Une tribune pour les luttes

Petit journal antinucléaire sur l’actualité de Fukushima

Article mis en ligne le dimanche 15 février 2015

Nouvelles de Fukushima en janvier 2015

Texte de HORI Yasuo rédigé le 31 décembre 2014
traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN avec l’aide de Paul SIGNORET

Qu’est-il arrivé en ce qui concerne Fukushima et la politique nucléaire au cours de ces derniers mois ?

On a réussi à retirer les matériaux nucléaires du réacteur n° 4

Lorsqu’ont eu lieu le séisme et le tsunami en 2011, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima n’était pas en fonctionnement. Jusque-là, on pensait qu’un réacteur à l’arrêt n’était pas dangereux, mais c’était un malentendu. Pendant que le réacteur est contrôlé, on en retire les combustibles usagés et on les met dans un bassin. Si de l’eau du bassin se perd, les barres de combustibles seront à nu et vont émettre une quantité considérable de radioactivité. Une telle situation de crise a failli arriver dans le réacteur n°4. Par un heureux hasard, l’eau du bassin voisin a envahi le bassin qui s’était vidé et cela a sauvé le Japon et le monde. Si l’eau s’était complètement échappée, le monde entier aurait été si contaminé que vous aussi, qui habitez à l’étranger, vous auriez dû vous enfuir quelque part (certainement nulle part).

Après la catastrophe, ces 1 535 combustibles nucléaires sont restés dans le bassin à l’intérieur du bâtiment sinistré. Si un autre grand séisme survenait, le bassin pourrait se rompre, le plus important était de retirer rapidement ces combustibles hors du bassin et de les transporter en lieu sûr. Ce travail a commencé en novembre 2013, et le 20 décembre 2014 TEPCO réussi à retirer tous les combustibles nucléaires.

L’eau contaminée est en augmentation

Une grande quantité d’eau souterraine s’écoule dans les bâtiments endommagés et se charge de radioactivité. TEPCO extrait 400 tonnes d’eau chaque jour et les conserve dans d’énormes cuves de métal sur le terrain de la centrale. La quantité stockée était de 351 800 tonnes début novembre. Pour la réduire, il y a deux moyens.

La première méthode est de bloquer l’eau qui s’infiltre grâce à un mur gelé autour des bâtiments. Bien sûr, on essaie de construire ce mur, mais je n’ai toujours pas entendu dire qu’on soit parvenu à le construire.

La deuxième méthode est de purifier cette eau polluée par des machines appelées ALPS. A présent, on a installé trois ALPS, cependant des problèmes surviennent souvent sur les machines et le nettoyage ne progresse pas dans la facilité. En outre, ces machines ne peuvent retirer le tritium. La compagnie TEPCO veut rejeter l’eau avec le tritium dans la mer, en faisant valoir que ce n’est pas une substance radioactive dangereuse, mais elle ne publie pas ce projet, craignant les critiques des pêcheurs, du public et du monde.

Le gouvernement a l’intention de remettre en route des réacteurs

Le 15 septembre 2013, tous les réacteurs au Japon ont été arrêtés. Le gouvernement veut les remettre en route, arguant que l’énergie nucléaire est une source d’énergie basique stable, peu coûteuse et nécessaire, mais la plupart des gens s’opposent à cette politique, et pendant un an et trois mois les Japonais ont vécu avec de l’électricité non produite par les centrales nucléaires. Cependant, le gouvernement et le monde industriel persistent à vouloir la remise en route des réacteurs.

Le 10 septembre 2014, l’Autorité de Régulation Nucléaire, qui examine les réacteurs, a publié que les deux réacteurs de Sendai dans le département de Kagoshima sur l’île méridionale de Kyūshū sont conformes aux règles de sécurité concernant les réacteurs, et la ville de Satsuma-Sendai, où se trouvent ces réacteurs, et le département de Kagoshima ont accepté la remise en route. Le gouverneur, M. Itō Yūichirō, dit que, pour garder le niveau de vie actuel de la population, l’énergie nucléaire ne doit jamais manquer, et que, même si un accident survient comme dans le département de Fukushima, il n’y aura aucun risque de mort.

Le 17 décembre 2014, l’Autorité de Régulation Nucléaire a publié que les deux réacteurs du département de Fukui Takahama sont en conformité avec les règles de sécurité.

Cependant, ces observations de l’Autorité de Régulation Nucléaire ne sont pas fiables. Le responsable en chef de cette Autorité, M. Tanaka Shunichi, dit lui-même : "Je dis que les réacteurs sont en conformité avec les règles, mais je ne dis pas qu’ils sont sûrs et seront exempts d’accidents". La mission de l’Autorité est seulement de juger si l’équipement du réacteur est en conformité ou non avec les règles, mais le premier ministre Abe ne cesse de dire en déformant ses paroles : "Si l’Autorité constate la sécurité d’un réacteur, mon l’intention est de le remettre en route."

Au sujet des réacteurs de Sendai, le plan d’évacuation des habitants des villes environnantes n’est pas prêt, et en outre beaucoup craignent que ne survienne une énorme éruption volcanique sur l’île de Kyūshū. Le gouvernement et le département disent que, lorsque surviendra un accident grave, ils prendront la responsabilité sur eux, mais, comme vous constatez la réalité dans le département de Fukushima, il est clair que personne ne pourra en répondre.

Or, le parti du premier ministre a gagné aux élections générales qui ont eu lieu le 14 décembre. Ce dernier, avec encore davantage de confiance en lui, va pousser à une politique d’énergie nucléaire. Beaucoup ressentent de la peur ou de la terreur à cause de sa façon de gouverner en dictateur.

TEPCO attend la mort des victimes

Le gouvernement et TEPCO ne veulent pas verser aux sinistrés des indemnités suffisantes. Afin de résoudre un conflit entre TEPCO et les sinistrés, il existe le système ADR (Alternative Dispute Resolution, résolution alternative par discussion), plus simple et facile qu’un règlement en justice. Avec l’ADR, les victimes qui sont mécontents de la somme de compensation accordée par TEPCO peuvent demander une solution au "Centre pour régler un différend concernant la rémunération due à l’accident nucléaire", organisme officiel dans le cadre du ministère de l’éducation et des sciences. A présent, de plus en plus de personnes, individuellement et en groupes, demandent cette solution.

Le nombre des demandes est le suivant :
2011 : 521 (entre septembre et décembre)
2012 : 4542
2013 : 4091
2014 : 4825 (jusqu’à fin novembre)

Le total est de 13 979, parmi lesquelles 9219 (66%) ont été résolues, cependant les concrétisations s’effectuent très lentement.

Par exemple, dans la ville de Namie, ville voisine de la centrale nucléaire, 15 313 citoyens (70% de la population) se sont groupés pour demander la résolution par l’ADR en mars 2013. La compagnie TEPCO paie actuellement par personne 100 000 ¥ (1000 euros) par mois, mais ils ont exigé qu’elle paie 350 000 ¥, (3500 euros) et le Centre a arrangé un compromis pour faire passer le montant compensatoire à 150 000 ¥ (1500 euros), mais TEPCO a refusé. Pendant ce temps, déjà 238 personnes sont mortes.
A présent, tous les habitants de Namie se sont réfugiés dans d’autres villes et ils vivent dans de petites maisons provisoires. Mme Matsumoto, 82 ans, a déclaré : "Dans ce quartier ici, un grand nombre de personnes sont mortes aussi. Nous n’avons pas de connaissances ici ni d’emploi, donc beaucoup s’enferment en solitaires dans leur petite maison et ils déclinent". Son mari non plus, depuis l’évacuation, ne parlait pas beaucoup, il ne mangeait pas assez et finalement il est mort.

Santé des enfants et des adolescents

Le 26 décembre 2014, le département de Fukushima a publié les résultats de l’enquête sur l’influence de la radioactivité sur la thyroïde des enfants et adolescents de moins de 18 ans.

Au cours du premier examen sur 370 000 enfants et adolescents, ont été trouvés porteurs d’un cancer de la thyroïde :

14 sur 48 000 en 2011
50 sur 161 000 en 2012
20 sur 159 000 en 2013

Lors du deuxième examen portant sur 385 000 enfants et adolescents et aussi sur les nouveaux-nés, quatre ont été trouvés souffrant d’un cancer de la thyroïde.

La suite sur : http://www.fukushima-blog.com/

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