La France est le seul pays au monde à maintenir derrière les barreaux un combattant de la cause libanaise et palestinienne pour des faits qui remontent à l’invasion du Liban en 1982. La France a été le seul pays au monde à interdire des manifestations de solidarité avec les victimes de l’agression de Gaza en juillet et août 2014. Pourquoi cette « exception française » ?
Ces deux faits sont évidemment liés entre eux. Car ils expriment précisément ce qu’est l’impérialisme français aujourd’hui, ici, en métropole comme dans sa politique, là-bas, au Proche-Orient. Pour le comprendre, il faut revenir sur les faits. Georges Ibrahim Abdallah est un prisonnier politique détenu en France depuis 30 ans. Il est enfermé actuellement dans la prison française de Lannemezan dans les Hautes Pyrénées. C’est un communiste révolutionnaire libanais qui n’a jamais renié ses engagements. Suite à l’invasion de son pays en 1982, son organisation, les FARL, va mener des actions armées contre des dirigeants de l’armée sioniste et des services secrets américains présents alors en France. Il est en prison pour « complicité » dans ces actions armées ciblées. C’est le plus vieux prisonnier politique d’Europe. Le pouvoir politique français le maintient en détention en accord et sous l’influence directe de ses alliés américain et israélien.
Aujourd’hui, nul ne peut nier qu’il est un prisonnier politique. Il n’y a plus depuis longtemps de raison judiciaire à son maintien en prison. Le 21 novembre 2012, Georges Abdallah a obtenu un avis favorable du tribunal d’application des peines de Paris pour sa libération, « sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère de l’intérieur » à destination du Liban. L’arrêté n’a jamais été prononcé par Manuel Valls alors ministre de l’intérieur. Pour les autorités françaises, l’acharnement se justifie. En effet, selon les services de renseignements la libération de Georges Ibrahim Abdallah le transformerait en « héros » au Liban et cela s’opposerait aux « intérêts français » dans ce pays. Cette justification officielle est un aveu.
L’emprisonnement de Georges en France est le symbole même de la participation et de la complicité des dirigeants français à l’oppression des peuples du Proche-Orient. Comprenons bien. Georges Abdallah est un otage de l’impérialisme français. Si on veut être exact, c’est un prisonnier de guerre. Une guerre plus ou moins déclarée, qui se mène depuis des décennies, pour que le Proche-Orient reste sous domination occidentale et sous la menace immédiate de l’armée sioniste.
Le refrain sur « l’importation du conflit » et l’internationalisme
Dans cet affrontement, l’argument dérisoire des grandes puissances, qui sèment la terreur sur des peuples entiers, consiste à accuser toute résistance d’être une forme sauvage de « terrorisme ». On connaît bien l’amalgame entre résistance à l’occupation et terrorisme. La solidarité avec la cause de ces peuples étant elle-même taxée d’« antisémitisme » ou de « communautarisme religieux ». Cette accusation vient pourtant des pays qui soutiennent des régimes théocratiques et toutes sortes de démembrement ethniques de la région comme en Irak et en Syrie.
Dans le cas de Georges Abdallah comme dans le cas des manifestations de solidarité, la propagande qui doit couvrir cette « exception française » repose sur le même refrain : il est interdit d’« importer le conflit » du Proche-Orient en France. C’est un argument à sens unique. Si on soutient les opprimés, on importe un conflit. Si c’est l’inverse, on exprime un point de vue citoyen.
Cet argument de l’importation ne fonctionne qu’à la condition d’occulter la nature coloniale du conflit en Palestine et dans le monde arabe. Il faut alors occulter l’implication directe et prolongée de la France impérialiste dans cette affaire. Pourtant, depuis la livraison de la bombe nucléaire en 1956 jusqu’à la déclaration de Hollande le 9 juillet dernier sur le droit d’« Israël » à bombarder Gaza, les dirigeants français arment, financent et soutiennent les agressions contre les peuples du Proche-Orient.
L’argument de l’importation ne fonctionne aussi qu’à la condition de considérer la solidarité internationaliste comme suspecte par nature. Une suspicion qu’on jette d’abord au visage de la jeunesse populaire, considérée comme un « ennemi de l’intérieur », jusqu’à interdire son expression comme pendant la première Intifada en 1987, ou la guerre du Golfe en 1991.
Surtout, cet argument ne fonctionne qu’a condition d’ignorer ce qu’est l’impérialisme actuel qui configure le monde. Car les conflits ne sont pas « importés » par ceux qui s’en indignent. Ils sont au contraire alimentés et parfois créés de toutes pièces par les puissances qui captent l’essentiel des échanges économiques mondiaux. Les profits de quelques uns qui équivalent à la richesse de dizaines de pays se paient par des guerres. Pour maintenir l’ordre international capitaliste il faut que celui-ci déploie des techniques de « maintien de l’ordre », c’est-à-dire des moyens gigantesques de contrôle et de répression. Pour faire la guerre à l’extérieur, il faut pacifier l’intérieur. Le libre marché des inégalités a besoin de son bras armé comme il a besoin de désarmer les mouvements de solidarité. En canalisant les consciences. En affirmant par exemple que ce qui se passe « là-bas » et ce qui passe « ici » n’a rien à voir. On vise ainsi à détruire la conscience politique qui s’élève toujours à chaque fois que s’exprime une solidarité avec un peuple opprimé. Ce fut le cas pour l’Algérie. Ce fut le cas pour le Vietnam. Ce fut le cas pour l’Afrique du Sud. Ceux qui agitent le spectre de « l’importation des conflits » refusent le combat global contre les injustices ici et là-bas. Ce n’est pas notre cas. Mais ne cachons pas que c’est un combat qui reste à généraliser. Georges Abdallah sert de révélateur aux faiblesses du mouvement de solidarité avec les peuples opprimés. Le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien en particulier ne doit plus laisser en marge le combat pour sa libération. Il est temps d’« importer » sa demande de libération au sein des mots d’ordre centraux du mouvement de solidarité. Ce sera alors un révélateur de sa force.
Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah PACA-Marseille
UN BUS POUR LANNEMEZAN !
RASSEMBLEMENT POUR LA LIBERATION DE GEORGES ABDALLAH
DEVANT LA PRISON DE LANNEMEZAN LE 25 OCTOBRE 2014
Contact pour Marseille : par téléphone (0667009251) ou par mél (tachinouite chez hotmail.com)
Site du collectif national : liberonsgeorges.over-blog.com
Vos commentaires
# Le 30 septembre 2014 à 07:18 En réponse à : Pour Georges Abdallah, contre l’exception française !
Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah lue le 14 juin 2014 lors du meeting à Saint-Étienne :
Cher« e »s Camarades, cher« e »s ami« e »s,
Vous savoir réunis ce soir, à l’initiative du Collectif Manuela Rodriguez et des Camarades de la CNT 42, me remplit de force et me réchauffe le cœur et surtout me conforte dans la conviction que c’est ensemble et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons.
Quelques mois seulement Camarades, me séparent encore d’une nouvelle année de captivité à savoir la trente et unième année. Trois décennies derrière ces abominables murs, c’est assez long Camarades. Il n’en demeure pas moins, c’est toujours la même émotion et la même détermination en écho à votre mobilisation solidaire.
Bien entendu, Camarades, vous n’êtes pas sans savoir que ma situation est loin d’être un cas à part, isolé ou quelque peu exceptionnel. Elle répond en tous points aux critères de la politique d’anéantissement dont font l’objet les protagonistes révolutionnaires incarcérés aussi bien ici, dans les centres du système impérialiste, que là-bas dans ses périphéries. Encore faut-il préciser Camarades, que l’acharnement judiciaire en vue de la destruction et de l’anéantissement des protagonistes révolutionnaires incarcérés n’est ni fortuit ni gratuit, il s’inscrit d’emblée et d’une manière systématique dans la dynamique globale de la contre-révolution préventive… Des geôles sionistes à celles du Maroc, des cellules d’isolement en Turquie à celles encore plus sombres en Grèce et ailleurs en Europe et de part le monde, c’est toujours le même constat : l’acharnement judiciaire n’est qu’un élément d’une large panoplie mise à disposition de la contre-révolution préventive. Bien entendu cette panoplie des mesures et des lois ne cesse de s’étoffer toujours plus Camarades, en ces temps de crise générale qui ébranle les piliers du système au niveau mondial.
De nos jours, il est évident que le temps passé derrière les barreaux n’est jamais la raison principale de la libération de tel ou tel prisonnier révolutionnaire... En effet, on libère le prisonnier révolutionnaire quand la mobilisation en faveur de sa libération commence à peser réellement dans le processus de la lutte globale contre la répression et l’exploitation. Il faut savoir que seulement quand le maintien en détention commence à peser plus lourd que les possibles menaces inhérentes à l’élargissement de ce militant incarcéré, l’ordre de sa mise en liberté ne trouvera plus alors d’opposition au niveau des instances concernées. C’est pourquoi la solidarité la plus appropriée que l’on peut apporter à un prisonnier politique, c’est de s’engager toujours plus sur le terrain de la lutte contre le système d’exploitation et de domination. C’est toujours à la lumière de ce constat que l’on doit lire les diverses mesures et lois adoptées un peu partout ces derniers temps concernant les prisonniers politiques ainsi que les prisonniers sociaux insoumis et tout particulièrement ceux et celles de longues peines et l’inextricable parcours d’une demande de libération conditionnelle…
Camarades, vous n’êtes pas sans savoir qu’en ces de temps de crises et tout au long de ces dernières années plus que jamais votre mobilisation ainsi que les multiples initiatives solidaires, ont fortifié et conforté toujours plus la détermination et la résolution des prisonniers révolutionnaires et insoumis derrière les abominables murs… Mais aussi il faut le signaler avec force, ces tant d’années de mobilisation ont enrichi votre expérience et consolidé vos structures solidaires dans la diversité de leurs expressions, et par là même elles ont taillé en pièces toutes les tentatives de mettre à genoux vos camarades prisonniers.
Que fleurissent les initiatives solidaires du Maroc à la Turquie, de la Palestine à la Grèce et ailleurs en Europe et de part le monde…
Ensemble Camarades et toujours dans la diversité de l’expression solidaire faisons de sorte que tout pas en avant pour les uns le soit aussi pour les autres !
Ensemble Camarades et ce n’est qu’ensemble que nous fortifions la détermination et la résistance des prisonniers révolutionnaires et insoumis !
Tout naturellement Camarades, en assumant la solidarité comme vous faites, sur le terrain de la lutte anticapitaliste/anti-impérialiste, vous apportez certainement le soutien le plus efficace aux prisonniers révolutionnaires et aux prisonniers insoumis.
À bas l’impérialisme et ses chiens de garde sionistes et autres réactionnaires arabes !
Le capitalisme n’est plus que barbarie !
Honneur aux Martyrs et aux masses populaires en lutte !
Gloire et Honneur au martyr marocain Nourredine Abdelwahab et à tous-tes les martyr-es révolutionnaires !
Ensemble Camarades et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons !
À vous tous Camarades mes plus chaleureuses salutations révolutionnaires.
Votre camarade Georges Ibrahim Abdallah
Dossier réalisé par le collectif de libération pour Georges. I. A :
http://sd-g1.archive-host.com/membres/up/29b72e7b8387d2014690b4aea20c293508c66477/Blog/dossier_CLGIA.pdf