Une tribune pour les luttes

Collectif pour la libération de Georges Abdallah Marseille-PACA

Le combat de Georges Abdallah est le nôtre

Article mis en ligne le mardi 10 mars 2015

Le jeudi 26 février 2015, la chambre d’application des peines de la Cour d’Appel de Paris a rendu un verdict qui rejette la nouvelle demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah.

Face à l’acharnement de l’Etat, à l’amnésie et à la lâcheté politique, il faut rappeler sans relâche qui est le révolutionnaire Georges Ibrahim Abdallah. Il se définit comme un combattant communiste arabe qui a porté les armes au début des années 1980 pour la liberté du Liban et de la Palestine. Il est un prisonnier politique enfermé en France depuis plus de 30 ans. C’est à notre connaissance un des doyens des prisonniers politiques dans le monde avec Mumia Abu Jamal et Leonard Peltier, détenus quant à eux aux Etats-Unis dans la « plus grande démocratie du monde ».

Georges Ibrahim Abdallah a été arrêté en 1984 et jugé en 1987 par la première Cour spéciale Anti-Terroriste pour « complicité » concernant des actions anti-impérialistes menées suite aux agressions répétées et à l’invasion de son pays, le Liban, par l’Etat colonial sioniste en 1978 et 1982. Selon le droit français, Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 15 ans. En 2012, une décision de justice favorable à sa libération a été barrée par le golpiste Manuel Valls, alors Ministre de l’Intérieur et des Cultes, lié de son propre aveu « de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ». Pourquoi dans le cas de Georges Abdallah, la libération est-elle conditionnée par un accord préalable du Ministre de l’Intérieur ? En quoi l’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah dans son pays d’origine constitue t-il un « trouble à l’ordre public en France » ? Pourquoi son dossier judiciaire est-il depuis le début entaché de très graves manipulations barbouzardes et médiatiques (reconnues d’ailleurs par le procureur et le chef des services secrets de l’époque) sans qu’il y ait eu une révision du procès ? La réponse à toutes ces questions tient à une donnée très simple : les Autorités politiques françaises refusent sa libération et assument un déni de droit car elles exigent d’un prisonnier politique qu’il abjure et trahisse son combat anti-impérialiste.

Les Autorités françaises ne cachent même plus ce motif purement politique. La Cour d’Appel de Paris a remis sur la table deux arguments supplémentaires pour son nouveau refus : l’absence « d’excuses et de regrets » concernant les actions menées par les FARL (Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises) et l’absence d’indemnisation aux familles des victimes : les Autorités Françaises demandent donc à Georges Abdallah un acte de contrition politique ainsi que des « réparations » financières à verser aux ayant-droit, soit aux proches de Yacov Barsimantov et de Charles Robert Ray, respectivement responsables du Mossad et de la CIA, les services secrets des USA et de l’Etat colonialiste d’Israël. La vengeance d’Etat continue de s’abattre sur ce combattant communiste arabe qui refuse de renier son engagement pour la libération des peuples.

Le combat de Georges Ibrahim Abdallah est le nôtre. Nous continuons à nous battre pour sa libération et pour ses idées. Car son combat pour la liberté des peuples et pour un monde débarrassé de l’exploitation nous concerne tous. Soutenir Georges Ibrahim Abdallah, c’est s’opposer aux guerres impérialistes et à leurs prétextes fallacieux. Ce combat internationaliste concerne la plus grande question politique de notre temps et de toute l’histoire humaine : la question de la guerre et de la paix. Nous avons devant nous deux types de guerres qui interagissent et nous devons prendre position sur ces guerres car il n’y a aucun moyen d’échapper à ce monde. D’une part, la « guerre perpétuelle contre le terrorisme » déclarée par la Communauté Internationale des Etats Impérialistes, une guerre pour le contrôle militaire du monde et le monopole sur les ressources, et d’autre part, la guerre sociale, intérieure, non déclarée, entre les grands propriétaires de capitaux et les dépossédés. Prendre position pour les damnés de la terre, ici et là-bas, dans les pays dévastés par les prétendues « guerres justes », c’est commencer par refuser les idées de l’ « Empire du Bien » et de comprendre les enjeux réels de la situation.

Car un bushisme mental s’est emparé de la France depuis les attentats de janvier comme il s’était emparé des Etats-Unis après le 11 septembre 2001. Le bushisme mental se résume à une proposition : « nous sommes les bons, ils sont les mauvais, défendons nos valeurs ». Il faudrait commencer par voir à quoi mène ou a mené concrètement l’unanimité « anti-terroriste », là-bas pour les peuples opprimés du Moyen-Orient et ici pour les classes populaires dans la métropole. La cible de l’anti-terrorisme ce n’est pas seulement l’Irak, l’Afghanistan ou la Syrie, mais ce sont aussi les libertés démocratiques et les luttes contre l’oppression sociale en France. L’impérialisme doit convaincre la population que sa protection exige la guerre extérieure et des mesures d’exception intérieures. Pour cela, il faut présenter les peuples opprimés et la population issue de la colonisation comme une menace globale, intérieure et extérieure. Sur ce point Malcolm X nous a averti : « Méfiez-vous des médias. Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment ».

L’affaire Abdallah révèle à sa manière ce que la France cache par de nombreux filtres idéologiques : sa politique de domination des peuples, des minorités opprimées et des dépossédés. Georges Abdallah est un prisonnier de cette politique. C’est un otage de l’impérialisme. On trouve ici le secret de l’acharnement de l’Etat à son encontre : il est un symbole de la résistance contre la colonisation au Proche-Orient. Une colonisation qui n’est pas le seul fait de Washington ou de Tel Aviv mais qui implique Paris en première ligne. L’ancien pouvoir colonial français qui exerçait au XXème siècle toute sa tutelle sur le Liban et la Syrie renoue avec sa politique de la canonnière et prétend par des bombardements sauvages et terroristes faire reculer le terrorisme au Moyen-Orient et prévenir ses retombées en Europe. De plus, en se nourrissant du racisme anti-arabe rebaptisé islamophobie, le capitalisme prédateur parvient pour son plus grand profit à diviser et à semer la confusion au sein des classes populaires.

Ne nous trompons pas de combat à l’heure des appels à l’Union Nationale sous les plis du drapeau national et sous les ordres de l’Etat. Le problème n’est pas la menace qui pèse sur la liberté, fut-elle celle de critiquer les religions, le problème c’est l’aveuglement devant la violence de l’impérialisme et de l’ordre capitaliste. Le problème c’est l’acquiescement à une rhétorique de guerre nourrie par la défense de la « civilisation libérale ». Le cas de Georges Ibrahim Abdallah concerne d’une façon plus claire qu’il ne semble la répression des luttes. Il est un miroir grossissant de ce que la démocratie capitaliste réserve à tous les damnés de la terre qui n’acceptent pas l’ordre inégalitaire ici ou dans le reste du monde.

Collectif Marseille-PACA pour Georges Abdallah

meeting-débat organisé le samedi 21 mars 2015 à 20h00 à l’Espace accueil étranger 22 rue Mathieu Stilatti 13003 Marseille.
http://www.millebabords.org/spip.php?article27612

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