Une tribune pour les luttes

Appel à la régularisation des sans-papiers scolarisés

par Education sans Frontière

Article mis en ligne le mercredi 14 septembre 2005

Le 26 juin 2004, s’est tenue à la Bourse du Travail de Paris une réunion rassemblant des enseignants, des personnels de l’Education nationale, des parents d’élèves, des éducateurs, des collectifs, des syndicats et des organisations attachées à la défense des droits de l’homme préoccupés de la situation des sans-papiers scolarisés (de la maternelle à l’université). Ils ont décidé la création d’un réseau de soutien nommé Education sans frontières. Les syndicats, les associations de parents d’élèves, les organisations et les représentants de collectifs et d’établissements signataires appellent les enseignants et les personnels des établissements de tous niveaux à se montrer vigilants, à informer leurs élèves qu’ils sont prêts à se mobiliser pour les aider à faire régulariser leur situation.

Une réunion pour la création d’Education sans frontières à Marseille aura lieu vendredi 23 septembre 2005 à 19 h à Mille Bâbords à l’initiative de la CNT.

Vous lirez ci-dessous le texte de l’appel. Il est l’acte fondateur d’un réseau qui rassemble aujourd’hui plusieurs dizaines d’organisations et d’associations.


Paris, le 26 juin 2004 :

Ces derniers mois, les personnels, les parents et les élèves d’établissements scolaires ont obtenu de haute lutte la régularisation d’élèves et de parents d’élèves sans papiers que des lois iniques menaçaient d’expulsion. Des élèves que rien n’aurait distingué de leurs camarades si leurs vies n’avaient été gâchées depuis leur majorité par le refus des autorités de leur accorder le titre de séjour leur permettant de vivre normalement avec leurs familles. La mobilisation des personnels, des élèves et des parents, de leur quartier, les relais qu’ils ont su trouver auprès de personnalités locales et nationales, de centaines d’anonymes aussi, l’écho que la radio, la télévision et la presse ont parfois donné à leur action ont permis d’arracher ces jeunes à la clandestinité. Tout est bien qui finit bien pour ceux-là.

Pourtant, pour quelques cas résolus, des milliers d’autres jeunes, d’enfants, d’étudiants également subissent, eux aussi, le drame de la privation du droit à une existence décente, l’obsession de l’interpellation, la peur d’une expulsion pratiquée dans des conditions souvent honteuses, l’angoisse d’un avenir bouché par la privation du droit de poursuivre des études supérieures, de travailler, d’avoir un logement, de bénéficier de la Sécurité sociale, etc. Bref, d’être condamnés au dénuement et aux conditions de vie indignes auxquels sont réduits les sans-papiers.

Il est inconcevable d’imaginer nos élèves, les copains de nos enfants, menottés, entravés, bâillonnés et scotchés à leurs sièges d’avion pendant que leurs camarades étudieraient paisiblement Eluard (« J’écris ton nom, Liberté ») ou Du Bellay (« France, mère des arts, des armes et des lois ») ; et que, sans trembler, on effacerait des listes les noms et prénoms des bannis.

Il est du devoir des enseignants, des personnels des établissements scolaires, des élèves eux-mêmes et de leurs parents mais aussi des associations (parents d’élèves, défense des droits de l’homme, anti-racistes) et des organisations syndicales et autres d’agir pour tirer ces jeunes de la situation qui pourrit leur vie. Agir pour les élèves concernés eux-mêmes, déjà souvent malmenés par des existences chaotiques : exilés, ayant parfois perdu un de leurs parents et traversé nombre d’épreuves. Il ne faut pas ajouter aux tragédies que sont les biographies de certains d’entre eux l’angoisse d’être expulsés d’un pays où ils avaient cru trouver un refuge.

Mais agir aussi pour faire la démonstration aux yeux de nos élèves et de nos enfants, que les discours sur les « valeurs » ne sont pas des mots creux. Il est du devoir de tous ceux qui ont une mission éducative, à commencer par les personnels de l’Education et les parents, de montrer à la jeune génération qu’on dit sans repères, que la justice, l’altruisme, la solidarité, le dévouement à une cause commune ne sont pas des mots vides de sens. Et que certains adultes savent faire ce qu’il faut quand des jeunes sont victimes d’injustice ou plongés dans des situations intolérables.

Agir, enfin avec les jeunes eux-mêmes. Qui, s’ils sont associés à des combats justes, renoueront avec des traditions de solidarité, de combat collectif qui leur permettront peut-être, leur vie durant, de faire en sorte que le monde dans lequel ils sont appelés à vivre soit ouvert à tous.

Adultes et jeunes des établissements scolaires constituent une force. Elle doit peser pour que cesse la situation d’exclusion que vivent les élèves sans papiers.

Nous appelons au développement d’un réseau de solidarité avec les jeunes sans papiers scolarisés, à l’échelle nationale (voire à l’échelle européenne).

Nous appelons toutes celles et tous ceux, jeunes sans papiers scolarisés, enseignants, personnels d’éducation, parents d’élèves, élèves et étudiants, juristes et avocats, mais aussi organisations syndicales, associations, partis attachés à combattre l’injustice et enfin tous ceux que révolte l’oppression à s’associer à cet appel, à le reproduire, à le faire circuler, à entrer en contact avec nous. Et, dès la rentrée 2004, à recenser les jeunes en difficulté, à constituer des équipes qui les aident à peser de tout le poids du milieu scolaire pour mettre un terme à des situations insupportables.

Éducation sans frontières

www.educationsansfrontieres.org


Les organisations membres du réseau

( au 1er sept. 2005) :

Mouvement associatif (local et national) :

- ADN (Association pour la démocratie - Nice),
- AITEC (Association Internationale des Techniciens, Experts et Chercheurs, Groupe contre la criminalisation des familles),
- AMF (Association des Marocains en France),
- A.S.A.V. (Association pour l’Accueil des Voyageurs - 92),
- Association « En-Temps » (service des mineurs étrangers isolés),
- Association Française Janusz Korczak (AFJK),
- Association Intercapa Solidarité Etudiants Etrangers,
- Association Sar-Phirdem,
- ATTAC-France,
- CEDETIM,
- CIMADE (Service œcuménique d’entraide),
- Cinquième zone,
- Collectif Cetace (Créteil),
- Comité de défense des droits des sans-papiers (59),
- Comité de soutien aux tsiganes du 93
- Collectif des sans papiers de Seine Saint-Denis (93),
- Collectif des sans-papiers des Hauts de Seine (92),
- Collectif des sans-papiers kabyles de France (CSPK),
- 3ème Collectif des sans-papiers de Paris,
- Coordination nationale des sans-papiers,
- CVSF,
- DEI (Section française de Défense des Enfants international),
- DAL (Droit Au Logement),
- Ecole Emancipée,
- Emancipation,
- FASTI,
- Faut qu’on s’active ! (Boulogne sur mer),
- FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves de l’Ecole Publique),
- Femmes de la Terre,
- GISTI,
- Journal « A Contre Courant » politique et syndical (Mulhouse),
- ICEM Pédagogie Freinet,
- Identité - RROMS,
- Ligue de l’Enseignement,
- Ligue des Droits de l’Homme,
- MRAP,
- RAJFIRE (Réseau pour l’autonomie des femmes immigrées et réfugiées),
- Ras le Front,
- RCTS (Réseau de travailleurs sociaux pour l’insertion des jeunes étrangers),
- Réseau Chrétiens Immigrés (RCI),
- SUB TERRA a.s.b.l.,

Mouvement syndical :

- CNT,
- FERC-CGT,
- FSU,
- Union Syndicale « Solidaires »,
- MGM (Syndicat de la Médecine Générale)
- PAS 38 (Pour une Alternative syndicale - Isère),
- SGEN-CFDT,
- SUD-Culture,
- SUD-Education,
- SUD-PTT,
- SUD Santé-Sociaux,
- SEDVP-FSU (Syndicat des Etablissements Départementaux de la Ville de Paris),
- Syndicat de la Magistrature,
- UDAS (Union des Alternatives Syndicales)
- UNL (Union Nationale Lycéens),
- UNSEN-CGT.

Collectifs RESF d’établissements, de villes ou de régions :

- CISéé (Lycée Suger Saint-Denis - 93),
- CISéé (Lycée Utrillo, Stains - 93),
- Collectif de défense des sans papiers de Villejuif (94),
- Collectif de l’EURE de soutien aux mineurs et jeunes majeurs scolarisés sans papiers (27),
- Collectif des Hauts de Seine - Sud (92),
- Collectif de Soutien aux Enfants de Sans-Papiers scolarisés (Orléans - 45),
- Comité de soutien des enfants tchétchènes de l’école Baudelaire - Paris 12°,
- Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires (Nantes - 44),
- Collectif "jeunes sans papiers" (Réseau Education Sans Frontière de l’Hérault - 34),
- Collectif lycée J. Vaucanson (les Mureaux 78),
- Collectif lycée J. Feyder (Epinay - 93),
- Collectif Resf Angers (49),
- Collectif Resf Seine Saint-Denis (93),
- Collectif Unitaire de Défense des Elèves,
- Etudiants et Enseignants Etrangers (Académie de Créteil),
- Club UNESCO Terre Bleue (Charenton - 94),
- Groupe Education Sans Frontières Voltaire (Collège-Lycée Voltaire - Paris 11°),
- Jean Macé Sans Frontières (Lycée Jean Macé, Vitry - 94),
- Lycée Jean Jaurès (Châtenay-Malabry - 92),
- LP Florian (Sceaux - 92),
- LP Gustave Eiffel (Massy - 91),
- Réseau Education Sans Frontières Ille et Vilaine (35),
- Réseau Education Sans Frontières Lyon (69/42),
- Réseau Education Sans Frontières Moselle (57),
- Réseau Education Sans Frontières Nord - Pas de Calais,
- Réseau Education Sans Frontières Rouen (76),
- Solidarité Migrants Oise (60).

Soutiens :

- Alternative Libertaire,
- LCR,
- Les Verts,
- OCML VP - Journal Partisan,
- PCF.

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