Une tribune pour les luttes

Appel du Mouvement Suluhu

Non aux expulsions ! Département responsable

Face à la situation qui prévaut au Comore dans la partie ouvertement administrée par la France, à savoir Maoré (Mayotte)

Article mis en ligne le samedi 21 mai 2016

Le shawiri Suluhu, la solution Réconciliation,
Le dalao Suluhu, le traitement Réconciliation,
Ye ndziya suluhu, la voie Réconciliation,

Aujourd’hui, la tension est extrême, tous les indicateurs sont au rouge, l’insatisfaction est générale et le département pourrait bien ne pas être à la hauteur des rêves qu’il avait générés. Certains l’avaient annoncé : « le département sera un espace privilégié pour un développement à l’occidentale qui confortera la délinquance, l’alcoolisme, la drogue, la prostitution, la violence (...) » (1/11/2008).

Cruelle déception ! Voici les responsables : ce seraient les « étrangers » coupables de tous les maux. Or, la présence à Mayotte de ceux qui empêcheraient une petite minorité de jouir des bienfaits de l’appartenance à la France, est l’aboutissement inéluctable et prévisible d’un processus engagé de longue date. Le maintien de la France dans cette zone via la partition d’un Archipel voué au vivre ensemble et la déstabilisation des pays voisins indépendants est un facteur de déséquilibre croissant. Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les habitants des autres îles Comores qui sont aspirés par le mirage mahorais. Appartenant à un espace de circulation naturel, jamais Mayotte ne pourra se couper de son environnement, c’est un fait indiscutable et aucun visa, aussi meurtrier soit-il, ne saurait constituer un rempart suffisant contre le désir naturel de trouver une vie meilleure.

Pour autant, les Mahorais ne sont pas satisfaits de leur pseudo-développement qui s’avère une véritable fiction. Il ne reste plus que le rêve de la consommation et du pouvoir reconquis sur les autres par le porte-monnaie. L’égalité républicaine est forcément mirage dans la colonie, cette petite île qui ne produit rien et dont l’économie ne peut être fondée que sur la commande publique et l’assistanat. Le mécontentement grogne, un besoin d’agir s’exprime...

Et « la population » de se lancer ainsi, sans vergogne et sous le regard bienveillant des autorités, dans l’expulsion sauvage des plus faibles et derniers arrivés sur le territoire, avec ou sans papiers français. La liste des villages concernés s’allonge dans une concurrence malsaine relayée par un battage médiatique incitateur qui serait qualifié de « radio mille collines » sous d’autres cieux.

Nous dénonçons ces actes, inacceptables et injustifiables auxquels il faut mettre fin et nous appelons tout un chacun à une réflexion lucide.

Haro sur l ’ « étranger » ! Mais quel étranger ? Racisme, xénophobie ? Aucun de ces mots ne convient ici : ceux qui expulsent sont semblables en tous points aux victimes. Les plus enclins à crier et à appeler à la chasse sont d’ailleurs souvent de la même origine que les expulsés et tentent ainsi de le faire oublier... Frustration, désir d’exister, appât du gain, sont les vrais moteurs du passage à l’action.

Mais comment faire avec toute cette violence ? Nous direz-vous. La délinquance débarquerait en masse des îles voisines ? En réalité, nul besoin d’aller chercher ailleurs une violence constitutive de notre société. Violence du groupe sur l’individu ; ainsi s’est faite Mayotte française du « soroda » contre le « serrer la main ». Violence des propos, violence du rejet constant de l’autre, violence de la destruction des repères et de l’identité, violence de la dépossession orchestrée, violence de la société de consommation, violence des « rafles », violence faites aux enfants privés de leurs parents reconduits, violence des morts en mer. Voilà l’héritage transmis aux jeunes nés sur ce territoire et l’on s’étonne de les voir basculer dans la déscolarisation, l’errance, l’alcool, la drogue, le vol et le crime ?

Il est temps de regarder les choses en face et de réagir !

REFUSONS CES EXPULSIONS, REFUSONS de suivre ce courant facile et indigne.
Nous les Mahorais, osons dire non sans crainte, refusons les mensonges ! Nombre d’entre nous désapprouvent mais se taisent par crainte de représailles. N’attendons rien d’un Etat français par définition complice et véritable occupant des terrains prétendument squattés par ceux que l’on déloge.

Derrière cette attaque du plus faible se cache une rancœur à l’égard de l’Etat français qui réglemente le quotidien, s’approprie les espaces, fixe les règles du jeu et invalide les identités. Ayons l’honnêteté de dénoncer le vrai responsable de ce vaste désordre : la colonisation française.

C’est à minima ce que nous pouvons faire aujourd’hui pour ne pas être complices du drame qui se joue en ce moment. Qu’on se le dise.

Suluhu, section maoraise, 16.05.2016

Un texte général, complétant et explicitant ce Tract n°1, qui se veut un résumé, une indignation et une dénonciation de la situation vous sera envoyé également dès que possible.

Suluhu, section Marseille
maswiliyano chez leshawirisuluhu.com

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