Chronique d’une action d’autodéfense à Marseille
Reçu par mail le 1er novembre 2016
Suite à l’appel d’une discussion intitulée « s’opposer au racialisme, les révolutionnnaires contre le racialisme et son immonde » accueillie par Mille Babords (1), vendredi 28 octobre 2016, nous avons décidé d’y mener une action directe.
Nous sommes 15 militant-es racisé-es majoritairement femmes, gouines, trans de différents horizons politiques marseillais.
Nous sommes allé-es dans ce local non cagoulé-es et encore moins armé-es, en vue d’empêcher cette discussion.
La nécessité de notre initiative vient de l’escalade de la violence et du mépris dans le « milieu gauchiste », à savoir :
L’apparition de blogs aux propos racistes, diffamatoires, négationnistes et anti-libertaires.
La publication de textes depuis un an ; sur des sites nationaux mais refusés dans plusieurs villes.
L’accueil de la discussion par le local de Mille Babords.
Nous sommes venu-es armé-es de notre tract(2), déterminé-es à visibiliser notre colère en scandant nos slogans : « cette discussion n’aura pas lieu », « votre avis, on n’en veut pas », « vous ne referez pas l’histoire », « négationnistes » et « regardez vos privilèges ». A l’écoute de nos slogans quelques personnes ont décidé de quitter la salle.
Étaient présent-es majoritairement une trentaine d’hommes blancs et cis(3) qui ont commencé à perdre leur sang-froid suite à notre riposte verbale. L’un d’entre nous a été empoigné par un personnage connu pour son virilisme et sa violence. En quelques secondes, des altercations physiques ont suivi et nous avons poursuivi notre autodéfense autant que nécessaire.
Dans l’altercation, nous avons pu entendre notamment :
« on vous a toujours accueilli »,
« on a sauvé vos parents »,
« vous êtes manipulé-es »,
« on lutte pour vous »,
« c’est qui les fachos ? ».
Au cours de l’action, des tables ont été retournées, des chaises ont volé, des brochures ont été balancées et nous avons récupéré l’affiche en soutien à Georges Abdallah.
Nous avons quitté les lieux en jetant des boules puantes.
Suite à notre départ, sur le trottoir, ce groupe frustré a déversé sa haine et sa violence sur d’autres opposant-es à la soirée jusqu’à menacer en brandissant une matraque télescopique. Puis dans la foulée, ils ont tabassé une personne au sol, à plusieurs.
La casse d’une vitre est une conséquence des événements, et n’a été à aucun moment l’intention de notre action. Nous n’en portons pas plus la responsabilité que les personnes à l’initiative de la soirée et l’équipe de Mille Babords.
Le lendemain, les personnes à l’initiative de cette discussion se sont permises de diffuser des sms et des tracts(4) de diffamations, de délations (appartenance à des groupes politiques), d’insultes et de menaces largement relayées par le milieu militant soi-disant libertaire et anti-raciste marseillais. Dans la nuit de dimanche 30 à lundi 31 ocotbre, Mille Babords publiait à son tour un communiqué5, proche de la version des textes et sms diffusés.
Et c’est sans surprise que nous avons constaté le consensus et l’acquiescement silencieux de nombreuses personnes du paysage « politico-révolutionnaire ».
Des témoignages et des textes de réflexion sont à venir.
Communiqué reçu par : tupeuxpastest chez riseup.net
1/ Appel
3/ Lexique
5/ Communiqué de Mille Bâbords
Communiqué d’organisateurs et de participants à la soirée du 28 octobre à Mille Bâbords
Reçu par mail le 29 octobre 2016
Descente racialiste à Mille Babords
tentative de mise à sac, coups, gazage et vitrine détruite
Vendredi 28 octobre se tenait sur Marseille, dans le local militant « Mille Babords » une réunion publique autour du texte « Jusqu’ici tout va bien ? ». La discussion n’avait pas encore commencé lorsqu’un groupe d’une trentaine de personne a fait irruption dans le lieu. Ce groupe entendait empêcher la discussion prévue et à fait ce qu’il a pu, par des manÅ“uvres aussi pénibles que ridicules, pour y parvenir.
Après l’encerclement de l’assistance sous forme de happening, dans un simulacre de nasse, des cris et slogans divers ont fusé : « Notre race existe », « Ce débat n’aura pas lieu », « Pas l’histoire vous ne referez », « Votre avis on s’en fout », « Regardez vos privilèges », « On reste, on existe », « Négationniste » (dont nous ne savons s’il s’agit d’une assignation ou d’un mot d’ordre). Le tout accompagné du lâché d’un court texte au format A6 (voir photo). Face à notre patience amusée, le premier acte de leur tragi-comédie n’ayant pas donné les résultats escomptés, la phase 2 a commencé. Aux insultes ont succédés les boules puantes, et des coups répétés, dont certains au visage avec arme, des chaises ont été jetés sur l’assistance, les tables ont été systématiquement jetées au sol, y compris sur une personne en béquille, du gaz lacrymogène a été répandu dans le local et des personnes ont été gazées au visage (yeux et bouche). Les tables de presse, la bibliothèque de Mille bâbords ont été saccagées, des revues et des livres jetés et piétinés. Et pour terminer, ils ont défoncés la vitrine du local.
Lors de l’agression, les « petit-e-s blanch-e-s » du racialisme « détenteurs-trices de leur privilège » attendaient dehors « en observation » pendant que les « tirailleurs » de l’identitarisme se présentant comme "racisé-e-s" étaient à l’intérieur à la manoeuvre. Si ce n’est pas le fruit du hasard c’est sans doute qu’on est jamais mieux racialisé que par soi-même.
Malgré cette attaque, une intéressante discussion a finalement pu se tenir, comme ce sera le cas partout et à chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. Face à ces actes extrêmement graves, dont le but avoué est d’empêcher toute discussion critique sur le racialisme, chacun, politiquement et pratiquement, est appelé à prendre ses responsabilités.
N’hésitez pas à contacter Mille Babords pour leur apporter tout votre soutien.
Des organisateurs et des participants à la soirée
contact : batlarace chez riseup.net
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