoui Rania, habitante du XIV° arr.
Zehachi Céline, habitante de la cité St Barthélémy III
au titre de structures associatives :
association « Les deux Colombes », cité la Benausse ; Comité Mam’Ega ; section CLCV Fontvert

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